Auteur Sujet: Agressions : malaise chez les médecins  (Lu 4185 fois)

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Agressions : malaise chez les médecins
« le: 15 novembre 2010, 15:04:26 »
   Toulouse et sa région

Après la séquestration d'une de leurs consœurs lors d'une intervention d'urgence, les médecins tirent la sonnette d'alarme. Le Conseil de l'Ordre départemental convoque, jeudi à Toulouse, une réunion de crise avec l'ensemble de la profession et les autorités locales compétentes.

De plus en plus victimes d'incivilités, de provocations, de vandalisme ou d'agressions, les médecins sont en état de choc. Envoyée en urgence chez une personne souffrant de troubles psychologiques, une praticienne a été dernièrement séquestrée pendant plusieurs heures. L'incident s'est produit dans l'appartement d'un patient qui avait appelé le 15 à Toulouse. À cela s'ajoutent des difficultés à exercer dans des quartiers difficiles. Lors de visites à domicile, des médecins sont obligés d'avoir recours à l'escorte des familles pour soigner les malades où à rebrousser chemin. Certains ne veulent plus se rendre dans des zones où ils ne sont plus en sécurité.
Le Conseil de l'Ordre se mobilise

« Cela fait un moment que les signalements d'agressions de médecins sont de plus en plus fréquents », constate le Dr Thévenot, président du Conseil départemental de l'Ordre des médecins. « J'ai demandé à chacun d'indiquer les difficultés qu'ils rencontrent en visite et en cabinet. Les réactions arrivent et marquent une évolution vers la sortie du mutisme. Bien souvent les médecins ne racontaient pas les problèmes qu'ils rencontraient, notamment, en visite où il n'y a aucun cadre sécurisé. Notre consœur qui a été séquestrée par un malade psychiatrique est choquée. Elle ne veut plus faire de garde. Les médecins ne veulent pas se lever en pleine nuit pour se faire agresser. Nous ne souhaitons pas montrer du doigt un endroit plus qu'un autre car notre consœur a eu ces problèmes dans un quartier qui n'est pas réputé pour sa violence. Nous souhaitons que les gens puissent être soignés partout. La féminisation de la profession nous pousse aussi à chercher des solutions pour que nos collègues femmes ne soient pas en situation de risque avec moins de ressources physiques pour se défendre. Faut-il envoyer des ambulances et conduire les malades dans des centres médicalisés ? Une réunion sur les problèmes d'insécurité des médecins a eu lieu en juin dernier à la préfecture et elle n'a débouché sur rien malgré les plaintes répétées ».

Le Dr Thévenot réunira donc, jeudi, ses collègues en invitant les représentants locaux de la police, de la mairie et de la préfecture à se joindre à eux.
Les syndicats veulent des moyens

« Personnellement, je ne me rendrai pas à la réunion de jeudi », indique le Dr Pozzobon, secrétaire départemental du syndicat de médecins MGFrance. « Nous avons déjà eu une réunion à la préfecture et personne ne veut mettre la main à la poche pour régler le problème. Nous demandons, soit de fournir un véhicule et un accompagnant au médecin pour les visites de nuit, soit le transfert du patient dans une maison médicale. Je vais envoyer un courrier au Dr Thévenot pour lui indiquer que je soutiens sa démarche et qu'il a raison d'insister même si je n'y crois pas. J'espère bien sûr me tromper ».
« Notre vigilance est accrue »

SOS Médecins qui intervient principalement en zone franche urbaine avoue être en « état de vigilance accrue et permanente ». Pour son président, le Dr Chaugne, le dilemme correspond à la volonté de « pouvoir soigner tout le monde, dans tous les quartiers, sans prise de risque pour les médecins ». « Dès qu'un collègue a un sentiment d'insécurité, il est en légitimité de partir, en ayant prévenu le patient et organisé sa prise en charge par les services publics. Bien souvent, nous pouvons intervenir grâce à l'aide des familles. Mais les problèmes rencontrés n'ont pas lieu que dans des zones sensibles. La nuit, la vigilance concerne tous les endroits. Nous sommes en alerte davantage par rapport aux circonstances qu'aux quartiers d'interventions. Ce qui est important aussi c'est que la structure qui envoie un médecin en intervention soit vigilante. Dès que nous ne parvenons plus à joindre un collègue, nous lançons un dispositif. Le meilleur service que l'on puisse nous rendre est la bonne indication des rues et des bâtiments afin de ne pas avoir à chercher. Le fait que les lieux soient bien éclairés est important aussi ».