Auteur Sujet: Facebook, des clés qui ne ferment pas !!  (Lu 2900 fois)

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Facebook, des clés qui ne ferment pas !!
« le: 06 octobre 2010, 09:34:15 »
  Par Marie-Christine Poncet,

Le Point.fr    -http://www.lepoint.fr/debats/facebook-des-cles-qui-ne-ferment-pas-05-10-2010-1245203_34.php



Trois mois de prison ferme et 1 200 euros d'amende pour avoir écrit sur son profil Facebook des insultes à gendarmes, la sentence est troublante. "Une amende, certainement oui" (papy60), "il fallait une condamnation" (jean-pierre61), mais la prison... malaise, on commence à se sentir soi-même aux portes de la cellule, menacé d'enfermement pour un acte qu'on pensait "pas si grave que ça". "Je crois avoir moi-même parfois proféré ou écrit des menaces de mort sous le coup de la colère sans avoir jamais eu l'intention de tuer personne !" (rimb). Et alors rejaillissent les ambiguïtés de Facebook : monde virtuel ou monde réel ? espace privé ou domaine public ?

"Trois mois ferme ? Pour une séquence de défoulement sur internet ? Pauvre gars !" (pedrolepoint)

Le jugement passe mal.

En elle-même, déjà, la condamnation laisse pantois, "c'est à l'évidence disproportionné", "gravement déraisonnable" (la Bulle). "Des dommages et intérêts et de la prison ferme, on délire" (Papy60).

Si ensuite on la compare à d'autres décisions qui sanctionnent les "paroles de certaines chansons" (carisa), aux "sanctions bisounours" (SunDiego) prononcées contre des pratiques illicites de citoyens et d'élus, à l'absence de sanction d'un fils de fonctionnaire de police coupable de débordements verbaux similaires (patnw6, allusion au fils de F. Péchenard, directeur de la Police nationale), "on voit bien que c'est incohérent" (la Bulle).

Si, enfin, on se souvient de certains mots glissés dans les discours présidentiels publics (les commentaires rappellent con à l'adresse d'un citoyen, amateurs pour qualifier l'armée, croc de boucher comme accessoire du dialogue avec un ancien Premier ministre), la Justice n'apparaît plus comme seule responsable de la démesure. "On vit dans un pays enseveli sous les règles et déserté par l'obligation d'exemplarité" (la Bulle).

"Grotesque grotesque grotesque" (to)

"Kafkaesque" (Le Ricain).

Kafka, pour la geôle.

"Je ne sais pas si les personnes qui sont d'accord avec ça ont déjà vu une prison de près... le gamin doit être tout content entre Pierre le pédophile schizo et Jean le dealer de coke... "Toi t'as fait quoi ? - J'ai crié ma rage sur Facebook..." (tibow).

Kafka, pour l'absurde.

"Révoltant. Rentrer chez soi à pied et ne pas pouvoir gueuler sa hargne sans se faire enfermer, c'est révoltant. Quelle est l'alternative ? Le message qu'on délivre, c'est que tant que la force publique sera en situation de le faire, elle écrasera jusqu'au bout l'individu" (Pozzy).

Jusqu'au bout : jusque dans ses domaines privés, car a priori, pour lire les informations d'un profil, encore faut-il "volontairement aller voir" (Expat)

Sur Facebook, se sent-on chez soi ?

Si un message échappe au contrôle de certains utilisateurs, est-ce parce que "ces personnes ne savent manifestement pas paramétrer la confidentialité de leurs informations" (cut the crap) ? Non, dit la majorité des commentaires, car les clés ne ferment pas, "il est si facile de passer outre les filtres" (Yfig et Anasthasie). Le constat inspire des descriptions de Facebook particulièrement noires.

Facebook est le faux ami, le traître :

"Lorsqu'on vous dit de ne pas utiliser ce genre de site... c'est le pire ami de l'homme, tout reste indéfiniment, les dangers sont réels" (NoComment).

... celui qui pervertit les amitiés :

"J'ai quelques exemples de personnes qui se sont fait étriper, après que l'une et l'autre a pu écrire des commentaires interceptés sur le contenu d'amis soi-disant communs" (Creteau François).

"Des salariés ont déjà été licenciés parce que des amis avaient rapporté leurs écrits sur Facebook" (BRT).

... on y est épié à travers mille serrures :

"Tant que vous n'aurez pas compris qu'il n'y a rien de tel que Facebook pour être surveillé par quiconque, continuez. Et croire que vous pouvez bloquer juste pour vos amis, là vous avez vu la vierge" (feufeu).

... on se fait la proie de milliards de voyeurs :

"C'est bien pourquoi il faut se méfier du net, de Facebook en particulier, et des confidences que l'on y fait : la planète entière peut lire... aucune confidentialité sur internet" (loupiote).

"Facebook est une fenêtre ouverte sur l'intimité et la vie privée. Et on a beau le répéter, rien n'y fait, les personnes se croient à l'abri parce qu'elles pensent ne communiquer qu'avec d'autres personnes choisies, filtrées... mais Facebook est une passoire" (Yfig et Anasthasie)

... on devient un pion de son employeur ou un suspect en puissance aux yeux de la police :

"On ne peut plus rien dire sur Facebook sans que la police surveille" (pato1989).

"Ce genre de site est un réel danger. Les gens créent de faux pseudos avec photos de Google, jolie fille ou mec, et deviennent vos amis alors que ce sont au mieux vos employeurs ou futurs employeurs, au pire les services secrets étrangers qui se font leurs bases de données" (NoComment).

"Facebook : même la Stasi n'aurait pas rêvé d'un tel outil" (Stark).

... on se menotte à vie en toute naïveté :

"C'est surtout une façon d'être espionné sans même vous en rendre compte, et vous avez donné à Facebook, en créant votre compte, un droit de propriété total sur vos photos, vos coordonnées personnelles, vos surfs - grâce aux cookies. Vous ne pourrez plus jamais les effacer, même si vous supprimez votre compte. Et le droit français ne s'appliquant pas, vous n'aurez aucun recours. Attention amis internautes, FB est pire que dans vos pires cauchemars genre 1984 de G. Orwell" (cyril78).

... on s'embastille :

"Je prédis bien des journées de tension, de sueur et de pression à tous ceux qui applaudissent à cet exemple miteux de la déroute de l'expression libre ! Applaudis bien, ami lecteur, à cette répression intense : tu t'en mordras les doigts demain... Réjouissons-nous : les beaux jours de l'Ancien Régime sont de retour, relookés par la trilogie radar-micro-vidéo" (Dom Tower).

... c'est un chaos irréversible :

"La boîte de Pandore est bel et bien ouverte" (blanche).

Et pourtant

Le danger d'une perte de liberté personnelle est donc identifié. Pourtant, que de connexions quotidiennes, plus ou moins protégées. C'est bien que la navigation sur ce site satisfait un besoin. La communication fonctionne, élargit les sphères sociales habituelles. Bien sûr le "mur" sur lequel on empile ses messages n'est pas de briques, les dialogues sont sans voix, les avatars pas toujours des visages. Beaucoup de virtuel, mais les échanges d'informations, le plaisir des jeux de rôles, jeux de mots, jeux sociaux avec des amis réels ou avec des amis tamagochis, eux, sont réels, comme dans toute correspondance, instantanéité en prime.

Facebook, une société à policer

"Internet est un monde réel : sachez-le. Le monde internet est aussi la vraie vie" (Max de Robes)

Paradoxalement, la peur de privation de liberté coexiste avec la peur de la liberté.

Facebook ouvre aussi, en miroir de la société ordinaire, l'image d'une jungle. Un état d'anarchie. N'est-ce pas ce "défouloir où chacun se croit autorisé, sous couvert d'anonymat, à déverser des tombereaux d'injures, de propos orduriers" (Spectateur engagé), "des insultes, bêtes, méchantes, inutiles", des "menaces physiques, des propos racistes" ?

Alors les commentaires insistent sur l'urgence d'une règlementation. Pas de "sanctuaire de liberté" (Romain, "grand fan de cet outil"), le droit doit s'appliquer. "Les appels au meurtre, à l'agression, à la destruction des biens, proférés sur Internet - et donc sur Facebook - peuvent mener à une peine de 5 ans d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende. Il convient de le savoir" (konifl).

"Si je devais être menacé ou insulté sur Facebook, je ferais un screen et une aspiration de manière à faire valoir ma demande de plainte. Je serais très heureux de faire condamner les contrevenants" (Max de Robes).