Il avait eu un accident alors qu’il roulait trop vite, causant la mort d’un patient. Nicolas L. a été condamné, lundi, par le tribunal correctionnel de Tours.
Un dossier d'homicide involontaire constitue un moment à part dans une audience correctionnelle. D'abord, par la gravité des faits, qui mènent inexorablement à la mort d'un homme. Et aussi, ou peut-être surtout, car il raconte un individu confronté à un instant décisif qui le dépasse.
Celui de Nicolas L., 35 ans, est survenu le 9 juillet 2012 au petit matin. Il était évoqué lundi devant le tribunal correctionnel de Tours. A l'époque ambulancier, il roule en direction de la clinique Saint-Gatien pour y mener un patient âgé en attente d'une dialyse. Une collègue est aussi à bord.
Une ambulance se retourne : le patient transporté décède
En pleine ligne droite, une ambulance privée roulait sur la voie de gauche du périphérique D 37 dans le sens sud-nord. Après l'accès à « La Gitonnière », le conducteur a perdu le contrôle de son véhicule lequel a heurté, sur sa gauche, la glissière en béton armé séparant les deux chaussées.
L'ambulance a ensuite glissé sur une dizaine de mètres pour se déporter à droite, traverser les deux chaussées ainsi que la bretelle d'accès et la bande d'arrêt d'urgence. Deux glissières en béton ont été arrachées. Suite au choc, le véhicule s'est renversé. Il transportait à l'arrière un passager sanglé sur un brancard. Une ambulancière se trouvait à ses côtés.
Sur le périphérique de Tours, il conduit vite, comme l'indiquent les relevés de son GPS. A 118 km/h sur une voie limitée à 90 km/h, il perd le contrôle de son véhicule, qui heurte la glissière de sécurité centrale, la franchit, avant d'effectuer plusieurs tonneaux.
Sa collègue s'en sort avec une fracture à la clavicule, lui est indemne. Ils parviennent à se dégager de l'ambulance. Le patient, lui, ne répond pas à leurs appels.
Un pompier de passage leur prête main-forte. Nicolas L. parvient à maintenir le vieil homme en vie grâce à des massages cardiaques. Mais ses blessures sont trop importantes et il décède peu après à l'hôpital.
Les tests d'alcoolémie et de stupéfiants du conducteur se révèlent négatifs. La collègue de Nicolas L. assure qu'il ne téléphonait pas au moment de l'accident. Devant le tribunal, elle répète qu'elle avait « l'habitude de travailler avec lui et qu'il n'avait pas une conduite à risque ».
A la barre, le prévenu, un homme chétif, mal à l'aise, répond vite, par monosyllabe, aux rares questions de la présidente. « Je ne veux plus conduire d'ambulance, j'ai démissionné, maintenant je suis marbrier », souffle-t-il.
Le procureur Xavier Lorrain estime « que la seule et unique raison de cet accident, c'est la vitesse. Or, vous n'étiez pas dans une situation d'urgence ». Le représentant du ministère public requiert à son encontre un an d'emprisonnement avec sursis et la suspension du permis de conduire pendant un an.
« La vitesse était certes excessive mais pas dangereuse », conteste l'avocat de la défense, Me Abed Bendjador. Son client, au casier judiciaire vierge, « a été détruit par l'accident ». Il exhorte le tribunal de faire la part des choses.
Le tribunal condamne finalement Nicolas L. à huit mois de prison avec sursis et 500 € d'amende... il lui reste à s'arranger avec sa conscience
Source La nouvelle République.fr Maxime Lavenant
L'ambulance, qui transportait un malade âgé, avait fait plusieurs tonneaux avant de terminer sa course sur le toit. - (Photo d'archives NR)