Rapport d'enquête : Des intempéries exceptionnelles à l'origine du crash de Dragon 2B
Le 25 avril 2009, Dragon 2B est happé par un nuage épais et des vents exceptionnels : Philippe Métais (pilote), Michel Lopez-Guia (mécano), Michèle Salmon (médecin), Justine Gressler et son nouveau-né Léo périssaient dans le crash.GERARD BALDOCCHI
http://www.corsematin.com/article/corse/des-intemperies-exceptionnelles-a-lorigine-du-crash-de-dragon-2b.299830.htmlLe rapport des experts du bureau d'enquêtes et d'analyses sur le crash de l'hélicoptère Dragon 2B ayant eu lieu sur la commune de Rutali le 25 avril 2009, a été présenté aux familles des cinq victimes en deux temps. Primo, il y a un peu plus d'un mois à la base hélicoptère de Nîmes. Secundo, récemment au palais de Justice de Bastia. Notons que l'instruction de cette affaire est assurée par la juge Valérie Tallone, magistrat au tribunal de grande instance de Bastia.
C'était le 25 avril 2009. Le ciel était bas, la brume avait envahi la région du Nebbiu et l'ensemble de la Haute-Corse. Des signes annonciateurs d'une terrible catastrophe. C'est en cette fin de journée pluvieuse et ventée que Dragon 2B, l'hélicoptère de la Sécurité civile, disparaissait des écrans radars. Il était 19 h 35. À son bord, quatre personnes : le pilote Philippe Métais, le copilote Michel Lopez-Guia, le médecin urgentiste Michèle Salmon et Justine Gressler, 20 ans, qui venait d'être prise en charge à Ponte Leccia parce qu'elle était sur le point d'accoucher.
Quelques minutes après son décollage, l'hélicoptère ne donnait plus signe de vie. L'alerte était déclenchée immédiatement et les secours, une trentaine d'hommes, étaient dépêchés sur la zone où Dragon 2B avait disparu des écrans. Une région montagneuse située sur la commune de Rutali. Mais plus les heures passaient et plus les espoirs des sauveteurs, de retrouver les passagers vivants, s'amenuisaient.
À 3 h 45, les secouristes découvraient l'épave de l'appareil et les dépouilles de ses occupants avec une vision particulièrement horrible. Dans les décombres, ils apercevaient le corps sans vie d'un bébé qui venait de naître. C'était l'enfant de Justine Gressler et de Loïc Toucheboeuf, Léo.
Selon les analyses, l'hélicoptère de la sécurité civile aurait été pris dans un « phénomène météorologique exceptionnel » dont, selon Météo France, « on ne retrouve trace qu'une fois tous les dix ans ».
Sébastien Lopez-Guia, fils du mécanicien qui trouva la mort dans cet accident, a assisté à la présentation de ce rapport, à Nîmes.
Il confie : « J'ai vu des larmes dans les yeux de l'officier de l'armée de l'air lorsqu'il a expliqué que, ce jour-là, les victimes furent secouées comme jamais par une terrible tempête. Dans les débris de l'appareil, les experts ont retrouvé la carte mémoire qui enregistre toutes les manipulations des pilotes. L'hélicoptère Dragon 2B qui, rappelons-le, transportait une jeune femme enceinte vers l'hôpital de Bastia-Falconaja, avait donc décollé à 19 h 19 de Ponte-Leccia et s'est retrouvé à 19 h 23 pris dans de fortes intempéries. Quand il a dépassé la crête, il a été littéralement embarqué dans les nuages. Les pilotes n'avaient donc plus aucune visibilité. »
Une collision à près de 200 km/h contre la paroi !
Pendant une minute et sept secondes, l'hélicoptère était dans un mode de pilotage dit de sauvegarde. Il s'agit là d'une mesure d'urgence.
Les patins étaient parfois à moins de dix mètres du sol et si l'altimètre donnait une bonne connaissance de la distance avec le sol, les secouristes de Dragon 2B n'avaient aucune possibilité de voir devant eux, ni à droite ni à gauche.
« Toujours d'après les éléments de la carte mémoire, poursuit Sébastien Lopez-Guia, mon père travaillait sur le contrôle des turbines et Philippe (le pilote) cherchait une issue dans ce nuage. Toutes les manipulations ont été faites dans l'ordre et tout à fait correctement selon le rapport. À un moment donné, ils ont perdu le cap, puis ils l'ont recalculé. Mais une autre rafale leur a encore fait perdre la direction initiale. Le vent était si violent que l'hélicoptère avait parfois du mal à avancer.
« Philippe avait volé avec des machines de guerre et mon père connaissait chaque caillou de Corse. Ils étaient aguerris. « Ce malheur émane vraiment d'un phénomène météo totalement inédit. »
Toujours d'après les enregistrements, Dragon 2B aurait frappé la paroi à près de 200 km/h.
Les conclusions de ce rapport écartent donc la thèse, un temps avancé, de la défaillance technique. Les avocats de la partie civile s'en contenteront-ils ? La question reste posée.
La commune de Rutali prépare pour sa part la cérémonie d'installation de la stèle en mémoire aux victimes du crash. Elle se déroulera vraisemblablement à la fin du mois d'avril, deux ans après cette tragédie.
Quatre ans après ce terrible drame est dans l'île et au-delà, toujours très présent dans les esprits. Et depuis cette catastrophe un devoir de mémoire est entrepris en souvenir des victimes de l'accident de l'hélicoptère Dragon 2B le 25 avril 2009 sur le territoire de Rutali.
Accident dans lequel ont péri une jeune femme, Justine Gressler et son nouveau-né Léo, les deux membres d'équipage de cet hélicoptère de la sécurité civile, Philippe Métais et Michel Lopez-Guia et le médecin urgentiste du Samu 2B, le Dr Michèle Salmon.
Chaque année, à la date commémorant cette tragédie, un recueillement est organisé devant la stèle érigée à Rutali en présence notamment des familles des victimes et de représentants de la communauté des services de secours.
Source :
http://www.corsematin.com/article/rutali/drame-du-dragon-2b-le-devoir-de-memoire-a-rutali.1125292.html