Auteur Sujet: Qu'est-ce que le protoxyde d'azote ?  (Lu 253 fois)

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Qu'est-ce que le protoxyde d'azote ?
« le: 05 décembre 2025, 10:16:02 »
Le protoxyde d'azote est un gaz utilisé en médecine, comme antidouleur ou anesthésiant, rappelle l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Les cuisiniers s'en servent aussi dans leurs siphons, afin de préparer des crèmes comme la chantilly. Le "proto" est vendu sous la forme de cartouches ou de bonbonnes dans les commerces de proximité et sur internet. Surnommé "gaz hilarant", il est depuis longtemps détourné à des fins récréatives, par exemple en inhalant le gaz par le biais d'un ballon de baudruche.

"Hors milieu médical, son utilisation s'est d'abord faite de manière très ponctuelle dans les milieux festifs, et ce dès l'ère victorienne", au XIXe siècle, rappelle Hervé Martini, secrétaire général de l'association Addictions France. "Ce qui pose question, c'est que depuis une dizaine d'années, on a une généralisation auprès d'un public beaucoup plus jeune", notamment les "18-20 ans", ajoute le médecin.

Selon une enquête Ipsos de la Fondation Vinci Autoroutes menée sur plus de 2 250 personnes et parue en octobre, un jeune de moins de 35 ans sur dix a déjà consommé du protoxyde d'azote en soirée, et, parmi eux, la moitié l'a déjà fait en conduisant. En 2022, 14% des 18-24 ans l'avaient déjà expérimenté et plus de 3% déclaraient en avoir consommé au cours de l'année, d'après Santé publique France.
Pourquoi son usage est-il détourné ?

Après l'inhalation, le protoxyde d'azote circule dans le système vasculaire, jusqu'à atteindre le cerveau. Là, la molécule de protoxyde se dépose sur des récepteurs qui fixent d'habitude les molécules antidouleurs. Le "proto" active ces récepteurs qui libèrent de la dopamine. La sensation d'euphorie procurée dure quelques minutes, avant de se dissiper, résume la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives.

"On le prend pour se sentir cool, pour s'amuser, pour se soulager d'un mal-être", remarque l'addictologue Christophe Riou sur franceinfo. La substance n'est pas classée comme stupéfiant et n'est donc souvent pas considérée, par ceux qui en font usage, comme dangereuse.

Sauf que, "pour avoir le même effet" dans le temps, "on est obligé d'augmenter les doses" au fur et à mesure des prises, pointe Christophe Riou. "On est passé de doses de 80 grammes à 660 grammes et maintenant à des 'tanks'", énumère le médecin, soit des doses de 2 kg.

Le "proto" fait par ailleurs l'objet d'un "marketing assez agressif", banalisant sa consommation, notamment chez les jeunes. "Vous avez des publicités ciblées sur les réseaux sociaux, des bonbonnes aromatisées, colorées", relève le biologiste Guillaume Grzych, président du réseau Protoside dédié à la prévention et la prise en charge d'usagers de cette substance.

Quels sont ses effets sur la santé ?

A court terme, le protoxyde d'azote peut causer "des vertiges, des troubles de la coordination et de l'équilibre", liste Hervé Martini. En manipulant les capsules, il est aussi possible d'être "brûlé par le froid" créé par la libération du gaz. Lorsque la quantité consommée est plus importante, le consommateur connaît "un risque de chute, d'asphyxie, mais aussi celui de perdre conscience, voire des problèmes pulmonaires et des vomissements", ajoute le médecin. Ces effets peuvent être "d'autant plus dangereux" que le protoxyde d'azote est "souvent associé à d'autres produits, comme de l'alcool ou le cannabis", pointe Hervé Martini.

Des effets graves et durables peuvent aussi apparaître, comme des "troubles de l'humeur", des "troubles de la marche" causés par des fourmillements, une perte d'équilibre ou de force dans les jambes, mais aussi des "troubles psychiatriques". L'usage de "proto" peut devenir une addiction, rappelle le médecin. L'ANSM liste également parmi les effets sur la santé des troubles psychiatriques, tels que la panique, l'amnésie ou l'insomnie, voire des conséquences cardiaques, avec de la tachycardie ou de l'hypertension.

Si les cas de décès sont "rares" pour l'instant, il existe une "augmentation significative" des cas graves associés à la consommation de protoxyde d'azote, note Hervé Martini. Rien que dans les Hauts-de-France, l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives a relevé, entre 2019 et 2022, un passage de 17 à 81 cas annuels ayant nécessité une hospitalisation ou ayant présenté une atteinte clinique grave, significative ou préoccupante.
Est-il légal d'en acheter et d'en consommer ?

La vente de protoxyde d'azote est interdite aux mineurs, "quel qu'en soit le conditionnement", et ce dans tous les commerces, les lieux publics et sur internet, depuis une loi de 2021. L'interdiction ne s'applique pas aux majeurs, sauf dans certains lieux : bars, discothèques, débits de boissons temporaires et bureaux de tabac. La violation de ces interdictions est passible de 3 750 euros d'amende.

Malgré tout, les jeunes consommateurs réussissent à en commander via les réseaux sociaux. "La majorité [des vendeurs] est sur Snap", explique un jeune homme à franceinfo. "Des fois, on voit des pubs qui passent dans des stories [sur le réseau Snapchat], on ajoute la personne, on lui demande la quantité qu'on veut et on fixe un rendez-vous", ajoute un autre. En quelques minutes, les intéressés parviennent à être livrés, au prix de 25 euros la bonbonne de 600 g. "C'est plus facile de s'en procurer pour les mineurs que l'alcool et la drogue", déplore aussi un membre des forces de l'ordre, interrogé par France 3 Corse.
Pourquoi sa consommation est-elle difficile à détecter ?

Rapidement éliminée de l'organisme par l'expiration, la molécule de protoxyde d'azote se révèle très dure à détecter. Faute de test, la consommation doit être "constatée" en flagrant délit, déplore Clément Coasne, délégué du syndicat Un1té Police, interrogé par l'AFP. Mais une entreprise aixoise, Olythe, a réussi à mettre au point un testeur, ressemblant à un gros stylo noir, "une sorte d'éthylotest", capable, lui, de détecter le protoxyde d'azote.

L'ombre de la consommation du protoxyde d'azote au volant plane sur plusieurs accidents meurtriers survenus ces derniers mois, dont celui qui a coûté la vie à trois adolescents, début décembre, dans le Gard.

Mercredi 3 décembre 2025, trois jeunes de 14, 15 et 19 ans sont morts noyés après que leur voiture, où plusieurs bouteilles de ce "gaz hilarant" ont été retrouvées, a raté un virage et fini sa course dans la piscine d'un pavillon à Alès (Gard). Le 1er novembre, Mathis, 19 ans, a été tué sur l'un des principaux boulevards de Lille par un conducteur qui tentait de fuir la police. Là encore, des bouteilles de protoxyde d'azote ont été trouvées dans sa voiture.

Source https://www.franceinfo.fr/sante/drogue-addictions/l-article-a-lire-sur-le-protoxyde-d-azote-ce-gaz-hilarant-de-plus-en-plus-consomme-chez-les-jeunes_7657744.html#at_medium=5&at_campaign_group=1&at_campaign=7h30&at_offre=3&at_variant=V3-meteo&at_send_date=20251205&at_recipient_id=726375-1612451705-33c95b4c&at_adid=DM1196784