RIVIÈRE-DU-LOUP - Une mère dont la fille de 18 ans est morte heurtée par un train alors qu'elle textait au volant lance un cri du cœur pour éviter que d'autres addicts au SMS/Téléphone risquent leur vie pour rien.
Laura Tardif a ouvert le texto d’une amie à 20 h 16 le 21 juin 2014.
Au même moment, sa voiture a été percutée par un train à un passage à niveau à L’Isle-Verte, dans le Bas-Saint-Laurent. Deux minutes plus tôt, Mme Tardif avait envoyé un texto. «Il est clair qu'elle “textait” en conduisant ce soir-là», écrit la coroner Renée Roussel.
La mère de Laura, Claudie Landry, mène actuellement un combat dans le but de sensibiliser les jeunes accros à leur cellulaire, même au volant.
« Il n’y a jamais de raison assez urgente pour utiliser son cellulaire au volant. Laura n’a pas eu de deuxième chance.
Ça ne se passe pas juste dans des annonces ou dans des simulations, ça arrive pour vrai et tu ne peux pas revenir en arrière comme dans une vidéo », ajoute Claudie Landry.
Être attentifs : Cette dernière savait que sa fille textait au volant et a tenté à plusieurs reprises de la faire cesser. Elle savait aussi qu’elle écoutait sa musique à un volume élevé dans sa voiture.
«Elle me disait qu’elle regardait juste aux feux rouges. Mais une fois, elle a pris son téléphone en conduisant et a dit “oups, c’est vrai, c’est toi qui es à côté de moi”. Ça me disait qu’avec ses amies, elle devait texter pas mal plus. Il faut entrer dans la tête des jeunes qu’ils doivent être attentifs à ce qui se passe autour, même si ce n’est pas facile.»
Laura Tardif avait toute la vie devant elle. Elle pratiquait le karaté, chantait et voulait étudier en design d’intérieur. Le soir de l’accident, il avait même été question qu’elle présente son nouvel amoureux à ses parents, mais le rendez-vous avait été reporté.
Projet I.M.P.A.C.T. de la SQ
La mère a donc accepté de témoigner par vidéo lors de l’activité de sensibilisation I.M.P.A.C.T. de la Sûreté du Québec dans la région du Bas-Saint-Laurent, qui s’adresse aux jeunes de quatrième et cinquième secondaire.
Elle aimerait que son témoignage puisse s’étendre également à tout le Québec, puisque les textos au volant sont un fléau qui tue des jeunes dans toutes les régions.
«Je le fais pour Laura. Si elle avait survécu à cet accident, c’est elle qui serait devant les autres pour les sensibiliser aux dangers des distractions au volant.»
Aujourd’hui, la famille de Laura doit apprendre à vivre sans elle.
« Il faut apprendre à composer avec son absence. Peu importe le nombre d’années, on va toujours y penser », a conclu Claudie Landry.
RIVIÈRE-DU-LOUP | À la lumière des plus récentes statistiques en matière d’utilisation du cellulaire au volant, les jeunes doivent être plus que jamais sensibilisés aux dangers de texter en conduisant.
«Regarder pendant quelques secondes un texto en conduisant, c’est comme traverser un terrain de football les yeux fermés», image le vice-président aux affaires publiques et à la stratégie de prévention routière de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), Mario Vaillancourt.
Ce dernier affirme que près de la moitié des Québécois qui ont dû payer un constat d’infraction pour avoir utilisé leur appareil en conduisant sont des jeunes de 16 à 34 ans.
«Actuellement, c’est la prolifération des cellulaires et le fait d’y être accro qui posent problème. Il faut agir sur cette obligation que les gens ont l’impression d’avoir.»
Sensibilisation
Selon la SQ, composer un texto peut augmenter jusqu’à 23 fois le risque de provoquer une collision. Au-delà des opérations policières et de la législation, la sensibilisation auprès des jeunes est primordiale, comme c’est le cas avec l’histoire de la jeune Laura Tardif, décédée en 2014 dans un accident impliquant l’usage du cellulaire au volant.
«On constate que ça fait tellement de mal autour, un accident comme celui de Laura Tardif. C’est pour cette raison qu’on revient année après année avec des campagnes pour sensibiliser les jeunes.»
Depuis un an, les jeunes qui ont leur permis d’apprenti conducteur ou leur permis probatoire voient d’ailleurs leur permis être suspendu pendant au moins trois mois s’ils sont reconnus coupables d’avoir utilisé le cellulaire au volant.
EN CHIFFRES
Infractions pour avoir conduit avec son cellulaire à la main
2010 : 48 944
2014 : 66 660
41 % des cas chez les jeunes conducteurs