La conduite d’une ambulance avec un patient à bord ça semble tellement simple à première vue et pourtant…
Nous allons vous expliquer qu’il ne faut pas négliger un aspect aussi important de votre métier d’ambulancier.
Maitriser la conduite d’une ambulance
Non ceci n’est pas une pub pour une auto école ou un stage de conduite. Le but de cet article sera de faire quelques rappels fondamentaux pour les nouveaux ambulanciers fraichement diplômés ou les auxiliaires ambulancier. Demain vous allez conduire un véhicule sanitaire avec une spécificité : vous aurez dans la cellule un patient en position allongée sur un brancard et votre collègue assis à ses côtés. Quand je dis assis ce sera peut être aussi debout à s’occuper du patient, voire même une équipe médicale dans cette même cellule.
Alors qu’ est ce que ça va changer ?
Vous n’êtes plus au volant de votre Twingo bariolée avec le moteur reprogrammé, la sellerie cuir flashy et l’installation audio qui kiffe sa race. Non stop. Vous n’êtes plus le conducteur lambda qui filme son compteur à 180 ou encore le « Fangio » des périphériques. Déjà on oublie tout ça et on reprend de zéro. L’ambulancier cow-boy vous oubliez : vous êtes responsable des personnes que vous transportez : vous êtes désormais le garant de leur sécurité et de leur confort.
Une ambulance ce n’est pas un véhicule traditionnel : au vu de sa taille mais aussi au vu de sa particularité : transporter des personnes humaines avec une pathologie plus ou moins algique (traumatisme, maladies et j’en passe) dans une position allongée et sur un brancard. Les conditions de transport évoluent de façon radicale : le ressenti du patient sera totalement différent en comparaison d’un voyage sur le siège d’un véhicule léger traditionnel.
Vous devrez avant toute chose prendre en compte : son âge, le fait de voyager allonger, le fait que le patient voyage dans le sens inverse de la route, la pathologie, le ou les traumatismes éventuels, la douleur, les effets du transports sur une pathologie en particulier, le fait d’avoir des personnels qui voyage debout sans ceinture de sécurité ou filet de protection et qui ,selon le type de passager, pratiquent des gestes plus ou moins complexes sur un être humain : votre équipier, une équipe médicale (médecin, infirmier(ère)).
Tous ces paramètres s’ajoutent aux règles de conduite et de maitrise traditionnelles du véhicule concernant la force centrifuge (virage), force de freinage et force d’accélération . Ces facteurs sont essentiels pour assurer une conduite de confort.
Apprendre à anticiper la conduite d’une ambulance
Anticiper c’est prévoir un évènement non encore apparent à partir des informations observées, c’est conduire avec sa tête. Anticiper, c’est prévenir y compris les fautes des autres usagers. On évalue constamment la situation loin devant soi afin de prévenir les éventuels soucis : virage, intersection, comportement des usagers, obstacles, passages piétons, ralentisseurs etc.
Restez concentré et attentif à l’environnement, apprenez à anticiper : freinage, ralentir, signal sonore, rond point etc. Regardez au loin et non pas juste devant vous. Le temps de voir le problème et le temps que vous exécutiez les choses nécessaires il se passe du temps. Très court certes mais suffisamment pour vous empêcher d’avoir des répercussions sur les passagers de la cellule sanitaire.
Apprendre à conduire sans à coup
C’est un problème que je reproche souvent à certains collègues : ne pas savoir passer ses vitesses sans à coup. Il n’existe rien de plus désagréable quand vous êtes avec le patient que de sentir chaque passage de vitesse. Apprenez à relâcher progressivement l’embrayage et à ré-accélérer une fois la pédale relâchée et le tout avec douceur. Soyez à l’écoute de votre véhicule. Le patient n’appréciera que mieux. Vous n’êtes pas à bord d’un karting où le but est de garder une accélération au top.
Apprendre à freiner
On ne freine plus comme avec sa clio jacky en écrasant la pédale jusqu’ à arrêt complet. On anticipe son freinage. On applique un freinage progressif. Au moment où le véhicule s’arrête pensez à relâcher un poil le pied du frein afin d’éviter l’à coup qui aura des répercussions à l’arrière. N’appuyez pas sur l’accélérateur/frein comme un cinglé : soyez progressif. Accélérer brutalement a un impact négatif sur le comportement hémodynamique. Idem pour le freinage. Si vous n’êtes pas capable de le faire c’est que vous n’anticipez pas assez.
Apprendre à négocier ses courbes
Encore une fois on anticipe !!! On freine AVANT la courbe et pas dedans et ce avec douceur, rétrogradez au besoin.
On ré-accélère doucement à la sortie du virage. Cette méthode évitera les effets de la force centrifuge sur les passagers. Rien de pire que de devoir s’accrocher et de se sentir plaqué contre la paroi de la cellule par un conducteur qui joue les Fangio en serrant à l’intérieur depuis le début. Votre patient c’est pire il est allongé sur le brancard. Je vous laisse imaginer ce que fait la masse sanguine dans le corps avec ce type de méthode.
Utilisez vos clignotants (indicateurs de direction)
Les clignotants de votre voiture vous permettent d'indiquer votre changement de direction aux autres usagers de la route. Ils sont activés par un commodo situé sur la gauche de votre volant, qui fait fonctionner une centrale clignotante alimentée par la batterie. En France, les feux clignotants sont obligatoires.
Depuis que je fais ce job et donc que je passe mes journées à rouler je n’ai jamais autant pesté contre les usagers. En France 80% des usagers ne savent pas ou ne se servent pas de leurs clignotants. C’est oublier que le non usage du clignotant c’est 4 points en moins sur le permis. Donc utilisez les ! Surtout dans un cadre de conduite pour une urgence : c’est impératif d’avertir les usagers de vos changements de direction et ainsi leur permettre d’adapter leur conduite pour vous laisser passer.
Les intersections / feux rouge
Avant d’arriver sur une intersection ou carrefour : surtout on prévient à l’avance de son arrivée à l’aide de ses signaux sonores : un usager averti , qui vous voit et qui vous entend, aura le temps d’adapter son comportement. Si ce n’est pas le cas vous allez créer une vague de panique et des comportements dangereux pour tous. Utilisez vos sirènes bien à l’avance, ral-en-ti-ssez !
On franchi une intersection au pas et pas à fond les manettes en évitant de mettre en danger le personnel transporté et les autres usagers de la route. Le but est d’éviter un arrêt complet et, de passer en douceur sans provoquer un accrochage (je rappelle que vous êtes responsable si un accident se produit lorsque vous êtes en tant que VIGP ou VFP : pompiers, samu, ambulance privée, police etc).
Le rond point
Idem que le feu rouge/stop etc : on avertit, on ralentit, on laisse les usagers s’organiser tranquillement sans leur coller au pare choc. On les remercie au passage si on peut (accessoire mais toujours agréable pour l’usager de se voir remercier d’avoir adopté une attitude correcte) et on se faufile doucement pour ne pas secouer son patient. N’oubliez jamais l’usager qui s’en fiche ou encore le piéton qui ne vous a pas vu (téléphone, musique, rien à secouer de vous etc) et qui pourrait couper devant à tout moment.
Vitesse
Rien ne sert de courir l'important c'est d'arriver. On adapte sa vitesse en fonction du trafic. On ne roule pas compteur bloqué le pied au taquet sur la pédale. Une étude a mis en avant le fait qu’ utiliser un parcours optimisé permet un gain de temps supérieur ou égal à celui qui utilise un parcours rapide à vitesse maximum. D’une vous assurez un confort optimal pour le transport et la sécurité, d’autre rouler vite ne sert à rien pour gagner du temps il vous faudrait rouler extrêmement vite pour gagner tout au plus quelques secondes.
La vitesse a un comportement négatif sur l’état du patient (comportement hémodynamique). La vitesse a un impact négatif sur les usagers : il faut leur laisser du temps pour vous voir et anticiper leurs manœuvres, certains peuvent déboiter sans clignotant alors que vous arrivez à pleine vitesse (risque d’accident +++).
La vitesse ne laisse pas forcément le temps d’anticiper correctement : je rappelle qu’ on parle d’une ambulance en charge (équipier, patient, éventuellement équipe médicale dans la cellule) et donc que le freinage brutal est à proscrire totalement pour ne pas coucher tout ce petit monde derrière.
La vitesse , suivant la pathologie du patient, même peu élevée va avoir un effet sur lui : un patient algique +++ sera deux fois plus sensible aux aspérités de la route : nids de poules, enrobé abimé, etc... Si votre équipier vous signale de ralentir : faites quitte à rouler à 20km/h. Fiez vous aux réactions du patient car c’est lui qui va influer sur votre attitude de conduite. Regardez loin devant vous pour prévoir les sources de douleurs : bosses, trous, courbes…
Comment bien ressentir les effets de la conduite de l’ambulance sur le patient
Je vous propose de tester deux choses : prenez un verre d’eau, mettez le dans l’ambulance et roulez. Si le verre se renverse ou si vous perdez de l’eau c’est que vous n’avez pas fait ce qu’il faut.
Deux : installez vous sur le brancard et laissez vous emmener. Vous allez pouvoir ressentir en tant que « patient » tous les effets de la conduite sur vous même. C’est LA méthode idéale. C’est garanti sur facture : quand vous serez au volant vous serez en mesure de comprendre l’influence de votre conduite sur le patient puisque vous aurez déjà testé. On ne conduit plus de la même façon par la suite.
Conclusion
Remettez vous en question sur votre attitude en tant que conducteur : on reprend les bases et on perd les mauvais automatismes pris depuis des années avec son véhicule perso. Soyez à l’écoute du patient et de votre équipier qui se situe derrière. Apprenez à anticiper loin devant vous. Apprenez à être doux au volant.
Pensez sécurité et confort plus que rapidité. L’expérience vient avec le temps surtout si vous êtes bien à l’écoute de ce que l’on vous dira. Apprenez à corriger vos défauts de conduite. Surtout soyez prudent et pensez que vous êtes responsable des personnes que vous transportez. La sécurité de votre patient, son confort et votre équipier doit être votre mot d’ordre.
En résumé : Restez concentré et apprenez à anticiper : freinage, ralentir, signal sonore, rond point etc. Regardez au loin et non pas juste devant vous. Le temps de voir le problème et le temps que vous exécutiez les choses nécessaires il se passe du temps.
Je remercie au passage tous les contributeurs : ambulanciers SMUR, ambulanciers privés du groupe Facebook SAMU – SMUR de France pour m’avoir conseillé, rappelé, aidé à enrichir cet article.
Cet article a sûrement de manques, des erreurs etc c’est certain et je vous invite donc à faire part de ces éléments afin de corriger et améliorer son contenu : les commentaires en bas de l’article sont à votre disposition. si vous avez des connaissances/expériences utiles soyez sympa : partagez les ça servira pour d’autres
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