Auteur Sujet: Le polytraumatisé !!  (Lu 7577 fois)

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Hors ligne Jeano 11

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Le polytraumatisé !!
« le: 10 février 2013, 16:57:58 »
Le polytraumatisé est par définition un blessé dont le pronostic vital est mis en jeu à court terme. “Plus de la moitié des décès post-traumatiques évitables est liée à des erreurs dans la stratégie de prise en charge, au défaut d’organisation, ou à l’inexpérience de la structure d’accueil initiale”.
C’est en effet un malade rapidement évolutif pour lequel le facteur temps est l’une des composantes péjoratives de sa prise en charge. Les objectifs de la prise en charge pré-hospitalière sont de stabiliser les fonctions cardio-respiratoire, pour une évacuation sans délai vers le Service d’Urgence le plus adapté.
La stratégie des décisions médicales préhospitalières et au Service d’Accueil des Urgences (SAU) est donc fondamentale et doit s’appuyer sur une équipe soignante formée et performante.

On peut ainsi classer le polytraumatisé en 3 catégories en fonction de son état clinique.

La catégorie 1 correspond à un patient en détresse extrême, qu'elle soit neurologique, respiratoire et/ou hémodynamique. Dans ce cas les examens d'imagerie sont réduits au minimum dans un premier temps, la sanction thérapeutique étant prioritaire : intubation et ventilation d'un patient comateux ou en détresse respiratoire ; évacuation d'épanchements pleuraux compressifs ; hémostase chirurgicale. Les examens, dans ce contexte, peuvent se résumer en une radiographie de thorax de face, une échographie abdominale à la recherche d'un hémopéritoine voire d'une échocardiographie.

Le polytraumatisé en catégorie 2 est dans un état précaire mais stabilisé grâce à des manœuvres de réanimation intensive (pression artérielle maintenue au prix d'un remplissage vasculaire et chutant à son arrêt ou à sa diminution, par exemple). L'examen clinique est alors plus approfondi, à la recherche de lésions évidentes. Ceci donne un peu plus de temps pour réaliser, en salle d'urgence, un bilan paraclinique plus complet. Le but est de démasquer les lésions susceptibles de s'aggraver, en particulier hémorragiques, en utilisant les examens ciblés d'imagerie (échographie abdominale, radiographie de thorax sous 4 incidences, artériographie à visée ­thérapeutique, TDM cérébrale...).

Enfin, le patient en catégorie 3 est un polytraumatisé stabilisé, souvent grâce à la phase pré-­hospitalière (SAMU/SMUR). La réalisation d'emblée d'une TDM corps entier est la meilleure option à proposer car on obtient un bilan rapide et précis permettant ensuite des explorations éventuelles plus ciblées et les gestes thérapeutiques, tout de suite après la réalisation de la TDM. Ceci passe par des équipes soudées et sensibilisées aux problèmes de la traumatologie des lieux de l'accident jusqu'à l'hôpital, le but n'étant pas seulement d'amener le blessé vivant à l'hôpital mais de s'inscrire dans une démarche logique et graduée lui permettant de sortir le plus rapidement de l'hôpital et avec le moins de séquelles possibles.

En fin l'extraction du polytraumatisé incarcéré doit recourir à un ensemble de manœuvres de force désignées par le terme général de « désincarcération ».Sans être forcément un spécialiste de ces manœuvres, le médecin doit cependant pouvoir en connaître les principes généraux. Cette nécessité de formation va d’ailleurs dans le sens de l’article 41 du Code de Déontologie Médicale qui stipule que « tous les médecins sont dans l’obligation d’entretenir leurs connaissances en matière de médecine d’urgence ».