Principales modifications introduites par les recommandations 2005 concernant la réanimation des arrêts cardiaques de l'adulte
Texte issus du site -http://www.cfrc.fr/index.php
A partir du même consensus scientifique établit par un panel d'experts internationaux de l'ILCOR, dans lequel le CRFC était représenté, l'AHA et l'ERC ont publié le 28 novembre 2005 les nouvelles recommandations pour la réanimation de l'arrêt cardiaque (AC) et les urgences apparentées. Les principales nouveautés introduites concernant la réanimation cardio-pulmonaire de base (RCP) de l'adulte figurent ci-dessous. Ces informations sont disponibles sur le site de l'ERC et de l'AHA. Elles modifient sensiblement les pratiques antérieures. Elles vont nécessiter une mise à jour des connaissances aussi bien des professionnels que du public. La nécessité de réaliser une RCP de base de meilleure qualité et de limiter drastiquement les interruptions du MCE pour réaliser d'autres gestes y compris la défibrillation et l'injection de médicaments est le point fort de ces recommandations.
Réanimation cardio-pulmonaire de base * La décision de commencer la RCP est prise devant une victime qui ne répond pas et qui ne respire pas normalement. Cette terminologie de respiration anormale est introduite pour tenir compte d'éventuels gasps.
* Pour réaliser le massage cardiaque externe, les sauveteurs doivent apprendre à mettre en place leurs mains au centre du thorax plutôt que de perdre du temps à utiliser une méthode de repérage à partir de la xiphoïde ou du grill costal.
* Chaque insufflation de la ventilation d'urgence est réalisée en une seconde et non plus en deux secondes. Cette mesure a pour but de limiter les interférences négatives de la ventilation sur la réalisation du MCE.
* Le rapport compression/ventilation est de 30:2 pour toutes les victimes d'arrêt cardiaque. Ce même rapport doit aussi être utilisé pour les enfants quand la réanimation est pratiquée par le public. Cette modification a pour but d'améliorer la perfusion myocardique et cérébrale pour lesquelles les interruptions du MCE sont particulièrement délétères.
* Pour une victime adulte, la RCP de base ne débute plus par deux insufflations mais par 30 compressions thoraciques réalisées immédiatement après que le diagnostic d'arrêt cardiaque ait été porté et l'alerte donnée.
Défibrillation semi automatique * Les programmes de défibrillation par le public sont recommandés pour tous les lieux où le risque de survenue d'un arrêt cardiaque devant témoin est élevé. Cette recommandation a pour but de faciliter la défibrillation par le public dans les endroits fréquentés en conjonction avec les secours organisés.
* Un choc électrique unique, avec une énergie de 120 à 150 Joules pour un défibrillateur biphasique et de 360 Joules pour un défibrillateur monophasique, est délivré Il est immédiatement suivi par deux minutes de RCP ininterrompue, sans vérifier la disparition de la fibrillation ventriculaire (VF), le pouls ou l'apparition de signes de vie. Cette modification s'explique par le potentiel de succès élevé du premier choc avec un défibrillateur biphasique et l'effet bénéfique de la poursuite du MCE juste après le choc.
Réanimation spécialisée1. RCP avant la défibrillation
* A l'extérieur de l'hôpital, lorsque les secouristes professionnels prennent en charge un AC dont ils n'ont pas été témoins et qu'ils sont équipés d'un défibrillateur, ils commencent par une réanimation cardio-pulmonaire de 2 minutes (c'est-à-dire 5 cycles à 30 compressions pour deux ventilations) avant de défibriller. Ceci est justifié par une amélioration de la survie lorsque la prise en charge débute 4 à 5 minutes après l'effondrement de la victime, ce qui est en préhospitalier, un délai habituel d'intervention des secours.
* Il ne faut pas, par contre, retarder la défibrillation au cours d'un arrêt cardiaque à l'extérieur de l'hôpital lorsque les secouristes professionnels en sont témoin. De même il ne faut pas retarder la défibrillation d'AC survenant dans l'hôpital.
2. Stratégie de défibrillation
* La FV ou la tachycardie ventriculaire (TV) sans pouls reçoivent un seul choc suivi immédiatement par la reprise de la RCP (30:2). Il ne faut pas vérifier le rythme ou chercher un pouls. Après 2 minutes de RCP, on vérifie le rythme et on donne un autre choc s'il est indiqué.
* L'énergie recommandée pour la défibrillation biphasique est de 150 à 200 Joules. Le deuxième choc et les chocs ultérieurs sont à 150 à 360 Joules.
* L'énergie recommandée lorsqu'on utilise un défibrillateur monophasique est de 360 Joules pour le premier comme pour les chocs ultérieurs.
* Lorsqu'il y a un doute entre une asystole et une FV à petites mailles, il ne faut pas défibriller mais au contraire il faut continuer la RCP.
3. L'adrénaline
* FV/TV : En cas de FV ou de TV persistant après 2 chocs, il faut injecter 1 mg d'adrénaline IV. Si la FV ou la TV persiste, il faut répéter l'injection d'adrénaline toutes les 3 à 5 minutes. Cette place de l'adrénaline est obtenue par défaut de donnée scientifique. La vasopressine n'est ni interdite ni recommandée en raison des résultats cliniques divergents.
* Rythme sans pouls et asystole : l'injection de 1 mg d'adrénaline IV sera pratiquée dès qu'une voie veineuse est obtenue et réinjecter ensuite toutes les 3 à 5 minutes jusqu'à l'obtention d'une reprise d'activité cardiaque spontanée.
4. Les anti-arythmiques
* Si la FV/TV persiste après 3 chocs, il faut injecter 300 mg d'amiodarone en bolus. Une dose ultérieure de 150 mg peut être injectée encas de FV/TV réfractaire ou récidivante, suivie par une perfusion de 900 mg sur 24 heures.
* Si l'amiodarone n'est pas disponible, la lidocaïne à la dose de 1 mg/kg peut être utilisée comme alternative. Il ne faut pas donner de lidocaïne si l'amiodarone a déjà été injectée. Il ne faut pas dépasser une dose totale de 3 mg/kg de lidocaine au cours de la première heure de la réanimation.
5. Thrombolyse pour l'arrêt cardiaque
* La thrombolyse est indiquée lorsque l'on pense que l'AC est dû à une embolie pulmonaire patente ou suspectée. La thrombolyse peut être envisagée au cours des AC de l'adulte au cas par cas après échec de la réanimation standard chez des patients pour lesquels une cause thrombotique à l'arrêt cardiaque peut être suspectée. Le fait que la RCP soit en cours n'est pas une contre-indication à la thrombolyse.
* Il faut envisager de continuer la RCP pendant 60 à 90 minutes quand un agent thrombolytique a été injecté pendant la RCP.
6. Réanimation post arrêt cardiaque et hypothermie
* Les patients adultes, dans le coma, ayant une circulation spontanée après la réanimation d'une FV survenue à l'extérieur de l'hôpital doivent être refroidis à 32/34° C pour 12/24 heures. Une hypothermie modérée peut être aussi profitable pour les patients inconscients adultes ayant une circulation spontanée après la survenue d'un AC à l'extérieur de l'hôpital dû à un rythme non chocable ou un AC survenu à l'hôpital.
La musique peut aider à un massage cardiaque en rythme :
S'aider d'une musique dont le rythme est proche de 105 bpm peut faciliter la réanimation, mais une bonne technique s'impose avant tout.Ecouter de la musique dont le rythme est similaire à celui qui est recommandé pour le massage cardiaque externe (100 à 120 battements par minute, bpm) peut faciliter la réanimation en pré-hospitalier, selon une étude britannique et australienne [1]. Mais la partition ne fait pas tout : la formation est essentielle pour que le geste soit réalisé dans de bonnes conditions avec une dépression sternale optimale (50 à 60 mm) pour assurer une circulation sanguine.
100-120 compressions de 5 à 6 cm
Les recommandations pour le massage cardiaque ont été actualisées en 2010 par l' « International Liaison Committee on Resuscitation » :
le rythme appliqué doit désormais s'établir à 100 par minutes au moins et la compression sternale doit être égale à un tiers de l'épaisseur du thorax, soit en moyenne 5 cm pour les adultes. Si ces indications semblent simples à enseigner et à réaliser, dans la pratique en pré-hospitalier pour les personnes qui ne disposent que d'une simple formation au secourisme, les gestes de réanimation cardiaque sont rarement effectués de façon optimale.
La majorité des participants étaient des ambulanciers, les autres se divisaient entre étudiants et professionnels de santé. La moitié d'entre eux avaient été formée au massage cardiaque au cours de l'année précédente.
Les participants ont pratiqué sur un mannequin trois séquences de trois massages cardiaques d'une durée d'une minute séparée par une minute de repos et réalisée soit en silence soit en écoutant au casque « Achy Breaky Heart » de
Billy Ray Cyrus (rythme 121 beats par minute, bpm), soit « Disco Science » de
Mirwais (rythme 105 bpm).
C'est cette dernière mélodie qui a permis de tenir au mieux le rythme recommandé au cours des sessions de massage cardiaque puisque 82 % des participants qui l'entendaient ont effectué de 100 à 120 compressions par minutes contre 65 % sans musique et 64 % avec « Archy Breaky Heart ».
Télécharger le référentiel : ERC guideline 2010… (en anglais) en PJ