Difficile de savoir par où commencer devant tant de naiveté béate face à un système qu'il ne comprend pas. Le système de santé britannique étant en train de devenir un des pires d’Europe, loin du modèle de 48.
Déjà il faudrait qu'il puisse comprendre le système dans lequel il a évolué en France avant d'aller prendre des vacances outre manche ...
On peut aussi dire que la méthodologie est des plus connes : on « n’analyse » pas un système sur la simple fois d'un stage d'observation de 15 jours.
Quelques rappels généraux quand même.
L'espérance de vie est de 81,5 ans en France (8 rang mondial) contre 78 pour le royaume unis (36 eme rang mondial). Il y a en France 3,4 médecins pour 1000 habitants, contre 2,7 au Royaume Unis. Il y a en France 600 000 infirmieres, contre 300 000 au RU. Ceci dit, les compétences des infirmières des deux coté de la Mare Britanicum ne sont pas strictement équivalentes. Il y a en France 33 personnels soignants pour 10 000 habitants (comme en Allemagne, en Suède, ou en Espagne) contre 23 pour le RU.
La France consacre un peu plus de 10, 4 % de son PIB à son système de santé, contre 8,1 pour le RU (à titre indicatif : 11,3 pour l’Allemagne). A savoir que le cout du NHS a augmenté de 4 % par an sur 60 ans avec un système qui de l’avis général devient de plus en plus inégalitaire et qui marginalise les patients les plus « couteux ». Le NHS est devenu presqu’exclusivement un système de mise en concurrence des établissements entre eux. L’administration du NHS est d’une telle rigidité qu’elle en devient parfois ubuesque Par exemple elle fixe des quota de patients par district, et ainsi ferme parfois les portes des établissements aux patients de son propre district pour qu’il puisse remplir leurs objectifs comptables.
Enfin les délais d’accès aux soins sont légendaires à tel point que le NHS en arrive à affreter des ferries de dentistes polonais qui font le tour des côtes pour tenter de désengorger les cabinets britanniques. Sans parler des nombreux sujets de sa Majesté qui viennent faire du tourisme sanitaire en France.
Je cite un passage d’un article de MyEurope sur la situation des hopitaux européens :
« Royaume-Uni: urgence mortelle
Les urgences britanniques sont gratuites. Ouvertes à tous, qu'on soit sujet de sa Majesté ou non. Et pourtant, ils bénéficient d'une des pires réputations en Europe.
A leur arrivée aux urgences, et après leur enregistrement, les patients doivent être auscultés par un médecin. Apparaît alors le premier souci: la gravité estimée de leur cas n’influe généralement pas sur leur ordre de passage, puisque l’ordre d’arrivée prévaut:
Tous nos patients sont traités de manière égalitaire," explique une réceptionniste.
Un nouveau-né ou une personne âgée ne passera ainsi pas avant un trentenaire, malgré sa résistance plus faible, surtout dans un environnement connu pour n’être pas véritablement sain. Ce qui peut s’avérer dangereux lors que l’attente s’avère interminable:
De nombreux services d’urgences se concentrent désormais sur le nombre de personnes qui attendent jusqu’à douze heures avant de voir un médecin et elles ont donc rangé de côté l’objectif officiel de quatre heures, car il est trop difficile à gérer," assure Mike Clancy, le président du collège de médecine d’urgence:
Pourtant, nous savons que cela est dangereux, que la mortalité est associée à la surcharge de patients." »
J’invite aussi à aller voir ce lien :
Grande-Bretagne : 13 000 décès auraient pu être évités dans des hôpitaux
LE MONDE | 17.07.2013
Voilà pour le merveilleux système britannique qui force l’admiration d’ADF, qui lui n’a relevé comme problème que le poids des ambulances !
Il y a eu en France 18 millions de passages dans les 625 services d’urgences en 2011 (15 millions en 2004), les pathologies traumatiques diminuant et la part de patients de plus de 70 ans augmentant. Il y a environ 370 SMUR qui effectuent 640 000 sorties par an.
La moitié de ces SMUR effectuent moins de 3 sorties par jour, c’est vrai. Ce que ne comprend pas ADF, c’est que les équipages de ces SMUR ne restent pas à se toucher la nouille lorsqu’ils ne décalent pas : ils travaillent aux urgences, réa, déchoc, bloc, … Ce qui répond à des objectifs de « rentabilité » bien sûr, mais aussi de maintien des compétences. Ca semble complètement étranger à la perception du monde de ADF, mais un paramedic quel qu’il soit (et ils sont excellent en PEC des urgences vitales) n’aura jamais l’arsenal diagnostic et thérapeutique d’un médecin urgentiste. Rappelons que l’internat de médecine d’urgence c’est déjà 4 ans APRES la sixième année de médecine (histoire de rappeler l’ordre des choses, hein …). Un paramedic n’est pas un médecin, ils n’ont pas le même rôle ni les mêmes missions dans le système de santé et dans la chaine de secours. Et contrairement à la brillante analyse de ADF, il agit selon des procédures médicales strictes et prédéfinies … comme tous les professionnels de santé et les acteurs de l’urgences quelles que soient leurs diplômes et leurs grades !
Il y a en GB 30 000 paramedics formés en 3 à 5 ans, généralement après avoir exercé trois ans comme EMT. Les paramedics peuvent également avoir accès à une sixième année de formation pour devenir paramedics doctors, ce sont eux qui effectivement ont plus ou moins le rôle de SOS médecin la nuit et le we. L’année de formation d’un paramedic coute environ 25 000 livres.
Ce que ne dit pas ADF, c’est que l’objectif principal du NHS aujourd’hui est de réduire les couts.
Et que dans cet optique, il semble que le métier d’EMT-B (celui qu’il croit exercer) soit voué à disparaître pour être remplacé uniquement par le tandem paramedic/ ambulance support worker (peu ou prou les auxilliaires ambulanciers français). La part de la médicalisation des urgences est aussi une interrogation, le conseil médical et l’envoi de médecin au pied de l’arbre étant une piste que le NHS étudie avec attention.
Enfin bref, amusant quand même de voir que la France, gouvernée par la CIA selon un certain membre d'un certain syndicat d'ambulancier, ait hérité d’un système soviétique …