Secours en montagne : ça chauffe entre les services dans les Alpes maritimes
Selon nos confrères de Nice Matin, la guerre des services a repris dans les Alpes maritimes où gendarmes et CRS ont vu d’un mauvais œil l’arrivée en renfort des pompiers dans le dispositif de secours en montagne, officialisé par le dernier plan départemental entré en vigueur le 5 septembre 2013.
Soumis à un devoir de réserves, les gendarmes ont laissé les CRS monter au créneau. Dans l’édition de ce 7 octobre du quotidien méridional, ces dernier reprochent un plan qui fait la part belle aux rouges, et estiment que les pompiers centralisant les alertes se réservent le plus grand nombre d’interventions. Déjà en 2011, un secours en canyon avait failli virer à l’aigre dans ce département alors que pompiers et CRS s’étaient disputés le sauvetage d’une victime.
Trois autres exemples.
1/ Le 20 décembre 2011, un skieur parti de la station de ski du Lac Blanc fait une chute. L’alerte, donnée par la victime elle-même, arrive au standard du centre de traitement de l’alerte (CTA)-CODIS 88. Les premiers éléments recueillis confirment qu’il s’agit d’une luxation du genou, sur un itinéraire connu, par temps calme. Sur sa propre initiative, l’opérateur du CODIS engage six véhicules dont une ambulance et 20 sapeurs-pompiers ! Mais en même temps, il signale les faits auprès du PGM de Xonrupt (88) qui, estimant que la personne se trouve sur le secteur alsacien alerte à son tour le PGM de Munster (68). Toujours dans le même temps, le SDIS 88 transmet l’alerte au SDIS 68. Au total, l’intervention aura mobilisé plus de 25 personnes pour secourir, sur un itinéraire bien ciblé et en pleine journée, un seul skieur, se trouvant à moins d’un kilomètre de la station, et dont le pronostic vital n’était nullement engagé !
2/ tout aussi significatif.
Une randonneuse en raquette est victime d’un accident « peu important » (luxation à l’épaule et hématome à la cuisse !). Mais les secours ayant été prévenus par plusieurs personnes – chacun prévenant une autorité différente – ce sont finalement sept militaires des PGM, une vingtaine de pompiers, trois médecins et un hélicoptère qui sont engagés pour cet accident ! On croit rêver !
3/ un couple de randonneurs originaires des Hautes-Alpes suivait un chemin de randonnée au lieu-dit Les Gourniers. Alors qu'ils traversent un champ clôturé et privé où paissaient quinze bovins les marcheurs sont chargés par un taureau.
Un taureau a chargé le quinquagénaire qui a été traîné sur une vingtaine de mètres. Le randonneur a eu l'artère fémorale sectionnée. Son épouse, choquée, a prévenu les secours, qui ont évacué la victime par hélicoptère vers le centre hospitalier de Gap. L'homme a hélas succombé à ses blessures.
Une enquête a été ouverte par le parquet de Gap et confiée au peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Briançon, pour déterminer d'éventuelles responsabilités pénales.
En novembre 2012, un rapport de la Cour des comptes dénonçait la situation de concurrence entres services en France, le coût engendré, et appelait à rationaliser l’organisation du sauvetage dans les massifs.
- Face aux rivalités auxquelles se livrent les services de secours en montagne, la Cour des comptes propose à terme le retrait des CRS de cette activité, voire leur transfert vers la gendarmerie.
- Les pompiers sont aussi invités à limiter leur action.
- Quant aux plans de secours, ils doivent épouser l'échelle des massifs.
La rue Cambon note que ces dysfonctionnements ne sont généralement pas "préjudiciables aux victimes", mais ils nuisent "à l’efficacité et à l’efficience des interventions".
Elle montre les incohérences du découpage départemental des plans de secours et propose de "mieux prendre en compte la logique de massif" dans le déploiement des unités et des moyens aériens.
La Cour des comptes consacre par ailleurs la légitimité de la gendarmerie.
Ce qui signifie, en clair, un retrait des CRS et le cas échéant, le transfert de leurs personnels vers la gendarmerie. L’intervention des Sdis devra être limitée et non redondante, "les préfets devant veiller à ce qu’ils n’interviennent pas inopportunément".
Dans le secours en montagne, des problèmes se posent parfois dans quelques départements où une répartition mal réglée subsiste entre les pompiers et la gendarmerie ; il faut que les SP comprennent que si le SAP est leur "DADA" Il n’en demeure pas moins que la Gendarmerie doit intervenir quand des suites judiciaires sont à prévoir. Les secours doivent être conduits par des gendarmes quand il est probable qu’une enquête judiciaire aura lieu, ce qui est le cas lors d'accidents mortels en montagne et haute montagne. Les Gendarmes des PGHM, PGM ou Brigades sont des Officiers et des Agent de Police Judiciaire chargés de constater et rédiger des rapports (PV) qui seront produits en justice. par A.CH. le 07/10/2013
http://www.ledauphine.com/actualite/2013/10/07/secours-en-montagne-ca-chauffe-entre-les-services-dans-les-alpes-maritimes