Auteur Sujet: Oxygène et secourisme  (Lu 20511 fois)

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Oxygène et secourisme
« le: 09 janvier 2013, 16:33:58 »
Vu sur secourisme.net :
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PSE 2013 : du nouveau pour l’inhalation de l’oxygène

29 décembre 2012

Le dernier numéro de Secourisme Revue expose les nouveautés relatives à l’inhalation de l’oxygène en secourisme.

La nouvelle mouture du PSE introduira la notion de toxicité de l’oxygène à concentration élevée. Cette toxicité apparaît, selon la majorité des scientifiques, au-dessus d’une saturation (SaO2) de 98 %. Elle est dommageable puisque la victime à qui l’on fournit de l’oxygène est déjà en détresse vitale et qu’il est évidemment malvenu de lui infliger un motif de souffrance supplémentaire.

La procédure consistera, lors de la mise en place de l’inhalation, à s’assurer que la saturation mesurée à l’oxymètre de pouls est comprise entre 94 et 98 %, en veillant à ne pas dépasser le seuil de 98 %. Pour cela, le secouriste devra agir sur le débit d’oxygène en inhalation.

Si la victime a spontanément une saturation supérieure à 94 % sans apport d’oxygène, il ne lui sera pas administré d’oxygène, même si elle est en détresse vitale, contrairement à la pratique actuelle.

Pour les équipes qui n’auraient pas de saturomètre à disposition, les débits d’inhalation actuels seront conservés par défaut (3/6/9 l/min pour les nourrissons/enfants/adultes).

En outre, de nouveaux matériels seront introduits (masques simples, lunettes...)

Référence : Dr Carole Carolet et Patrick Chavada, avenir de l’utilisation de l’oxygène en secourisme, Secourisme Revue n°180, décembre 2012, p. 28-29

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Précision, le nouveau référentiel PSE 2 n'est pas encore sorti.

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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #1 le: 09 janvier 2013, 17:16:49 »
Rappel ->Saturation en oxygène ou SAO2 : C’est quoi ?

http://formationambulancier.fr/blog/saturation-en-oxygene-ou-sao2-cest-quoi/

La saturation correspond au taux d’oxygène dans le sang.
Elle est supérieure à 95 % .
Elle donne une couleur rose à la peau.
Elle est mesurée au bout du doigt avec une pince et un appareil appelé oxymètre de pouls.

L'oxymétrie de pouls ou saturation en oxygène est une méthode de mesure non invasive de la saturation en oxygène de l'hémoglobine au niveau des capillaires sanguins, on parle de saturation pulsée en oxygène : SpO2.

La SpO2 est très proche de la SaO2, qui est la saturation artérielle en oxygène.
   L'oxymétrie repose donc sur la mesure de l'absorption lumineuse de l'hémoglobine au niveau des capillaires sanguins et plus précisément sur le taux d'oxyhémoglobine et de déoxyhémoglobine de chaque globule rouge :
    Une SpO2 de 98 % signifie que chaque globule rouge est chargé à 98% d'oxyhémoglobine et de 2% de déoxyhémoglobine.
    Une SpO2 de 98 % ne signifie pas 98% des globules rouges sont chargés en oxygène.
    L'oxymétrie de pouls permet donc de mesurer la proportion d'hémoglobine totale combinée à l'oxygène.
    Le résultat affiché reflète les 3 à 6 dernières secondes de saturation. Il est mis à jours toutes les demi-secondes.

Source http://www.soins-infirmiers.com/oxymetrie_de_pouls_saturation_en_oxygene.php

Autres infos sur  http://eliamedical-education.com/oxygene_2.php

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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #2 le: 10 janvier 2013, 11:32:05 »
Pas de panique, mise a part le prématuré (toxicité sur les cellules rétiniennes) pas de risque même à forte concentration pour une brève utilisation de transport.
Peut être que l'insuffisance respiratoire chronique va s'endormir (le stimuler). Le classique effet paradoxale de l'oxygène n'est plus enseigné.
Pour comprendre la saturation: petite histoire:
Nous sommes dans un parc d'attraction pour jeunes enfants. Le manège consiste en une petite rivière en boucle avec de l'eau qui avance grâce à une roue. Il y a des bateaux avec 100 sièges, sans moteur puisqu'ils vont avancer tout seul par le courant de l'eau. Et les petits enfants font la queue pour monter dans le bateau...Le scénario est prêt .

Rêvons que les enfants , ce sont les molécules d'oxygène, que les bateaux sont les globules rouges, l'eau: le sang, la roue: le coeur...Vous comprenez mieux comment fonctionne le transport de l'oxygène!

Plus fort : les sièges (hémoglobine) sont de couleur rouge sombre et lorsque les enfant s'assoient dessus, ils deviennent tout rouge et le bateau aussi...

Pour terminer : lorsque le bateau a 2 sièges de libre (sur les 100), on dit que le coefficient d'occupation est de 98 %. C'est la saturation en oxygène : 98 % !

Si 100 enfants montent sur le bateau, les 100 sièges sont occupés donc 100 % Ils sont saturés.
 Si 95 % des sièges étaient occupés la SaO2 serait à 95%...

PS on peut aussi compléter pour le CO (oxyde de carbone)
une bonne de loubard arrive,(les molécules de CO) et chassent les enfants des sièges. L'oxygène n'est plus transporté
Solution 1 : augmenter le nombre d'enfants (oxygénothérapie à 15 l/mn) par la masse certains loubards partiront
Solution 2 : potion magique à l'Asterix pour  les enfants, forts ils chasseront les loubards
c'est l'oxygénothérapie hyperbare

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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #3 le: 10 janvier 2013, 13:27:57 »
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PSE 2013 : du nouveau pour l’inhalation de l’oxygène

29 décembre 2012

Le dernier numéro de Secourisme Revue expose les nouveautés relatives à l’inhalation de l’oxygène en secourisme.

La nouvelle mouture du PSE introduira la notion de toxicité de l’oxygène à concentration élevée. Cette toxicité apparaît, selon la majorité des scientifiques, au-dessus d’une saturation (SaO2) de 98 %. Elle est dommageable puisque la victime à qui l’on fournit de l’oxygène est déjà en détresse vitale et qu’il est évidemment malvenu de lui infliger un motif de souffrance supplémentaire.

La procédure consistera, lors de la mise en place de l’inhalation, à s’assurer que la saturation mesurée à l’oxymètre de pouls est comprise entre 94 et 98 %, en veillant à ne pas dépasser le seuil de 98 %. Pour cela, le secouriste devra agir sur le débit d’oxygène en inhalation.

Si la victime a spontanément une saturation supérieure à 94 % sans apport d’oxygène, il ne lui sera pas administré d’oxygène, même si elle est en détresse vitale, contrairement à la pratique actuelle.

C'est complétement con et c'est scientifiquement idiot. Parler de toxicité de l'oxygène en considérant comme facteur la SpO2 ne repose sur rien de clinique.

Donc le mec qui saigne la rage, on va pas lui mettre d'O2 ?

D'autant que l'action du secouriste est très limité dans le temps, et qu'il a à sa disposition un MEDECIN régulateur dans les minutes qui suivent le début de leur prise en charge.




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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #4 le: 10 janvier 2013, 14:02:23 »
Il me semble avoir croisé un article sur le lien entre hyperoxie et mortalité... Mais je crois que ça concernait la phase post-arrêt cardiaque... Faudrait que je retrouve ce truc... J'imagine qu'ils se sont basés sur les dernières études, reste à voir au final comment cela va être retranscrit en secourisme sur le terrain...

Je vois déjà mes collègues secouristes être obnubilés par l'oxymétrie en inter, déja que c'est un peu le cas...

Sinon pour les lunettes, MMC et MHC, c'est une très bonne chose ! Ca évitera de voir arriver au SAU des patients au MHC avec 2 L d'oxygène car prescrit par le régulateur (qui ne sait pas qu'il n'y a pas de lunttes dans les VPSP...).

Mouarf...

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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #5 le: 10 janvier 2013, 14:19:45 »
La toxicité de l'O2 est réelle est avérée.

Ceci dit, hormis le cas du nourrisson, du patient de réa avec une oxygénothérapie au long court, ou du plongeur (bouteille ou caisson), on est à peu près tranquille.

Et dans tous les cas, le secouriste y peut mettre de l'O2 pleine balle en attendant l'avis médical, ça risque rien.

Et bien heureusement le seuil de SpO2 de 98% n'est pas toxique. Je ne vois pas d'où ils ont sorti ça.

Je vois déjà mes collègues secouristes être obnubilés par l'oxymétrie en inter, déja que c'est un peu le cas...

Ca m'inquiète aussi au plus haut point, déjà que pour beaucoup la PEC est entièrement conditionnée par la SpO2 au mépris de toute la clinique et le contexte.

Sinon pour les lunettes, MMC et MHC, c'est une très bonne chose !

En effet.

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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #6 le: 11 janvier 2013, 09:30:29 »
un article pour alimenter la réflexion.

http://www.sfar.org/acta/dossier/archives/ca06/html/ca06_15/ca06_15.htm

Bonne journée à tous

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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #7 le: 11 janvier 2013, 13:28:25 »
Alimenter la reflexion ou rendre un peu plus confus le débat ...

En l'occurrence ce qu'on peut retenir c'est d'une part que :

Citer
Si les données expérimentales sont en faveur d'une toxicité de l'oxygène, la mise en évidence de cette toxicité en clinique est plus difficile. Les conséquences cliniques de la toxicité de l'oxygène sont essentiellement étudiées en néonatologie, en médecine hyperbare, en anesthésie et en réanimation.

Et d'autre part qu'il n'y a ma connaissance pas d'étude montrant une augmentation de la morbimortalité en préhospitalier avec des SpO2 >ou = 98 %. Parce qu'ici on ne parle pas de FiO2 ni de PO2 mais bien de SpO2. Là on fait des extrapolations d'interprétations d'étude de réa sur des situations qui sont passablement différentes.

Ce dont on est sûr et certain en pratique clinique par contre c'est que l'hypoxie, elle, est mortelle et responsable de lésions gravissimes.

Encore une fois on abandonne un peu plus la clinique au profit d'éléments paracliniques de très faibles pertinence dans un contexte qui devrait être simple et générateur d'actions réflexes.

On parle bien ici d'acteurs de secours ayant bénéficié d'une formation d'une centaine d'heure à tout péter et de détresses vitales.

Donner une latitude de reflexion et d'action au secouriste dans ce contexte en fonction de la SpO2 c'est débile et dangereux. Une fois les premiers gestes de secours et le bilan effectué, le secouriste va appeler un régulateur qui lui pourra en fonction des éléments recueilli faire adapter l'oxygénothérapie. Le délai entre la mise sous O2 et l'appel au régulateur est de quelques minutes. Ca vaut vraiment le coup d'aller de demander au secouriste d'adapter l'o2 en fonction de la SpO2 pendant ce délai ?

Ce qui tue en premier c'est l'hypoxie, pas les radicaux libres.

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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #8 le: 11 janvier 2013, 14:08:11 »
+1

Surtout qu'on parle pas de ventilation mécanique pendant de longues heures mais de masque haute concentration sur le trajet vers l’hôpital.

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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #9 le: 11 janvier 2013, 14:38:54 »
Euh, zen.
Tous les lecteurs ne sont pas tous débiles.
Il arrive parfois que les gens sachent faire la part des choses avec un peu de recul.
Le doc de la SFAR n'a rien à voir en tout cas directement avec le secourisme mais il reste cependant intéressant.
J'y ai appris des choses (je ne sais pas tout).

Pour le reste, j'aurais bien aimé lire le document initial des deux médecins qui ont écrit sur l'avenir de l'oxygène en secourisme dans le revue spécialisée !

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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #10 le: 11 janvier 2013, 15:09:01 »
On est bien d'accord, ils ne sont pas tous débiles, loin s'en faut.

Mais on parle ici des premières minutes de la PEC initiale d'un patient en détresse vitale par le premier répondant, qui bénéficie au mieux d'une centaine d'heures de formation.

Je n'ai pas vu pour l'instant d'étude qui démontre qu'une SaO2 > à 98 % soit clairement délétère, et bien que je ne sois pas au courant de tout (de très loin s'en faut), je suis quand même surpris qu'une telle étude soit passée inaperçue auprès de tous mes confrères (quelle que soit leur couleur).

Franchement, moduler l'O2 par le secouristes dans les premières minutes en fonction de la SpO2, je n'en vois pas le bénéfice et ça va confusionner magistralement la prise en charge.

Sans prendre les secouristes pour plus débiles qu'il ne le sont (je suis aussi secouriste et c'est ma première "maison" !), faut pas se voiler la face. Et quelque soit leur unité d'appartenance, le niveau est relativement homogène (et globalement bon aussi, il faut le dire). Mais c'est déjà largement le bordel, les bilans parfaits sont rares, les gestes de secours ne sont pas toujours maitrisés, et la guedel et la sat sont déjà largement à l'origine de grosses conneries. Sans parler des CAP médecine qu'on retrouve partout et qui sont déjà un poison.

Ici le texte de la SFAR ne concerne en aucun cas le pré hospitalier ni le secourisme et ne fait pas de lien entre Sa02 et morbimortalité.

Ce texte est connu, et en pratique en effet chez le nouveau née on adapte la FiO2 QSP Sp02 =98 %, et on évite de ventiler à Fi02=1 pendant trop longtemps quel que soit l'age et le terrain.

Mais dans tous les cas, on dispose d'autres moyens de mesure autrement plus précis que la sat.


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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #11 le: 11 janvier 2013, 15:41:15 »
Sinon il y a les études sur la ventilation des insuffisants respiratoires chroniques et l'effet des variations de PaO2, la difficultés à les sevrer en réanimation mais ça ne concerne pas trop les secouristes...
j'ai l'impression que c'était plus ça le but de l'article que je n'ai pas lu non plus

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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #12 le: 11 janvier 2013, 16:11:05 »
Je ne comprends non plus ce qui a motivé cette mesure.
Personne n'a vu passer une étude à l'origine de cet article  ?

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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #13 le: 11 janvier 2013, 16:11:38 »
Même sur un BPCO dans les premières minutes, une FiO2 élevée n'est pas particulièrement délétère.

Et encore une fois, c'est l'hypoxie qui est est à craindre bien avant le reste.


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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #14 le: 11 janvier 2013, 16:52:59 »
Le PHTLS au chapitre 6 dit que chez un patient traumatisé critique, la lecture de la SpO2 a de fortes chances de ne pas être fiable, « du fait de la perfusion tissulaire diminuée ». L’oxymétrie de pouls n’est perçue que comme un outil dans la « caisse » du secouriste. L’examen complet permettant de décider la mise sous O2.
Je n’ai pas d’opinion sur la véracité de cette affirmation mais cela montre bien l’importance :
-   de l'O2 réflexe pour le secouriste français (rapidement formé) pour contrer l'hypoxie
-   le rôle du régulateur pour modérer la délivrance de l'O2 le cas échéant.

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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #15 le: 11 janvier 2013, 17:47:07 »
Le PHTLS au chapitre 6 dit que chez un patient traumatisé critique, la lecture de la SpO2 a de fortes chances de ne pas être fiable, « du fait de la perfusion tissulaire diminuée ». L’oxymétrie de pouls n’est perçue que comme un outil dans la « caisse » du secouriste. L’examen complet permettant de décider la mise sous O2.

Ce qui semble sage.

D'autant que franchement :

La nouvelle mouture du PSE introduira la notion de toxicité de l’oxygène à concentration élevée. Cette toxicité apparaît, selon la majorité des scientifiques, au-dessus d’une saturation (SaO2) de 98 %.

Je suis désolé mais c'est qui "la majorité des scientifique" ?

Il n'y a pas de rapport direct entre la concentration d'O2 et la SpO2.

Un adulte sain, il aura 98 % de SpO2 que la FiO2 soit de 21 ou 100 %. Et même il peu avoir 98 % de SpO2 et avoir besoin d'oxygène parce qu'il a 5 g d'hémoglobine ...

La toxicité n'est certainement pas lié à la SpO2. C'est une aberration de dire ça.

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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #16 le: 11 janvier 2013, 17:51:43 »
la mesure de la sp02 (et non pas SaO2 petite différence) nécessite un patient calme, ne frissonnant pas, pas en vasoconstriction ( froid, stress...) ce qui se rencontre chez un traumatisé.
Au bloc opératoire, souvent la saturation n'est pas mesurable avant l'induction (stress, angoisse) et surtout au début du réveil (perte du signal).
Je ne parle même pas des nombreuses interférences genre la longueur d'onde de l'éclairage par néon.
En résumé, rien ne vaut la clinique , personnellement je ne trouve aucun intérêt à cette mesure pour le secouriste de base.
De même à l'hosto si la personne est un peu agité et l'appareil sonne tout le temps, rien ne remplace la surveillance visuelle de la fonction respiratoire.

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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #17 le: 12 janvier 2013, 10:53:55 »
Franchement, moduler l'O2 par le secouristes dans les premières minutes en fonction de la SpO2, je n'en vois pas le bénéfice et ça va confusionner magistralement la prise en charge.

Je l'ai dit, je suis assez d'accord sur le fond. C'est l'impression que cette réforme m'a donné.

Sans prendre les secouristes pour plus débiles qu'il ne le sont (je suis aussi secouriste et c'est ma première "maison" !), faut pas se voiler la face. Et quelque soit leur unité d'appartenance, le niveau est relativement homogène (et globalement bon aussi, il faut le dire). Mais c'est déjà largement le bordel, les bilans parfaits sont rares, les gestes de secours ne sont pas toujours maitrisés, et la guedel et la sat sont déjà largement à l'origine de grosses conneries. Sans parler des CAP médecine qu'on retrouve partout et qui sont déjà un poison

Je suis assez d'accord, en même temps en deux semaines, on ne peut pas former des cliniciens, on ne peut que former des techniciens. C'est un fait.

Mais je ne parlais pas de tout ça, je parlais juste du lien que Voltaire-1 a posté. Je ne vois pas en quoi ça embrouille la discussion, la notre. Il suffit de lire. J'ai réussi à faire la part des choses, tout le monde devrait y arriver. Jeanot1 poste souvent des liens très intéressants par exemple.

Ici le texte de la SFAR ne concerne en aucun cas le pré hospitalier ni le secourisme et ne fait pas de lien entre Sa02 et morbimortalité

J'avais remarqué en le lisant, merci. Il parle d'un autre contexte, de toxicité d'oxygène. Mais ça m'a intéressé. Personnellement, mon environnement quotidien n'est pas l'anesthésie et mes livres de chevet ne traitent pas tous de pressions partielles... Donc je reste toujours curieux et la toxicité de l'oxygène reste un sujet très intéressant.


Pour le reste, qui nous intéresse, il faut quand même noter que ce que j'avais posté est un résumé effectué par secourisme.net suite à un article de deux médecins. J'ignore quelle forme vont prendre les futures explications du RN PSE 2. Attendons. Mais si les deux docteurs en question nous lisent, qu'il viennent discuter et expliquer.

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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #18 le: 12 janvier 2013, 11:42:55 »
La toxicité de l'oxygène  :o  :hein36:

Citer
l'oxygène peut être la meilleure et la pire des choses : il tue les anaérobies stricts mais aussi les aérobies au dessus d'une concentration critique. Certains globules blancs du sang l'utilisent d'ailleurs pour former des dérivés toxiques détruisant les microbes qu'ils ingèrent.
L'oxygène peut être aussi à l'origine de redoutables pathologies pulmonaires ou inflammatoires et de cancers. De plus, il est très vraisemblablement impliqué dans les processus de vieillissement. http://www.didier-pol.net/1CATALA.html

moi aussi cela m'interpelle alors, comme je ne suis assez "instructionné" je fouille le web  ;)

Les aquanautes (mais y a t'il une relation avec l'O2 et le secourisme ? ) en parlent sur ce site http://www.aquanaute.com/plongezloisir/forum/dan/oxygene.html
Vous êtes-vous déjà demandés pourquoi dans notre atmosphère l'oxygène, pourtant si important à la vie n'est pas majoritaire?
L'azote qui est un gaz inerte, c'est à dire qui n'intervient pas dans notre métabolisme, constitue 80% de l'air que nous respirons, pourquoi?
Nous connaissons tous le pouvoir comburant de l'oxygène, il permet aux flammes de continuer la combustion, les réactions d'oxydations nous sont familières ne fut ce que par nos souvenirs du cours de chimie.
En réalité l'oxygène est dangereux et même toxique; et l'azote dans l'atmosphère agit comme diluant pour nous permettre de vivre et .....d'inventer le moteur à explosion, les réacteurs, le feu etc........
En 1878, Paul Bert exposa des pinsons a une pression de 15 et 20 atmosphères en respirant de l'air et tous eurent des convulsions et .....moururent.
Il observa que si on plaçait ces oiseaux à une pression d'oxygène réduite de 20%, les mêmes effets s'observaient. Il supposa au départ que ces animaux mouraient par une production endocrine de "poison" du système nerveux du à la haute pression. Il décida de transfuser le sang des pinsons morts après convulsions à des individus non soumis à la pression. Le résultat fut négatif; aucun des animaux non comprimés mourut. Ceci porta Bert à la conclusion que l'oxygène avait une action directe de toxicité sur le système nerveux et le publia dans son ouvrage désormais bien connu "La Pression Barométrique".

Je vous livre aussi ce texte du site http://www.em-consulte.com/article/15837/figures/donnees-actuelles-sur-la-toxicite-de-l-oxygene

Résumé :
Malgré sa structure biradicalaire, l'oxygène fondamental (O2) est inerte vis-à-vis de la matière vivante, et des activités enzymatiques spécialisées sont nécessaires pour permettre son utilisation par les organismes aérobies. In vivo, il peut produire, en cascade, à partir de l'anion superoxyde, des espèces activées oxydantes (radicalaires et non radicalaires) responsables de lésions cellulaires et tissulaires.
Sa toxicité est visible lorsqu'il est administré en conditions d'hyperoxie ou d'hypoxie. À 100 % d'O2, en normobarie, la mort survient en 100 heures.
Les lésions consécutives à l'hyperoxie, observées sur modèle animaux, commencent au niveau de l'endothélium et sont suivies par des lésions des cellules alvéolaires. Il existe des phénomènes d'adaptation à l'hyperoxie, caractérisés par une augmentation d'activité des enzymes « anti-oxydantes ».
En clinique humaine, l'oxygène est administré régulièrement avec des FiO2 élevées, chez les patients en défaillance respiratoire aiguë, pour des périodes prolongées, sans toxicité apparente.
Cette observation paradoxale pourrait s'expliquer par l'absence d'augmentation de la pression artérielle en oxygène, due aux altérations des échanges gazeux, tandis que les cellules alvéolaires, soumises à hautes concentrations en oxygène, sont plus résistantes. Les lésions inhérentes à la défaillance respiratoire peuvent aussi masquer les phénomènes toxiques dus à l'hyperoxie. L'utilisation de FiO2 élevées en soins intensifs doit donc rester contrôlée et limitée en temps.

Mots clés  : défaillance respiratoire ; espèces oxygénées activées ; hyperoxie ; oxydation.

ainsi que ce diaporama extrait de :  Toxicité de l'oxygène
reamed.ujf-grenoble.fr/seminaires/archives/.../Toxiciteoxygene.ppt

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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #19 le: 12 janvier 2013, 14:01:49 »
Oui mais c'est aussi la dose qui fait le poison. Ce qui faudrait savoir c'est si, en pre-hospitalier la dose d'O2 délivrée en action réflexe, pendant au plus 30 minutes..., a un effet significatif et s'il contre-balance l'effet positif. C'est cette étude qui manque...

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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #20 le: 16 janvier 2013, 16:34:35 »
J'ai l'article initial, mais franchement, ça me semble être une belle connerie.

http://www.croix-blanche-chamonix.fr/uploads/Documents%20articles%20revues%20secourisme/ANNEE%202012/ANIMS/avenir%20o2.pdf

D'autant que les justifications données par les docteurs Chavada et Carolet sont passablement bancales. On est dans l'extrapolation d'études et la transposition de conduite à tenir médicale.


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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #21 le: 17 janvier 2013, 08:40:23 »
Merci pour le lien Loulig !

J'ai lu rapidement mais si j'ai tout compris, ils sont partis des études concernant l'oxygénothérapie dans les urgences coronariennes...
Pourquoi ne pas avoir simplement fait un encart pour les DT ?

Des malaises sans particularités avec une petite sat' à 92 % (par exemple le sujet âgé) et chez qui j'ai pas foutu d'oxygène, j'en ai géré des masses et avec accord de la régul... Je me suis jamais énervé sur l'oxygène...

Va falloir réexpliquer finalement les fondamentaux, qu'on délivre de l'oxygène non pas parce que l'oxymètre indique 93 % mais parce que le contexte et la situation font que le patient a probablement besoin d'oxygène.

Une chose est sure ! Toutes les entorses auront leur sat !


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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #22 le: 17 janvier 2013, 14:58:27 »
Ce qui me gene le plus c'est que déjà à la base la justification donnée par les rédacteurs de cet "amendement" est foireuse. On part des DT, et on extrapole sur des généralités sans avoir de preuves cliniques. On retourne vingt ans en arrière avec de l'eminence based médecine.


On voit bien l'interprétation qu'en font les redacteurs de secourisme.net qui n'a plus rien à voir avec l'objet initial de l'étude (l'O2 peut être délétère dans certaines situations particulières), et devient un énorme contre sens (une sat à 98 % est délétère).

Au final, quel message va être délivré aux équipiers ?

Si déjà le message initial des rédacteurs est brouillon (et en l'occurrence, il l'est), va faloir que les formateurs s'accrochent pour être clair.


falloir réexpliquer finalement les fondamentaux, qu'on délivre de l'oxygène non pas parce que l'oxymètre indique 93 % mais parce que le contexte et la situation font que le patient a probablement besoin d'oxygène.
Ma foi, c'est l'occas' en effet.

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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #23 le: 17 janvier 2013, 19:11:38 »
Le message délivré ? Bah sans doute un condensé de lien que tu as posté.
Un algorithme en quelque sorte.
Inconscience qui respire = détresse vitale = indication d'oxygène = oxygène sauf si SpO2 > 94 %
Baisser le débit si SpO2 > 98 %.

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Re : Oxygène et secourisme
« Réponse #24 le: 17 janvier 2013, 19:50:53 »
Quand je vois la façon dont les redacteurs de secourisme.net (qui ne sont quand même pas des perdreaux de l'année) ont compris l'article, je m'interroge sur ce qui va ressortir de ça.

D'autant qu'une sat > 94 chez un inconscient n'est pas un critère suffisant et nécessaire d'éviction de l'oxygène.

Et que d'autre part on peut lire ceci ailleurs :

Citer
La seule interprétation erronée par rapport aux fiches du référentiel version béta que je vois est sur l'adaptation du débit d'O2 : l'article sous-entend que le secouriste va ajuster le débit a la hausse ou a la baisse en fonction de la sat, alors que non, il sera uniquement demandé au secouriste d'augmenter le débit si le ballon réserve s'aplatis complétement, et d'ôter le masque si la SpO² atteint 98% .


Bon, on verra bien à l'usage.

Ceci dit, comme le disait un de mes illustres prédécesseurs et néanmoins confrère, le secourisme avait un côté très clinique et très pratique, et j'ai l'impression qu'on perd cet aspect au profit d'une technoïsation biduloïde de mauvais aloi qui n'apporte pas de bénéfice à la victime et n'améliore pas la prise en charge, mais permet à n'importe qui formé en 70 heure de jouer au paramedic.
Et ça permet à des médecins de se faire mousser en pondant des réforme que leur génie intime aura pondu en dépit de toute étude.