Certains choisissent latin ou grec en classe de troisième. Eux ont choisi l'option « défense ».
Les 24 élèves d'une classe de 3e du collège de Melun ont visité la prestigieuse Ecole des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN). « Cette option nous occupe une heure par semaine.
Je les ai déjà emmenés visiter le commissariat de police de Melun et les sites historiques de Verdun… C'est de l'éducation civique et cela soude le groupe », s'enthousiasme Magali, professeur d'histoire-géographie.
Dans la salle, certains disent vouloir devenir gendarmes, avec spécialisation dans l'informatique pour l'un d'eux. A la maison-mère des officiers de gendarmerie sise à Melun depuis 1945, la classe n'a pas été déçue.
Après une présentation du métier, de la maréchaussée en 1791 jusqu'à aujourd'hui (98 000 personnels), avec une palette très large de spécialités et de spécificités (gendarmerie départementale, mobile, unités de montagne, spéléologues, plongeurs, GIGN, marins, etc), les collégiens ont pu voir l'envers du décor. L'enseignement concret des futurs enquêteurs judiciaires, ils découvrent la salle de police judiciaire. Au milieu, entre quatre rubans adhésifs interdisant tout passage, une scène de crime, avec une femme (mannequin) poignardée sur son lit. « Waouh! », clame une élève. Sur le sol, des traces de pas. Sur la table, deux verres. Dans la poubelle, un préservatif usager. C'est mieux qu'au cinéma !
Le sous-lieutenant qui prend en charge une partie du groupe distribue des feuilles aux élèves qui doivent identifier les pistes permettant de résoudre ce qui ressemble bien à un meurtre… « La première chose est de vérifier si la victime est décédée. On lui touche la carotide, on vérifie son souffle. Le secours prime sur l'enquête ! puis on gèle ensuite les lieux pour figer la scène de crime », insiste l'élève-officier.
Tout est passé au peigne fin : appels téléphoniques reçus, empreintes des semelles moulées, traces d'ADN sur les verres, le couteau, le préservatif, etc. « Beaucoup de tueurs mettent des gants! », regrette un élève. « Oui, mais certains laissent passer une micro transpiration. », répond le sous-lieutenant. Les élèves sont ensuite invités à prendre des empreintes digitales sur une vitre ou à apposer les leur avec de l'encre. « Savez vous que des jumeaux ont le même ADN, mais pas les mêmes empreintes digitales ? Elles sont propres à chaque individu », informe l'élève-officier.
Place à la salle de tir, avec des armes pour exercice, à balles en caoutchouc et tir réduit au niveau sonore et puissance. « Une arme n'est pas un jouet.
La première règle à respecter, c'est de la considérer toujours comme chargée. Pointez le canon vers le sol », commence le moniteur. « Le tir, c'est une école d'humilité. Tout dépend de la respiration, la position, le stress, mais aussi la faible luminosité, etc. » Les élèves manipulent les armes, puis déchargent dix cartouches sur une cible en carton. « J'utilise plus facilement mon stylo que ça », sourit la professeur d'histoire-géo, convaincue que « Cela montre aux élèves qu'une arme n'est pas anodine. Aujourd'hui, tellement de jeunes y jouent via des jeux vidéo… »
Les collégiens ont eu la chance de rencontrer les instructeurs du groupement d'investigation cynophile qui ont fait travailler leurs chiens, dressés pour la recherche de personnes, de produits stupéfiants, d'armes... Ils ont également apprécié la visite du stand de tirs où s'entraînent les élèves-gendarmes, à des tirs jusqu'à 200 m, les balles filant à près de 3 fois la vitesse du son.
En parallèle, une intervention liée aux dangers d'internet et de la drogue était ainsi programmée.
Les collégiens étaient ravis d'avoir pu découvrir une Institution qui, pour la plupart, leur était complètement étrangère, viendront peut être dans quelques années renouveler les rangs de la gendarmerie.
A la direction de l'EOGN, on apprécie cette séance. « Recevoir cette classe participe de notre volonté d'ouvrir l'école sur l'extérieur », commente le capitaine, « montrer ce qui s'y passe et peut-être déclencher des vocations ! »