Auteur Sujet: Travaux d'Intérêt Général....  (Lu 3112 fois)

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Hors ligne Jeano 11

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Travaux d'Intérêt Général....
« le: 29 juillet 2015, 12:14:23 »
Leur dette envers la société, ils viennent la régler à la gendarmerie d’Avesnes-sur-Helpe (59). C’est une expérience inédite dans la région de Maubeuge et ses environs. Depuis plusieurs mois, des personnes condamnées à une peine de travaux d’intérêt général peuvent effectuer leur peine au sein de la compagnie de gendarmerie d’Avesnes-sur-Helpe.
Il s’agit d’un échange gagnant-gagnant : les casernes sont rénovées à moindres frais. Pour les « tigistes », le chemin vers la réinsertion est facilité.

Lorsque Joseph se balade dans les couloirs de la gendarmerie d’Avesnes, les militaires viennent à sa rencontre lui serrer la main, sourire aux lèvres. Chacun prend des nouvelles de ce jeune homme de 22 ans, comme les gendarmes le feraient avec un bon collègue. Mais Joseph n’est pas issu de l’institution, il est plutôt à l’opposé. « J’ai été condamné pour avoir fait quelques bêtises en voiture », bougonne t'il.

Au tribunal, le procureur lui a laissé le choix. Un mois de prison avec sursis ou 250 h de travaux d’intérêt général. « J’ai pris les TIG, je me disais que c’était une peine plus utile. Ça fait réfléchir pour éviter de commettre la même erreur. » Si ce dispositif de justice est archi-connu, le lieu où il s’est déroulé est inédit dans la région. Jonathan a été envoyé à la compagnie de gendarmerie d’Avesnes.

C'est le commandant Joël K..., avec le soutien de son groupement, qui a envoyé une candidature au juge d’application des peines pour accueillir des TIG.
L’idée de départ était simple. « Notre caserne est vieillissante, relève le commandant. Dans un contexte économique tendu, il est difficile de réaliser tous les travaux. Parfois, ce sont même les gendarmes qui entretiennent les espaces verts ou refont les peintures. » Faire appel aux TIG est un bon moyen pour rénover des locaux à moindres coûts, tout en aidant des personnes en difficulté.

« Une belle empreinte » car les « tigistes » sont scrutés par les gendarmes, accompagnés dans une véritable démarche de réinsertion. « Quand ça se passe bien, nous leur écrivons une lettre de recommandation », ajoute Joël K....
C’est le cas pour Joseph. Avec un CAP de peinture en poche, le jeune homme a rafraîchi une bonne partie des murs de la caserne entre mai et juin. Son travail a bluffé les militaires. « C’était mieux qu’un professionnel », sourit un gendarme.

Joseph s’est fait remarquer de manière très positive. « Il arrivait tous les jours à l’heure, il bossait dur et bien, il avait un bon comportement. Il prenait même le café ave les autres gendarmes. Il a laissé une belle empreinte », insiste le commandant de compagnie. Si bien que des opportunités se sont ouvertes à Joseph. Après ses TIG, il a pu décrocher un contrat au sein d’une entreprise spécialisée dans la peinture et les revêtements. À aucun moment, il ne regrette de ne pas avoir fait le choix de l’option prison.

Une réelle alternative à la prison ; certes, l’initiative de la gendarmerie d’Avesnes est inédite, mais cela fait très longtemps que les travaux d’intérêt général existent en France. Ils sont devenus une véritable alternative à la prison.
Jean-Francis Créon, le procureur de la République d’Avesnes-sur-Helpe y voit deux intérêts : « Pour une personne qui serait condamnée, cela lui permet d’éviter de perdre son travail à cause de la détention. Elle pourra effectuer des TIG sur ses périodes de congés. Et pour une personne qui n’aurait pas d’emploi, elle pourra remettre le pied à l’étrier, se réinsérer… »

Mais à qui peut-on proposer des TIG ?
Dans le droit français, la définition est large. Les TIG sont décrits comme étant une peine de substitution à l’emprisonnement. « Mais je me vois mal proposer ce dispositif à un délinquant sexuel multirécidiviste », nuance le procureur.

De nombreuses administrations publiques accueillent déjà des « tigistes ».
Pour prononcer cette peine, la justice doit systématiquement avoir l’accord du prévenu. En 2012, 25732 TIG ont été prononcées en France. Selon le ministère de la Justice, 73 % de ces peines sont effectuées avec succès.

1500 heures de travaux effectuées à la caserne, c'est au total, dix-huit personnes jeunes et moins jeunes qui se sont succédées à la caserne pour réaliser des TIG.  Pour les gendarmes pas de doute, ce programme est une réussite. La caserne a pris un sacré coup de jeune grâce à ces recrues. Lesquelles sont choisies et briefées par les militaires. « On fixe les limites avec eux dès le départ », explique le commandant de Cie. Si une personne condamnée ne respecte pas les termes du contrat ou affiche une mauvaise volonté, la collaboration s’arrête illico. Mais ces cas de figure sont extrêmement rares.

Au quotidien, les relations entre gendarmes et tigistes sont bonnes. « Même si au départ, c’est un peu bizarre, concèdent les condamnés. Pendant les deux premiers jours, il y a de l’appréhension des deux côtés. C’est un peu froid. Mais ensuite, tout devient normal. » Une occasion pour des citoyens, qui ont eu maille à partir avec les forces de l’ordre, de découvrir une autre facette de leur métier. « Ça peut changer l’image d’une institution », assure le commandant de compagnie.

Source http://www.lavoixdunord.fr/region/leur-dette-envers-la-societe-ils-viennent-la-regler-a-ia23b0n2950938