Dix personnes d'un même gang en possession d'armes de guerre suspectées d'avoir fait exploser un distributeur de billets (DAB) en Seine-et-Marne et d'être compromises dans un trafic de cocaïne "de très haut niveau" ont été présentées ce week-end à un juge d'instruction de Meaux ou le seront d'ici lundi.
Parmi eux figure François Francisci, 35 ans, grande figure du banditisme, déjà condamné en 1995 à 13 ans de réclusion pour meurtre, a confirmé dimanche le procureur de Meaux, René Pech.
Le début de l'affaire remonte à l'été. Dans la nuit du 18 août, cinq malfaiteurs tentent, sans succès, de vider un distributeur automatique de billets (DAB) de la BNP à La-Ferté-sous-Jouarre en le faisant exploser grâce à de la TNT.
L'explosion est telle qu'elle endommage un véhicule, un magasin et la maison d'un particulier. Des témoins attestent que l'un des membres du gang portait un lance-roquettes.
Dix jours plus tard, grâce au repérage d'une voiture de forte cylindrée, les enquêteurs mettent la main sur Jérôme Vuillemin, 30 ans, déjà condamné pour détention d'explosif et présenté comme le cerveau de l'équipe.
A son domicile de Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), on retrouve le bazooka, venant de l'Europe de l'Est, muni d'une tête explosive et destiné, selon les enquêteurs, à être éventuellement utilisé contre les forces de l'ordre, mais également un revolver, un cocktail-molotov et une cagoule.
M. Vuillemin nie les faits en bloc. Mais de sa prison, il continue à donner des ordres par l'intermédiaire de son frère aîné, Eric. Le gang prépare ainsi une deuxième tentative de casse d'un DAB, à Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne), auquel devaient participer quatre nouvelles recrues.
Une livraison de 600 grammes de TNT ainsi que d'un gilet pare-balles a lieu entre les 26 et 28 décembre dans laquelle est directement impliqué M. Francisci, ce qui décide policiers et gendarmes à intervenir.
Entre mercredi et vendredi, une vingtaine de personnes sont interpellées dont M. Francisci, cueilli au bar d'un luxueux hôtel près des Champs-Élysées.
A son domicile habituel, les policiers trouvent deux pistolets mitrailleurs, un revolver, une grenade, un gyrophare et un brassard de police.
Les enquêteurs se rendent par ailleurs compte que le gang bénéficiait d'un appui de poids à l'intérieur de la BNP. Un des employés chargé de la maintenance et de la récupération des fonds fournissait les plans des DAB visés.
Le même homme s'était même procuré une porte blindée sur laquelle le gang s'entraînait dans une forêt seine-et-marnaise, en l'attaquant au chalumeau.
Par ailleurs, les enquêteurs de l'Office central de répression du banditisme (OCRB), de l'Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI) et les gendarmes de la section de recherche de Paris ont trouvé suffisamment d'éléments pour mettre en cause ces personnes dans un important trafic de cocaïne.
De source proche du dossier, on indique que cet aspect de l'affaire "est loin d'être terminée" et pourrait compromettre des personnes du "show-business".
Samedi, six personnes ont été mises en examen pour de multiples infractions, dont "association de malfaiteurs" et écrouées. Trois devaient l'être dimanche, dont M. Francisci, un dernier lundi, a annoncé le procureur. Neuf personnes interpellées ont été relâchées sans poursuite pour l'instant.
Une information judiciaire pour abus de biens sociaux a également été ouverte contre M. Francisci, qui touche près de "6.000 euros par mois" d'un cercle de jeux des Champs-Elysées géré par sa famille, a encore indiqué M. Pech.
source AFP 09.01.2005 - 20:34
