Les réseaux radio d’alerte et de secours en montagne
Une spécificité française et alpine
Avant 1987, le Ministère de l’Intérieur possédait un réseau constitué de quelques bases déportées en points hauts (Chamrousse, Aiguille du Midi par exemple) fonctionnant sur la 85.635 MHz en mono fréquence (fréquence montagne de l’Ordre National de Base des Transmissions de la Sécurité Civile). Le faible nombre de bases ne permettait pas de couvrir l’ensemble des vallées et sommets alpins, l’utilisation de la bande 80 MHz, plus adaptées à la campagne qu’à la montagne, accentuait le phénomène. Les matériels « portatifs », lourds et encombrants, étaient réservés aux services de l’Etat, pour les missions de secours. A cette époque, les professionnels de la montagne et les pratiquants ne possédaient aucun moyen pour passer une alerte en cas de problème.
Ce système était inadapté et inefficace car insuffisant, mais surtout fermé aux civils. Une évolution devenait nécessaire.
Des innovations techniques.
Sous l’impulsion de l’entreprise Savoie Electronique, un premier relais de test est installé au Granier afin de démontrer l’adaptation de la bande 150 MHz aux zones de montagne. Des portatifs sont confiés aux guides, au CAF (Club Alpin Français) et au PGHM de Grenoble. L’expérimentation est concluante et débouche en 1987 sur l’installation du premier relais définitif à l’Aiguille du Midi, viendra ensuite la couverture de l’Espace Killy pour les Jeux Olympiques d’Albertville. En 1995, l’arc alpin est entièrement couvert, de Nice au Leman, par 25 relais de haute montagne.
Ces relais 150 MHz fiables et autonomes, constitués de matériel Storno, gèrent l’identité de l’appelant vers des pupitres automatiques installés en points bas. Les pupitres sélectionnent automatiquement le relais déclenché afin de faciliter la réponse du secouriste de garde.
Le système prévoit également des fonctionnalités de diagnostic technique des relais ainsi que des balises d’alerte installées dans les refuges.
Solidarité montagnarde
Ces réseaux radio associatifs, initialement dédiés à l’alerte, vivent grâce aux cotisations de leurs utilisateurs, un bel exemple de prise de responsabilité et de solidarité des professionnels et pratiquants de la montagne. Chaque département alpin est pourvu d’une association qui gère les adhésions et qui assure la maintenance et l’évolution de chaque réseau. Les unités de secours pratiquent une veille H24 de ces réseaux au moyen d’un ensemble de pupitres automatiques développés spécifiquement. La météo est régulièrement diffusée à l’intention des gardiens de refuges et des pratiquants, ce qui apporte encore du lien dans le milieu montagnard.
Utilisation par l’État
Observant l’efficacité de ces réseaux et devant l’absence de moyens radio d’État dédiés au secours en montagne, les unités de secours ont rapidement systématisé l’utilisation des réseaux associatifs pour leurs missions régaliennes : ce paradoxe unique transforme les réseaux d’alerte en réseaux opérationnels de secours. Cette situation subsiste actuellement malgré les investissements colossaux dans les réseaux INPT, inadaptés aux missions et n’offrant pas la couverture radioélectrique requise. De l’aveu même des secouristes ou des pilotes d’hélicoptères (Sécurité Civile ou de la Gendarmerie), il s’agit du seul outil réellement utilisable en secours en montagne.
Unique vecteur d’interconnexion en montagne
Ces réseaux constituent actuellement le seul vecteur d’interconnexion entre les pratiquants, les professionnels (guides, moniteurs de ski, accompagnateurs en montagne, encadrants de clubs), les unités de secours, les médecins, les hôpitaux, les pisteurs et les hélicoptères.
De l’alerte à la transmission du bilan médical, en passant par le guidage des hélicoptères et la sécurité des intervenants, ce sont chaque année des centaines de secours qui sont réalisés grâce à ce vecteur.
Pendant la saison hivernale, il est fréquent que l’activité sur les réseaux soit permanente.
On estime à environ 15000 le nombre de portatifs de toutes marques équipés des réseaux d’alertes et de secours en montagne. Cet aspect multi constructeurs et ouvert est un des piliers éthiques et fonctionnels de ces réseaux : la seule contrainte est de posséder un poste portatif professionnel avec fonctionnalité 5 tons.
Sysoco perpétue le savoir-faire de Savoie Électronique
Soucieux de conserver ce savoir-faire unique et indispensable, Sysoco Montagne continue d’assurer la maintenance et l’évolution des réseaux Sécurité Vanoise et Oisans Ecrins :
Rénovation de la base déportée de la Roche de Mio pour le PGHM de Bourg Saint Maurice
Mise en place d’une station d’accueil hélicoptère au Centre Hospitalier de Chambéry
Mise en place d’un pupitre automatique au Centre Hospitalier de Saint Jean de Maurienne
Mise en place d’une nouvelle base déportée à la Norma pour la base secours de Modane et l’interconnexion avec le réseau Oisans Ecrins et le réseau Dauphiné
Mise en place d’une nouvelle base déportée à Moutier pour la base secours d’Albertville
Mise en place d’un relais au Pic de Bure pour étendre la couverture vers le Sud des Hautes Alpes (voir témoignage client ci-dessous)
Mise en place d’une nouvelle base déportée à Risoul pour les unités de secours de Briançon et l’interconnexion avec le réseau Sécurité Ubaye
Mise en place d’une interface sur le gestionnaire de voies radio du CODIS 05
Ses équipes techniques compétentes et son implantation locale font de Sysoco Montagne un partenaire de confiance pour Sécurité Vanoise, Sécurité Oisans Ecrins, le PGHM de Briançon, Bourg Saint Maurice et Modane, les unités CRS de Grenoble, Albertville et Briançon, le CNEAS de Chamonix.
Au sujet de l’extension du réseau Oisans Ecrins (mise en place d’un relais solaire au Pic de Bure dans le Dévoluy), Roger Martin, Guide de haute montagne à Briançon est Président de l’Association Radio Sécurité Oisans Ecrins.
Des réflexions pour l’avenir
Regroupés au sein du Groupement des Réseaux Radio d’alerte et de secours en montagne, les réseaux maintiennent la capacité analogique (seule garante de l’ouverture des réseaux à tous les possesseurs de portatifs 150 MHz) tout en envisageant une évolution douce vers le numérique. Ainsi, la norme DMR a été retenue pour son vaste choix de constructeurs compatibles et interopérables (pour les fonctions de bases) : Motorola, Hytéra, Kenwood, Tait, Sépura, etc.
Sysoco Montagne a ainsi qualifié un nouveau relais mixte numérique / analogique destiné à remplacer progressivement le matériel actuel en suivant une ligne de conduite claire :
Maintien absolu du mode analogique pour conserver la compatibilité avec le parc de terminaux actuels
Compatibilité fonctionnelle et technique avec le segment infrastructures spécialisées (bases déportées) et les pupitres dans les bases secours
Evolution fonctionnelle et doublement de la ressource pour le mode numérique DMR
De belles perspectives pour ces réseaux garants de la sécurité dans nos beaux massifs Alpins.
Damien Dupont est le responsable du pôle Montagne de Sysoco, pratiquant de la montagne, membre du bureau directeur de l’Association Sécurité Dauphiné et consultant transmission auprès de l’Association Nationale des Médecins et Secouristes en Montagne.
Source
http://www.sysoco.fr/blog/les-reseaux-de-secours-en-montagne/