Auteur Sujet: Enquêteurs sub-aquatique ... Comment éviter qu'un crime ne tombe à l'eau ?  (Lu 29379 fois)

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CNING : Des plongeurs à la pointe de l'immersion.

Structure à vocation interministérielle et internationale, le centre national d’instruction nautique de la gendarmerie forme ses stagiaires à la réalisation de constatations judiciaires aquatiques et subaquatiques, tant en milieu maritime qu’en eaux intérieures ou dans des espaces confinés.

Le Centre national d’instruction nautique de la gendarmerie (CNING), implanté à Antibes depuis 1965, forme principalement ses stagiaires aux techniques de l’enquête judiciaire subaquatique dans le cadre des interventions nautiques, aquatiques et subaquatiques (formations d’enquêteur subaquatique et de technicien en identification subaquatique). Il prépare également les plongeurs d’intervention du GIGN à la plongée à l’air.

Ces formations s’adressent aux officiers et aux sous-officiers de la gendarmerie nationale ainsi qu’aux personnels de la division de la police maritime et aéroportuaire de la sûreté publique et de la force publique (carabiniers du prince et sapeurs-pompiers) de la principauté de Monaco et aux personnels des services de police et de gendarmerie des pays ayant des accords de coopération avec la gendarmerie nationale.

Pour ce qui concerne les candidats gendarmerie, devant être âgés de moins de 35 ans et aptes médicalement, des tests nationaux sont organisés deux fois par an à Antibes. Chaque zone de défense organise également des prétests afin d’optimiser les places disponibles.
Formation par étapes

La formation se déroule en plusieurs étapes. Elle débute tout d’abord par une formation initiale à Saint-Mandrier, au sein de l’école de plongée de la Marine Nationale (ECOPLONG). Les stagiaires, au nombre de 24 par an, suivent la formation de Plongeur de bord (PLB), commune à toutes les armées, avec une fin de stage dédiée à la pratique de plongées axées sur les missions gendarmerie (techniques de recherches, constatations, etc.) « Au terme de ce stage de six semaines, le militaire obtient la qualification d’enquêteur subaquatique, explique le capitaine (CNE) Julien Delobel, commandant en second le CNING.

Un des objectifs est notamment de maîtriser les techniques subaquatiques de prises de vue et des techniques simples en investigations subaquatiques. Ces dernières exigent de nombreux exercices sur le terrain pour apprendre à intervenir en parfaite autonomie sous l’eau, de jour comme de nuit. » Un second stage de six semaines se déroule ensuite à Antibes, permettant à l’enquêteur subaquatique d’obtenir le Diplôme de technicien en identification subaquatique (DTIS).

« Outre une formation plus exigeante au regard des techniques pures de plongée, les stagiaires acquièrent surtout des savoir-faire techniques propres à la recherche et à l’exploitation des traces et indices dans les milieux aqueux, précise le CNE Delobel. C’est le socle de la technicité. »

Théorique et pratique, la formation est évolutive et s’appuie sur l’expertise des scientifiques de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), avec lequel le CNING travaille en étroite collaboration pour ce qui concerne notamment l’exploitation de traces ADN, la balistique, la recherche de traces papillaires, etc. Elle aborde également les différents milieux (eaux intérieures, ouvrages, plongées dans le courant, etc.) auxquels le TIS peut être confronté. Elle permet aussi de maîtriser les pratiques rigoureuses et minutieuses des prélèvements, la remontée des indices à la surface et leur conditionnement en vue d’un traitement différé et sécurisé en laboratoire.
Des compétences au fil de l’eau

Toutes ces techniques évolutives nécessitent une formation continue pour rester au niveau d’exigence requis par les enquêtes. Aussi, chaque année, depuis le 1er janvier 2015, les plongeurs de la gendarmerie retournent à Antibes pour une semaine de recyclage, afin d’obtenir une requalification technique (technique de plongée pour travailler en sécurité), professionnelle (plongées métier et évolutions réglementaires et techniques pour approfondir les connaissances judiciaires), matérielle (sécurité des équipements de protection individuelle) et médicale (suivi des aptitudes).

Quant aux plongeurs du GIGN, s’ils ne participent pas au DTIS, ils suivent en revanche une formation de quatre semaines à Antibes afin d’obtenir leur diplôme de plongeur GIGN (DPGIGN2). La fin de leur cursus plongeur se fera à l’ECOPLONG de Saint-Mandrier, dans le cadre des interventions spécialisées.

Ces différentes formations représentent, pour le CNING, 35 semaines de stage à Antibes et six semaines à Saint-Mandrier, pour un volume d’environ 170 stagiaires issus d’unités de métropole et d’outre mer.
Jamais sur la réserve

Dans ce domaine spécifique de formation, les pistes de prospection sont nombreuses. « Nous proposons chaque année de nouveaux thèmes à aborder lors des stages de requalification, afin de maintenir le haut niveau technique et théorique de nos enquêteurs », raconte le CNE Delobel.

En 2019, le centre a par exemple mis en place une formation dédiée à l’investigation dans les puits, avec la mise en œuvre d’un matériel développé en partenariat avec le Centre national d’instruction de ski et d’alpinisme de la gendarmerie (CNISAG) de Chamonix.

Pour l’année à venir, le CNING axera son action sur l’approche métier des eaux intérieures, qui représentent 95 % des interventions en gendarmerie. Un stage novateur dans ce domaine sera ainsi mis en place, au cours duquel les plongées métier auront une place prépondérante. Il permettra essentiellement aux jeunes enquêteurs subaquatiques de parfaire leurs connaissances et leur approche, avant d’effectuer le stage DTIS, qui intervient plus tard dans la carrière du plongeur.

« Les résultats sont très concluants et ouvrent le champ des possibles dans ce domaine, note le commandant en second du centre. De plus, conformément à l’orientation donnée par le directeur général, l’accent a également été mis sur les nouvelles technologies, avec la visite 3D d’une scène de crime subaquatique ou encore la photogramétrie, une technique permettant de reproduire une scène de crime en recoupant, via les moyens informatiques, des dizaines de photos d’un objet ou d’un corps avec une faible visibilité. »

Source https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/dossiers/les-enjeux-de-la-formation/cning-des-plongeurs-a-la-pointe-de-l-immersion