Comment devient-on gendarme dans une unité en montagne ?
Il faut distinguer le cas du gendarme généraliste de celui du gendarme spécialiste.
Tout gendarme peut servir dans une brigade territoriale de montagne en Gendarmerie Départementale (galons argent) ou dans un escadron de Gendarmerie Mobile (galon or). La brigade est le cœur du dispositif territorial de la gendarmerie, c'est l'unité où sont affectés le plus d'hommes ou de femmes, c'est l'élément de base sur lequel interviennent en appuis ou soutien les autres unités spécialisées d'intervention ou de soutien de la PJ.
Il n'existe pas d'exigence particulière et donc un gendarme peut très bien être affecté dans une "brigade montagne" ou dans un "escadron montagne" à sa sortie d'École de Sous-Officier de Gendarmerie (ESOG), ou par la suite au cours de sa carrière s'il en fait la demande et bien sûr en fonction de sa région d'affectation.
La technicité Montagne est ouverte aux militaires affectés en brigades et unités classées “montagne” et détenteurs du certificat élémentaire montagne, la technicité “montagne” s’acquiert au centre national d’instruction au ski et à l’alpinisme de la gendarmerie (cnisag) de Chamonix au cours du stage pour l’obtention du diplôme de qualification technique montagne.
Ce diplôme, composé de 3 volets : “été”, “hiver” et “secourisme” qui permettent d’encadrer toute évolution en montagne au sein des escadrons et unités territoriales.
Le Groupe Montagne Gendarmerie (GMG) désigne une ressource départementale et sélectionnée d'officiers, de sous-officiers et le cas échéant de GAV, tous titulaires du Certificat Élémentaire Montagne (CEM) ou du Diplôme de Qualification Technique Montagne (DQTM) et affectés dans les unités « montagne » d'un même groupement. Ces militaires du GMG peuvent être détachés temporairement pour être engagés, individuellement ou en équipe, afin de compléter l'action des unités territoriales ou d'appuyer des unités spécialisées (PGHM et PGM).
Les personnels souhaitant ensuite intégrer une unité spécialisée de secours en montagne, PGHM ou PGM, devront satisfaire aux deux semaines de tests de sélection annuelles au cnisag, évaluant la polyvalence des futurs secouristes dans diverses disciplines (alpinisme, escalade, ski, foncier, secourisme, etc.). Une fois en unité spécialisée, le militaire doit être à la fois secouriste (diplômé pse 1 & 2 et en mesure d’assister un médecin lors de la médicalisation d’une victime), alpiniste (savoir progresser en terrain de montagne et s’orienter vers le brevet d’état de guide de haute-montagne) et enquêteur donc tout gendarme secouriste est à terme officier de police judiciaire (OPJ).
« Ce triptyque secouriste-alpiniste-enquêteur constitue le socle essentiel pour servir en PGHM ».Les 250 gendarmes de haute montagne, quant à eux, sont de véritables spécialistes qui font l'objet d'une sélection sévère et poussée tant au niveau "montagne" qu'au niveau de secouriste (PSE.2 obligatoire).
Tous les gendarmes qui souhaitent devenir des spécialistes de la montagne subissent 3 jours de présélection au Centre National d'Instruction de Ski et d'Alpinisme de la Gendarmerie (CNISAG) situé à Chamonix. Lors de ces journées, ils effectuent un parcours foncier chronométré, une épreuve de ski alpin, une épreuve d'escalade et une épreuve de recherche de victime d'avalanche. Les candidats retenus choisissent alors une affectation en EGM montagne ou en brigade territoriale montagne.
Les gendarmes continuent alors leur formation au sein de leur unité :
- secours en montagne,
- investigations judiciaires en montagne,
- brevet d'État (aspirant guide, puis guide de haute montagne) pour certains.
Les postulants passent tout d'abord durant 2 semaines en hiver puis 2 semaines en été le Certificat Élémentaire Montagne (CEM). Ils doivent ensuite passer le Diplôme Technique Montagne (DTM), soit 4 semaines de stage en hiver et 4 semaines de stage en été, afin d'être qualifiés pour le travail en moyenne montagne. Enfin, ils passent durant 5 semaines en hiver puis 5 semaines en été le Brevet Technique Montagne (BTM), qui sanctionne leur compétence à intervenir en haute montagne. Une fois titulaires du DTM et du BTM, les volontaires vont une semaine en stage de sélection au CNISAG. En fonction de leur classement de fin de stage, ils seront affectés en PGM ou en PGHM.
Les missions d'un gendarme spécialiste montagne :
Seule force de police compétente territorialement en montagne, la gendarmerie y assume toutes les missions de sécurité publique.
Les gendarmes de montagne surveillent le milieu, constatent les infractions et mènent les enquêtes en zone de montagne. Ils ont également un rôle primordial dans la prévention des accidents, et le secours des personnes égarées, en difficulté ou en danger, recherches de personnes disparues, été comme hiver.
Les gendarmes de montagne sont des officiers et sous-officiers à la fois passionnés par ce milieu et spécialistes de haut niveau. Il est possible de faire toute sa carrière en unité de montagne pour peu que l'on satisfasse toujours aux exigences d'aptitude professionnelle, médicale et physique.
Les gendarmes spéléologuesPour participer aux opérations de secours, effectuer des investigations à caractère administratif ou judiciaire ou des reconnaissances en milieu souterrain, la gendarmerie dispose d'une quarantaine de gendarmes spéléologues.
Ils sont recrutés au sein du PGHM de Grenoble et de celui d'Oloron sainte-Marie, et constituent 2 Groupes de Spéléologues de la Gendarmerie Nationale :
- le GSGN de l'Isère,
- le GSGN des Pyrénées Atlantiques.
Pour intégrer un GSGN, les gendarmes de carrière volontaires subissent une présélection de 5 jours, qui consiste en une découverte du milieu souterrain.
Les candidats retenus vont pendant une période probatoire d'un an suivre les entraînements d'un GSGN. Si la période probatoire de la formation de base est concluante, ils seront affectés dans un GSGN. Après 3 ans de présence en GSGN, les gendarmes sont admis à suivre une formation de perfectionnement.
Le SSF et le Groupe des Spéléologues de la Gendarmerie NationaleSi l'on en croit les « anciens », et les archives de la Gendarmerie, les premières rencontres entre le SSF et le GSGN remontent à plus de 30 ans.
Il est convenu de dater en 1974, la création du premier embryon spéléologique de la gendarmerie, au sein du Peloton de Gendarmerie de Montagne d'Oloron Ste Marie dans les Pyrénées-Atlantiques.
Au fil des années, le GSGN et le SSF ont appris à se connaître, notamment dans les stages de formation organisés par la Fédération Française de Spéléologie et lors d'opérations de secours de spéléologues en difficultés dans les différents massifs du territoire.
« Des gendarmes dans les secours ? Pour quoi faire ? » Cette phrase, je l'ai entendue de nombreuses fois depuis 14 ans que je pratique l'activité au sein du GSGN ; l'absence de communication entre les différents intervenants durant de nombreuses années ne faisant que renforcer l'impression bien connue par ailleurs que « moins on voit les gendarmes et mieux l'on se porte ».
Les rencontres des hommes, les discussions, les échanges d'idées et surtout la passion commune de la spéléologie ont fini par convaincre les derniers incrédules sur une entente possible et nécessaire entre le SSF et le GSGN.
Si en apparence, la présence des gendarmes spéléologues lors d'opérations semble être la recherche de responsabilité, en réalité, il s'agit bien souvent d'une recherche des causes de l'accident afin d'en tirer des enseignements permettant de prévenir d'autres accidents; actions à charge, mais aussi à décharge permettant de dégager la responsabilité de ceux qui sont mis en cause.Étant un spécialiste du secours en montagne, lors de mon arrivée sur le département des Pyrénées-Atlantiques en 1993, j'ai découvert l'organisation du SSF avec des femmes et des hommes prêts à tout pour sauver un camarade en difficulté. Au fur et à mesure de mes rencontres, je côtoyais des techniciens du secours de très haut niveau, des responsables d'une grande compétence et il me paraissait inconcevable de ne pouvoir travailler ensemble.
La particularité du GSGN, composé de professionnels de l'enquête judiciaire, ne pouvait alors qu'être complémentaire du travail mené par les techniciens qualifiés du SSF.C'est l'opération de secours des Vitarelles à Gramat en 1999 qui restera comme l'élément majeur du rapprochement de nos deux entités.
Ce fut l'occasion de nombreuses discussions entre responsables du SSF et du GSGN, d'apprécier le travail de chacun, et l'aide réciproque que nous pouvions nous apporter pour l'avenir. Les décisions judicieuses prises par les responsables du SSF pour mener à bien cette opération ont conforté mon opinion sur la légitimité de confier la responsabilité et la gestion des opérations souterraines au SSF.
Les compétences et le sérieux de l'organisation du SSF en font un acteur indispensable en opérations souterraines pour notre pays. L'État a d'ailleurs, au travers de la Loi de Modernisation de la Sécurité Civile, confirmé la place incontournable du Spéléo Secours Français dans la gestion des secours en spéléologie.
La Gendarmerie, pour sa part, tient à prolonger son action en tous lieux du territoire, y compris dans les gouffres. Ses personnels fournissent de gros efforts tant en matière d'entraînement que de formations spécifiques (secourisme notamment). Si ils interviennent au nom du GSGN, tous se veulent appartenir à cette grande famille de la spéléologie.
Notre complémentarité avec les différents acteurs de la sécurité civile, dans le respect des prérogatives de chacun, doit perdurer pour permettre à nos camarades spéléologues de pouvoir compter sur une organisation fiable et performante, permettant de pratiquer sereinement leur passion.
Les échanges réguliers entretenus tant avec le Président du SSF que les CTN ou les CTDS par les responsables des Groupes des Spéléologues tant de Grenoble que d'Oloron Ste Marie soulignent, s’il le fallait, le dialogue nécessaire qui s’est installé pour continuer d’avancer dans un climat profitable à tous.
A/C SARTRE Responsable du GSGN des Pyrénées-Atlantiques
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