Le groupe d'intervention régional (GIR) est une structure de nature interministérielle, qui vise à agir plus efficacement contre la délinquance sous ses différents aspects (pénal, fiscal, douanier, administratif).
Il est composé de policiers (sécurité publique, police judiciaire, renseignements généraux, police aux frontières), de gendarmes, de douaniers, de fonctionnaires des services fiscaux, d'agents des services de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes et d'agents des services de la direction du travail et de l'emploi.
Pourquoi a-t-on écrit, lors de leur création, que les GIR constituaient « une révolution culturelle dans le paysage administratif français » ?
Tout simplement parce que, pour la première fois, on a inventé une structure horizontale et partenariale en faisant travailler ensemble, dans un même lieu et vers un même objectif, au sein d’une même unité, des administrations qui se côtoyaient mais se parlaient peu et surtout ne se coordonnaient pas.
Créés le 22 mai 2002, les Groupes d'intervention régionaux de France célèbrent cette année un peu plus que l'âge de raison. Creusets pilotes ayant réussi l'exploit de faire cohabiter policiers et gendarmes, les GIR englobent aussi des experts des douanes, du fisc ou encore des limiers de la fraude sociale. Basé sur une zone européenne ultra stratégique, le GIR est aux avant-postes de la lutte anti-pègre. Immersion.... LAKHDAR BELAÏD Par La Voix Du Nord !
« On obtient beaucoup plus avec un petit mot gentil et un revolver qu'avec un petit mot gentil tout seul... »Inutile de cuisiner Franck D... Quand on demande au patron du GIR de Lille pourquoi le profil d'Al Capone coule en fond d'écran sur son ordinateur, le policier ou gendarme se contente de sourire. Scarface est-il l'exemple du malfrat à pourchasser ? Détective légendaire, Eliot Ness est-il allé au bout de la traque ?
Et si, justement, cette référence historico-hollywoodienne était la meilleure arme pour décrire la longue maturation des GIR français ?
À Chicago, Ness et ses hommes ont fait tomber Capone parce qu'il ne payait pas ses impôts. À Lille, si le GIR tape au porte-monnaie, les coups portent loin et profond. Dorénavant, des personnes suspectées de recycler l'argent acquis grâce à des trafics illicites peuvent voir leurs biens saisis. Et, face à un tribunal, à l'issue d'un procès, ce gel pourra se métamorphoser en confiscation pure et simple. En dix ans, à force de labourer des terres opaques et hostiles, le GIR a su repérer bien des failles de l'économie parallèle. Au point d'influer sur la législation
Dorénavant, la confiscation peut également concerner des biens acquis de façon légale, car inclus dans un patrimoine comportant des zones d'ombre.
Il y a dix ans, le Groupe d'intervention régional, c'était une image. Des costauds en noir, bélier portatif au poing, débarquant dans des zones dites « sensibles ». On pulvérise des portes et toute une série d'activités clandestines (drogue, contrefaçon, etc.) générant des centaines de milliers d'euros.
Aujourd'hui, le GIR poursuit les opérations. En même temps, « il faut s'accrocher et s'adapter », résume Jacques L..., gendarme et chef-adjoint du GIR. En clair, il est inutile de jouer les gros bras sans information fiable. Si les truands sont capables de se fondre dans une économie légale de plus en plus complexe, les limiers du GIR doivent relever ce défi. D'où des stratégies affinées année après année. « Au départ, on enquêtait surtout sur les personnes, résume le commissaire Olivier D..., chef du GIR. Au fil du temps, on a mis l'accent sur les biens. » Mais le GIR n'aurait aucune efficacité sans les services d'enquêtes classiques des unités de terrain de la police, de la gendarmerie ou des douanes.
« Ce sont eux qui lèvent les lièvres, souligne Franck D.... De même, le GIR n'a pas la faculté de s'autosaisir pour une affaire. On vient le chercher. Nous n'existons pas s'il n'y a pas les autres services. » La force du Groupe d'intervention régional réside dans sa capacité à « récupérer, centraliser des données sur de possibles réseaux, et à les analyser ».
Première unité permanente de coopération entre administrations, le GIR dispose également de « personnes ressources ». En clair, pour les besoins de ses opérations et enquêtes, Franck D.... et son équipe ont la faculté de piocher dans un vivier d'environ 200 personnes, au sein des services de police, gendarmerie, douanes, etc...
Face à des cibles mouvantes et capables de se couler dans tous les recoins de l'économie, le GIR doit, lui aussi, savoir jouer les caméléons. « Ne croyez surtout pas que nos activités se limitent à la lutte contre le trafic, notamment de stupéfiants, met en garde Franck D....
Nous nous intéressons à tout ce qui peut donner lieu à du parallèle. » Le GIR s'attaquera donc également à l'escroquerie, à l'abus de biens sociaux ou même à la tricherie au RSA. « La fraude sociale, souvent massive, alimente aussi des réseaux d'économie souterraine », complète Olivier D.... Toujours à l'affût des nouvelles formes de trafic, le GIR vise dorénavant un phénomène en pleine ampleur : le vol de métaux. « Là aussi, on peut parler de filières et de réseaux ciblés », conclut Franck D....
Aujourd'hui les GIR sont devenus le fer de lance de la lutte contre les trafics. Le dernier bilan d'activité des groupes d'intervention régionaux a visiblement mis du baume au cœur du ministre de l'Intérieur.
Le commandement des 400 hommes qui les composent, auxquels s'ajoutent 1 500 renforts ponctuels, est confié à un policier puis un gendarme, par rotation tous les deux ans...
Pour ne pas faire de jaloux. humour!