Intelligence artificielle : recherche et partenariats au cœur de la stratégie de la gendarmerie !
Par le commandant Céline Morin Publié le 25 juillet 2023
Deux événements sont dernièrement venus souligner la capacité d’anticipation de la gendarmerie dans le domaine de l’intelligence artificielle, qu’il s’agisse de ses travaux de recherches, couronnés par un prix lors de la nuit de l’I.A. fin juin 2023, ou de sa démarche partenariale avec le monde académique, qui s’est notamment traduite par le premier colloque international co-porté par l’Institution et l’Université de la Sorbonne, début juillet.
Convaincue de l’enjeu essentiel que représente l’Intelligence artificielle (I.A.) pour la sécurité, la gendarmerie nationale a investi ce domaine depuis de nombreuses années, travaillant concomitamment sur les différents volets que cette matière recouvre, qu’il s’agisse de la formation de ses personnels, de l’évolution du droit et des conformités, des partenariats extérieurs (avec des centres de recherches, des start-up et des think tanks), ou encore l’I.A. générative, à travers un large volet dédié à la Recherche et au développement (R et D).
De nature transverse, l’I.A. implique ainsi différents services, qui vont chacun s’appliquer, dans leur domaine de compétence respectif, à explorer les champs d’application possibles de cette nouvelle technologie au service de l’opérationnel.
Les recherches de mises en pratique sont nombreuses et variées. Par exemple, depuis début juin 2023, une campagne d’expérimentation à grande échelle d’outils de « speech to text », correspondant à une attente forte du terrain, a été lancée à grande échelle. La gendarmerie travaille également, et entre autres, au développement d’une cartographie prédictive de la délinquance (à savoir un outil d’aide à la décision pour le commandement sur l'orientation du service, en prenant en compte la délinquance constatée au cours des dernières années, matérialisée à l'aide de zones de chaleur sur une carte interactive, NDLR), mais aussi à l’emploi de l’I.A. aux fins de mieux comprendre le fonctionnement des réseaux criminels, ou encore en matière de classification et de tri de données, par exemple pour discriminer des images pédopornographiques parmi des millions de fichiers, ou encore détecter des incohérences et des failles potentielles dans les documents de procédure.
Anticiper la menace à travers la R&D
Tout récemment, deux événements sont venus confirmer la capacité de la gendarmerie à anticiper les menaces à venir dans le domaine de l’I.A.
Le 26 juin 2023, lors de la nuit de l'I.A., événement organisé par l'entreprise DATACRAFT et rassemblant de grandes entreprises ainsi que des start-up, la gendarmerie nationale a en effet reçu le prix du "Projet ayant le plus gros impact sociétal potentiel" pour son projet “AUTHENTIK IA”, portant sur la détection des deep fakes. Quelque 82 dossiers avaient été déposés, pour 51 retenus et trois finalistes.
À l’initiative du général Patrick Perrot, coordonnateur I.A. de la gendarmerie, ces travaux novateurs ont été portés par deux jeunes ingénieurs en alternance, qui ont travaillé pendant un an et demi sur un modèle mathématique capable de détecter les fausses informations. L’application qu’ils ont créée est ainsi capable d’authentifier en quelques secondes une information, qu’il s’agisse de texte, d’audio ou d’image.
« L’I.A. générative, mise sur le devant de la scène grâce à ChatGPT, peut proposer un contenu qu’elle aura généré de manière autonome. Cela peut être une superbe opportunité, mais cela peut également être utilisé à des fins criminelles, explique Ysens de France, docteur en droit, spécialiste en I.A. et en robotique militaire, en poste au Service de la transformation de la DGGN. Ce projet, que la gendarmerie est la première à avoir mené à bien et qui existait avant même ChatGPT, apporte aujourd’hui une réponse à un véritable problème de société. Cela démontre bien notre capacité à anticiper les menaces dans l’espace numérique et à y répondre le plus rapidement possible, notamment grâce à la création du Lab I.A. au sein du S.T. Ce prix vient donc non seulement couronner la qualité scientifique des travaux menés, mais il est également l’occasion de souligner les avancées et la cohérence de l'institution en matière de stratégie globale. »
Au-delà de la recherche, ce prix met en effet en avant le travail de l’ensemble de l'équipe du S.T. sur ces sujets qui positionnent la gendarmerie parmi les acteurs principaux en I.A., ainsi que la capacité de l’Institution à attirer les talents du numérique.
Une démarche de recherche partenariale
Cette récompense est d’ailleurs à mettre en lien avec le premier colloque académique international portant sur l'I.A. co-porté par la gendarmerie (S.T. et CREOGN) et le Lab I.A. de la Sorbonne université, créé il y a deux ans. Cet événement, qui rappelle les liens privilégiés de la gendarmerie avec le monde académique, a réuni 50 chercheurs et experts internationaux, dont, pour la gendarmerie nationale, le général Perrot et le docteur Christine Dugoin, chercheur au CREOGN, qui ont respectivement évoqué les travaux réalisés en I.A. générative au sein de la gendarmerie et le cyber et la guerre en Ukraine.
« Là encore, ce colloque illustre cette capacité à anticiper le sujet de l'I.A., plus spécifiquement celui de l'I.A. générative, dans le domaine de la sécurité, et ce, bien avant que cela ne devienne un effet de mode. Il vient également asseoir la visibilité et la légitimité du CREOGN dans le milieu exigeant de la recherche, poursuit Ysens de France. Nous avons là les deux piliers de notre action dans le domaine. D’une part, la capacité à faire de la prospective, notamment dans le cadre de ces partenariats de recherche, qui nous permettent de saisir les évolutions prochaines de l’I.A., les opportunités, les menaces et comment y répondre dans le milieu de la sécurité. D’autre part, la capacité, à travers notre Lab I.A., de réaliser des avancées techniques et d’expérimenter. »
À noter que le colloque organisé avec l’université de la Sorbonne s’inscrit par ailleurs dans un projet de formation transverse (technique, juridique et éthique), dans le cadre du projet France Relance.
Source :
https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/actualites/2023/intelligence-artificielle-recherche-et-partenariats-au-caeur-de-la-strategie-de-la-gendarmerie