« En gendarmerie, il y a plein de métiers, et la cuisine n’est pas un sous métier, car elle est très importante dans les armées. Tout se passe autour d’une table. La cuisine participe à l’excellence de notre institution. C’est gratifiant de pouvoir faire plaisir à ses camarades. J’en retire beaucoup de bonheur. Et avec cette compétence, on peut voyager en outre-mer et vivre de sa passion. C’est un métier en tension, donc le jeune qui est motivé par cette spécialité peut faire plusieurs déplacements à l’année. En effet, il y a des unités qui n’ont pas de cuisinier. On est donc parfois sollicité par le biais d’appels à volontaires. À mon retour de Guyane, par exemple, je vais renforcer l’escadron d’Orléans déplacé en Corse. »
Les gendarmes affectés en Guyane française sont continuellement renforcés par des Escadrons de gendarmerie mobile (EGM). Les militaires effectuent des missions de transfèrement sur le secteur de Cayenne ainsi que des missions en brousse.
L’escadron fournit également un cuisinier en renfort du mess de la caserne de la Madeleine. Cette structure est chargée de fournir les repas aux militaires et aux civils travaillant sur le site ou bénéficiant d’une convention leur permettant d’y manger. Ces repas pris en collectivité sont désignés sous le terme « d’ordinaire » dans les armées. Fort de son expérience en cuisine, l’adjudant Florent s’est porté volontaire pour assurer cette mission.
Cuisinier, gendarme ou les deux à la fois
Mess de la caserne de la Madeleine à Cayenne. L’adjudant Florent s’affaire en cuisine. Dans sa veste blanche, il jongle entre ses casseroles qui bouillonnent. Ce midi, en plus du repas préparé à l’attention des gendarmes et des civils qui mangent habituellement sur place, il expérimente une recette qu’il a imaginée et qui sera servie à la table du général commandant la gendarmerie de Guyane, qui reçoit plusieurs invités de marque. Confiant mais concentré, l’adjudant Florent n’en est plus à son coup d’essai.
« En 1982, mon père m’a envoyé faire un apprentissage de cuisinier au Bar André à La Rochelle. À l’époque, j’avais 12 ans, il fallait donc une dérogation de la préfecture. Après avoir obtenu mon Certificat d’aptitude professionnelle (CAP), j’ai travaillé au restaurant Le Schlossberg à Forbach. J’y ai appris le poste de chef de partie poissonnier. À cette époque, j’ai fait mon service militaire au 15e régiment du génie de l’Air et j’ai tenté le concours de sous-officier de gendarmerie, que je n’ai pas réussi. Je suis alors devenu saisonnier dans différents pays et différents types de restaurants (pizzerias, restaurants étoilés, etc.). De 1993 à 2001, j’ai été gérant, puis directeur de restaurant, avant de partir m’installer en Espagne, où je suis devenu second de cuisine du Rock Hôtel à Gibraltar.
L’idée me trottant toujours dans la tête, j’ai présenté le concours de sous-officier de gendarmerie, que j’ai réussi. J’ai intégré l’école de Châteaulin à l’âge de 34 ans et j’ai rencontré le directeur du cercle mixte de la caserne à l’occasion de ma scolarité (NDLR : structures militaires, les cercles mixtes proposent divers services : restauration, hôtellerie, salon de coiffure etc.).
À l’issue de ma scolarité, j’ai été affecté au 2e régiment d’infanterie de la Garde républicaine.
Le directeur du cercle mixte de Châteaulin venait alors d’être muté au cercle mixte de la Garde et m’a contacté. À l’époque, j’envisageais de profiter de ma carrière en gendarmerie pour découvrir autre chose que la restauration, mais on comptait sur moi et j’ai été affecté au cercle mixte des Célestins (NDLR : du nom de la caserne abritant le siège de l’état-major de la Garde républicaine à Paris). Grâce à mes compétences en gastronomie, j’ai rapidement démontré que j’étais capable de faire des repas pour le salon privé dans lequel le commandant de la Garde recevait des autorités civiles et militaires.
Source :
https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/sur-le-terrain/immersion/2024/a-cayenne-l-adjudant-florent-sublime-l-ordinaire