La gendarmerie et les polices en France
La brigade, au cœur du métier de gendarme
Le maillage territorial, une brigade de gendarmerie par canton, est sa force. Il permet d’être au plus proche de la population, dans les zones péri-urbaines comme dans les zones rurales. Mais cette force oblige aussi les militaires car, au-delà du seul ancrage sur tout le territoire français, ils doivent faire la démarche de connaître leur milieu dans lequel il travaillent.
Il s‘agit de faire vivre cette proximité avec la population. Toutes les occasions pour faire du contact quotidien avec les habitants des communes, les commerçants, le monde associatif, les élus, les polices municipales, doivent être saisies : le marché hebdomadaire, la prévention avec les commerçants, les cérémonies, les activités scolaires, les fêtes locales… sont autant de créneaux qui doivent être sanctuarisés et dédiés au contact avec la population.
Pour bien comprendre ce que représente une brigade de gendarmerie, et la place des gendarmes départementaux qui y servent, il faut dire un mot de la façon dont s'exerce en France la police.
On trouve en France deux polices, et une gendarmerie.
Les deux types de police sont les polices municipales d'une part, la police nationale de l'autre. Aux ordres d'un chef de police lui-même subordonné au maire, les policiers municipaux, armés ou pas, ont des pouvoirs de police restreints (circulation, parkings, respect des arrêtés municipaux...) sur la zone urbaine constituant la ville. La police nationale, créée en 1941 et sous la coupe du ministère de l'intérieur, possède tous les pouvoirs de police (enquêtes, maintien de l'ordre public...) dans les zones urbaines, où elle vient se superposer aux polices municipales quand elles existent. Les 130 000 membres de la police nationale ont ainsi compétence sur toutes les villes ayant une population supérieure à 20 000 habitants, ce qui représente en superficie 5 % de la France, et en nombre 50 % de la population française. C'est ce qui est appelé la Zone Police Nationale.
La Gendarmerie nationale est une force de police à statut militaire et détient de fait une action de police militaire dans nos forces armées. Elle dispose également de tous les pouvoirs de police judiciaire et administrative, à l'instar de la police nationale, mais n'occupe pas le même espace. La gendarmerie relève du ministère de la défense pour la gestion, et du ministère de l'intérieur pour ses opérations. De la même façon que la police est responsable des grandes villes, les 103 000 militaires de la gendarmerie ont en charge la sécurité de toutes les villes de moins de 20 000 habitants, des zones péri-urbaines ou rurale et des campagnes. Cette Zone Gendarmerie Nationale compte pour 95 % du territoire national et 50 % de la population.
Pour résumer de façon schématique, le gendarme en brigade est donc un militaire faisant un travail de policier au sein d'une population et sur un territoire ruraux ou péri-urbains.
La brigade au sein du dispositif de la gendarmerie
Il existe plus de 3 600 brigades de gendarmerie départementales en France. Ce maillage territorial de quasiment une brigade par canton permet de protéger les populations efficacement et d'être au plus près des événements. Mais la brigade n'est pas seule dans son travail et s'inscrit dans un cadre opérationnel précis.
L'organisation de la gendarmerie reprend les contours de l'organisation administrative de la France. La France est constituée de 22 régions économiques, auxquelles correspondent 22 régions de gendarmerie, aux ordres d'un général ou colonel de gendarmerie. Ces régions de gendarmerie ont de l'importance pour les gendarmes car elles constituent leur cadre de gestion, l'aire géographique dans laquelle va se dérouler toute leur carrière, sauf exceptions. Le choix d'une première affectation en gendarmerie départementale en sortant d'ESOG va donc largement conditionner la suite de la carrière.
Chaque région comprend plusieurs départements. Les forces de gendarmerie de tout un département constituent un groupement de gendarmerie départementale, commandé par un colonel ou un lieutenant-colonel, et dont le siège est à la ville chef-lieu (préfecture) du département. Conseiller du préfet en matière de sécurité publique, le commandant de groupement élabore les stratégies visant à faire baisser la délinquance et assurer l'ordre public sur l'ensemble du département.
Un département est lui-même divisé en un certain nombre d'arrondissements constitués autour des sous-préfectures. Les gendarmes d'un même arrondissement constituent une compagnie de gendarmerie départementale. Commandée par un chef d'escadron ou un capitaine, une compagnie comprend environ 150 gendarmes. Interlocuteur du sous-préfet et du procureur de la République, le commandant de compagnie coordonne l'action des brigades territoriales sur l'arrondissement.
Comme l'arrondissement comprend un certain nombre de cantons, on va y trouver un nombre équivalent de brigades territoriales (BT), placées au chef-lieu de canton. Les brigades ont un effectif variable (de 6 à 12 militaires en moyenne) et sont commandées par un adjudant ou un adjudant-chef. De la même façon que de nombreuses agglomérations ont mis en commun leurs ressources au sein de communautés urbaines, ou communautés d'agglomération, la gendarmerie a récemment créé des communautés de brigades. Ces communautés regroupent les effectifs et les moyens opérationnels de 2 ou 3 brigades pour plus d'efficacité. Au sein de ces communautés de brigades, la plus importante BT dirige le service, et les autres deviennent des Brigades Territoriales de Proximité (BTP). Certaines brigades à fort effectif ne sont pas mises en communautés et restent autonomes.
La brigade territoriale est donc la cellule de base de toute la gendarmerie départementale. Sur les 103 000 gendarmes que compte l'institution, plus de 65 000 servent dans ce type d'unités et accomplissent des missions de sécurité quotidiennes au service de leurs concitoyens.
La vie quotidienne dans une brigade de gendarmerie
L'arrivée à la brigade
À la fin de la scolarité en ESOG (école de sous-officier de gendarmerie - se reporter à la fiche-métier Gendarme), les nouveaux sous-officiers choisissent en fonction de leur classement une des trois principales composantes de la gendarmerie : la gendarmerie mobile, la gendarmerie départementale et la garde républicaine.
Ceux qui choisissent la gendarmerie le font en fonction d'un nombre de postes ouverts dans chaque région de gendarmerie. Ce premier choix est important puisque vous servirez 5 ans au minimum dans cette affectation, et que par la suite vos mutations ultérieures auront lieu dans ce cadre régional.
L'arrivée d'un nouveau gendarme et de sa famille est souvent un événement sur le plan local, surtout dans les villages et petites villes, et il n'est pas rare qu'elle fasse l'objet d'un article de presse.
Le nouvel affecté se présente à son supérieur hiérarchique, qui est le commandant de brigade (CB), puis par la suite au commandant de compagnie. Il n'a pas besoin de chercher un logement puisqu'il lui est attribué un logement de fonction, appartement ou pavillon, généralement dans l'enceinte de la brigade.
L'apprentissage du métier
Dans ses premiers pas sur le terrain, le jeune gendarme est guidé par son CB, et par un gendarme plus ancien qui le parraine et le conseille au quotidien, lui inculquant les « ficelles » du métier.
Dès son arrivée à la brigade, et pour les deux années à venir, le gendarme va avoir deux priorités : la connaissance de la population, et la connaissance de son secteur géographique. Connaître la population, c'est rencontrer régulièrement tous les élus locaux et les responsables d'administrations non seulement du canton, mais de toute la communauté de brigade. C'est connaître les personnes influentes, les délinquants habituels, tous les acteurs du monde scolaire, social, culturel, économique... C'est s'arrêter pour discuter et s'enquérir du besoin des uns et des autres. Bref, c'est entrer de plain-pied dans la communauté qu'il faut protéger, ce qui demande de la patience, de l'humilité et le sens des relations humaines.
La connaissance du terrain est également primordiale : appelé pour un cambriolage ou un accident grave à 3 h 00 du matin, le gendarme n'a pas de temps à perdre à chercher un lieu-dit sur la carte. Le nouvel affecté n'aura de cesse lors de son service de toujours mieux connaître les coins les plus reculés de sa circonscription et de celles des brigades avoisinantes. En résumé, ce n'est que lorsqu'il maîtrisera parfaitement le milieu humain et physique dans lequel il évolue que le gendarme devient efficace.
Au service de la population, tous les jours
Cette efficacité est avant tout au service de la population, dont les gendarmes assurent la sécurité au quotidien. La gendarmerie est le plus grand service de proximité de l'État, et le service auquel est appelé le gendarme reflète bien la multiplicité des tâches.
Le gendarme de brigade peut au cours de sa carrière développer des compétences spécifiques et obtenir des qualifications particulières (formateur relais anti-drogue, formateur relais environnement et écologie), il reste tout de même foncièrement un généraliste de la sécurité, qui doit être capable de faire face à une multitude d'événements : accidents, cambriolages, forcené retranché avec une arme, divagation de bétail, suicides, manifestations, etc.
Tous ces cas de figures, que le gendarme peut rencontrer successivement dans une même journée, peuvent être classés en grandes catégories pour caractériser l'action de la gendarmerie départementale :
Les missions de police : police judiciaire (enquêtes, représentant 40 % de l'activité de la gendarmerie), police administrative/sécurité publique (circulation routière, renseignement, police municipale, services d'ordre, secours, protection civile...).
Les missions de défense : prévention des troubles et actes de terrorisme, protection des biens, des populations et des sites sensibles.
Pour le gendarme de brigade, ce vaste programme se traduit par une moyenne de 45 heures de service hebdomadaire, sans compter les permanences et astreintes à la caserne, compensées par 48 heures de repos, par semaine également. Le service est décidé par le commandant de brigade ou de communauté de brigade. Les jours de repos et de permissions annuelles (45 jours francs) font l'objet de propositions et de discussions pour rapprocher les desiderata personnels, mais l'intérêt du service prédomine. Il y a toujours dans la brigade un gendarme chargé de répondre aux appels et de gérer les plaintes et affaires courantes de jour comme de nuit (le planton). De jour comme de nuit également, un certain nombre de gendarmes de la brigade sont prêts à intervenir (premiers à marcher, PAM) ou d'astreinte ; à la caserne en cas de besoin.
Une journée-type est de 8 heures, mais cela ne tient pas compte de la réalité du terrain, car c'est l'événement qui dicte sa loi, et les urgences et interventions allongent bien souvent les horaires. Au cours de la journée, le gendarme va alterner services externes et services à la brigade.
Types de services externes : enquête judiciaire, rencontre avec élus ou responsables locaux, réunion de sécurité avec les pompiers, patrouille de surveillance générale (jour et nuit), remise de pièce officielle à un particulier, cérémonie, police de la route, escorte...
Types de services à la brigade : enregistrement de plainte, audition de victime, rédaction d'un rapport d'enquête, instruction collective, entretien des locaux techniques, des véhicules et des espaces verts...
Tous ces services sont évidemment interrompus dès qu'il y a une situation demandant une action d'urgence (vol, accident, manifestation etc.), ce qui fait qu'aucune journée ne ressemble aux autres. De même, la programmation du service effectuée par le commandant de communauté de brigades peut être annulée sur ordre de la compagnie pour des opérations demandant un certain effectif.
Comment devient-on gendarme en brigade territoriale ?
Pour devenir gendarme en brigade territoriale, il faut subir avec succès les épreuves de sélection de gendarme telles que décrites dans la fiche-métier de gendarme. Il faut ensuite réussir les examens et être assermenté au terme de la formation en école de sous-officiers de gendarmerie, qui comprend un stage pratique en unité sur le terrain qui donne un avant-goût du métier en gendarmerie départementale.
Les perspectives de carrière
Les gendarmes sortant d'école sont sous contrat avec la gendarmerie. Les deux années suivant leur accession au grade de gendarme vont être consacrées à passer le Certificat d'Aptitude Technique. La réussite de cet examen (à base de tests et de contrôle continu) leur permet d'accéder d'office au corps des sous-officiers de carrière.
Le choix des sous-officiers de gendarmerie est alors purement personnel, en fonction des aspirations et de la situation familiale de chacun. Il est possible de rester gendarme de carrière jusqu'à 56 ans, âge de la retraite, sans avoir à repasser d'examen ni de concours. Ce choix permet de ne déménager que tous les 10 ans et de favoriser la stabilité géographique familiale tout comme le travail de l'épouse.
Un autre choix est celui de commencer une carrière de gradé (maréchal des logis-chef, adjudant, adjudant-chef, puis sur concours ou au choix, major). Comme tous les gradés doivent être enquêteurs et titulaire du diplôme d'officier de police judiciaire (OPJ), il faut commencer par préparer cet examen.
Dès qu'il a réussi le CAT, tout gendarme peut se déclarer candidat à l'examen national d'OPJ. La préparation, à base de stages bloqués, d'examens réguliers et de beaucoup de travail personnel, demande 14 mois. À l'issue de cette préparation, les candidats passent des épreuves nationales portant sur le code pénal et la procédure pénale. Ceux qui réussissent voient leur solde augmentée d'une prime et ont des responsabilités et pouvoirs supérieurs à ceux des autres gendarmes dans les enquêtes judiciaires.
Pour certains gendarmes, ces responsabilités suffisent à rendre le métier encore plus attrayant ; ils resteront donc gendarmes par choix. Mais la plupart des titulaires de l'OPJ se portent candidats à l'avancement pour commencer une carrière de gradé.
Les postes de gradés sont variés (adjoint au commandant de brigade, puis commandant de brigade, enfin de communauté de brigades) mais tous représentent des commandements opérationnels et demandent d'avoir le sens des responsabilités. Les salaires des gradés augmentent proportionnellement au grade. À chaque promotion au grade supérieur, le gradé est affecté dans une autre unité (mais toujours dans le cadre de la région), indépendamment de son temps de présence. Cela est vécu comme un avantage pour certains, une incitation à ne pas être gradé pour d'autres...
Enfin, sous certaines conditions, les gendarmes peuvent tenter le concours pour devenir officier de gendarmerie. La moitié des officiers de gendarmerie sont issus du rang.
En résumé, la brigade territoriale est au cœur du métier de la gendarmerie, et les gendarmes qui y servent sont l'âme de l'institution. Généralistes de la sécurité dévoués à la population, ils exercent un métier passionnant aux multiples facettes, mais également exigeant sur le plan personnel et familial. Les possibilités offertes pour se spécialiser et avancer sont immenses et font de la promotion sociale en gendarmerie une réalité tangible.
Source :
https://www.carrieres-publiques.com/fiche-concours/detail/concours-gendarme-en-brigade-territoriale-c-1396