Auteur Sujet: Les Groupes Observation Surveillance de la Gendarmerie Nationale (GOS)  (Lu 15396 fois)

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Les Groupes d’Observation et de Surveillance de la Gendarmerie sont des spécialistes des missions de renseignements. Ils traquent leurs cibles, rassemblent des preuves contre elles et participent à l’élaboration du dossier pénal.

Les gendarmes d’élite qui les composent sont connus pour leur discrétion et leur efficacité, au point qu’on les appelle parfois les “fantômes”. Dans cet article, vous découvrirez les GOS, leurs missions et leur fonctionnement.

Avant d’intégrer le Groupe d’observation surveillance, les candidats passent par une semaine d’épreuves intenses, en conditions réelles.
Jour et nuit, ils sont évalués sur leur résistance, leur mémoire, leur sens de l’observation et leur capacité à rester lucides sous pression.

Le chef d’escadron Arnaud entame sa 31e année de service en Groupe d’observation surveillance (GOS). Vouant une véritable passion à l’observation surveillance, il a largement participé à la professionnalisation de la filière ainsi qu’à la mise en place et au développement des sélections.
Les premiers GOS ont été créés en 1994. À l’époque, ils étaient au nombre de six, à l’effectif de cinq sous-officiers.
Aujourd’hui, il existe vingt-et-un GOS métropolitains, dont deux GOS particuliers, au sein de l’Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI) et de la Gendarmerie des transports aériens (GTA). Ils ont été créés en réponse à un durcissement des modes opératoires de l’adversaire, à des déplacements de population des zones police vers les zones gendarmerie, à une explosion des trafics de stupéfiants et des actions violentes, et à l’émergence de la contestation politico-religieuse. L’adversaire s’appuie sur des contre-mesures qu’il acquiert pour des sommes dérisoires et sur un changement sociétal qui favorise l’existence de zones non permissives, où les forces de l’ordre ont du mal à pénétrer sans être prises à défaut ou mises en difficulté. La situation se durcit, l'adversaire se radicalise dans son comportement et dans les moyens dont il dispose. Face à cela, la gendarmerie doit adapter sa réponse et positionner l’outil au bon niveau. L’existence des sélections et de formations spécifiques permet de répondre à ce besoin-là.

Comment les sélections ont-elles été mises en place ?
En 2007, nous sommes arrivés à un niveau de professionnalisation tel que nous avons réalisé que certains équipiers de GOS n’étaient pas adaptés au métier et qu’il était nécessaire de mettre en place des sélections afin de permettre aux GOS, qui sont des unités d’appui, d’évoluer conformément aux besoins des unités qui les sollicitent. Nous avons donc mis en place des tests de sélection qui n'ont cessé d'évoluer depuis. Nous avons cherché à affiner le processus de sélection en mettant en place des épreuves à la fois redondantes et différentes afin d’identifier les qualités que nous recherchons. Par exemple, les candidats sont confrontés à plusieurs épreuves d’engagement physique afin que leur aptitude ne dépende pas d'une seule épreuve.
Nous affinons et modifions les sélections d’année en année. L’objectif est de garantir un processus équitable, d’une part en nous appuyant sur les retours d’expérience que nous faisons, d’autre part en évitant que les candidats aient connaissance des épreuves. Nous voulons garantir la spontanéité en évaluant les candidats sur des situations auxquelles ils ne s’attendent pas.

Implantés dans toute la France, les Groupes d’observation surveillance (GOS) ont vocation à réaliser des missions d'observation-surveillance nécessitant la mise en œuvre de compétences techniques et tactiques complexes (filatures, poses de balises, sonorisations, etc.). Participant à la matérialisation des preuves, notamment dans le domaine de la criminalité organisée, ils agissent de façon autonome, bénéficiant éventuellement du soutien des unités pour lesquelles ils interviennent, et peuvent agir en appui du GIGN. Les équipiers de ces unités particulières font l’objet d’une sélection spécifique.

Des tests de sélection adaptés au niveau d’adversité ont lieu une fois par an, sont organisés par le Centre national de formation au renseignement et à l'investigation (CNFRI) et le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN). Ils disposent du concours d'instructeurs, commandants et équipiers de GOS, venant de toute la France. Cette année, le contenu a été profondément remanié.
« J’ai repris en main les sélections avec le concours de mes camarades de GOS. J’ai souhaité les refondre afin de les adapter à l’adversité à laquelle nous devons faire face sur le terrain. Le niveau de criminalité augmente et les délinquants se montrent de plus en plus déterminés. Afin d’être en mesure de répondre à cette situation, nous cherchons à hausser notre niveau d’exigence, notamment en matière de rusticité. Par ailleurs, pendant de nombreuses années, nous avons recherché des savoir-faire chez les candidats. Schématiquement, nous leur mettions un appareil photo entre les mains et nous leur demandions de prendre une photo lors d’un cas pratique. Ils ne savaient pas forcément utiliser nos outils, et cette méthode induisait une iniquité en fonction de l’unité d’origine des candidats. Aujourd’hui, nous recherchons avant tout des savoir-être. »

Deux marqueurs irriguent ainsi les sélections : la rusticité et le caractère imprévisible des épreuves.

« Les semaines de sélection ont été organisées en janvier afin de tester l’endurance des candidats au froid ». Il s’agit de conditions, parfois extrêmes, qu’ils pourront avoir à affronter s’ils sont amenés à servir en GOS. Les équipiers doivent en effet fréquemment effectuer de longues surveillances, embusqués dans la végétation ou sur un toit par exemple. Ils ne peuvent pas bouger, au risque d’être « détronchés » (mot employé dans le jargon policier pour exprimer le fait de se faire repérer, NDLR), et peuvent avoir à supporter des conditions d’humidité ou de froid particulièrement difficiles. Il en est de même lorsque ces surveillances sont effectuées à bord d’un soum (cette abréviation de sous-marin désigne un véhicule servant à la surveillance discrète de suspects, NDLR). Les équipiers sont alors enfermés dans « la caisse » pendant de longues heures, parfois de manière très inconfortable, sans possibilité de se rendre aux toilettes, de dormir ou de se dégourdir les jambes. Bien qu’éprouvés par la fatigue et l’attente, ils doivent rester concentrés et lucides afin de ne manquer aucun détail utile à l’enquête. Cette situation est rendue d’autant plus difficile que les délinquants connaissent les techniques employées par les enquêteurs et tentent fréquemment de les déjouer.

Les candidats sont également confrontés à l’inconnu. En effet, bien que certains thèmes soient incontournables de la formation (engagement physique, ateliers d’observation surveillance, entretien avec les instructeurs, etc.), ils ne connaissent pas le déroulé de la semaine, ni les épreuves auxquelles ils seront confrontés. Il leur est donc difficile de gérer leur fatigue ou leur engagement, ce qui induit du stress supplémentaire. Ce sont justement des contraintes que connaissent les équipiers en GOS.

« En GOS, la principale contrainte est la disponibilité. Les heures et les missions sont imprévisibles. On sait quand on commence, mais on sait rarement quand on finit. C’est la target (l’individu qui fait l’objet de la surveillance, NDLR) qui dicte le rythme. »

Rechercher un savoir-être
« À mon sens, l'observation surveillance, ce n’est ni plus ni moins qu'une opération militaire réalisée en décontraction la plus totale afin de passer inaperçu aux yeux de tous, dont l’objectif principal est la quête du renseignement pénal. On recherche un candidat qui a des connaissances en police judiciaire, qui va savoir se positionner sur le terrain, qui est capable de communiquer et de mettre en œuvre des actes propres à une opération militaire dans le respect du cadre légal. »

La semaine de sélection est jalonnée d’exercices pratiques et de mises en situation dont l’objet est justement de détecter un savoir-être indispensable à la formation du gendarme appelé à servir en GOS.

« Cette année, nous avons remis des épreuves en piscine. Sans dévoiler leur contenu, je dirais que le très bon nageur nous intéresse peut-être moins que celui qui ne sait pas très bien nager mais qui se dépasse en se confrontant aux épreuves. C’est cette forme d’engagement que nous recherchons et pas nécessairement la performance extrême. »

Cette capacité à se dépasser fait partie des qualités majeures recherchées chez un candidat tout au long des sélections. « Au cours de la semaine, les candidats sont confrontés à une épreuve de boxe. Il s’agit clairement d’une épreuve d'engagement physique où nous cherchons avant tout de la combativité. Nos missions impliquent une prise de risque. L’équipier en GOS doit être capable de se défendre si ça tourne mal sur le terrain, c’est aussi ce qu’on souhaite leur faire comprendre à travers cette épreuve. L’avantage de la boxe, c’est qu’il s’agit d’un sport noble qui véhicule des valeurs de résilience et de combativité. Bien que les candidats doivent se dépasser individuellement, nous demandons aux adversaires de veiller l’un sur l’autre à l’issue de la confrontation. La cohésion est fondamentale au sein des GOS, elle se crée notamment dans l’adversité. Nous leur faisons toucher du doigt que le groupe importe autant que l’individu et que, même s’il s’agit de sélections, l’esprit de camaraderie est également important. »

« Par ailleurs, nous n’évaluons pas spécifiquement les connaissances des candidats, mais nous recherchons avant tout celui ou celle qui fait preuve de curiosité et qui semble capable de progresser, notamment en suivant les formations indispensables afin de devenir équipier en GOS, précise le conseiller observation surveillance au sein de la Direction générale de la Gendarmerie nationale (DGGN). Il s’agit en effet d’une qualité importante en GOS, notamment en ce qui concerne le domaine des nouvelles technologies. Celles-ci sont en effet devenues incontournables dans ce métier de « Gosman » (nom donné à l’équipier en GOS, NDLR) et présentent une technicité de plus en plus élevée. »

Intégrer une filière d’excellence
Pour les futurs équipiers de GOS, les sélections ne constituent que le début d’un long parcours du combattant. En effet, les candidats sélectionnés devront ensuite suivre une formation de dix semaines ainsi que plusieurs formations complémentaires à leur arrivée en unité.
« En général, ils sont environ une trentaine à obtenir le brevet à l’issue des sélections sur les 150 candidats initiaux, affecté à la Force observation recherche (FOR) du GIGN. Le GIGN conduit, en partenariat renforcé avec le CNFRI et les formateurs GOS, l'ensemble des actions de sélection et de formation des militaires (officiers et sous officiers) des GOS. Le GIGN enseigne les modules dits d'expertise liés à l'observation surveillance, aux infiltrations, au camouflage, à la pose de capteurs dans des milieux sensibles, ainsi que les modules interpellation, conduite de véhicule, filature moto, comportement non policier (consistant en des cours de théâtre permettant d’apprendre aux stagiaires à adapter leur comportement aux endroits dans lesquels ils se trouvent). Il assure également la formation des équipiers et des chefs d'équipe amenés à effectuer des opérations relevant du champ des techniques spéciales d’enquête. Cette année, à la demande du CNFRI, le GIGN a mis à disposition son expertise (acquise durant plus de 30 ans) en matière de sélection et de formation de militaires hyper spécialisés, répondant en tout point aux attendus de ce métier extrêmement exigeant. »

Utiliser son environnement et le terrain naturel
À son poste d’observation, il se fond dans le décor tout en restant opérationnel. « En même temps que je prends des photos, je suis en communication radio avec le reste du groupe et je les renseigne sur tout ce qui se passe. Le but de la photo est d’identifier des personnes ou des véhicules et de matérialiser les infractions ». Après avoir pris les photos, l’observateur doit repartir sans éveiller les soupçons. « Une fois que la mission est terminée, en général on reste sur place un peu, puis on s’extrait de la zone et on redevient un citoyen lambda. C’est cette phase de transition qui est délicate. »

Déterminer le bon niveau de subsidiarité

Les GOS n’initient pas de dossiers en propre. Ils doivent être saisis par des unités de recherches (Brigade de recherches – B.R. ou S.R.). Le rôle du commandant du GOS est alors d’évaluer la demande afin de déterminer la plus-value que peut apporter son unité dans le dossier et d’établir le bon niveau de subsidiarité. En effet, trois types d’unité peuvent être engagés en fonction de la complexité de l’affaire et du niveau de dangerosité des criminels :
   • Cellules départementales d'observation et de surveillance (CDOS) : ont vocation à réaliser des missions d'observation surveillance nécessitant la mise en œuvre de techniques simples face à la petite délinquance, au profit des groupements de gendarmerie départementale.
   • GOS : à compétence régionale, à l’exception du GOS de l’Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI) qui dispose d’une compétence nationale, les GOS ont vocation à réaliser des missions d’observation surveillance face à la délinquance moyenne et à la délinquance organisée.
   • Force observation recherche (FOR) du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) : mène des missions d’observation surveillance face à la grande délinquance organisée ainsi que dans des dossiers présentant des complexités techniques, une sensibilité particulière et/ou une notion d’arme

« l’OS est un métier passion ». Malgré le quotidien rythmé et passionnant de cette unité, les candidatures sont peu nombreuses ; l’explication la plus probable semble être que le GOS « est très peu connu au niveau de l’institution et c’est pour ça qu’il y a très peu de volontaires. Le problème est qu’il y a très peu d’informations sur le GOS. L’inconnu faisant peur, beaucoup de gens ne se présentent pas aux tests de sélection par peur de l’échec ou de ne pas être à la hauteur. En réalité on se découvre énormément sur les tests de sélection. Il faut le faire pour se rendre compte qu’on en est largement capable et que c’est un super métier. »

Le GOS est également perçu comme une unité avec un rythme effréné de travail et qui laisse peu de temps pour soi, déplore Mane : « On se fait beaucoup de film en pensant qu’il n’y a pas de vie de famille et qu’on est sollicité H24. » Clap l’assure : « Le GOS c’est une unité atypique avec des horaires atypiques, mais j’ai trouvé un vrai équilibre de vie. »


Sources :
https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/terrain/immersion/2025/immersion-au-caeur-des-selections-des-groupes-d-observation-surveillance

https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/temoignages/selections-gos-entretien-avec-le-chef-d-escadron-arnaud-responsable-des-exercices-parisiens?fbclid=IwY2xjawLcnuZleHRuA2FlbQIxMABicmlkETBHbXJGdDYwQXhBa0pyM3kwAR5nkr7G01yIoAd5AIwWskpF1Yas6YU-l0om9ZZBGAc39h_zZuoIBd7UoEmDxQ_aem_Pu6fyBByaHTAsj8b8ENgKg

https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/terrain/immersion/2025/rhone-alpes-le-gos-des-montagnes

https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/terrain/immersion/2025/dans-le-quotidien-du-gos-de-lille-episode-1

https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/terrain/immersion/2025/dans-le-quotidien-du-gos-de-lille-episode-2






Hors ligne Jeano 11

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Dans GOS, il y a groupe !

Confrontés à la délinquance du haut du spectre, les Groupes d’observation surveillance (GOS) mènent des missions à la fois complexes et dangereuses, dont le succès est le résultat d’un travail d’équipe. Qualité indispensable à un équipier en GOS, la capacité à travailler en groupe est recherchée dès les phases de sélection visant à intégrer ces unités.

23 h 30, dans un quartier résidentiel de Lyon. Deux équipiers d’un GOS s’affairent autour d’un véhicule. Le premier, penché sous la voiture, fixe une balise afin de suivre les déplacements de son propriétaire. Le second, « la sécu », vérifie que personne ne les ait remarqués. Comme le terme l’indique, il est chargé d’assurer leur sécurité le temps de l’opération. Munis d’oreillettes, ils rendent compte de l’avancée de celle-ci à leur chef de groupe, posté dans la « command car » (véhicule opérationnel permettant de commander les effectifs engagés sur le terrain, NDLR), à quelques centaines de mètres de là. Comme à chaque fois, le succès de l’opération dépend d’un ensemble d’actes individuels réalisés au sein d’un groupe.

« Le GOS, c’est un peu comme un orchestre »
Pose de balise et de sonorisation, filature, captation d’images, autant de missions que les gendarmes d’un GOS peuvent conduire afin d’accumuler les preuves permettant de confondre les auteurs de crimes ou délits, notamment en matière de criminalité organisée. Ces opérations exigent de l'organisation, de la discrétion et de l’autonomie. Les équipiers en GOS, qui se voient assigner des tâches définies, doivent en effet souvent réaliser ces actes seuls ou en petit groupe, en s’adaptant aux contraintes du terrain. Dans le cadre d’une filature, par exemple, les équipiers se relaient ainsi à bord de plusieurs voitures, afin d’éviter d’être décelés par la target (l’individu faisant l’objet de la filature, NDLR). Les occupants de chacun des véhicules réalisent ainsi des actes individuels qui s’insèrent dans une manœuvre coordonnée au sein d’un groupe. De même, lors de la pose d’une sonorisation dans un domicile, si un équipier d’un GOS agit seul à l’intérieur de celui-ci, son action s’inscrit dans le cadre d’une opération plus globale, au cours de laquelle ses camarades sont chargés de garantir sa sécurité, notamment en s’assurant qu’aucun individu ne revienne au domicile pendant l’opération.

« Sur le terrain, nous travaillons toujours en groupe. C’est d’ailleurs pour cela que nos unités s’appellent des groupes d'observation surveillance. Lorsqu’on part en mission, c’est d’une certaine manière tout le GOS qui part derrière la target et c’est un peu comme un orchestre. Chacun joue sa partition parce que chacun sait ce qu’il a à faire, et il y a le chef de groupe, qui est le chef d'orchestre, dont la mission est de guider et de corriger ; savoir travailler en groupe est primordial afin de pouvoir prétendre servir en GOS. En raison du danger que cela représente, nous ne travaillons jamais seuls. Nous avons toujours besoin de nos camarades pour accomplir la mission. »

Déceler la capacité à travailler en groupe au cours des sélections
« C’est un groupe qu’on veut voir », hurle le chef d’escadron Christophe, conseiller observation surveillance au sein de la Direction générale de la Gendarmerie nationale, à l’attention des candidats aux sélections GOS.

Ces tests, visant à recruter de nouveaux équipiers en GOS, sont organisés chaque année par le Centre national de formation au renseignement et à l'investigation (CNFRI) et le Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN), avec le concours d'instructeurs provenant des différents GOS métropolitains. Cette année, ils ont eu lieu en janvier. Bien que les candidats soient évalués individuellement au cours de la semaine de sélection, les instructeurs, équipiers ou commandants de GOS attendent d’eux qu’ils fassent preuve de cohésion. « L’esprit de groupe constitue un véritable critère lors de ces sélections, précise l’adjudant Cédric. Nous voulons leur faire comprendre qu’au cours des tests comme en unité, ils n’y arriveront pas tout seuls. »

Les candidats sont évalués sur des épreuves mobilisant à la fois leurs capacités physiques et intellectuelles. Une partie des exercices se déroule à Paris, afin de les confronter à des missions d’observation surveillance en zone urbaine. « Les ateliers nous permettent de les mettre en situation de manière individuelle mais également de les évaluer au sein d'une action collective, parce que le cœur de notre métier, c'est le collectif. En GOS, c’est le collectif qui fait la force. »

À l’issue des tests, les candidats sélectionnés suivront une formation initiale de dix semaines, pendant laquelle l’esprit d’équipe leur sera indispensable pour progresser rapidement. Ils commenceront également à tisser des liens particulièrement forts avec leurs camarades. « L’esprit de groupe est d’autant plus indispensable que les GOS, c’est une vraie famille, conclut l’adjudant.

La majorité des épreuves des sélections sont communes aux officiers et aux sous-officiers. Cependant, en position de commandement et évalués spécifiquement au regard des qualités attendues d’un chef.
« Ces qualités sont semblables à celles de tout officier, mais les GOS sont néanmoins des unités assez atypiques. Leur taille, les contraintes horaires, l’environnement de travail et le domaine judiciaire induisent une certaine promiscuité. Il s’agit d’unités pas forcément évidentes à commander, au sein desquelles les relations sont basées sur la confiance. Nous évaluons les candidats afin d’identifier leurs traits de personnalité et de déterminer s’ils présentent le savoir-être attendu d’un commandant de GOS ou s’ils sont du moins capables de s’adapter.
Je pense que le candidat doit se montrer naturel dans ses réponses, tout en ayant essayé de s’immiscer dans la vie d’un GOS en amont des sélections, afin d’appréhender ce commandement singulier. Je l’invite à prendre contact avec des patrons de GOS, mais également avec des équipiers, afin de comprendre leur quotidien.
Je pense que pour n’importe quel Gosman, la plus grande satisfaction de notre métier est que l’on perçoit véritablement notre utilité, avec des effets concrets sur le terrain, sur l’adversaire, ainsi que vis-à-vis des victimes. »
Etre officier en GOS des tests spécifiques
« Les sélections comprennent des épreuves spécifiques aux officiers. J’ai été confrontée à la privation de sommeil et au commandement d’un groupe. J’ai pu m’appuyer sur ma première affectation qui m’avait permis de gagner en assurance et en conduite en cours d’action. Celui ou celle qui aime le commandement opérationnel, la police judiciaire, le terrain, l’action, le contact avec les enquêteurs et le travail d’ombre doit passer les tests. Ayant réussi les sélections, j’ai suivi la formation initiale qui m’a préparé à prendre le commandement de mon GOS. »

Un commandement enrichissant, atypique et intense

« À mon arrivée à l’unité en 2022, j’ai dû à la fois apprendre le métier d’équipier GOS et celui de patron. Mon rôle est d’impulser la dynamique de l’unité, de permettre aux équipiers d’appréhender notre plus-value dans chaque dossier et de coordonner les opérations. Il s’agit d’un commandement intense dans la mesure où notre engagement dépend des faits et du mode de vie de nos targets. Nous sommes également confrontés à un certain niveau de dangerosité. Je me souviens d’un évènement marquant où un équipier s’est fait « tamponner » (terme désignant un contact entre un individu et un équipier) par le frère d’une target au cours d’une mission de nuit. Notre dispositif de surveillance venait en fait d’être décelé suite à la pose d’une balise. On a alors connu un moment de stress assez intense, en étant confrontés à une extraction difficile de l’équipier. Ce genre de situation nous rappelle l’humilité dont nous devons faire preuve dans le cadre de nos missions, et ce d’autant plus que nos cibles s’adaptent à nos méthodes. Dans un objectif de progression, nous en faisons un Retour d’expérience (RETEX). Pour les équipiers comme pour le chef, il est alors essentiel d’être en mesure d’accepter la critique. »

Les qualités essentielles

« Je pense qu’un chef de GOS doit être dynamique, avoir de l’entregent et faire preuve de diplomatie. Il doit être proactif et être capable de prendre du recul. Il est également indispensable de faire preuve de souplesse dans la mesure où les équipiers sont très autonomes. L’humilité est enfin une qualité importante. »

https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/terrain/immersion/2025/dans-le-quotidien-du-gos-de-lille-episode-2

Par le capitaine Tristan Maysounave
Publié le 21 mars 2025

Hors ligne Jeano 11

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Le GOS de l’OCLDI (Office central de lutte contre la délinquance itinérante) traque les groupes criminels itinérants.

Un GOS spécialisé à compétence nationale
Au nombre de 21 en métropole, les GOS ont normalement vocation à mener des missions d’observation surveillance dans un périmètre régional. Le GOS OCLDI fait exception. Composé de 21 personnels et commandé par le capitaine Lucio, il est chargé de mener des missions d’observation et de surveillance dans le spectre du domaine de compétence de l’office défini par son décret de création du 24 juin 2004 comme « la lutte contre la criminalité et la délinquance commises par des malfaiteurs d’habitude, auteurs, coauteurs et complices qui agissent en équipes structurées et itinérantes en plusieurs points du territoire. » Cette spécialisation lui permet d’être en mesure de faire face à des groupes criminels particulièrement mobiles et aguerris et de développer des méthodes et des moyens visant à devancer leurs modes d’action. Outre les bureaux centraux situé à proximité de Paris, le GOS OCLDI dispose d’une compétence nationale en travaillant en appui des cinq détachements de l’office. « Notre mission consiste à apporter la preuve matérielle de l’infraction au directeur d’enquête », résume Lucio. En raison de la typologie de délinquance qu’il traite, provenant notamment des pays d’Europe de l’est, le GOS est fréquemment amené à franchir les limites du territoire métropolitain au cours de ses missions.

Exigence, technicité et passion
La technique constitue une part importante du quotidien de l’équipier en GOS. « Aujourd’hui, il nous faut recruter des gens passionnés par la technique, explique Lucio. Nous recrutons des profils généralistes, ayant une appétence pour la technique, et les équipiers se forment ensuite dans différents domaines (photographie, pose de techniques d’enregistrement vidéo et de sonorisation, serrurerie, conduite moto, etc.).
La technique est indispensable dans notre métier. Elle constitue également notre avenir avec le développement de nouvelles possibilités offertes par l’intelligence artificielle. Notre objectif est d’avoir un temps d’avance sur l’adversaire. » Les évolutions techniques et les modes d’action changeants des groupes criminels organisés contraignent les équipiers du GOS à se former en continu, en interne, mais également auprès d’intervenants extérieurs. « Le métier évolue en permanence, la technique et l’adversaire également, souligne Lucio. Il nous faut sans cesse nous remettre en question, ce qui est stimulant. »

Le métier d’équipier en GOS exige également une bonne maîtrise de soi ainsi qu’une capacité de résilience, de mémorisation et d’adaptation. « C’est pourquoi les sélections et la formation initiale sont difficiles, précise Lucio. Notre métier peut présenter une certaine dangerosité à laquelle il est nécessaire de faire face avec le sang-froid du groupe et celui du chef. Outre le savoir-faire, nous recherchons avant tout un savoir-être, un état d’esprit. »

Le maître-mot, la disponibilité

Amenés à effectuer de nombreux déplacements, les équipiers du GOS OCLDI doivent faire preuve d’une disponibilité conséquente. Les missions comprennent également un délai d’appropriation du terrain. Cette contrainte est néanmoins compensée par la taille réduite de l’unité qui permet à son commandant de connaître au mieux les gendarmes servant sous ses ordres et donc de prendre en compte leurs contraintes personnelles.

« La disponibilité n’est pas qu’une qualité requise chez les équipiers du GOS OCLDI, explique Lucio. Il s’agit plus généralement d’un impératif propre à l’observation surveillance. Les candidats souhaitant intégrer cette filière doivent en avoir conscience. Pour ma part, j’ai intégré la filière observation-surveillance en 2006. Je suis marié, j’ai deux enfants et je parviens malgré tout à concilier ma vie professionnelle et personnelle. »

La fierté du chef

« On ne commande pas un GOS comme on commande une autre unité, détaille Lucio. Les équipiers sont à la fois des gens passionnés et autonomes. J’ai donc avant tout un rôle de chef d’orchestre. Je dois parfaitement connaître les faiblesses de chacun et savoir utiliser les points forts des uns et des autres en générant une dynamique qui constitue la condition de la réussite de la mission. Ma fonction consiste également à favoriser la cohésion du groupe, car la confiance est essentielle dans notre métier. Finalement une mission est faite d’actions collectives, elles-mêmes composées d’actes individuels, et lorsqu’un ensemble d’actions individuelles font de la mission une réussite, je me sens fier et je suis fier du groupe. »

Source https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/terrain/immersion/2025/le-gos-ocldi-traque-les-groupes-criminels-itinerants
Par le capitaine Tristan Maysounave
Publié le 16 juillet 2025