Depuis le 1er juillet 2024, l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 25/5 de Bourgoin-Jallieu est déployé en Nouvelle-Calédonie. L’équipe de GENDinfoa pu rencontrer Florent, gendarme expérimenté, et Marie, tout juste affectée à l’unité après sa sortie d’école. Pour l’un comme pour l’autre, devenir gendarme mobile relevait d’une évidence.
Comme nombre d’Escadron de gendarmerie mobile (EGM), le 25/5 connaît un engagement exceptionnel cette année. Après avoir été déployés en rétablissement de l’ordre à Mayotte en début d’année, les gendarmes de l’unité ont participé à la sécurisation du 80e anniversaire du Débarquement de Normandie. Ils ont ensuite été engagés dans le cadre des préparations des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, avant d’être projetés en Nouvelle-Calédonie début juillet 2024.
Depuis trois mois, l’EGM 25/5 effectue des missions de filtrage et de contrôle de zone. La route provinciale n°1 (RP1), qui traverse la tribu de Saint-Louis, est coupée entre Saint-Michel et le Mont-Dore en raison des obstacles se trouvant sur l’axe et des fréquents coups de feu tirés en direction des forces de l’ordre. De part et d’autre, deux points de filtrage, baptisés « verrou nord » et « verrou sud », sont tenus par les gendarmes mobiles. L’axe ne peut être emprunté qu’à pied, après une fouille et la présentation de documents d’identité. Des navettes maritimes ont été mises en place entre le port Moselle de Nouméa et le Vallon Dore, afin de limiter les conséquences de la fermeture de cet axe, qui est le seul permettant de rejoindre le sud de l’île.
Les deux premiers mois, les gendarmes de l’EGM 25/5 ont d’abord eu pour mission de tenir le « verrou sud ». Ils ont ensuite été basculés au profit du « verrou nord » et de missions de contrôle de zone sur le Grand Nouméa, notamment à l’occasion du 24 septembre dernier, date marquant le rattachement de la Nouvelle-Calédonie à la France.
Florent, 30 ans, gendarme mobile depuis huit ans, et Marie, 25 ans, élève-gendarme effectuant sa première mission en outre-mer, sont respectivement affectés aux pelotons de marche 3 et 2.
Une mission hors norme
Florent : nous menons une opération exclusive à la Nouvelle-Calédonie. L’escadron a été projeté sur le territoire, mais quoi qu’il en soit, j’aurais été volontaire pour venir ici. Participer à la résolution de la crise constitue une expérience unique, même si la situation sur place est triste. Dans ma carrière, j’ai notamment été engagé dans le cadre de la crise des gilets jaunes et dans les opérations menées à Notre-Dame-des-Landes. Désormais, je pourrai dire que j’ai fait la Nouvelle-Calédonie. Je ressortirai grandi de cette mission.
Marie : à peine sortie d’école, j’ai été projetée en Nouvelle-Calédonie avec l’escadron. On a envie de participer à la résolution de la crise. C’est pour ce type de mission que je me suis engagée en gendarmerie. La période que nous vivons sera inscrite dans les livres d’histoire.
La résilience au cœur de l’engagement
Florent : concernant les services, on a pu être engagés jusqu’à 12 heures d’affilée, notamment à l’approche du 24 septembre. Nos conditions d’hébergement ont également varié en fonction des endroits où nous avons été engagés. Du côté du « verrou sud », nous avons été hébergés sous des abris modulaires de type « bachmann », installés au Régiment d’infanterie de marine du Pacifique – Nouvelle-Calédonie (RIMAP-NC), à Plum. Nous étions plus de 40 gendarmes sous chaque tente. Ça fait partie du métier. Auparavant, il m’était déjà arrivé de dormir dans une abbaye ou dans des algecos®.
Marie : la formation initiale en école nous a un peu préparés à faire preuve de rusticité, notamment à l’occasion des bivouacs. Mais c’est surtout quelque chose qui s’apprend sur le terrain. La rusticité participe à la cohésion.
La cohésion, socle de la gendarmerie mobile
Florent : en gendarmerie mobile, la camaraderie et la cohésion sont des valeurs importantes. Quand on est dans une situation dégradée, on l’est tous ensemble. Les difficultés nous rapprochent. Je l’ai vécu à Notre-Dame-des-Landes. Si un camarade tombe, il y en a toujours un pour le relever. Le groupe nous permet de nous dépasser. Cet esprit militaire, cette cohésion, font partie des choses qu’on recherche lorsqu’on s’engage en gendarmerie mobile.
Marie : j’ai servi deux ans en tant que Gendarme adjoint volontaire (GAV) en brigade avant de devenir sous-officier. La cohésion et la camaraderie étaient moins marquées qu’en gendarmerie mobile. Dans cette subdivision d’arme, ces valeurs sont particulièrement importantes en raison des déplacements qui soudent le groupe. Lorsque l’escadron a été logé dans des « bachmann », les gendarmes de sexe féminin étaient logées dans des bâtiments séparés. On se retrouvait quand même pour manger tous ensemble aux repas. Lorsque je me levais à 4 heures le matin, j’avais le sourire, car je savais que je travaillais aux côtés de mes camarades.
L’importance de la transmission des savoir être et savoir-faire
Florent : nous avons tous effectué notre formation initiale en école, mais c’est sur le terrain qu’on apprend le plus de choses. En gendarmerie mobile, les militaires les plus anciens encadrent les plus jeunes. Nous sommes attachés à nos traditions et nous nous efforçons de les transmettre. Par exemple, le jeune gendarme doit être le premier à arriver au service et le dernier à partir. Ces règles permettent de faire perdurer le groupe et d’impliquer les gendarmes récemment affectés. Un tuteur est désigné au sein de l’escadron à chaque arrivée d’élève-gendarme. Me concernant, mon parrain m’a vraiment guidé à mes débuts. J’ai appris énormément de choses grâce à lui avant de prendre progressivement des responsabilités.
Marie : en tant qu’élève-gendarme, je suis très apprenante au sein de l’escadron. Mes camarades m’ont accompagnée dès mon arrivée au sein de l’unité. On ne nous laisse jamais tout seul, on nous explique bien les choses, ce qui est important, car tout ne peut pas être abordé en formation initiale. De nombreux savoirs s’acquièrent sur le terrain. La vie en escadron s’apprend également. Je m’appuie énormément sur mon tuteur. Il constitue un contact privilégié. En gendarmerie mobile, on dit souvent que le gendarme ressemble à son tuteur.
Un engagement pour la famille
Florent : je suis pacsé sans enfant. Les familles sont également confrontées au rythme d’emploi de la gendarmerie mobile. Me concernant, ma compagne s’y est faite, mais les départs ne sont néanmoins pas toujours évidents à vivre.
Marie : ma famille est très importante pour moi. Je l’ai toujours prévenue que je voulais entrer en gendarmerie, et notamment en gendarmerie mobile. On trouve notre rythme. J’essaie de l’appeler le matin ou le soir. Les réseaux sociaux rendent également les communications plus faciles.
La gendarmerie, une évidence
Florent : la gendarmerie est la meilleure maison. J’ai toujours voulu entrer dans les forces de l’ordre. La gendarmerie propose un panel de missions et de métiers très différents. On peut être maître de chien, rejoindre des unités spécialisées, sécuriser des ambassades, faire de la spéléologie, devenir pilote d’hélicoptère. On peut effectuer plusieurs carrières en gendarmerie.
Marie : j’ai de la famille dans l’armée mais pas en gendarmerie. La gendarmerie permet de découvrir de nombreux métiers. J’avais envie de rejoindre cette institution pour avoir un cadre. L’aspect militaire, l’importance du sport ainsi que le contact avec la population m’attiraient. La gendarmerie mobile allie tout ça.
La gendarmerie mobile, un passage incontournable
Florent : j’ai toujours voulu devenir gendarme mobile. Mon père lui-même l’était. Lorsque je suis sorti d’école à mes 23 ans, je n’ai pas voulu m’enfermer en brigade. J’ai souhaité rejoindre la gendarmerie mobile pour voyager et découvrir le plus grand nombre de missions possible. Cette subdivision d’arme nous permet de travailler avec de très nombreuses unités et d’élargir notre horizon grâce aux déplacements, notamment ultra-marins. Je pense qu’à la sortie d’école, il faut choisir la gendarmerie mobile. Je ne dis pas qu’il faut y faire toute sa carrière, mais servir dans cette subdivision d’arme est formateur en raison de sa structure, de l’encadrement, des missions que l’on effectue et des voyages. Si je n’avais pas servi en gendarmerie mobile, je n’aurais jamais eu l’opportunité d’aller en Guyane ou à Mayotte. La gendarmerie mobile forge pour la vie.
Marie : à 25 ans, j’ai choisi la gendarmerie mobile afin de voyager et de côtoyer de nouvelles personnes. Les déplacements permettent de découvrir la façon de vivre des gens ailleurs. Nos missions sont tellement diversifiées qu’il n’y a pas moyen de se lasser. À mon sens, tous les élèves-gendarmes devraient passer par la gendarmerie mobile. C’est un milieu particulièrement formateur, au sein duquel l’égalité entre les hommes et les femmes est parfaitement respectée. Il n’y a pas de différence d’emploi.
Par le capitaine Tristan Maysounave Publié le 02 octobre 2024
Source
https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/paroles-de-gendarmes/engages-en-nouvelle-caledonie-florent-et-marie-sont-gendarmes-mobiles-par-vocation