Auteur Sujet: Technicien en identification criminelle (TIC) et Portraitiste + IRCGN  (Lu 5151 fois)

0 Membres et 1 Invité sur ce sujet

Hors ligne Jeano 11

  • Administrateur
  • *****
  • Messages: 7064
  • Sexe: Homme
  • Retraité
Sa mission : réaliser en noir et blanc les portraits-robots des délinquants recherchés qui seront ensuite diffusés à grande échelle.
Ses armes : 933 paires d'yeux différents, 400 bouches, 300 nez... Tout cela sur un logiciel informatique qu'il a appris à dompter au Centre national de formation à la police judiciaire de la gendarmerie à Fontainebleau.
Ses atouts : patience, minutie, sens de l'écoute et une pointe de psychologie pour analyser les réactions de la victime et du témoin devant le portrait naissant.
Le Technicien en identification criminelle (TIC) peut se spécialiser dans la confection de portraits-robots. Des premiers portraits-robots au crayon, dans les années 50, à l'utilisation de logiciels informatiques au XXIème siècle, les portraitistes de la gendarmerie ou de la police sont les artisans d'un précieux outil d'enquête.

Ils interviennent quand il n'existe pas de photos à diffuser comme dans la récente affaire du dépeceur canadien. Ce fut aussi le cas dans les affaires du tueur Guy Georges ou plus récemment de l'assassin du "petit Valentin" dans l'Ain (est).
Si un portrait-robot ne peut être fiable à 100%, sa qualité dépend beaucoup du témoin, de son sens de l'observation, mais aussi du portraitiste.

"Il faut de la patience, mettre le témoin en confiance et faire preuve de psychologie car la plupart d'entre eux ont été agressés", explique l'adjudant de la brigade départementale du renseignement et de l'investigation judiciaire (BDRI) de la gendarmerie.
"J'essaie de faire ressurgir leur traumatisme sans que ce soit trop pénible pour eux", explique-t-il, affairé sur son ordinateur.

Après un stage d'une semaine au centre de Fontainebleau (région parisienne), il est l'un des trois portraitistes du groupement de gendarmerie du Rhône à utiliser le logiciel qui a détrôné en 1993 le portrait-robot "à la main".
"Avec certains témoins, c'est très compliqué. Mais contrairement aux idées reçues, ça l'est beaucoup moins avec les enfants car ils ont cette innocence, ils arrivent à se détacher et pour eux c'est comme un jeu", dit-il. Comme ce garçon de 11 ans, victime d'agressions sexuelles en 2008 à Grenoble et qui l'a "impressionné" par sa précision. En revanche c'est plus délicat avec les personnes âgées, souligne le militaire évoquant un couple d'octogénaires agressés à leur domicile, tellement traumatisés qu'ils n'avaient pu décrire leur tortionnaire.
Mais il se souvient encore de cette octogénaire, également séquestrée chez elle, qui avait "gardé une fraîcheur mentale extraordinaire". On lui avait mis un grand écran avec une grosse loupe et elle nous a fait un portrait-robot "tip top" de son agresseur.

Le portraitiste "évalue l'état des souvenirs" de la victime : morphologie du visage, taille, corpulence... "On part d'une coquille vide" à partir de 55 formes de visages différents, où on rajoute yeux, nez, bouche, oreilles et cheveux.
Si "inconsciemment le cerveau fixe des détails comme des lunettes, un piercing, une cicatrice, une barbe", c'est "plus compliqué quand il n'y a rien".
"Les gens ont le plus de mal avec les yeux", souligne celui qui dispose pourtant dans le logiciel de pas moins de 855 regards.
Autre difficulté avec les cheveux, les coupes actuelles, comme les cheveux en brosse, n'étant pas répertoriées dans son catalogue, il doit recourir à un "logiciel de retouches" ou bien finir au crayon de papier.
Une séance peut durer jusqu'à trois heures. Il établit ensuite avec le témoin une "note de fiabilité" de 0 à 10. "Le but n'est pas de reproduire exactement le suspect, mais quelqu'un qui s'en rapproche le plus pour permettre aux enquêteurs de travailler".
Le portrait-robot est ensuite diffusé dans toutes les gendarmeries et commissariats de police. Beaucoup plus rarement aux médias, "sauf pour les affaires très graves".

Ainsi, en août 2008 la diffusion dans la presse des portraits-robots de Stéphane Moitoiret et Noëlla Jego, soupçonnés de l'assassinat du petit Valentin dans l'Ain, avait permis d'interpeller le couple de marginaux dès le lendemain.

Parfois, un portrait-robot permet aussi de démasquer un affabulateur. Comme ce jeune se disant victime d'agression. "Au fur et à mesure qu'on faisait le portrait de son agresseur, c'est mon visage qui apparaissait. Inconsciemment il me décrivait, car il ne pouvait pas faire un travail de mémoire", mais "au bout d'une heure il a fini par avouer, ce qui a évité une enquête inutile" 8)

Hors ligne Jeano 11

  • Administrateur
  • *****
  • Messages: 7064
  • Sexe: Homme
  • Retraité
Re : Technicien en identification criminelle (TIC) et Portraitiste + IRCGN
« Réponse #1 le: 08 septembre 2015, 18:47:02 »
[PORTRAIT]... d'une gendarme qui tire les portraits !
Des portraits d'hommes aux mines peu engageantes s'alignent sur un tableau, dans le dos d'une femme aux yeux rieurs. Son uniforme ne cache rien de sa profession. Ingrid F.... est gendarme. Sa spécialité : portraitiste.  8)

De son bureau vitré, au siège de la gendarmerie départementale de Saint-Brieuc, l'adjudant-chef Ingrid, 38 ans, réalise des portraits-robots. Des dessins qui aident les enquêteurs à identifier un suspect, comme cela se pratique désormais dans tous les départements français. Cette analyste criminelle de la brigade départementale de renseignements et d'investigations judiciaires a croqué treize portraits l'an dernier et déjà au moins autant depuis janvier.

Ingrid était technicienne en identification criminelle (TIC), en 2008, quand elle s'est formée au portrait-robot, à Fontainebleau. Ses armes ne sont pas le crayon ou les pinceaux employés autrefois, mais la souris de son ordinateur et une juste dose de psychologie. Car ce sont les victimes qui, le plus souvent, la guident dans l'esquisse du portrait de leur agresseur, ou du cambrioleur qui les a dévalisées.

Une victime se souviendra plus précisément des traits de son agresseur qu'un simple témoin. Parce que son cerveau aura enregistré un choc, décrit l'adjudant-chef. Parfois, quand la victime sort de l'hôpital, ou bien qu'elle n'a pas dormi, je l'installe dans une pièce calme, pour qu'elle soit en confiance. Car souvent, elle doute. Le résultat dépendra beaucoup « de l'état de ses souvenirs ».
« Concentration extrême pendant une heure »

Commence alors un long tête-à-tête. Assise à côté de la victime, face à l'ordinateur, Ingrid mène un entretien, reconstitue le contexte. « Cet échange permet de vérifier que le témoin ne raconte pas d'histoires. C'est un bon exercice pour démasquer les faux témoignages. »

Elle replace ensuite la victime dans le contexte des faits. Et reconstitue le paysage. Était-ce le jour ou la nuit ?
Puis, la description de l'agresseur s'engage : sa morphologie, sa corpulence, son allure. Le visage, trait par trait. Sur son logiciel, baptisé Sosie, défilent des centaines d'images. Des visages de toutes formes, une centaine de paires d'yeux, des nez, des bouches... « Le témoin s'arrête sur un visage, qu'on peut retoucher pour s'approcher de la physionomie recherchée. » La victime doit sélectionner précisément, en fouillant au plus profond de sa mémoire.

La portraitiste recherche un détail qui a frappé, tel qu'une cicatrice, un grain de beauté, des rides, un piercing... « C'est ce détail qui va identifier la personne recherchée. » Ingrid et le témoin sont côte à côte, face à l'écran. « J'ai besoin de retrouver les traits caractéristiques qui définissent la personne vue par la victime. Après, on cale cette image sur ce que sait l'enquêteur. »

Le marathon épuise autant la questionneuse que son interlocuteur : « Ce n'est pas physique mais cela demande une concentration extrême pendant une heure, voire beaucoup plus. » Ingrid lui demande enfin de mettre une note de fiabilité au portrait reconstitué.

Orienter les enquêteurs  ::)
Une fiche de diffusion est ensuite envoyée aux enquêteurs et à toutes les brigades. Le portrait est beaucoup plus rarement envoyé à la presse.
C'est un matériau à manipuler avec précaution pour éviter les fausses pistes.
Il constitue un élément d'enquête qui peut orienter les enquêteurs, mais ce n'est pas une preuve. Il ne peut pas, à lui seul, faire condamner quelqu'un.

C'est plus rare, mais il arrive que, dans le cas de vols, un portrait-robot s'impose. Récemment, un soir, dans le pays de Lamballe, le propriétaire d'une voiture surprend quelqu'un, la tête dans le coffre de son véhicule. L'homme referme le coffre et s'en va. Le propriétaire dépose plainte.
Un autre fait semblable est observé tout près. Daniel C..., enquêteur à la gendarmerie de Lamballe, appelle Ingrid. Un portrait est établi : « On voit rarement les auteurs de vols à la roulotte. Là, il avait été vu », apprécie-t-elle.

Daniel montre le portrait dans la commune, aux élus... Rien de frappant ne ressort. Puis, sur la route, en patrouille, on voit tout à coup un gars qui pouvait correspondre. C'était vraiment ressemblant, se souvient le gendarme. En audition, le jeune homme finit par reconnaître qu'il est bel et bien l'homme recherché.

Marie-Claudine CHAUPITRE ouest-france.fr.
Pour les portraits d'hommes recherchés, c'est à elle qu'on les doit en partie.
L'adjudant-chef Ingrid, 38 ans, est en effet Technicienne en identification criminelle (TIC), spécialisée dans la réalisation de portraits-robots. En poste au sein de la brigade départementale de renseignements et d'investigations judiciaires du groupement de la gendarmerie départementale de Saint-Brieuc (22), elle a expliqué dans une interview donnée à OuestFrance.fr (ci-dessus) les spécificités de sa mission de portraitiste et certaines de ses astuces. Un métier qui demande beaucoup de concentration et de la psychologie.

Ses armes ne sont pas le crayon ou les pinceaux employés autrefois, mais bien la souris de son ordinateur. Formée à Fontainebleau au centre national de formation à la police judiciaire, Ingrid dessine les visages, en noir et blanc, des suspects de crimes ou de délits. Et ce, grâce à un long échange avec les victimes ou les témoins. Ces portraits-robots sont ensuite diffusés aux enquêteurs et à toutes les unités. Ce support est une aide efficace pour la résolution de certaines affaires.

Hors ligne Jeano 11

  • Administrateur
  • *****
  • Messages: 7064
  • Sexe: Homme
  • Retraité
Re : Technicien en identification criminelle (TIC) et Portraitiste + IRCGN
« Réponse #2 le: 30 septembre 2015, 10:48:45 »
On les appelle les TICP, comprenez Techniciens en identification criminelle de proximité. Ce sont LES référents locaux en matière de police technique et scientifique, l'ultime échelon de la chaîne criminalistique de la gendarmerie après l’Institut de recherche criminalistique de la gendarmerie nationale (IRCGN) au niveau national et les Techniciens en identification criminelle (TIC) au niveau des groupements départementaux. « Last but not least » ...
Les TICP sont présents dans la plupart des brigades territoriales, mais les nouvelles formations initiales en ESOG intègrent cette spécificité parce que leur importance est primordiale. Ils sont chargés de réaliser les premiers actes de police technique et scientifique sur des cambriolages ou des infractions liées à la délinquance de masse : gel des lieux, constatations, photographies et prélèvements de traces ADN...

Quelle est la différence entre un gendarme TIC et un personnel de PTS de la police nationale ?

Un TIC fait partie de la gendarmerie ce qui signifie que son statut, sa carrière, ses obligations, son traitement net et ses droits sont différents de ceux d’un policier scientifique.
Les gendarmes sont logés en caserne dans un logement de fonction par nécessité absolue de service et payent uniquement les charges (eau, gaz, électricité, ordures ménagères). Ils peuvent être amenés à réaliser de nombreuses heures supplémentaires non rémunérées au cours d’une semaine de travail parce qu'il sont militaire disponible H.24
Tous les gendarmes qui veulent devenir TIC doivent valider l’examen d’OPJ.
La carrière d’un TIC est très différente car celui-ci est avant-tout un gendarme avant d’obtenir la spécificité de TIC. Il doit donc faire sa formation initiale en école de sous-officier, puis postuler par la suite dans une BDRIJ (Brigade Départementale de Renseignements et d’Investigations Judiciaires) au poste de TIC voire dans une unité de recherches ((BR et SR). Un TIC pourra reprendre son travail d’investigation, de maintient de l’ordre, d’assistance et secours et de sécurisation s’il en fait la demande en avançant en grade.
Un personnel scientifique de la police nationale n’a pas de compétences judiciaires et garde sa spécificité toute sa carrière. Pour travailler dans un laboratoire, un TIC pourra demander à être muté à l’IRCGN de Rosny-sous-Bois (93) alors qu’un personnel policier scientifique de police nationale travaillant en commissariat pourra demander à être muté dans un des six laboratoires repartis sur le territoire national (Paris (2), Lille, Lyon, Toulouse et Marseille). Un TIC est armé, il travaille en tenue bleu (cote type mécano) alors qu’un personnel policier scientifique de police n’est pas armé et travaille en civil.

Un ASPTS va-t-il souvent sur le terrain ?

Cela dépend de son affectation. Un ASPTS affecté en laboratoire peut ne jamais faire de terrain alors qu’un ASPTS affecté en commissariat peut en faire presque chaque jour. Pour plus de renseignements, consulter la page sur le métier d’ASPTS

Hors ligne Jeano 11

  • Administrateur
  • *****
  • Messages: 7064
  • Sexe: Homme
  • Retraité
Re : Technicien en identification criminelle (TIC) et Portraitiste + IRCGN
« Réponse #3 le: 08 octobre 2016, 14:45:27 »
L'enseignement dispensé à pour objet de préparer le TIC aux missions ci-après :
- organiser les constatations sur une scène de crime ;
- effectuer des opérations complexes en respectant les protocoles ;
- éclairer les directeurs d'enquête et les magistrats sur les possibilités techniques et scientifiques ;
- assurer les liaisons entre les enquêteurs et les laboratoires ;
- témoigner en justice.

Contenu de la formation :
Elle se déroule sur une période de six semaines, comprenant 150 heures de cours théoriques, 24 heures d'exercices « terrain » avec mise en situation de cas pratiques et 16 heures de visites en extérieur (laboratoires, institut médico-légal).
La formation est assurée en partenariat avec l'IRCGN à hauteur de 60 heures de cours (sur les 150 heures) dans les domaines relevant de sa compétence (entomologie, incendie, biologie etc).

Programme :
- méthodologie (protocoles à mettre en oeuvre sur une scène d'infraction) ;
- techniques photographiques numériques (savoir faire ressortir à l'aide de la photographie l'élément matériel relevé sur une scène d'infraction) ;
- techniques d'identifications (état des lieux, empreintes digitales, marques et traces, balistique, entomologie, incendie et explosifs, biologie et toxicologie) ;
- médecine légale (notions générales, assistance à autopsie) ;
- procédure pénale (rédaction du procès-verbal de transport, constatations, mesures prises) ;
- réalisation d'un croquis informatisé ;
- travaux pratiques et exercices ;
- contrôle continu et évaluation des connaissances sanctionnés par le diplôme de TIC.
Source http://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/cegn/Formation-d-expertise/Police-technique-et-scientifique

Hors ligne Jeano 11

  • Administrateur
  • *****
  • Messages: 7064
  • Sexe: Homme
  • Retraité
Re : Technicien en identification criminelle (TIC) et Portraitiste + IRCGN
« Réponse #4 le: 18 décembre 2016, 13:40:59 »
Afin d’apporter les preuves scientifiques décisives dans les enquêtes judiciaires permettant à la justice de rendre jugement, la gendarmerie a lancé depuis plus de vingt ans puis conduit et adapté un ambitieux programme de montée en puissance de la police technique et scientifique (PTS).

Un dispositif à trois niveaux permet de rationaliser la criminalistique.
Niveau élémentaire :
Ce niveau est constitué des brigades territoriales autonomes (BTA) et des communautés de brigades (COB). Dans ces unités, afin de développer les actes de police technique et scientifique pour la délinquance de masse, en particulier les cambriolages ; plus de 8660 techniciens en identification criminelle de proximité (TICP) ont été formés et mis en place depuis 2008. Leur mission est de garantir l’intégrité des scènes de crime jusqu’à l’intervention des techniciens en identification criminelle, de procéder aux actes de signalisations, mais aussi de réaliser des actes de police technique et scientifique élémentaires (relevé de traces digitales et biologiques). Ces techniciens de proximité sont indispensables dans la lutte contre la petite et moyenne délinquance.

Niveau départemental :
Au niveau départemental, on retrouve la brigade départementale de renseignements et d’investigations judiciaires (BDRIJ). Celle-ci regroupe sur une plate-forme unique un ensemble de spécialistes appelés à intervenir au profit de toutes les unités d'un même groupement de gendarmerie départementale (GGD) : Techniciens en Identification Criminelle (494 TIC au plan national), spécialistes en nouvelles technologies (230 « N-Tech » au plan national), analystes criminels (ANACRIM), portraitistes, etc.

Les TIC sont regroupés au sein d'une cellule d'identification criminelle (CIC). Ils interviennent sur les scènes d’infractions graves pour procéder à la recherche et au traitement criminalistique des indices. Chaque BDRIJ comprend également une cellule d'information et de rapprochement judiciaire (CIRJ), spécialisée dans l'analyse stratégique et le rapprochement judiciaire en lien avec le Service Central de Renseignement Criminel. Cette cellule participe à l'alimentation des bases judiciaires et administratives de documentation.

Ils sont équipés de matériels dédiés pour les constatations (13 mallettes destinés aux prélèvements en biologie, révélations spéciales, incendie, explosion, conditionnements, mesures, moulages, traces latentes, micro-analyse, outillage, anthropologie-odontologie, secours, marquage), d’un véhicule d’intervention (permettant un travail en totale autonomie quel que soit le lieu) et disposent en outre d’un plateau criminalistique assujetti à une procédure d’accréditation [2], qui leur permet de procéder au traitement d’un certain nombre de prélèvements (détection, révélation et exploitation de traces digitales – échantillonnage biologiques), issus de la délinquance de masse.

Niveau national :
Au niveau national, le pôle judiciaire de la gendarmerie nationale (PJGN) est constitué de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) et du Service Central de Renseignement Criminel de la Gendarmerie Nationale (SCRC). Il intègre ainsi leurs capacités et fédère leurs actions pour optimiser la réponse aux réquisitions des enquêteurs et commissions d'expertise, accroissant ainsi le taux de résolution.

Au sein du SCRC, la plate-forme gendarmerie du fichier automatisé des empreintes digitales (FAED) est chargée, au niveau central, de plusieurs missions. Ils intègrent dans le fichier les relevés décadactylaires effectués par les unités sur les personnes mises en cause. Ils exploitent ensuite les traces papillaires et palmaires relevées sur les scènes d'infraction. Cela leur permet enfin de procéder aux rapprochements éventuels. 

Laboratoire de criminalistique accrédité] œuvrant au sein d’un plateau technique pluridisciplinaire unique, l'IRCGN réalise des examens scientifiques et des expertises.
La présence sur un seul site de toutes les compétences permet de coordonner les éléments d’expertise, gage d'économie et d’efficience.

Source : http://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/ircgn/L-Institut/La-chaine-criminalistique

Hors ligne Jeano 11

  • Administrateur
  • *****
  • Messages: 7064
  • Sexe: Homme
  • Retraité
 À l'IRCGN, il vieillit le visage des enfants disparus  :'(

Citer
Rappelez-vous : le 116000 est le numéro à retenir pour les enfants disparus. Géré par le centre français de protection de l'enfance, il soutient et accompagne les familles.

On les recherche depuis plusieurs années, mais serait-on capable de les reconnaître aujourd'hui ?
À l'occasion de la journée internationale des enfants disparus, France info est allé à la rencontre de "celui" qui vieillit les visages des enfants disparus à l'Institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale (IRCGN) à Pontoise.

Notre expert, Aimé, est prothésiste dentaire de formation !
Il identifie les victimes après un meurtre, un accident, un attentat.
Mais plusieurs fois par an, il est sollicité pour vieillir les visages d'enfants disparus grâce à un logiciel et une méthode qu'il a lui même mis en place.

Les bureaux d'Aimé Conigliaro, sont situés à l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale, à Pontoise (Oise). Au-dessus des laboratoires d'autopsie, le couloir menant à ses locaux est tapissé par des vitrines peu ordinaires. Elles abritent des ossements à caractère anthropologique, qui montrent les étapes de la reconstruction de visage. "Un musée des bizarreries qui nous identifie bien par rapport à l’ensemble des services", résume l'expert. Prothésiste dentaire de formation, il travaille essentiellement à l'identification des corps après un meurtre, un accident, un attentat. Mais quatre à cinq fois par an, des juges ou des officiers lui demandent de travailler sur des photos d'un enfant disparu, afin de relancer l'enquête et d'augmenter les chances d'une reconnaissance. Plusieurs années après le signalement d'une disparition, une photo actualisée peut susciter de nouveau témoignages. 
Une méthode et un logiciel mis au point par l'expert

Avec la souris de son ordinateur, Aimé Conigliaro étire chaque trait d'un visage. Sur l'écran, s'affiche la photo d'un enfant, Thomas, disparu il y a douze ans. À partir de 27 mesures spécifiques, l'expert positionne des points rouges sur l’ensemble du visage du jeune garçon. "Ensuite, on demande au tableur, en fonction de l’âge du vieillissement souhaité de nous donner de nouveaux points anthropométriques", explique-t-il. Les nouveaux repères s'affichent en vert et tracent les contours d'un visage mûri, passé de 13 à 25 ans. Le visage s’allonge, le nez va s’épater un peu plus. Seuls les fossettes et les yeux restent inchangés, lors du passage à l'âge adulte.
La ressemblance familiale utilisée

Pour la deuxième étape de la transformation la plus réaliste possible d'un visage, Aimé Conigliaro demande aux parents des photos d'eux-mêmes, à l'âge qu'aurait leur enfant aujourd'hui. "On va faire un morphing entre le papa et la maman, dans une proportion de 60/40 ou de 70/30, en fonction de la ressemblance avec les parents", explique-t-il. Un visage hybride est alors mélangé avec celui de l’enfant vieilli. "Nous ne sommes pas loin de la vérité", dit-il. Si Aimé Conigliaro est assez sûr de son résultat, c'est qu'il s'est beaucoup exercé avec d’anciennes photos d'enfants de ses collègues. Cet entraînement lui a permis de valider sa méthode.
L'espoir d'un dénouement

Malgré ce travail minutieux et précis, il reste rare que les enfants dont il mûrit les visages soient retrouvés. "J’ai eu deux affaires résolues, dont l'une avec un enfant retrouvé en Angleterre. Quand cela arrive, ça nous remplit de joie bien sûr", déclare-t-il. Aimé Conigliaro a l'impression de connaître les enfants dont les visages s'affichent si souvent devant lui. "Je leur parle en leur disant ce que je vais faire, pour me donner aussi un peu de courage", confie-t-il. Son travail est important pour des parents dans la souffrance. Il est la preuve que le dossier n'est pas clos, que l'enquête continue, et que l'espoir, même infime, reste permis.

Sources
 http://www.francetvinfo.fr/sciences/journee-mondiale-des-enfants-disparus-rencontre-avec-l-expert-qui-vieillit-les-visages-pour-mieux-les-reconnaitre_2205010.html

https://www.facebook.com/gendarmerienationale/?hc_ref=NEWSFEED

Hors ligne Jeano 11

  • Administrateur
  • *****
  • Messages: 7064
  • Sexe: Homme
  • Retraité
Re : Technicien en identification criminelle (TIC) et Portraitiste + IRCGN
« Réponse #6 le: 18 janvier 2022, 21:19:27 »
La mouche du gendarme !
Au-delà des 72h après la mort, la médecine légale n’est plus vraiment capable de donner des informations précises et fiables sur l’heure du décès. C’est là que le département d’entomologie de l’Institut de recherche de la Gendarmerie nationale (IRCGN) entre en scène.

Les diptères nécrophages, plus souvent connus sous le nom de mouches à merde, sont des alliés dans les enquêtes criminelles.
Reportage à l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale, près de Paris, où des mouches récupérées sur des cadavres servent à dater la mort d’une victime.

Elles sont collantes, parfois bruyantes, et vous les trouvez répugnantes, au point de les appeler mouche à merde. Mais certains gendarmes s’en font des alliées.
C’est le cas à l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), à Cergy, près de Paris, et plus précisément au département FFF, pour faune et flore forensiques, les techniques scientifiques au service de la justice : comment des plantes ou des animaux peuvent aider les enquêteurs à résoudre les crimes.

Il y a par exemple la palynologie légale, l’étude des grains de pollen retrouvés dans les voies respiratoires d’un cadavre, pour dater la mort d’une victime, puisque les plantes ne libèrent des pollens qu’à une certaine époque. Et il y a donc également l’entomologie légale, quand des insectes, des diptères nécrophages, permettent aussi d’éclairer le travail des enquêteurs.

Des sacrés voraces, ces diptères nécrophages, qui se nourrissent ainsi de cadavres. « On avait pris un porc de 25 kilos, en forêt de Fontainebleau, au sud de Paris, et de mémoire, en 13 jours, la carcasse était totalement nettoyée », raconte le capitaine Hubert Joulin, le chef du département FFF de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale.

Dans les plaies ou les orifices naturels

Ces insectes détritivores, dans une enquête criminelle, vont être prélevés sur un cadavre et sur la scène de crime, en particulier les larves qu’ils ont pondues dans la chair en putréfaction. « Certaines espèces sont attirées par le corps dès le décès, s’il y a des plaies ou même dans les orifices naturels. Toute cette faune va se développer et l’important pour nous est d’avoir un prélèvement le plus représentatif de la scène de crime, dans l’espoir de retrouver l’individu le plus ancien. » Ce qui permettra de remonter dans le temps, et d’approcher au plus près la date de la présence du cadavre.

Les scellés, qui contiennent des larves et de la terre prélevée autour du cadavre, arrivent à l’IRCGN à Cergy, où peut commencer l’identification des espèces prélevées, dans des locaux austères, des pièces aveugles sans la lumière du jour – on est loin du clinquant des séries américaines types Les Experts… « Les espèces vivantes vont être mises en élevage, dans des incubateurs. » Des espèces de grands frigos, où la température est régulée et contrôlée, et où sont entreposés des plateaux.

 Élevage sur un steak

« On peut voir un lit de sable, de la viande de bœuf. Non, il ne faut pas croire que c’est issu du corps d’une victime, on a seulement des insectes qui nous arrivent ! Sur le morceau de viande, vous pouvez voir des larves qui vont et viennent », décrit encore Hubert Joulin. C’est cette viande dont se nourrissent les larves pour grandir. « Au bout d’un moment, elles vont former une pupe, l’équivalent de la chrysalide des papillons pour les diptères. Et au bout d’un moment, un adulte va en sortir. »

Ce qui permettra d’identifier l’espèce retrouvée sur le cadavre, et donc, en fonction des relevés de températures et de l’environnement de la scène de crime, de dater précisément le jour de la ponte, pour dire : le cadavre était déjà là à telle date. Et bien souvent, les enquêteurs font mouche.

«Les mouches à merde aiment vraiment ça ?»

Ah oui, elles aiment bien les cadavres, les excréments, toutes les matières en décomposition, parce qu'elles sont riches en nutriments.

Pour s’en nourrir, la mouche laisse un peu de salive sur le caca, avant d’aspirer tout ça. Les mouches adultes y pondent aussi leurs œufs, bien au chaud, et bien nourris, le garde-manger à domicile. C'est un peu la loi de Lavoisier adaptée à la scatophagie ou la nécrophagie : rien ne se perd, tout se transforme. Et elles font même le ménage ! Rassurez-vous, ces mouches-là n'ont pas qu'une vie d'excréments : elles aiment, aussi, butiner les fleurs.

L'expertise de ce laboratoire d'entomologie légale est reconnue dans le monde entier. Les polices étrangères le consultent. Y compris le FBI !
La romancière écossaise Val McDermid a récemment demandé conseil à l'équipe française afin de vérifier la véracité de l'intrigue policière de l'un de ses derniers thrillers.

Mais les principaux « clients » du centre restent les magistrats qui confient aux biologistes du département « Faune Flore Forensiques » le soin de déterminer la date d'un décès et sa cause. C'est aussi, parfois, à ses biologistes que revient la responsabilité de désigner les suspects lorsque les faits se révèlent d'origine criminelle. En moyenne, une demi-douzaine de cadavres humains sont découverts chaque jour dans notre pays. Si la grande majorité de ces décès sont d'origine naturelle ou accidentelle, il arrive cependant que certains ne le soient pas. C'est alors qu'entrent en scène les 160 enquêteurs de l'IRCGN, au premier chef desquels la cellule 3F.

Mouches vertes et képis bleus

« Voici quelques-uns de mes enquêteurs », sourit Laurent Dourel en désignant une petite vitrine où sont épinglés des insectes de différentes espèces. Le chef d'escadron nous emmène dans une autre pièce, où il nous montre des mouches, vivantes celles-là, dans des boîtes Tupperware, maintenues à température constante (24 °C). « Passé un délai de 72 heures, la médecine légale n'est plus en mesure de dater le moment d'un décès, nous passons alors le relais à ces petits animaux », confie le quadragénaire.

La technique a été mise au point à la fin du XIXe siècle. En 1894, Jean-Pierre Mégnin publie une classification des insectes nécrophages. Cet ancien vétérinaire a remarqué que plusieurs espèces se succèdent sur les cadavres, en huit vagues successives. Ces « escouades de la mort » comptent principalement des diptères (des mouches) mais aussi des coléoptères et même des lépidoptères, en d'autres termes, des papillons. Mégnin pense judicieux d'utiliser cette succession d'insectes pour déterminer la chronologie d'un décès. Il a raison. La technique s'avère très fiable. « On peut dater à un ou deux jours près le moment où est intervenu un décès, et ce jusqu'à huit mois après la mort ».

L'observation du pédigree des insectes est, depuis lors, devenue une priorité des enquêteurs (au même titre que le relevé des empreintes digitales et des traces ADN) lors de la découverte d'un corps. Dès l'instant du décès, les mouches communes, grises ou noires, affluent et colonisent la dépouille. Elles laissent la place à leurs cousines aux dos bleus ou verts, attirées par l'odeur émise par la putréfaction des chairs. Une troisième espèce débarque lorsque les graisses du corps se mettent à fermenter. Puis une quatrième, au moment de la dégradation des protéines contenues dans les muscles. Une cinquième escouade est irrépressiblement attirée par l'odeur d'ammoniaque qui se dégage alors. Une autre espèce pointe le bout du nez quand le stade de décomposition est plus avancé. Les deux dernières, ressemblant à des fourmis déguisées en scarabées, achèvent de nettoyer le corps, jusqu'à ce qu'il ne reste pratiquement plus rien sur le squelette.

Évidemment, certaines espèces peuvent se croiser, voire se mélanger. Les enquêteurs font alors décanter les choses. « Nous prélevons le sol sous le corps. En général les insectes pondent là des œufs qui se développent en se nourrissant des éléments organiques présents sur place. Nous attendons, pendant deux à trois jours, l'éclosion des pupes (les larves des mouches) et observons l'espèce qui en sort. En fonction de quoi, nous disposons d'éléments de datation très précis ».

Des insectes mais aussi des... micro-algues

Ces explications, un brin glaçantes, le gendarme au look de Kojak (visage affable, crâne dégarni) les délivre sans ciller. Depuis six ans que ce chef d'escadron travaille ici, Laurent Dourel le reconnaît lui-même « (s)on rapport à la mort a évolué ». Il confie s'être blindé intérieurement. À ses yeux, « le plus dur n'est cependant pas la scène de crime, mais plutôt la découverte d'une petite mamie décédée chez elle, oubliée de tous. Et bien sûr les catastrophes impliquant un grand nombre de tués », poursuit-il. Le scientifique a travaillé à la fois sur l'identification des victimes françaises du tsunami de 2004, dans le Sud-Est asiatique et sur le crash aérien du vol 9525 de la Germanwings en mars 2015. « Des expériences dures qui ont laissé des traces », évacue pudiquement l'intéressé.

Le travail des biologistes du département « Faune Flore Forensiques » ne se réduit pas à la culture des mouches. « Nous nous intéressons à tous les bio-indicateurs susceptibles de nous apporter des informations sur les conditions d'un décès », poursuit l'officier de gendarmerie. Ansi en va-t-il des diatomées, des micro-algues dont la présence dans les tissus (les poumons, mais aussi le foie) permet de déterminer si un individu est mort par noyade. « Pour le moment, cette technique, mise au point aux États-Unis pendant la dernière guerre, n'est valable que pour les décès intervenus dans l'eau douce. Mais nous développons aujourd'hui une variante qui pourrait s'appliquer à la détection de noyades en mer », complète le major Jean-Bernard Myskowiak. Certains meurtriers qui jettent leur victime à l'eau en espérant faire croire à une mort accidentelle pourraient ainsi être confondus.

Dans le même esprit, Laurent Dourel s'intéresse aussi aux pollens. « Ils peuvent souvent jouer le rôle de marqueur pour nous aider à localiser l'endroit où est survenu le décès. Ou encore les lieux où le suspect est passé », poursuit-il. Cette technique d'enquête développée depuis 1959 permet de déterminer si un corps a été déplacé.

D'autres micro-organismes pourraient être mobilisés sous peu. « Nous nous intéressons aux microbes intestinaux et aux bactéries avec, chaque fois, la même idée : déterminer en quoi ces bio-marqueurs peuvent être utiles à nos enquêteurs », confie Laurent Dourel. Après avoir conduit de nombreux travaux sur la génétique humaine aux fins d'identification, les chercheurs du département 3F de l'IRCGN misent désormais beaucoup sur l'exploitation de l'ADN non humain. « Qu'elle soit d'origine végétale ou animale, une trace génétique retrouvée sur un corps ouvre des perspectives infinies pour les enquêteurs », affirme le commandant Dourel. Un jour viendra peut-être où chats, chiens et même ficus deviendront des « témoins judiciaires » !

Sources :
https://www.rfi.fr/fr/podcasts/c-est-dans-ta-nature/20220115-la-mouche-du-gendarme?fbclid=IwAR0F9qN3cbM87ug0-Qce5gKIilk--6INB0L2jhQB514wE2c_TLBRUe1meM8&ref=tw

https://www.lepoint.fr/high-tech-internet/des-mouches-au-service-de-la-gendarmerie-26-07-2019-2326950_47.php