Une manifestation a lieu à San Luis Potosi, dans le nord du Mexique. Caché derrière un terre-plein, un tireur embusqué prend pour cible les policiers. Touché, l'un d'eux tombe à terre. Trois véhicules forment un cercle de protection autour de la victime. Les manifestants se dispersent. Des agents lancent des grenades lacrymogènes sur l'assaillant pendant que d'autres contournent l'agresseur, puis le neutralisent.
« Exercice réussi », se félicite François Dubeau, lieutenant-colonel de la gendarmerie mobile de Rennes, dans l'enceinte de l'Académie de la police fédérale, plantée dans un quartier populaire de San Luis Potosi. Comme lui, neuf autres instructeurs français y ont formé, du 28 avril au 6 juin, les 198 premiers sous-officiers de la gendarmeria. Lancé mi-juillet, ce nouveau corps de sécurité publique, inspiré du modèle hexagonal, est au coeur de la réorientation stratégique de la lutte contre les cartels de la drogue.
« Un tiers de théorie et deux tiers de pratique, souvent en conditions réelles », résume le lieutenant-colonel Dubeau, les traits tirés à la fin de six semaines d'un stage intensif. Ses élèves encadreront les 4 000 gendarmes bientôt déployés sur le territoire. « Ils seront 10 000 d'ici quatre ans à rejoindre les rangs des 38 000 policiers fédéraux », explique Monica Reza, capitaine de police et sous-directrice de l'académie.
Durant le Second Empire, la gendarmerie participait à tous les corps expéditionnaires projetés sur les différents théâtres d’opérations.
Dans ces campagnes, elle assure sa mission traditionnelle de police aux armées mais son rôle ne se limite pas seulement à la prévôté. Ainsi, en Crimée, le régiment à pied de gendarmerie de la garde impériale prend part aux combats de 1855 lors du siège de Sébastopol. Au Mexique, les gendarmes sont confrontés à une situation radicalement différente marquée par une longue guerre civile favorisant la guérilla et la tentative d’établissement d’un empire confié à un monarque européen.
Entre décembre 1861 et mars 1867, la gendarmerie impériale de Napoléon III fournit une force publique attachée au corps expéditionnaire du Mexique.
Ses activités ne se limitent pas à la prévôté mais s’étendent aux opérations militaires dans un contexte de conflit asymétrique. Certains gendarmes sont ainsi amenés à combattre l’ennemi. Grâce aux registres de la troupe, il est possible de dresser le portrait de ces hommes et de constater que le recrutement de la prévôté s’opère directement dans le corps expéditionnaire. Par ailleurs, cette force publique se voit confier la mission originale de mettre sur pied une gendarmerie impériale mexicaine au service de l’empereur Maximilien. Ce modèle d’exportation témoigne de l’intérêt du commandement pour la gendarmerie en matière de sécurisation de territoire dans la perspective d’une sortie de crise. (Source Benoît Haberbusch
http://rha.revues.org/6910 )
Toutefois, cette formation ne survit pas au retrait du corps expéditionnaire français... mais reprendra vie en 2014