Philippe Narconti, 53 ans, qui vit sur un bateau sur le canal à Palavas-les-Flots (34), a sauvé mercredi une maman et ses deux enfants de la noyade. Ils étaient coincés dans leur véhicule qui était tombé à l’eau…
Je n’ai pas eu peur de me noyer. Mais j’ai surtout eu peur de ne pas pouvoir les sauver» explique Philippe Narconti, 53 ans, un ancien illustrateur de presse de Franche Comté qui, mercredi, a plongé dans les eaux froides du Lez pour sortir d’une voiture, une mère et ses deux enfants âgés de 10 et 11 ans. La mère de famille, désespérée, avait décidé d’en finir en précipitant sa Twingo dans le fleuve à Palavas-les-Flots, non loin du bateau où vit Philippe. «Ce sont les cris des enfants qui m’ont alerté. J’ai couru et puis j’ai sauté dans l’eau. Je ne suis pas un bon nageur. Je nage un peu comme les chiens. Je savais que je n’avais pas plus de 3 à 4 minutes d’énergie à dépenser pour les sauver. Après, j’allais couler» raconte-t-il.
Quand il arrive à hauteur de la voiture noyée, les enfants sont à la fenêtre de la voiture. Il parvient à les extraire. Mais les petits crient qu’il reste encore quelqu’un. «La femme était au volant. Heureusement, elle ne s’est pas débattue, sinon c’était une cause perdue. J’ai réussi à la tirer vers la berge. Sur la fin, je n’avais plus de force pour nager. J’allais couler. C’est à ce moment-là qu’elle s’est ressaisie et nous avons pu sortir de l’eau» poursuit-il.
Une fois sur la berge puis en bordure d’une route, les naufragés du Lez, trempés, grelottants, font des signes désespérés aux automobilistes qui reviennent de faire leurs courses dans le supermarché voisin. Mais personne ne s’arrête. Six à sept voitures, passent, ralentissent un peu, puis repartent. Ce sont les occupants d’un véhicule des services techniques de la ville de Palavas qui donneront l’alerte.
«Aujourd’hui, au lendemain de cette belle aventure, je me sens très fatigué. J’ai des bouffées d’émotion qui me remontent. C’est une sensation étrange», explique-t-il simplement.
Au moment où il sauvait cette famille, il exécutait une illustration de Saint-Christophe portant le Christ pour traverser un gué. Il va reprendre ce dessin un peu plus tard. Pour l’instant, il savoure, le soir qui descend, incandescent sur les roseaux. Il parle avec poésie des merveilleux levers de soleil de ce coin de paradis, de son petit voilier de six mètres, humide et froid en hiver. Aujourd’hui, il vit coupé du monde. Dans le sauvetage, son téléphone portable est tombé à l’eau. Il n’en prend pas ombrage. Le plus important, dit-il, c’est que j’ai réussi à les sauver.
«Maman, pourquoi t'as fait ça ?»
La mère de famille était au bout du rouleau au moment où elle a jeté sa voiture dans l’eau en franchissant la berge après une manœuvre hasardeuse en pleine route. Dépressive, elle souhaitait en finir avec la vie. «Maman, pourquoi t’as fait ça ?» questionnaient ses deux jeunes garçons, trempés et en pleurs sur le petit embarcadère rouillé qui leur a permis de remettre les pieds sur la terre ferme et dans la vie. La mère de famille, en état de choc, a été hospitalisée à Montpellier. Elle s’y trouvait encore hier soir. Les deux enfants ont été pris en charge. Ils continueront de vivre grâce au Saint Christophe des quatre canaux, humble et providentiel. C.G.
Christian Goutorbe
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