Auteur Sujet: petit poème pour les "brancardiers"  (Lu 1784 fois)

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Hors ligne mastermedic

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petit poème pour les "brancardiers"
« le: 17 janvier 2009, 11:42:24 »
Je ne suis qu’un brancardier  ::)
 
Debout dans l’eau jusqu’à la poitrine, sous une pluie gelée qui vous fouette le corps. En train de garder sa tête hors de l’eau pour l’empêcher de se noyer, en attendant que d’autres secours la détache.
 Mais je ne suis qu’un brancardier.
 
En train de rassurer une femme de 89 ans, qui vient de nous voir, mon partenaire et moi même recouvrir d’un linge blanc son compagnon de 64 ans, alors qu’il gît mort sur le carrelage de la salle de bain.
 Mais je ne suis qu’un brancardier.
 
Sur la scène d’un AVP, avec une mère coincée dans sa voiture retournée, le corps de son fils gisant sur elle, sans considération pour ma propre sécurité, je rampe dans la carcasse pour prendre le contrôle de sa tête, tout en essayant de la calmer.
 Mais je ne suis qu’un brancardier.
 
M’apprêtant à manger mon repas réchauffé, répondant à un appel au milieu de nul part, dans une maison sans numéro, ni lumière, personne ne nous attendant dehors… Et ils se plaignent, car ils nous a fallu du temps pour les trouver, alors que le patient est parti dans son propre véhicule il y a dix minutes. On sourit et on repart vers l’ambulance tout en se faisant insulter. Mais je ne suis qu’un brancardier.
 
Etant au beau milieu de la route, à minuit, dans un cartier mal famé, entrain d’essayer d’endiguer l’hémorragie et boucher les trous sur un gamin de dix-neuf ans « victime » de coups de feu, alors que les balles fusent autour de nous, car nous ne voulons pas le laisser « crever ».
Mais je ne suis qu’un brancardier.
 
En train de faire des compressions thoraciques sur une jeune fille de seize ans, qui a décidé que la vie ne valait pas le coup. Sa famille qui nous hurle dessus comme si nous étions responsables. Son corps  tressaillant alors qu’on l’intube et que l’on pose une VVP, mes bras et mon dos hurlant de douleur après trente minutes de réanimation sans jamais abandonner, espérant toujours qu’elle revienne de ce mauvais choix.
Mais je ne suis qu’un brancardier. 
 
La mort rôde autour de moi. Et pourtant je retourne à la maison vivre ma vie.
On me tape, crache, saigne, chie et vomit dessus.
Je regarde dans les yeux mort d’un enfant à sept heure du mat’ et à huit heure du soir, j’embrasse mon enfant plus fort que d’habitude sans qu’il n’en sache rien.
J’ai des centaines d’heures de cours, des années d’expérience du terrain.
Je challenge la Mort et je gagne parfois.
J’aide ceux qui ne peuvent s’aider.
Je néglige ma famille pour vous.
Je suis à l’aise dans le chaos complet.
Je mange des plats froids, quand j’arrive à manger.
Je travaille sans sommeil, des jours sans fin.
Je rate les anniversaires, les vacances et activités scolaires.
Je me mets en danger tous les jours pour des inconnus.
 
Tout ceci parce que
Je ne suis qu’un brancardier…
 
Je conduis à 150 km/h à travers la circulation, avec ces gens qui refusent de me céder la priorité, pendant que mon coéquipier est debout sans ceinture à l’arrière de ce missile sol-air en train de sauver vos proches.
Pas une fois il me reprochera ma façon de conduire, il sait qu’à la fin de la journée il rentrera à la maison voir sa famille parce qu’on est
Que des brancardiers.

 :calimero:



Hors ligne guillaume 27

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Re : petit poème pour les "brancardiers"
« Réponse #1 le: 26 décembre 2009, 13:56:52 »
tres jolie poeme

Hors ligne Rusty

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Re : petit poème pour les "brancardiers"
« Réponse #2 le: 27 décembre 2009, 13:40:45 »
Et tellement vrai  :'(