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Gendarmerie Nationale / Re : Les chiens dans la gendarmerie, une histoire méconnue
« Dernier message par Jeano 11 le 06 juillet 2025, 11:39:21 »Pierre, dresseur-instructeur au Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie : le choix d’un métier passion
L’adjudant Pierre exerce le métier de dresseur-instructeur au Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie (CNICG), à Gramat, dans le Lot. À la fois gendarme et cynotechnicien, le sous-officier évoque ce métier hors du commun, alliant passion et engagement.
« J’exerce un métier passion. J’apprends et progresse chaque jour ! », confie d’emblée l’adjudant Pierre. Né dans les Yvelines (78), il y a trente-sept ans, Pierre se destine très tôt à devenir gendarme. « Je n’avais pas dix ans lorsque j’ai participé à une Journée Portes ouvertes organisée par la Garde Républicaine, au quartier des Célestins, à Paris. Ma vocation est née ce jour-là. C’est alors que j’ai décidé de devenir gendarme. » Son amour pour les chiens fera le reste.
Après des débuts en qualité de suppléant maître de chien au sein du Peloton de surveillance et d’intervention de gendarmerie (PSIG) de Biganos (33), Pierre intègre la Marine nationale. Durant cinq ans et demi, il exerce en tant que fusilier marin spécialisé cynotechnicien. En 2015, il réintègre les rangs de la gendarmerie, direction l’école de sous-officiers de Châteaulin, dans le Finistère (29). Ce retour aux sources s’impose à lui comme une évidence. « Je suis profondément attaché aux valeurs de l’Institution, ainsi qu’au fait de travailler sur le territoire national. »
À l’issue de sa formation, Pierre rejoint l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) de Hyères-les-Palmiers, dans le Var (83). Ses compétences cynothechniques le conduisent rapidement vers d’autres fonctions. C’est ainsi qu’il intègre, en 2017, le Groupe d’investigation cynophile (GIC) de Salon-de-Provence, dans les Bouches-du-Rhône (13). En 2019, Pierre franchit la porte du Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie (CNICG), à Gramat, dans le Lot (46), où il est nommé dresseur-instructeur. C’est le début d’une nouvelle aventure. « Instructeur à Gramat, c’est le Graal dans une carrière de cynotechnicien ! »
La passion du chien
Pierre acquiert son premier chien alors qu’il est en poste au GIC de Salon-de-Provence. « Kyron, magnifique berger belge malinois, était spécialisé dans la recherche d’explosifs sur personne en mouvement. Il était extraordinaire, se souvient-il. Très courageux mentalement, ce chien a été engagé sur des missions d’envergure. Il vivait au sein de la famille, dont il était un membre à part entière. »
En 2019, Pierre se met en quête d’un second chien de travail. « Les militaires exerçant au sein d’un GIC possèdent souvent deux chiens, issus de technicités différentes », explique-t-il. C’est ainsi que Panache, jeune malinoise de neuf semaines, rejoint à son tour la famille de Pierre. Destinée à la technicité « recherche de produits stupéfiants », la chienne provient de l’élevage professionnel du Banc des Hermelles, qui jouit d’une notoriété incontestée dans le milieu du sport canin français, grâce à une sélection rigoureuse des reproducteurs.
Après avoir acquis l’animal à titre personnel, puis l’avoir éduqué, Pierre en fait don à la gendarmerie, les examens techniques et médicaux s’étant révélés concluants. « Je lui ai tout appris. Le chiot est une éponge qui absorbe et assimile toutes les informations qui lui sont présentées. Acquérir un animal âgé de seulement quelques semaines facilite grandement l’avenir. » Kyron et Panache cohabiteront durant une année, jusqu’au décès prématuré de Kyron.
« Le Malinois fait preuve d’une faculté d’apprentissage très rapide, souligne Pierre. Tout comme des athlètes de haut niveau, ces chiens suivent un entraînement intensif. Rien n’est jamais acquis ! » Depuis qu’elle a rejoint le CNICG, Panache est également chien de démonstration de la Gendarmerie nationale.
Porté par la volonté d’expérimenter une nouvelle race sur la technicité « piste chaude » (recherche de personnes disparues depuis moins de quarante-huit heures), Pierre a acquis l’an passé une chienne Staffordshire bull-terrier. Prénommé Navy, l’animal, aujourd’hui âgé d’un an, est en cours d’apprentissage. « La formation se déroule de façon progressive. Pour l’heure, Navy montre de belles capacités olfactives, relève Pierre. Si ses qualités se confirment, elle suivra la voie de Panache et intégrera également la gendarmerie. Outre les capacités intrinsèques de l’animal, la motivation est un critère essentiel à la réussite de ce challenge. » Quant à Pierre, sa détermination et sa passion pour les chiens, qui demeurent intactes après dix-sept années de service, constituent son principal moteur.
Objectif final : maîtrise, confiance et autonomie
En tant que dresseur-instructeur, Pierre a pour mission de recruter les chiens suivant des critères précis, dans la perspective de leur intégration au sein de la gendarmerie. Dans un second temps, il dresse les canidés ayant satisfait aux tests de sélection, qui présentent le potentiel pour devenir chien de travail. Cette étape, appelée « débourrage », s’étale sur une période de deux à trois mois, durant lesquels le chien fait l’apprentissage des fondamentaux. Si l’animal démontre les qualités attendues, il est alors attribué à un maître, selon plusieurs critères : technicité, environnement, tempérament ou expérience du maître, etc.
Une fois les binômes constitués, la formation initiale des équipes cynophiles démarre. Une mission qui incombe également au dresseur-instructeur. « Le chien est partiellement formé lorsqu’il rencontre son maître, lors de la cérémonie du mariage. L’apprentissage se poursuit donc à deux, durant quatorze semaines. Mon travail s’inscrit dans une réelle continuité, observe Pierre. J’assure pour l’essentiel la formation d’équipes destinées à la technicité "recherche de produits stupéfiants / défense renforcée”. Ces chiens ont pour la plupart vocation à exercer au sein d’un PSIG et sont susceptibles d’être engagés dans des environnements très dégradés. » C’est pourquoi Pierre travaille en collaboration avec le Centre national d'entraînement des forces de la gendarmerie (CNEFG), situé à Saint-Astier, en Dordogne, où les stagiaires se rendent régulièrement, afin d’accoutumer les chiens aux interventions de rétablissement de l’ordre en milieu hostile.
Les équipes cynophiles sont évaluées à la mi-stage, puis à l’issue du cursus. « L’objectif final de la formation est de donner aux équipes les outils qui leur permettront d’obtenir de bons résultats et aux maîtres d’évoluer en confiance lorsqu’ils seront sur le terrain, en totale autonomie, explique Pierre. Outre l’acquisition et la maîtrise des compétences liées à la technicité, l’obéissance est aussi un point essentiel ! Elle témoigne de la capacité du maître à contrôler son chien, mais engage aussi la crédibilité de l’équipe sur le terrain, notamment dans les situations difficiles. Elle permet en outre de renforcer le lien entre le maître et l’animal. »
Pour mener à bien ses missions, Pierre s’appuie sur une équipe d’assistants-dresseurs qui participent aux exercices et à l’entretien des chiens, et dont il assure le management.
Le rôle du dresseur-instructeur ne s’arrête pas là. Il participe également à faire vivre et rayonner le CNICG, tant à l’international qu’à l’échelle locale. « Nous organisons et animons des démonstrations canines à destination du grand public, l’objectif premier étant de créer des vocations, explique Pierre. Quant aux opportunités de voyages à l’étranger, dans le cadre de missions de coopération, elles constituent une ouverture sur l’extérieur qui est très stimulante. »
Ponctuellement, Pierre et Panache sont également engagés sur des missions opérationnelles, sur demande de la région de gendarmerie Occitanie, lorsque les effectifs cynophiles viennent à manquer. « C’est aussi l’occasion de garder contact avec le terrain ! » Un point auquel il est très attaché.
Au travers de ses différentes missions, Pierre est en lien avec l’ensemble des acteurs de la filière cynophile. « La cyno est un petit monde de passionnés. Ce sont moins de 500 équipes au total réparties sur le territoire national et représentant 0,5 % de la masse salariale de la gendarmerie, souligne-t-il. Devenir cynotechnicien, c’est une chance et un privilège ! »
Gendarme avant tout
« Le métier de dresseur-instructeur me permet de transmettre et d’apprendre chaque jour. C’est un aboutissement, après un parcours entièrement dévolu à la cynotechnie », confie Pierre.
Comme tous les métiers passion, celui-ci implique un engagement total. « C’est un gros investissement. Il faut être très travailleur et rigoureux, mais aussi très disponible. Il faut être présent, notamment lorsque l’animal est malade. La patience est primordiale. Le dresseur-instructeur doit aussi savoir se remettre en question, se poser les bonnes questions et faire preuve d’ouverture d’esprit, indique Pierre. À la différence de l’instruction classique, il y a dans cette fonction une dimension affective liée à la relation que nous développons avec les chiens lors du débourrage. C’est un paramètre qu’il nous faut gérer lorsque le nouveau maître entre en scène. En résumé, la fonction requiert des qualités, notamment pédagogiques, que doit posséder n’importe instructeur, auxquelles s’ajoutent de fortes spécificités. La complexité, mais aussi la richesse du métier, résident dans sa dimension multidimensionnelle. Il est à la fois question de relation au chien, à l’humain, mais aussi d’interaction entre les deux. »
« Rôle commercial, dans le cadre du recrutement des chiens auprès de son réseau de fournisseurs canins, rôle pédagogique, ou encore chef militaire… Le dresseur-instructeur a plusieurs cordes à son arc, note le chef d'escadron (CEN) Damien Courton, chef du département formation – opérations au sein du CNICG. La fonction nécessite une grande autonomie ».
Tout au long de son parcours professionnel, Pierre a côtoyé de nombreuses technicités cynotechniques. C’est ainsi qu’il a acquis une solide expérience et développé des facultés d’adaptation, aujourd’hui essentielles dans l’exercice de sa fonction.
Le partage et les nombreux échanges entre dresseurs-instructeurs du centre tiennent aussi une place importante. « Nous sommes 24 au total. Nos méthodes pédagogiques diffèrent parfois. Nous confrontons ainsi nos visions et nos connaissances, et nous nous nourrissons de nos expériences respectives. »
Alors que la mission de Pierre au Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie devrait prochainement toucher à sa fin, le dresseur-instructeur envisage l’avenir des projets plein la tête. Avec l’envie, tout d’abord, de rejoindre un jour le Groupe national d’investigation cynophile de la gendarmerie (GNICG), également basé à Gramat, et seule unité en France spécialisée dans la recherche de restes humains. « Ce serait pour moi l’occasion de découvrir une nouvelle technicité, et ainsi de poursuivre mon évolution. » Pierre aspire aussi à renouer avec le terrain. « Je suis avant tout gendarme, insiste-t-il. Je suis passionné par la cynotechnie, mais le suis tout autant de mon métier de gendarme. »
Mais pour l’heure, il entame un nouveau débourrage avec un jeune chien spécialisé dans la recherche de données de supports numériques, une toute nouvelle technicité développée en gendarmerie depuis 2024. Il fait ainsi équipe avec Gone, un berger belge malinois de quinze mois, dont il a fait l’acquisition en mai 2025. Nouveau challenge en perspective pour ce passionné !
NOTA : Le métier de dresseur-instructeur au CNICG s’adresse aux sous-officiers maîtres de chien expérimentés, passionnés par le travail cynophile et désireux de transmettre leur savoir. Être moniteur homme d’attaque ou volontaire pour le devenir est un atout essentiel. Ce poste requiert un sens pédagogique affirmé, une grande autonomie, des capacités d’organisation éprouvées et une curiosité constante pour l’ensemble des technicités cynophiles enseignées. Le dresseur-instructeur recrute et débourre ses chiens, encadre des formations, participe à des missions de rayonnement en France et à l’étranger, et prend part à des démonstrations publiques de haut niveau. Une semaine de tests probatoires permet d’évaluer les compétences en détection, le recrutement et la prise en main d’un chien, l’animation d’un groupe de stagiaires et la capacité à exposer clairement un sujet technique. Rejoindre le CNICG, c’est s’investir dans un métier exigeant mais valorisant, au cœur de l’excellence cynotechnique de la gendarmerie.
Pour plus d’informations, adressez un e-mail à l’adresse dfo.org@gendarmerie.interieur.gouv.fr
https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/temoignages/pierre-dresseur-instructeur-au-centre-national-d-instruction-cynophile-de-la-gendarmerie-le-choix-d-un-metier-passion
Par Hélène THIN
Publié le 17 juin 2025
L’adjudant Pierre exerce le métier de dresseur-instructeur au Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie (CNICG), à Gramat, dans le Lot. À la fois gendarme et cynotechnicien, le sous-officier évoque ce métier hors du commun, alliant passion et engagement.
« J’exerce un métier passion. J’apprends et progresse chaque jour ! », confie d’emblée l’adjudant Pierre. Né dans les Yvelines (78), il y a trente-sept ans, Pierre se destine très tôt à devenir gendarme. « Je n’avais pas dix ans lorsque j’ai participé à une Journée Portes ouvertes organisée par la Garde Républicaine, au quartier des Célestins, à Paris. Ma vocation est née ce jour-là. C’est alors que j’ai décidé de devenir gendarme. » Son amour pour les chiens fera le reste.
Après des débuts en qualité de suppléant maître de chien au sein du Peloton de surveillance et d’intervention de gendarmerie (PSIG) de Biganos (33), Pierre intègre la Marine nationale. Durant cinq ans et demi, il exerce en tant que fusilier marin spécialisé cynotechnicien. En 2015, il réintègre les rangs de la gendarmerie, direction l’école de sous-officiers de Châteaulin, dans le Finistère (29). Ce retour aux sources s’impose à lui comme une évidence. « Je suis profondément attaché aux valeurs de l’Institution, ainsi qu’au fait de travailler sur le territoire national. »
À l’issue de sa formation, Pierre rejoint l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) de Hyères-les-Palmiers, dans le Var (83). Ses compétences cynothechniques le conduisent rapidement vers d’autres fonctions. C’est ainsi qu’il intègre, en 2017, le Groupe d’investigation cynophile (GIC) de Salon-de-Provence, dans les Bouches-du-Rhône (13). En 2019, Pierre franchit la porte du Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie (CNICG), à Gramat, dans le Lot (46), où il est nommé dresseur-instructeur. C’est le début d’une nouvelle aventure. « Instructeur à Gramat, c’est le Graal dans une carrière de cynotechnicien ! »
La passion du chien
Pierre acquiert son premier chien alors qu’il est en poste au GIC de Salon-de-Provence. « Kyron, magnifique berger belge malinois, était spécialisé dans la recherche d’explosifs sur personne en mouvement. Il était extraordinaire, se souvient-il. Très courageux mentalement, ce chien a été engagé sur des missions d’envergure. Il vivait au sein de la famille, dont il était un membre à part entière. »
En 2019, Pierre se met en quête d’un second chien de travail. « Les militaires exerçant au sein d’un GIC possèdent souvent deux chiens, issus de technicités différentes », explique-t-il. C’est ainsi que Panache, jeune malinoise de neuf semaines, rejoint à son tour la famille de Pierre. Destinée à la technicité « recherche de produits stupéfiants », la chienne provient de l’élevage professionnel du Banc des Hermelles, qui jouit d’une notoriété incontestée dans le milieu du sport canin français, grâce à une sélection rigoureuse des reproducteurs.
Après avoir acquis l’animal à titre personnel, puis l’avoir éduqué, Pierre en fait don à la gendarmerie, les examens techniques et médicaux s’étant révélés concluants. « Je lui ai tout appris. Le chiot est une éponge qui absorbe et assimile toutes les informations qui lui sont présentées. Acquérir un animal âgé de seulement quelques semaines facilite grandement l’avenir. » Kyron et Panache cohabiteront durant une année, jusqu’au décès prématuré de Kyron.
« Le Malinois fait preuve d’une faculté d’apprentissage très rapide, souligne Pierre. Tout comme des athlètes de haut niveau, ces chiens suivent un entraînement intensif. Rien n’est jamais acquis ! » Depuis qu’elle a rejoint le CNICG, Panache est également chien de démonstration de la Gendarmerie nationale.
Porté par la volonté d’expérimenter une nouvelle race sur la technicité « piste chaude » (recherche de personnes disparues depuis moins de quarante-huit heures), Pierre a acquis l’an passé une chienne Staffordshire bull-terrier. Prénommé Navy, l’animal, aujourd’hui âgé d’un an, est en cours d’apprentissage. « La formation se déroule de façon progressive. Pour l’heure, Navy montre de belles capacités olfactives, relève Pierre. Si ses qualités se confirment, elle suivra la voie de Panache et intégrera également la gendarmerie. Outre les capacités intrinsèques de l’animal, la motivation est un critère essentiel à la réussite de ce challenge. » Quant à Pierre, sa détermination et sa passion pour les chiens, qui demeurent intactes après dix-sept années de service, constituent son principal moteur.
Objectif final : maîtrise, confiance et autonomie
En tant que dresseur-instructeur, Pierre a pour mission de recruter les chiens suivant des critères précis, dans la perspective de leur intégration au sein de la gendarmerie. Dans un second temps, il dresse les canidés ayant satisfait aux tests de sélection, qui présentent le potentiel pour devenir chien de travail. Cette étape, appelée « débourrage », s’étale sur une période de deux à trois mois, durant lesquels le chien fait l’apprentissage des fondamentaux. Si l’animal démontre les qualités attendues, il est alors attribué à un maître, selon plusieurs critères : technicité, environnement, tempérament ou expérience du maître, etc.
Une fois les binômes constitués, la formation initiale des équipes cynophiles démarre. Une mission qui incombe également au dresseur-instructeur. « Le chien est partiellement formé lorsqu’il rencontre son maître, lors de la cérémonie du mariage. L’apprentissage se poursuit donc à deux, durant quatorze semaines. Mon travail s’inscrit dans une réelle continuité, observe Pierre. J’assure pour l’essentiel la formation d’équipes destinées à la technicité "recherche de produits stupéfiants / défense renforcée”. Ces chiens ont pour la plupart vocation à exercer au sein d’un PSIG et sont susceptibles d’être engagés dans des environnements très dégradés. » C’est pourquoi Pierre travaille en collaboration avec le Centre national d'entraînement des forces de la gendarmerie (CNEFG), situé à Saint-Astier, en Dordogne, où les stagiaires se rendent régulièrement, afin d’accoutumer les chiens aux interventions de rétablissement de l’ordre en milieu hostile.
Les équipes cynophiles sont évaluées à la mi-stage, puis à l’issue du cursus. « L’objectif final de la formation est de donner aux équipes les outils qui leur permettront d’obtenir de bons résultats et aux maîtres d’évoluer en confiance lorsqu’ils seront sur le terrain, en totale autonomie, explique Pierre. Outre l’acquisition et la maîtrise des compétences liées à la technicité, l’obéissance est aussi un point essentiel ! Elle témoigne de la capacité du maître à contrôler son chien, mais engage aussi la crédibilité de l’équipe sur le terrain, notamment dans les situations difficiles. Elle permet en outre de renforcer le lien entre le maître et l’animal. »
Pour mener à bien ses missions, Pierre s’appuie sur une équipe d’assistants-dresseurs qui participent aux exercices et à l’entretien des chiens, et dont il assure le management.
Le rôle du dresseur-instructeur ne s’arrête pas là. Il participe également à faire vivre et rayonner le CNICG, tant à l’international qu’à l’échelle locale. « Nous organisons et animons des démonstrations canines à destination du grand public, l’objectif premier étant de créer des vocations, explique Pierre. Quant aux opportunités de voyages à l’étranger, dans le cadre de missions de coopération, elles constituent une ouverture sur l’extérieur qui est très stimulante. »
Ponctuellement, Pierre et Panache sont également engagés sur des missions opérationnelles, sur demande de la région de gendarmerie Occitanie, lorsque les effectifs cynophiles viennent à manquer. « C’est aussi l’occasion de garder contact avec le terrain ! » Un point auquel il est très attaché.
Au travers de ses différentes missions, Pierre est en lien avec l’ensemble des acteurs de la filière cynophile. « La cyno est un petit monde de passionnés. Ce sont moins de 500 équipes au total réparties sur le territoire national et représentant 0,5 % de la masse salariale de la gendarmerie, souligne-t-il. Devenir cynotechnicien, c’est une chance et un privilège ! »
Gendarme avant tout
« Le métier de dresseur-instructeur me permet de transmettre et d’apprendre chaque jour. C’est un aboutissement, après un parcours entièrement dévolu à la cynotechnie », confie Pierre.
Comme tous les métiers passion, celui-ci implique un engagement total. « C’est un gros investissement. Il faut être très travailleur et rigoureux, mais aussi très disponible. Il faut être présent, notamment lorsque l’animal est malade. La patience est primordiale. Le dresseur-instructeur doit aussi savoir se remettre en question, se poser les bonnes questions et faire preuve d’ouverture d’esprit, indique Pierre. À la différence de l’instruction classique, il y a dans cette fonction une dimension affective liée à la relation que nous développons avec les chiens lors du débourrage. C’est un paramètre qu’il nous faut gérer lorsque le nouveau maître entre en scène. En résumé, la fonction requiert des qualités, notamment pédagogiques, que doit posséder n’importe instructeur, auxquelles s’ajoutent de fortes spécificités. La complexité, mais aussi la richesse du métier, résident dans sa dimension multidimensionnelle. Il est à la fois question de relation au chien, à l’humain, mais aussi d’interaction entre les deux. »
« Rôle commercial, dans le cadre du recrutement des chiens auprès de son réseau de fournisseurs canins, rôle pédagogique, ou encore chef militaire… Le dresseur-instructeur a plusieurs cordes à son arc, note le chef d'escadron (CEN) Damien Courton, chef du département formation – opérations au sein du CNICG. La fonction nécessite une grande autonomie ».
Tout au long de son parcours professionnel, Pierre a côtoyé de nombreuses technicités cynotechniques. C’est ainsi qu’il a acquis une solide expérience et développé des facultés d’adaptation, aujourd’hui essentielles dans l’exercice de sa fonction.
Le partage et les nombreux échanges entre dresseurs-instructeurs du centre tiennent aussi une place importante. « Nous sommes 24 au total. Nos méthodes pédagogiques diffèrent parfois. Nous confrontons ainsi nos visions et nos connaissances, et nous nous nourrissons de nos expériences respectives. »
Alors que la mission de Pierre au Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie devrait prochainement toucher à sa fin, le dresseur-instructeur envisage l’avenir des projets plein la tête. Avec l’envie, tout d’abord, de rejoindre un jour le Groupe national d’investigation cynophile de la gendarmerie (GNICG), également basé à Gramat, et seule unité en France spécialisée dans la recherche de restes humains. « Ce serait pour moi l’occasion de découvrir une nouvelle technicité, et ainsi de poursuivre mon évolution. » Pierre aspire aussi à renouer avec le terrain. « Je suis avant tout gendarme, insiste-t-il. Je suis passionné par la cynotechnie, mais le suis tout autant de mon métier de gendarme. »
Mais pour l’heure, il entame un nouveau débourrage avec un jeune chien spécialisé dans la recherche de données de supports numériques, une toute nouvelle technicité développée en gendarmerie depuis 2024. Il fait ainsi équipe avec Gone, un berger belge malinois de quinze mois, dont il a fait l’acquisition en mai 2025. Nouveau challenge en perspective pour ce passionné !
NOTA : Le métier de dresseur-instructeur au CNICG s’adresse aux sous-officiers maîtres de chien expérimentés, passionnés par le travail cynophile et désireux de transmettre leur savoir. Être moniteur homme d’attaque ou volontaire pour le devenir est un atout essentiel. Ce poste requiert un sens pédagogique affirmé, une grande autonomie, des capacités d’organisation éprouvées et une curiosité constante pour l’ensemble des technicités cynophiles enseignées. Le dresseur-instructeur recrute et débourre ses chiens, encadre des formations, participe à des missions de rayonnement en France et à l’étranger, et prend part à des démonstrations publiques de haut niveau. Une semaine de tests probatoires permet d’évaluer les compétences en détection, le recrutement et la prise en main d’un chien, l’animation d’un groupe de stagiaires et la capacité à exposer clairement un sujet technique. Rejoindre le CNICG, c’est s’investir dans un métier exigeant mais valorisant, au cœur de l’excellence cynotechnique de la gendarmerie.
Pour plus d’informations, adressez un e-mail à l’adresse dfo.org@gendarmerie.interieur.gouv.fr
https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/temoignages/pierre-dresseur-instructeur-au-centre-national-d-instruction-cynophile-de-la-gendarmerie-le-choix-d-un-metier-passion
Par Hélène THIN
Publié le 17 juin 2025