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Gendarmerie Nationale / Re : 1791… et la gendarmerie nationale fut !
« Dernier message par Jeano 11 le 16 mars 2022, 20:21:24 »UN PEU D’HISTOIRE
«C’est une grave erreur de croire que la gendarmerie nationale est née en 1791. Elle est née en 1720 ; elle s’appelait Maréchaussée ; elle était déjà « nationale » ». Par ces mots, le général historien Georges Philippot a souhaité souligner la portée historique de la réforme du secrétaire d’État à la Guerre Claude Le Blanc (1669-1728).
Avec l’extension à tout le royaume du maillage des brigades, cette institution est effectivement devenue la première force de sécurité à vocation nationale. Mais, 300 ans plus tard, quel héritage reste-t-il des textes qui ont façonné le modèle de la brigade de gendarmerie « à la française » ?
Un premier siècle de maturation du maillage territorial (1720-1815)
Si les réformes de 1720, 1769 et 1778 posent les bases du maillage territorial et du logement en caserne, la densification spatiale des brigades n’intervient qu’au cours des décennies suivantes.
À la veille de la Révolution française, les 880 brigades implantées en ville le long des axes de communication ne sont pas encore en capacité d’exercer une surveillance efficace sur tout le royaume.
C’est d’ailleurs ce que déplorent en 1789 certains cahiers de doléances, comme à Nantes, à Rouen, à Rodez ou à Bignac (Charente) où l’on se plaint de ne jamais voir les cavaliers
de la maréchaussée.
Le processus s’accélère sous la Révolution française. La loi fondatrice de la gendarmerie nationale du 16 février 1791 institue 15 brigades par départements, soit près de 1 300 unités, et celle du 29 avril 1792 prévoit d’agir « le plus promptement possible » afin d’atteindre 1 600 brigades. En 1798, la loi du 28 germinal an VI précise que l’Arme est destinée « à l’intérieur de la République (...) à la sûreté des campagnes et des grandes routes ».
Cette période, marquée par les périls intérieurs et les conquêtes extérieures, contribue à attribuer à la brigade une valeur plus tactique. Pour mieux contrôler les nouvelles conquêtes, un véritable réseau est implanté le long des voies de communication. En Belgique, avant d’installer 200 unités en 1796, le général Wirion dresse l’inventaire cartographique des routes à surveiller et des zones à patrouiller dans les nouveaux départements. En France, Bonaparte crée en 1800 un réseau dense de 200 brigades dans l’Ouest pour lutter contre la chouannerie.
Après l’avènement de l’Empire, Napoléon confie au général Radet le soin d’implanter des brigades dans les nouvelles conquêtes, notamment en Italie, en Allemagne et en Hollande. La valeur tactique des gendarmes pour contrôler le territoire a été résumée par l’empereur lui-mŒme : « 2 à 300 hommes de cavalerie de plus ou de moins ne sont rien. 200 gendarmes de plus assurent la tranquillité de l’armée et le bon ordre ».
En quelques années, le nombre des brigades triple pour atteindre 2 900 en 1810, avec un total de 18 503 hommes. « On ne fait, pour ainsi dire, point un pas sur le territoire de la République, sans rencontrer un gendarme », se félicite dès février 1804 le général Moncey, conscient de la valeur de ce réseau pour le renseignement. Un autre texte de l’époque considère que la gendarmerie doit être comme « un filet étendu sur la surface de l’Empire. »
Toutefois, ce résultat impressionnant relève plutôt du trompe-l’œil. Tout d’abord, il existe souvent un décalage entre les objectifs fixés et les réalisations concrètes, en raison des difficultés de financement, de recrutement ou même à trouver des bâtiments. De plus, les effectifs dans les brigades sont rarement au complet à cause des nombreuses ponctions liées à l’effort de guerre (prévôtés, unités combattantes). Enfin, les créations d’unités se diluent dans une France plus vaste qui atteint 130 départements au plus fort de l’extension impériale en 1810. À la chute de l’Empire, le nombre des brigades redescend à 2091, mais la nation a été ramenée à ses frontières de 1790.
Un deuxième siècle d’affirmation de la brigade polyvalente proche des Français 1815-1920)
Au début du XIXe siècle, la Seconde Restauration n’apparaît guère favorable à l’extension du maillage des brigades dont le nombre passe de 2 091 en 1816 à 2 261 en 1830. En revanche, la Monarchie de Juillet se montre plus attentive à surveiller l’Ouest et la vallée du Rhône où son pouvoir est contesté. D’autres régions apparaissent plus délaissées, comme le littoral de la Manche et le Sud-Ouest qui, hormis quelques pôles isolés, se prolonge sur un axe nord-est, préfigurant ainsi la « diagonale du vide ».
En 1834, le ministre de la Guerre Soult célèbre pourtant « cette force attachée au sol, mêlée aux habitudes des campagnes.
Source : Revue de la Gendarmerie Nationale
https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/crgn/content/download/1365/document/REVUE_269_Brigades_territoriales.pdf?inLanguage=fre-FR&version=10
«C’est une grave erreur de croire que la gendarmerie nationale est née en 1791. Elle est née en 1720 ; elle s’appelait Maréchaussée ; elle était déjà « nationale » ». Par ces mots, le général historien Georges Philippot a souhaité souligner la portée historique de la réforme du secrétaire d’État à la Guerre Claude Le Blanc (1669-1728).
Avec l’extension à tout le royaume du maillage des brigades, cette institution est effectivement devenue la première force de sécurité à vocation nationale. Mais, 300 ans plus tard, quel héritage reste-t-il des textes qui ont façonné le modèle de la brigade de gendarmerie « à la française » ?
Un premier siècle de maturation du maillage territorial (1720-1815)
Si les réformes de 1720, 1769 et 1778 posent les bases du maillage territorial et du logement en caserne, la densification spatiale des brigades n’intervient qu’au cours des décennies suivantes.
À la veille de la Révolution française, les 880 brigades implantées en ville le long des axes de communication ne sont pas encore en capacité d’exercer une surveillance efficace sur tout le royaume.
C’est d’ailleurs ce que déplorent en 1789 certains cahiers de doléances, comme à Nantes, à Rouen, à Rodez ou à Bignac (Charente) où l’on se plaint de ne jamais voir les cavaliers
de la maréchaussée.
Le processus s’accélère sous la Révolution française. La loi fondatrice de la gendarmerie nationale du 16 février 1791 institue 15 brigades par départements, soit près de 1 300 unités, et celle du 29 avril 1792 prévoit d’agir « le plus promptement possible » afin d’atteindre 1 600 brigades. En 1798, la loi du 28 germinal an VI précise que l’Arme est destinée « à l’intérieur de la République (...) à la sûreté des campagnes et des grandes routes ».
Cette période, marquée par les périls intérieurs et les conquêtes extérieures, contribue à attribuer à la brigade une valeur plus tactique. Pour mieux contrôler les nouvelles conquêtes, un véritable réseau est implanté le long des voies de communication. En Belgique, avant d’installer 200 unités en 1796, le général Wirion dresse l’inventaire cartographique des routes à surveiller et des zones à patrouiller dans les nouveaux départements. En France, Bonaparte crée en 1800 un réseau dense de 200 brigades dans l’Ouest pour lutter contre la chouannerie.
Après l’avènement de l’Empire, Napoléon confie au général Radet le soin d’implanter des brigades dans les nouvelles conquêtes, notamment en Italie, en Allemagne et en Hollande. La valeur tactique des gendarmes pour contrôler le territoire a été résumée par l’empereur lui-mŒme : « 2 à 300 hommes de cavalerie de plus ou de moins ne sont rien. 200 gendarmes de plus assurent la tranquillité de l’armée et le bon ordre ».
En quelques années, le nombre des brigades triple pour atteindre 2 900 en 1810, avec un total de 18 503 hommes. « On ne fait, pour ainsi dire, point un pas sur le territoire de la République, sans rencontrer un gendarme », se félicite dès février 1804 le général Moncey, conscient de la valeur de ce réseau pour le renseignement. Un autre texte de l’époque considère que la gendarmerie doit être comme « un filet étendu sur la surface de l’Empire. »
Toutefois, ce résultat impressionnant relève plutôt du trompe-l’œil. Tout d’abord, il existe souvent un décalage entre les objectifs fixés et les réalisations concrètes, en raison des difficultés de financement, de recrutement ou même à trouver des bâtiments. De plus, les effectifs dans les brigades sont rarement au complet à cause des nombreuses ponctions liées à l’effort de guerre (prévôtés, unités combattantes). Enfin, les créations d’unités se diluent dans une France plus vaste qui atteint 130 départements au plus fort de l’extension impériale en 1810. À la chute de l’Empire, le nombre des brigades redescend à 2091, mais la nation a été ramenée à ses frontières de 1790.
Un deuxième siècle d’affirmation de la brigade polyvalente proche des Français 1815-1920)
Au début du XIXe siècle, la Seconde Restauration n’apparaît guère favorable à l’extension du maillage des brigades dont le nombre passe de 2 091 en 1816 à 2 261 en 1830. En revanche, la Monarchie de Juillet se montre plus attentive à surveiller l’Ouest et la vallée du Rhône où son pouvoir est contesté. D’autres régions apparaissent plus délaissées, comme le littoral de la Manche et le Sud-Ouest qui, hormis quelques pôles isolés, se prolonge sur un axe nord-est, préfigurant ainsi la « diagonale du vide ».
En 1834, le ministre de la Guerre Soult célèbre pourtant « cette force attachée au sol, mêlée aux habitudes des campagnes.
Source : Revue de la Gendarmerie Nationale
https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/crgn/content/download/1365/document/REVUE_269_Brigades_territoriales.pdf?inLanguage=fre-FR&version=10