A partir du 31 octobre 2004, le gouvernement recommande à tous les usagers de la route d'allumer leurs feux de croisement quand ils circulent de jour, hors agglomération. Cette mesure, déjà en application dans de nombreux pays, devrait permettre à la France de franchir un nouveau pas dans sa lutte contre l'insécurité routière.
Plusieurs milliers de motards ont manifesté ce week-end dans toute la France pour protester contre le projet du gouvernement d'inciter les automobilistes à allumer leurs feux de croisement en plein jour, mesure qu'ils jugent "dangereuse et inconsciente".
Le gouvernement a annoncé le 7 juillet que les conducteurs de véhicules seraient invités, à titre expérimental et pour améliorer la sécurité routière, à rouler le jour avec leurs feux de croisement allumés hors des agglomérations, du 30 octobre 2004 au 27 mars 2005.
A l'appel de la Fédération française des motards en colère (FFMC), des motards se sont rassemblés dans des dizaines de villes samedi, à Lille et à Paris dimanche.
Les plus gros rassemblements ont eu lieu dans ces deux villes, ainsi qu'à Lyon et Mont-de-Marsan, dans les Landes, seul département où l'allumage des codes de jour est déjà expérimenté.
A Paris, les motards, qui étaient 5.000 selon les organisateurs et 1.000 selon la police, ont défilé du Château de Vincennes jusqu'à la place Denfert-Rochereau, pour une manifestation "placée sous le signe du deuil et de la colère", a expliqué à l'AFP Fabrice Vidal, coordinateur de l'antenne parisienne de la FFMC.
Ils étaient par ailleurs samedi 800 à Caen selon la police, 500 à Clermont-Ferrand selon les organisateurs, 400 à Nantes selon la police ou encore 430 à Tours selon la police, plusieurs centaines à Rouen, 300 à Auxerre et 200 à Saint-Etienne, selon la police.
A Grenoble, quelque 600 motards, selon la police, se sont rassemblés tous phares allumés samedi soir et ont emprunté en klaxonnant les grandes artères de la ville.
La FFMC a affiché dimanche sa satisfaction devant la "très importante mobilisation" pendant tout le week-end, dans 59 villes selon elle.
"Pour nous, c'est aux usagers les plus imposants de faire attention aux plus fragiles", a déclaré à l'AFP Nadia Levêque, membre du bureau national de la FFMC. Si les automobilistes allument leurs codes en plein jour, "on est noyés dans une marre de feux, (...) on n'y voit plus grand chose", a-t-elle ajouté.
Selon elle, "il n'existe aucune étude sérieuse qui prouve que ça va significativement réduire le nombre d'accidents" de la route.
Pourtant, dans une interview au Journal du Dimanche, le ministre des Transports Gilles de Robien - qui doit recevoir les motards le 29 septembre - a rappelé qu'il allait maintenir cette mesure parce qu'elle permettra, selon lui, de "gagner encore entre 300 et 500 vies" en France.
"On espère que l'opinion des automobilistes, qui sont largement favorables au retrait de la mesure, va aussi jouer", a soutenu Mme Levêque, annonçant une prochaine mobilisation le 30 octobre, jour de l'entrée en vigueur de l'incitation gouvernementale.
AFP 19/09/2004 - 18:48