Après avoir demandé l'interdiction du Flash-Ball, Jacques Toubon a demandé son remplacement par le lanceur de balles 40/46, déjà utilisé par la police pour la neutralisation à distance.
Le Défenseur des droits a soutenu jeudi la solution du lanceur de balles 40/46 pour remplacer le Flash-Ball Superpro, réaffirmant que cette arme utilisée pour disperser des attroupements et riposter à une agression était «dangereuse» et «très imprécise».
Un Flash-Ball jugé imprécis
Cette semaine, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a préconisé l'interdiction du Flash-Ball Superpro lors des manifestations. «Il est manifeste que le Flash-Ball n'est pas une arme véritablement adaptée au maintien de l'ordre», note-t-il dans cette décision de 18 pages en date du 16 juillet rendue publique mardi. «L'imprécision de cette arme lui donne un caractère extraordinairement dangereux», précise-t-il jeudi au micro de France Inter. L'agent qui l'utilise peut «viser l'épaule et toucher l'œil, ce qui est le cas de beaucoup d'affaires que nous avons», a-t-il fait valoir. Il faut, selon lui, que les forces de l'ordre «soient beaucoup plus conscientes de la dangerosité de cette arme et que les prescriptions pour les utiliser, par exemple la distance minimum, soient beaucoup plus précises».
Une arme de moins en moins utilisée :
Le Flash-Ball Superpro, censé provoquer l'équivalent d'un KO selon l'armurier stéphanois Verney-Carron Security qui le fabrique, tire une balle à 360 km/h. La distance réglementaire de tir minimale est de sept mètres. Utilisée depuis 1995 pour disperser des attroupements et riposter instantanément à une agression, cette arme est aujourd'hui «dépassée», de l'aveu même de l'Inspection générale de la police nationale. Elle est également moins utilisée qu'auparavant par les fonctionnaires, qui ont tiré en 2014 à 556 reprises contre 662 en 2013. Le ministère de l'Intérieur a toutefois exclu un moratoire pour l'instant, estimant qu'il serait «contre-productif et pourrait avoir des conséquences dangereuses».
Une alternative: le lanceur de balles 40/46 :
Le Défenseur des droits avance une solution: le lanceur de balles de défense 40/46, fabriqué par le suisse Brügger & Thomet. Actuellement, ce LDB, arme d'épaule de longue portée, tire à 50 mètres et sert plutôt à la neutralisation à distance. En mai, la «police des polices» avait déjà préconisé le remplacement du Flash-Ball par des munitions de courte portée utilisables dans cette arme plus précise, dont disposent déjà les forces de l'ordre. Des expérimentations avaient été menées avec succès en ce sens en 2013 par la police nationale. Depuis, deux appels d'offres ont été lancés, mais en vain, pour ces munitions de courte portée. «Nous avons la solution technique mais nous n'avons toujours pas de fournisseur», peste une source policière citée par l'AFP.
Le fabriquant du Flash-Ball se défend :
Pour sa part, la société Verney-Carron Security plaide la confusion. L'interdiction, demandée par le Défenseur des droits, fait suite à une plainte déposée la semaine dernière. Or, d'après son directeur général, interrogé par le Journal des Entreprises, l'adolescent blessé aux testicules, le 13 juillet dernier à Argenteuil, n'a pas été victime d'un tir de Flash-Ball. «La munition présentée par ses amis, sur une antenne nationale, est manifestement une munition de LBD40 et non de Flash-Ball! Or, aujourd'hui, c'est systématiquement le Flash-Ball qui est attaqué», se défend Guillaume Verney-Carron. À ce jour, on estime que le Flash-Ball a provoqué un décès à Marseille et une demi-douzaine de blessures graves. Sur «plus de 600.000 munitions» tirées au total, nuance Verney-Carron Security.