Auteur Sujet: Routes et Autoroutes & Patrouilleur, ouvrier autoroutier.. sur-accident DANGER  (Lu 39749 fois)

0 Membres et 1 Invité sur ce sujet

Hors ligne Axel

  • Excellente participation
  • ****
  • Messages: 975
  • Sexe: Homme
Salut à tous,

J'ai une question, est-ce dans vos habitudes (si vous travaillez sur les autoroutes) de vous mettre sur la bande d'arrêt d'urgence à contre sens avec les feux bleus allumés.

Je demande ça car hier en allant faire un tour en France je suis resté con en voyant cette voiture disposé de pareille manière en sachant que la circulation était très fluide.

Merci de vos réponse

Axel

Hors ligne Rico14

  • Membre d'honneur
  • *****
  • Messages: 1197
  • Sexe: Homme
  • Chef d'Equipe Sécurité Incendie / SPV
    • Mon blog
Salut Alex.
Il se peut que pour des impératifs de service des véhicules d'urgence empruntent les autoroutes à contre-sens sur de courtes distances.
En revanche, généralement et à ma connaissance, ce serait plutôt lorsque la circulation est coupée...  ;D

Vidéo / conduite en tunnel :
http://www.cofiroutea11angers.fr/simulateur.html

Intervenir à contresens sur l’autoroute http://www.pompiers.fr/index.php?id=1022

Dans certains cas bien spécifiques, il peut s’avérer nécessaire pour les secours d’intervenir à contresens sur l’autoroute. Vu les risques, le groupe Sécurité de Châtellerault (Vienne) a élaboré une procédure spécifiant clairement le rôle de chacun des partenaires impliqués. Des supports audiovisuels ont été réalisés pour sensibiliser les différents intervenants.

Texte > capitaine Agnès Hubert, service Prévision du Sdis 86 > Photos > Service commercial et communication de Cofiroute > spmag958 juin 2004

En mars 1999, un grave accident intervenant sur l’A.10, au PK300, impliquant plusieurs véhicules parmi lesquels trois poids lourds et un autobus a fait plusieurs blessés dont un décédé (journaliste à France 3) et un blessé grièvement (un gendarme du peloton autoroutier).
Cet événement a mis en exergue la nécessité pour améliorer la qualité des secours de :
    favoriser une connaissance mutuelle des différents services intervenants,
    développer les relations et échanges inter-services,
    réfléchir à une procédure d'arrivée des secours à contresens,
    identifier l'ensemble des responsables au moyen de chasubles.

Cette intervention a persuadé unanimement les membres volontaires du groupe de sécurité de la nécessité d'un tel partenariat. Au-delà des échanges et de la gestion ponctuelle des problèmes, il a été décidé de créer un support audiovisuel et une plaquette sur le thème de l’intervention à contresens. Ces documents à but pédagogique étaient estimés complémentaires de ceux réalisés par le groupe de sécurité Blois en 1995 sur le thème de « Ensemble, faisons progresser le secours autoroutier ». Cette démarche s’inscrivait dans un cadre réglementaire précis.

    Les textes de référence
Pour les interventions courantes, les textes suivants s’appliquent :
    le cahier des charges de la concession en matière d'exploitation des ouvrages et installations prévoit en son article 13 l'obligation pour la société concessionnaire « de disposer en tout temps et, en cas de besoin, de mettre en œuvre sans délai, tous les moyens de nature à assurer en permanence, quelles que soient les circonstances (et notamment les circonstances atmosphériques), la continuité de la circulation dans de bonnes conditions de sécurité et de commodité ».
    La circulaire interministérielle (ministères de l’Intérieur et de l’Equipement) n° 78-100 du 24.02.1978 relative à l'organisation des secours sur les autoroutes prévoit que « les sociétés concessionnaires d'autoroutes sont tenues d'établir un document appelé ”plan de secours” avant l'ouverture d'un tronçon autoroutier. Ce plan concerne l'organisation des secours ordinaires et quotidiens et s'intitule désormais ”Plan d'intervention et de sécurité (PIS)” ».
    L’arrêté préfectoral portant réglementation de police de circulation sur l'A 10 dans la traversée du département de la Vienne prévoit dans son article 12 que « les forces de l'ordre pourront, en concertation avec la (ou les) société(s) concessionnaire(s) concernée(s), prendre toute mesure justifiée par les besoins de sécurité ou par les nécessités de l'écoulement du trafic, notamment le dégagement de tous obstacles ou véhicules se trouvant sur la chaussée ».

En ce qui concerne les interventions occasionnelles et exceptionnelles, les textes applicables sont les suivants :
    loi de 22 juillet 1987 relative à l'organisation de la sécurité civile, à la protection de la forêt contre l'incendie et à la prévention des risques majeurs.
    Décret 88-622 du 6 mai 1988 relatif aux plans d'urgence et plus particulièrement au titre IV, article 12 et suivants, concernant les dispositions relatives aux plans de secours spécialisés.

Les opérations sur autoroute :
Dans le cas d'un accès impossible à la zone accidentée (bande d’arrêt d’urgence (BAU) encombrée, absence de BAU à hauteur de passage de pont…), la procédure à contresens semble être la meilleure solution. Toutefois, elle doit reposer sur une parfaite concertation tripartite (gendarmerie, société concessionnaire, Sdis / Samu).
Pendant une année, de nombreuses réunions de travail ont été nécessaires pour :
    faire élaborer, par des personnels de terrain, une procédure opérationnelle fiable et cohérente,
    préparer un exercice grandeur nature pour le tournage du film et procéder à toutes les demandes officielles de coupure de voies sur l'A 10,
    rédiger tous les commentaires destinés à accompagner la bande vidéo.

Une application concrète
Lors du carambolage du 5 novembre 2002 impliquant plusieurs VL et PL au PK321 de l’A 10, la procédure à contresens a trouvé toute sa dimension et sa justification.

Le plan rouge a été déclenché. Cet accident dramatique situé à 15 km au sud de Poitiers sur le secteur des ASF a conduit les différents partenaires à mettre en place un contresens. Compte tenu de l'ampleur de l'événement et de sa particularité, il est à noter que les principes essentiels ont été respectés (réactivité, concertation, règles de sécurité).

Le support vidéo
La cassette vidéo, d'une durée de 8 minutes, est destinée aux seuls services participant aux actions de secours. Thème retenu : un accident entre 1 VL avec plusieurs incarcérés et 1 PL en travers de la voie, avec un important bouchon ayant créé en amont un sur-accident et empêchant toute approche de véhicules de secours. Son objectif : empêcher toute improvisation et fournir tous les éléments permettant de mener les missions de secours, dans les meilleurs délais, tout en garantissant :
    la sécurité de tous les personnels s'engageant à contresens sur l’autoroute,
    la sécurité des tous les usagers concernés.

Les missions de chaque service sont clairement identifiées.
Il est important de mettre l'accent sur le fait que seul le peloton autoroutier de gendarmerie est habilité à déclencher la procédure et à donner le feu vert aux véhicules pour intervenir dès que le dispositif est totalement sécurisé. Dans l’optique de réduire le délai de sécurisation de la zone, le bon sens et la connaissance du secteur doivent prévaloir pour déterminer le point d'entrée des véhicules. Sauf cas particulier, le point précité doit être le plus proche de l'accident. Il est à noter que deux années s’étant écoulées entre la réalisation de la cassette vidéo et la plaquette, une modification est apparue dans la voie circulée par les véhicules de secours quittant l'accident. En effet, toujours dans un souci de sécurité des personnels, la voie rapide (ou voie de gauche) est privilégiée afin d'accroître la distance entre les véhicules quittant l'accident et ceux qui arrivent, roulant sur la BAU.

Le stationnement des véhicules et les règles de sécurité sont précisés dans la plaquette. Le commandement des opérations de secours reste de la compétence d'un représentant du Sdis.

Les particularités de la Vienne
Plusieurs démarches, réunions et exercices ont permis de présenter le fruit du travail aux autorités de la préfecture de la Vienne. Toutefois, l'A 10 dans le département de la Vienne est gérée par une deuxième société concessionnaire : ASF. Pour des raisons de cohérence dans l'organisation des secours, il semblait incontournable que cette procédure soit commune et donc validée par cette dernière. Au cours du 1er semestre 2002, le projet de procédure à contresens a été présenté aux ASF et a reçu un accueil très favorable. Cependant, ces derniers souhaitaient élargir cette procédure à l'ensemble de leur secteur de compétence en impliquant les différents services de secours des autres départements. A l'occasion d'un nouvel exercice sur un tronçon de l'A 83, en présence des autorités des départements de la Vienne, de la Vendée, des Deux-Sèvres, de la Charente-Maritime et des différents services de secours, la procédure a été enfin adoptée et officialisée.

En conclusion
Avec quatre années d'expérience, l’utilité du partenariat n'est plus à démontrer. Depuis 2002, cette procédure est incluse dans les formations des différents services. Il est rappelé que son déclenchement doit demeurer exceptionnel et être justifié. Seule une confiance mutuelle et une étroite concertation entre services sont garants de son efficacité. Elle fait son chemin puisqu'elle est, à ce jour, appropriée par plusieurs départements limitrophes et d’autres groupes de sécurité ont fait leur apparition.

Bien que les accidents de travail directement liés à la circulation soient peu nombreux, l'aspect dramatique de certains d'entre eux vient, si besoin était, rappeler la nécessité d'une vigilance de tous les instants ainsi que d'une rigueur dans le respect des procédures relatives à l'organisation des secours.

La sécurité étant l'affaire de tous, pouvoir échanger, c'est indéniablement progresser en termes de réactivité et d'efficacité.