Une semaine après le terrible accident qui a coûté la vie à cinq jeunes âgés de 15 à 18 ans, les analyses toxicologiques ont révélé que le conducteur de la voiture avait consommé du cannabis.
Vitesse excessive plus cannabis, tel est le cocktail explosif qui a coûté la vie à cinq jeunes âgés de 15 à 18 ans, sur la RD 6 113 entre Carcassonne et Trèbes. Hier, le procureur de la République de Carcassonne a indiqué dans un long communiqué (lire ci-dessous) que le jeune Thomas Robert (18 ans) était sous l’emprise du cannabis au moment de l’accident. «Les deux experts mandatés ont mentionné dans le rapport que la substance : tétrahydrocannabinol (THC)] était encore active».
Bien que les analyses ne permettent pas encore de déterminer à quel moment le cannabis a été consommé, les experts sont unanimes pour dire que les substances actives dataient de moins de 24 heures.
Le cannabis a-t-il été le facteur désinhibant donnant un sentiment de toute puissance au conducteur de la voiture
Seule certitude, le jeune homme roulait bien trop vite sur la 2x4-voies. L’expert en accidentologie a estimé que la Peugeot était lancée à plus de 135 km/h lorsqu’elle a commencé sa mortelle embardée.
Titulaire du permis de conduire depuis moins de deux mois, le conducteur n’aurait pas dû dépasser les 80 km/h sur cette portion limitée à 90 km/h. Le drame s’est ensuite joué en une fraction de seconde. Après la perte de contrôle sur la voie de gauche, la Peugeot a glissé de travers sur près de soixante mètres, avant de s’encastrer dans un épais poteau en béton, tuant sur le coup cinq des six occupants de la voiture.
Le seul rescapé de ce drame, hospitalisé depuis au CHU de Purpan à Toulouse lutte toujours contre la mort. Hier, le procureur de la République a indiqué que son état de santé «s’était dégradé ces dernières heures».
Le communiqué du procureur de la République : «Le cannabis constitue un risque au volant»
Le cannabis modifie les perceptions, exagère la proximité des objets et cela affecte grandement l'appréciation des distances. Lors de la consommation de cannabis les réflexes sont diminués ainsi que la vigilance et augmente la perte d'attention. Ces effets réduisent la capacité du conducteur à analyser l'ensemble des informations nécessaires à la maîtrise de son véhicule et le poussent à la prise de risque.
Le cannabis au volant augmente considérablement les risques d'accident sérieux, confirme une méta-analyse canadienne publiée dans le British Medical Journal. Dans l'ensemble, disent les chercheurs, l'alcool augmente plus le risque d'accident que le cannabis. Mais le cannabis rend plus difficile de juger la vitesse, les distances et les conducteurs se trouvent souvent à suivre de beaucoup trop près ce qui réduit leur temps de réaction.
«Les analyses sanguines du conducteur du véhicule dont l’accident à Carcassonne a fait à ce jour 5 morts révèlent qu’il avait consommé de la résine de cannabis dans les heures ayant précédé le drame. Cette consommation n’était sans doute pas étrangère au comportement au volant de ce conducteur dans les instants qui ont précédé l’accident. Il en a été, d’une certaine manière, également la victime.
L’objet de ce message est de rappeler à l’adresse de tous nos concitoyens, notamment des jeunes, que la consommation de résine de cannabis est loin d’être neutre pour la santé et constitue, au volant d’un véhicule automobile, un risque supplémentaire considérable, lié à la perte de conscience des dangers réels de la route, à la perte importante des réflexes nécessaires, à la mauvaise perception de la vitesse et permet malheureusement d’expliquer un nombre toujours plus important d’accidents.
Que ce drame ne laisse personne indifférent
Lorsque l’on conduit, la consommation d’alcool peut tuer ; celle de résine de cannabis également ; il ne s’agit, de ce point de vue, nullement d’une drogue «douce».
Souhaitons sincèrement qu’un tel drame humain, qui ne laisse personne indifférent, fera également s’interroger celles et ceux qui ne sont pas convaincus de la nocivité de l’usage de résine de cannabis sur la santé en général et les comportements en particulier, pouvant conduire, directement ou indirectement, à des drames de la route comme celui que notre ville vient de connaître.
Que nous soyons jeunes ou pas, parents ou pas, je crois que nous devons avoir cette réflexion tous ensemble».
Antoine Leroy, procureur de la République à Carcassonne.