Un livre paru mars 2011 apporte des réponses fortes, précises et concrètes à ces questions fondamentales. Il est signé Christian MOUHANNA, chercheur au CNRS, grand spécialiste de la sociologie de la police. Fort de 15 années de recherches de terrain sur ces problèmes, dans les banlieues sensibles comme dans les quartiers aisés, l’auteur propose une synthèse de son travail qui est assez remarquable.
L’auteur explique d’abord l’histoire de la police nationale, comment elle s’est constituée comme police d’Etat à partir des années 1940, puis comment elle s’est modernisée à partir des années 1960 mais en s’éloignant du contact avec la population. Peu à peu, le patrouilleur pédestre connaissant son quartier a été remplacé par une voiture tournant plus ou moins dans la ville et intervenant après coup lorsque des incidents ont été signalés par téléphone à “Police secours”. Peu à peu, le policier polyvalent traitant les problèmes d’un lieu et d’une population donnés a été remplacé par de multiples spécialistes traitant chacun uniquement tel ou tel problème sur des territoires beaucoup plus grands et anonymes.
Les effets pervers de cette “modernisation” ont été très tôt diagnostiqués. Les gouvernements ont tenté d’y remédier en redéveloppant “l’ilotage” et ont lancé la “police de proximité”, à peu près sur les mêmes bases : remettre les policiers en patrouille à pieds, au contact des citoyens dans la vie quotidienne, de façon stabilisée et durable dans le temps, ce qui leur permet d’être progressivement bien connus et reconnus des habitants, et de recueillir ainsi énormément de renseignements qui servent ensuite le travail de police (y compris de police juridiciaire ou de maintien de l’ordre). La contre-partie étant naturellement un investissement humain et social dans le traitement des problèmes de la vie quotidienne signalés par les habitants.
Source : http://insecurite.blog.lemonde.fr/2011/03/21/comprendre-enfin-ce-quest-la-police-de-proximite/
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Une enquête sur la dégradation des rapports police-citoyen. 2e ouvrage de la collection Qu’est-ce qu’être policier en France aujourd’hui ? Comment expliquer les tensions entre les policiers et les jeunes, et pas seulement les jeunes ? Pourquoi ce malaise au sein de la police ? Qu'est ce qui se joue réellement autour des chiffres de la délinquance ? À partir de 15 ans de recherches de terrain sur la police et les relations policiers-citoyens dans les banlieues sensibles comme dans les quartiers aisés, l’auteur montre comment policiers, élus et citoyens sont entraînés dans un cercle vicieux accentué par les politiques de sécurité mises en place. Une démonstration sereine, qui ne s’inscrit pas dans une logique de dénonciation, mais dans une volonté de compréhension des uns et des autres, conduisant à des remises en question sévères mais fondées.
Où l'on reparle de la police de proximité - Publié le 28/10/2012
La proposition de résolution initiée par les sénateurs du groupe CRG-SPG, qui fait ressurgir la police de proximité, présente au moins l'intérêt de susciter une réflexion globale sur la sécurité.
http://www.contrepoints.org/2012/10/28/102296-ou-lon-reparle-de-la-police-de-proximite
Madame Éliane Assassi, sénatrice de Seine Saint Denis et une vingtaine de sénateurs du groupe CRG-SPC (qui rassemble les membres du Parti communiste et du Parti de gauche) ont déposé le 6 juillet 2012 une proposition de résolution "relative à la politique de la France en matière de sécurité", qui devrait bientôt être examinée par le Sénat. Sous cet intitulé très général, les auteurs de la proposition veulent affirmer qu'"il est indispensable de rétablir une police de proximité - peu importe le nom qu'on lui donne (...)".
Théoriser une pratique ancienne
La police de proximité repose sur trois piliers. Le premier réside dans une approche globale de l'ordre public qui comporte une triple démarche préventive, dissuasive et répressive. Le second, dans une intervention au cœur de la population, dans laquelle les forces de police doivent se fondre afin de répondre à ses attentes en matière de sécurité. Le troisième enfin impose une série de coopérations entre l’État et les collectivités territoriales, mais aussi entre les collectivités publiques et le secteur associatif, afin de permettre une meilleure mobilisation en faveur de la sécurité. Cette définition, qui a suscité bon nombre d'études et de débats, ne fait finalement que théoriser une pratique déjà bien connue.
C'est ainsi que le fonctionnement de la Gendarmerie a toujours reposé sur une connaissance aussi profonde que possible du territoire et une coopération étroite avec les élus locaux. Autrement dit, la Gendarmerie faisait de la police de proximité comme monsieur Jourdain de la prose, sans le savoir.