Auteur Sujet: Pour ou contre la police de proximité ou « pol’ prox » ?  (Lu 40479 fois)

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Bonjour,
Petit sondage avec commentaires...
Êtes vous pour ou contre la police de proximité ?

Entre « cow-boys » et police de proximité : l'absence de doctrine d'emploi  ???
L'extrême disparité entre les services de police municipale ne se constate pas seulement en termes d'effectifs et de localisation géographique. Elle s'observe avant tout dans les missions plus ou moins diverses et étendues attribuées aux policiers municipaux et dans la façon globale de « faire la police municipale ».

Hors ligne J.R.

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Re : Pour ou contre la police de proximité ou « pol’ prox » ?
« Réponse #1 le: 20 janvier 2008, 11:50:32 »
S'il n'y a pas de police de proximité, comment veux-tu qu'on arrête les mecs qui se trimballent avec un faux gyro ?   >:D

La police de proximité vise à instaurer une relation de confiance avec la population et les acteurs locaux. Elle permet de renouer le dialogue avec les citoyens. Ces forces de police attachées à un quartier doivent avant tout dialoguer avec la population, les familles et les éducateurs sociaux pour prévenir la délinquance « dès la petite enfance » :
« Plus on aide les familles, plus on peut réduire le nombre de jeunes qui demain seront en difficulté. »

En travaillant main dans la main avec les citoyens, la police de proximité est plus dans le dialogue que dans le conflit et contribue ainsi à humaniser le travail des forces de l’ordre. Elle est dans la prévention de la délinquance.
En échangeant au quotidien avec la population, la police de proximité est en mesure de prévenir d’éventuels troubles à l’ordre public et facilite donc le travail de renseignement et d’arrestation.
Jean-Pierre Havrin, ancien patron de la police Toulousaine, revient sur l’utilité de ces forces de l’ordre dans son livre « Il a détruit la police de proximité » (éd. Jean-Claude Gawsewitch), publié en novembre 2010. En décembre dernier, il expliquait à Marianne :
« On a mis des policiers qui patrouillaient à pieds, toujours les mêmes, qui connaissaient les gens et les gens les connaissaient. C’était une action très préventive donc, mais aussi répressive car ils connaissaient bien le quartier. Ils étaient bien renseignés et avaient des tuyaux qui nous permettaient à nous les OPJ, lors des enquêtes, d’avoir une action judiciaire très forte et plus rapide. »

Hors ligne Jeano 11

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Re : Pour ou contre la police de proximité ou « pol’ prox » ?
« Réponse #2 le: 25 janvier 2008, 18:50:48 »
Bonjour,
Petit sondage avec commentaires...
Êtes vous pour ou contre la police de proximité ?

Bonjour et OUI je suis pour une "police de proximité" en relation étroite avec la population. Une police comme les bobbies anglais (sans arme) ou comme l'étaient les gendarmes avant que l'on ne leur impose des cotas de rentabilité sans qu'il en soit le dit !!!
Il existait déjà à Paris une police de proximité avant 1968, c'était des contractuels et on les surnommait "hirondelles  car ils passaient et repassaient sans cesse en prenant contact avec les commerçants, les concierges, les tenanciers d'hôtel et de bistros, etc ... ils patrouillaient et connaissaient leur zone de ronde ainsi que "leur population", ce n'étaient pas des joueurs de foot ou des assistantes sociale mais peut être des "éducateurs" avant l'heure car ils étaient écoutés et respectés par la jeunesse, il étaient des anciens souvent père de famille qui avaient la sagesse de leur âge et non la fougue des "jeunes chiens" sans collier.
Les polices municipales ont plus ou moins endossées ce rôle de policier de proximité suivant le maire en fonction. Ils ne sont pas là pour faire gonfler les stats de la répression de la vitesse, mais bien pour informer, voir éduquer pour ne pas avoir à réprimer et recueillir le renseignement afin que le maire, OPJ, puisse gérer le bien être de ses administrés.

La police de proximité devrait d'abord être les "parents" qui apporteraient une éducation conforme aux valeurs civiles ou/et religieuses et les "adultes" des quartiers, des cités dans le sens large du terme c'est à dire "espace où vivent des hommes et des femmes responsables", qui "éduqueraient" leurs concitoyens aux mêmes valeurs de respects  !!!
Dans mon village, quand j'étais gamin, si un adulte me voyait faire une bêtise il faisait souvent lui même les observations propre à corriger mon éducation dans le respect des règles, mais tout cela s'est perdu doucement après 1968 où les slogans étaient "il est interdit d'interdire" et "l'enfant est roi" - moralité quand un arbre n'a pas de tuteur il s'élève comme il peu mais rarement "droit".

Qu'est-ce exactement que la police de proximité ?
Un livre apporte des réponses fortes, précises et concrètes à ces questions fondamentales. Il est signé Christian MOUHANNA, chercheur au CNRS, grand spécialiste de la sociologie de la police. Fort de 15 années de recherches de terrain sur ces problèmes, dans les banlieues sensibles comme dans les quartiers aisés, l'auteur propose une synthèse de son travail qui est assez remarquable.

L'auteur explique d'abord l'histoire de la police nationale, comment elle s'est constituée comme police d'État à partir des années 1940, puis comment elle s'est modernisée à partir des années 1960 mais en s'éloignant progressivement du contact avec la population.
Peu à peu, le patrouilleur pédestre connaissant la population de son quartier a été remplacé par une voiture tournant plus ou moins dans la ville et intervenant après coup lorsque des incidents ont été signalés par téléphone à "Police secours".
Peu à peu, le policier polyvalent (comme un médecin de famille) traitant les problèmes d'un lieu et d'une population donné a été remplacé par de multiples spécialistes traitant chacun uniquement tel ou tel problème à " chaud " sur des territoires beaucoup plus grands et anonymes.

Mais bon avant que cette police de proximité retrouve sa splendeur passée il va falloir "déminer" les zones de "non droit" comme le mentionnait un syndicaliste de la police nationale... remettre les policiers en patrouille à pieds, au contact des citoyens dans la vie quotidienne, de façon stabilisée et durable dans le temps, ce qui leur permet d'être progressivement bien connus et reconnus des habitants, et de recueillir ainsi énormément de renseignements qui servent ensuite le travail de police (y compris de police judiciaire ou de maintien de l'ordre) a une contre-partie naturelle... un investissement humain et social dans le traitement des problèmes de la vie quotidienne signalés par les habitants.  ^-^
La démonstration de Christian Mouhanna est sereine, elle ne s'inscrit pas dans une logique de dénonciation, mais dans une volonté de compréhension des uns et des autres, conduisant à des remises en question sévères mais fondées. Ajoutons pour finir qu'elle concerne tout autant la gendarmerie, dont le modèle de police de proximité, intégrée dans la doctrine de la "surveillance générale" a fait depuis très longtemps ses preuves mais se trouve aujourd'hui progressivement détruite par une quête de la rentabilité.

Rappel : les gendarmes départementaux (environ 60 000 militaires) avaient su développer un modèle de rapport au public qui privilégiait le service au citoyen plutôt que l'application bornée d'innombrables textes de lois.
Ils avaient élaboré un modèle de police qui assumait le rôle social dévolu à tout individu chargé du maintien de l'ordre et de la sécurité.
Par leur rôle au sein des zones non seulement rurales mais aussi périurbaines, ainsi que dans certaines banlieues difficiles, les gendarmes ont pendant longtemps participé à la construction de ce lien social après lequel les politiques de la ville courent depuis trente ans. En réalité, de par ses missions, son maillage territorial dense et sa conception d'une « surveillance générale » privilégiant un contact régulier avec la population associé à une posture de prévention-dissuasion, la gendarmerie constituait un modèle de « police de proximité ».
Mais il faut croire que ce modèle convient mal à une époque qui préfère les rapports de force, la rentabilité, la répression à l'éducation, la gestion statistique déréalisée et les démonstrations médiatiques, plutôt que l'efficacité concrète et quotidienne, fut-elle discrète.
Ce modèle gendarmique de proximité fut jadis, et avec raison, considéré comme l'avenir.
Aujourd'hui les gendarmes se trouvent mis en cause dans leur mode d'implantation et de travail sur le territoire. Par souci d'économies budgétaires, le pouvoir politique a dans un premier temps voulu réduire le nombre des unités de base de la gendarmerie départementale : les brigades territoriales. Il en a ainsi regroupé plusieurs centaines dans des « communautés de brigades » couvrant de plus vastes territoires, mais s'éloignant irrémédiablement donc du contact avec la population.


Alain Bauer, président de l’Observatoire national de la délinquance a été chargé d'une étude et a écrit un livre sur le sujet.
A+

A lire :
- http://www.marianne2.fr/Pourquoi-la-police-de-proximite-ne-peut-plus-exister_a215300.html

pour ou contre :
- http://www.rue89.com/rue89-presidentielle/2012/03/30/pour-ou-contre-la-police-de-proximite-230581

1/ Pour :
    Elle permet de renouer le dialogue avec les citoyens !

La police de proximité vise à instaurer une relation de confiance avec la population et les acteurs locaux.
Pour François Hollande, ces forces de police attachées à un quartier doivent avant tout dialoguer avec les familles pour prévenir la délinquance « dès la petite enfance » ....


2/ Contre :
    Elle coûte cher !
La mise en œuvre d’une police de proximité coûte cher. Elle exige le déploiement de forces de l’ordre sur tout le territoire, et la création de structures déconcentrées, commissariats et postes de police.

Pour Patrice Bergougnoux, ancien directeur de la police nationale (1998-2002) le coût de cette police de terrain rend sa mise en œuvre difficilement réalisable à l’heure actuelle. ...
 
Tout en réfutant tout retour à la police de proximité créée par le gouvernement socialiste de Lionel Jospin et supprimée par Nicolas Sarkozy en 2003, le ministre de l'intérieur Claude Guéant a annoncé mercredi 20 avril la création de "patrouilleurs" chargés de "donner plus de visibilité" à la police ; dès sa nomination, M. Guéant avait invité policiers et gendarmes à reprendre des contacts "plus systématiques" avec la population. Il avait toutefois anticipé d'éventuels commentaires sur un retour de la police de proximité, précisant que les forces de l'ordre ne devaient pas "se transformer en assistants sociaux".

Hors ligne Jeano 11

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Re : Pour ou contre la police de proximité ou « pol’ prox » ?
« Réponse #3 le: 10 novembre 2012, 16:42:28 »
Un livre paru mars 2011 apporte des réponses fortes, précises et concrètes à ces questions fondamentales. Il est signé Christian MOUHANNA, chercheur au CNRS, grand spécialiste de la sociologie de la police. Fort de 15 années de recherches de terrain sur ces problèmes, dans les banlieues sensibles comme dans les quartiers aisés, l’auteur propose une synthèse de son travail qui est assez remarquable.

L’auteur explique d’abord l’histoire de la police nationale, comment elle s’est constituée comme police d’Etat à partir des années 1940, puis comment elle s’est modernisée à partir des années 1960 mais en s’éloignant du contact avec la population. Peu à peu, le patrouilleur pédestre connaissant son quartier a été remplacé par une voiture tournant plus ou moins dans la ville et intervenant après coup lorsque des incidents ont été signalés par téléphone à “Police secours”. Peu à peu, le policier polyvalent traitant les problèmes d’un lieu et d’une population donnés a été remplacé par de multiples spécialistes traitant chacun uniquement tel ou tel problème sur des territoires beaucoup plus grands et anonymes.

Les effets pervers de cette “modernisation” ont été très tôt diagnostiqués. Les gouvernements ont tenté d’y remédier en redéveloppant “l’ilotage” et ont lancé la “police de proximité”, à peu près sur les mêmes bases : remettre les policiers en patrouille à pieds, au contact des citoyens dans la vie quotidienne, de façon stabilisée et durable dans le temps, ce qui leur permet d’être progressivement bien connus et reconnus des habitants, et de recueillir ainsi énormément de renseignements qui servent ensuite le travail de police (y compris de police juridiciaire ou de maintien de l’ordre). La contre-partie étant naturellement un investissement humain et social dans le traitement des problèmes de la vie quotidienne signalés par les habitants.
Source : http://insecurite.blog.lemonde.fr/2011/03/21/comprendre-enfin-ce-quest-la-police-de-proximite/


Une enquête sur la dégradation des rapports police-citoyen. 2e ouvrage de la collection Qu’est-ce qu’être policier en France aujourd’hui ? Comment expliquer les tensions entre les policiers et les jeunes, et pas seulement les jeunes ? Pourquoi ce malaise au sein de la police ? Qu'est ce qui se joue réellement autour des chiffres de la délinquance ? À partir de 15 ans de recherches de terrain sur la police et les relations policiers-citoyens dans les banlieues sensibles comme dans les quartiers aisés, l’auteur montre comment policiers, élus et citoyens sont entraînés dans un cercle vicieux accentué par les politiques de sécurité mises en place. Une démonstration sereine, qui ne s’inscrit pas dans une logique de dénonciation, mais dans une volonté de compréhension des uns et des autres, conduisant à des remises en question sévères mais fondées.

Où l'on reparle de la police de proximité - Publié le 28/10/2012

La proposition de résolution initiée par les sénateurs du groupe CRG-SPG, qui fait ressurgir la police de proximité, présente au moins l'intérêt de susciter une réflexion globale sur la sécurité.
http://www.contrepoints.org/2012/10/28/102296-ou-lon-reparle-de-la-police-de-proximite

Madame Éliane Assassi, sénatrice de Seine Saint Denis et une vingtaine de sénateurs du groupe CRG-SPC (qui rassemble les membres du Parti communiste et du Parti de gauche) ont déposé le 6 juillet 2012 une proposition de résolution "relative à la politique de la France en matière de sécurité", qui devrait bientôt être examinée par le Sénat. Sous cet intitulé très général, les auteurs de la proposition veulent affirmer qu'"il est indispensable de rétablir une police de proximité - peu importe le nom qu'on lui donne (...)".

Théoriser une pratique ancienne

La police de proximité repose sur trois piliers. Le premier réside dans une approche globale de l'ordre public qui comporte une triple démarche préventive, dissuasive et répressive. Le second, dans une intervention au cœur de la population, dans laquelle les forces de police doivent se fondre afin de répondre à ses attentes en matière de sécurité. Le troisième enfin impose une série de coopérations entre l’État et les collectivités territoriales, mais aussi entre les collectivités publiques et le secteur associatif, afin de permettre une meilleure mobilisation en faveur de la sécurité. Cette définition, qui a suscité bon nombre d'études et de débats, ne fait finalement que théoriser une pratique déjà bien connue.
C'est ainsi que le fonctionnement de la Gendarmerie a toujours reposé sur une connaissance aussi profonde que possible du territoire et une coopération étroite avec les élus locaux. Autrement dit, la Gendarmerie faisait de la police de proximité comme monsieur Jourdain de la prose, sans le savoir.

Hors ligne Jeano 11

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Re : Pour ou contre la police de proximité ou « pol’ prox » ?
« Réponse #4 le: 04 février 2013, 17:23:53 »
Policier de proximité, vous assurerez la tranquillité et la sûreté des citoyens de votre zone d'intervention (commune, communauté d'agglomération…).

Véritable relais entre la population et les autorités, vous veillerez également à la salubrité des lieux et à ce que les arrêtés de police du maire soient bien appliqués. Vous verbaliserez le cas échéant les contrevenants.

En tant que chef de service de police municipale, vous serez pour cela sepolicier ou gendarme(e) par une équipe de gardiens de police municipale que vous encadrerez et formerez si nécessaire.

Enfin, au cours de votre mission de service public, vous pourrez être amené(e) à travailler en collaboration avec :

    les divers services municipaux (voirie, environnement…)
    les services d'Etat (police nationale, gendarmerie, douanes…)
    les polices municipales des communes limitrophes

En tant que Gardien ou Agent de police municipale ou territoriale, vous exercerez un métier de proximité et de sécurité au service des citoyens de votre zone d'intervention (commune, communauté d'agglomération…).

Au quotidien vous assisterez votre Chef de service dans ses missions :
    prévention (pour favoriser le comportement civique de vos concitoyens)
    maintien de l'ordre (lors des festivités locales par exemple)
    tranquillité (autour des établissements scolaires notamment)
    salubrité publique (lutte contre le bruit, identification de l'habitat insalubre, déplacement des épaves...)

Chefs de service et agents de la Police municipale dépendent de la Fonction publique territoriale.


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Re : Pour ou contre la police de proximité ou « pol’ prox » ?
« Réponse #5 le: 16 octobre 2014, 14:49:04 »
La police de proximité est initialement une doctrine d'emploi de la police nationale instaurée à partir de 1998 par le gouvernement de Lionel Jospin et globalement supprimée à partir de 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur du gouvernement Jean-Pierre Raffarin.

Police-Justice, ce que Hollande veut changer 1/6. Appliquée en 1998, supprimée en 2003 par le ministre Sarkozy, la police de proximité figure dans le programme du nouveau président de la République.

Policier (national ou municipal) de proximité, un métier qui implique de se faire connaître de la population.

Elle était un symbole du gouvernement Jospin. Celui, aussi, qui a provoqué sa chute et permis au jeune Nicolas Sarkozy d'intenter un procès en angélisme. La police de proximité figure en bonne place dans le projet « sécurité justice » du nouveau président de la République.
Le futur ministre de l'Intérieur (Manuel Valls et François Rebsamen sont en balance pour le poste) aura donc à proposer cette nouvelle réforme qui fleure bon la Gauche plurielle.

Pour commenter le projet, FranceSoir.fr a interrogé Jean-Pierre Havrin, 65 ans, qui fut conseiller technique de Jean-Pierre Chevènement, à l'Intérieur, et a mis en place le projet de police de proximité du gouvernement Jospin. Il fut aussi le directeur départemental de la sécurité publique de Haute-Garonne. Il a fait partie de l'équipe réunie autour de François Rebsamen, chargée de préparer le projet sécurité-justice du candidat Hollande. 

1. Le projet

Le programme du candidat Hollande prévoyait la création de « zones de sécurité prioritaire ». Combien ? « Nous en avons prévu quelques centaines », sans plus de précision. Mais en priorité dans les quartiers dits sensibles. « Il s'agit d'implanter des "proximiers". Ce sont des équipes, toujours les mêmes, chargées de renouer le contact avec la population », précise Jean-Pierre Havrin. Dans ces zones sera déployée la « police de quartier », sous la pleine autorité du commissaire de police. L'idée forte du projet est de remettre les policiers sur le terrain, le plus souvent possible pour « retourner les liens qui unissent police et population. Si la police est considérée comme une ennemie, alors on ne s'en sortira pas. »

Le projet socialiste prévoit également d'augmenter les pouvoirs du maire qui pourra porter plainte au nom d'un groupe de riverains en cas de menaces, occupations de hall d'immeubles, trafic de stupéfiants, voies de fait, etc. Enfin, les forces locales de sécurité pourraient se voir confier des pouvoirs de médiation, en cas de conflit de voisinage, par exemple, qui seraient transmis aux parquets.

2. Les moyens de l'appliquer

François Hollande a promis la création de 5.000 postes à répartir entre police, gendarmerie et justice. Parmi les nouveaux agents, certains seront affectés à la police de proximité, lors d'une « montée progressive en puissance », décrite par le programme du Parti socialiste. Pareillement, il est également question que des CRS et des gendarmes mobiles soient « fidélisés » dans le cadre de cette police de quartier. Sera-t-il à nouveau question d'organiser des matchs de foot entre des jeunes des quartiers et les policiers, comme avait raillé Nicolas Sarkozy ? Le choix reviendra certainement aux responsables locaux.

3. Peut-il réussir ?

La police de proximité a été longuement raillée par la droite républicaine. Jugée permissive, laxiste, elle fut vilipendée. Pour Jean-Pierre Havrin, elle a fait ses preuves. « A Toulouse, dans le quartier du Mirail, nous avions obtenu de bons résultats. Ce type de police permet, en restant au contact de la population, de récolter beaucoup plus de renseignements et donc d'améliorer nos résultats judiciaires. C'est le petit renseignement qui compte. Connaître les habitants d'un quartier, savoir qui est en train de déraper, qui est sérieux... Et au delà de ça, le taux d'élucidation des affaires, on s'en fout. C'est le taux de satisfaction du public qui compte », insiste l'actuel adjoint au maire de Toulouse.

Pour autant, quatre rapports confidentiels ont été remis entre 1999 et 2001 au ministre de l'Intérieur pointent un bilan plutôt négatif. Inversement, un rapport daté de 2010 indique que les Unités territoriales de quartier, mises en place par Michèle Aliot-Marie, étaient « efficaces ». Métier difficile, parfois dangereux étant donné que les agents sont par définition faiblement armés et protégés, les policiers de proximité auront à faire leurs preuves.

"UNE SOLUTION QUI COÛTE, MAIS QUI EST EFFICACE"

Dès son arrivée au ministère de l'intérieur, en 2002, Nicolas Sarkozy avait supprimé la police de proximité mise en place par la gauche, en lui reprochant de jouer les "assistantes sociales".
Cinq ans plus tard, après les échauffourées à Villiers-le-Bel (Val d'Oise) de novembre 2007, le projet des UTEQ avait été imaginé pour combler le vide laissé sur le terrain.

Dans 22 départements, une liste de quartiers sensibles avait été dressée. Et le 14 avril 2008, les premières unités voyaient le jour en Seine-Saint-Denis. Puis d'autres avaient suivi à Marseille, Toulouse, Rouen, Lille, Strasbourg, Tourcoing, et jusque dans le centre-ville de Rennes.

Le 24 juin, le jour même de son installation place Beauvau, sitôt la passation de pouvoir avec Michèle Alliot-Marie achevée, M. Hortefeux s'était rendu à Orly (Val-de-Marne) saluer une nouvelle UTEQ tout juste installée.
Le ministre de l'intérieur avait alors déclaré : "C'est une solution qui coûte, qui suppose des redéploiements mais qui est efficace." Il avait évalué la baisse de la délinquance "entre 10 % et 20 %" là où les UTEQ s'étaient installées.

Elles sont, de fait, souvent réclamées par des élus de droite comme de gauche, malgré une mise en place parfois délicate (nombre de ces unités ont été accueillies dans les quartiers par des caillassages), et les critiques sur l'aspect "Robocop" de l'équipement des policiers (flash-balls, pistolet à impulsion électrique, casques pare-balles…).

Mais surtout, l'arrêt brutal du programme entre en totale contradiction avec les discours répétés de Nicolas Sarkozy sur la lutte contre la délinquance.

Faire plus avec moins : la Direction générale de la police nationale et la Direction centrale de la sécurité publique travaillent actuellement à une recomposition des circonscriptions de police. Après Paris, la création d'une police d'agglomération à Lyon et Marseille notamment, font partie d'un vaste chantier de réorganisation d'abord dicté par la rigueur budgétaire.


Isabelle Mandraud et Julien Balboni

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Re : Pour ou contre la police de proximité ou « pol’ prox » ?
« Réponse #6 le: 18 janvier 2019, 10:54:22 »
La brigade de contact, l’un des défis de la gendarmerie nationale au XXIème siècle est sa capacité à rester proche de la population. Cette réalité s’impose à Elle. La sécurité du quotidien a d’ailleurs été érigée en priorité par le ministre de l’Intérieur.

Le maillage territorial est la force de la Gendarmerie. Il lui permet d’être au plus proche de la population, dans les zones péri-urbaines comme dans les zones rurales. Mais cette force l'oblige aussi car, au-delà du seul ancrage sur tout le territoire français, elle doit faire la démarche de connaître son milieu.

Il s‘agit de faire vivre cette proximité avec la population. Toutes les occasions pour faire du contact quotidien avec les habitants des communes, les commerçants, le monde associatif, les élus, les polices municipales, doivent être saisies : le marché hebdomadaire, la prévention avec les commerçants, les cérémonies, les activités scolaires, les fêtes locales… sont autant de créneaux qui doivent être sanctuarisés et dédiés au contact avec la population.

C’est dans cet objectif que les Brigades de contact sont créées : une démarche de proximité retrouvée et affirmée. Mais au-delà de ce modèle, c’est l’esprit qui doit être transposé dans toutes les unités : faire vivre la fonction contact.

La principale mission est de renforcer le contact avec les populations et ses partenaires. La Gendarmerie fait déjà cela avant la création des brigade de proximité, mais aujourd'hui, exempts de toute mission d’intervention, elle peut s'y consacrer exclusivement. " Ce n’est pas en quelques minutes et en serrant quelques mains que l’on peut établir de vrais liens de confiance. Cela exige du temps et un investissement relationnel. "

Le service extérieur de “prévention de proximité” reprend alors son sens premier : les patrouilles sont ciblées en termes d’horaires comme de lieux, et privilégient l’accessibilité (services pédestres ou en VTT). « Tous les moyens sont bons pour créer du contact. Les militaires effectuent, par exemple, des enquêtes de voisinage. La flexibilité des horaires leur permet de prendre contact avec plus de personnes, de rencontrer plus de témoins potentiels. »

Sans contact avec la population, c’est-à-dire sans échanges, sans discussions, sans rencontres, sans disponibilité et intérêt porté aux habitants des territoires dont la Gendarmerie a la responsabilité, rien de ce qui fait le sel, la grandeur et la réussite de son coeur de métier ne serait possible. Cette proximité est le socle sur lequel tout se construit. Le contact est une obligation dans l’exécution du service. C’est pour Elle la première des priorités stratégiques.

Pour conclure : Théoriser une pratique ancienne

La police de proximité repose sur trois piliers.
Le premier réside dans une approche globale de l'ordre public qui comporte une triple démarche préventive, dissuasive et répressive.
Le second, dans une intervention au cœur de la population, dans laquelle les forces de police doivent se fondre afin de répondre à ses attentes en matière de sécurité.
Le troisième enfin impose une série de coopérations entre l’État et les collectivités territoriales, mais aussi entre les collectivités publiques et le secteur associatif, afin de permettre une meilleure mobilisation en faveur de la sécurité. Cette définition, qui a suscité bon nombre d'études et de débats, ne fait finalement que théoriser une pratique déjà bien connue.

C'est ainsi que le fonctionnement de la Gendarmerie a toujours reposé sur une connaissance aussi profonde que possible du territoire et une coopération étroite avec les élus locaux. Autrement dit, la Gendarmerie faisait de la police de proximité comme monsieur Jourdain de la prose, sans le savoir.  ;)

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Re : Pour ou contre la police de proximité ou « pol’ prox » ?
« Réponse #7 le: 07 juillet 2023, 17:59:00 »
Les hirondelles : la patrouille de police disparue de Paris

Avant les voitures de police sans âme que l’on connaît maintenant, les Parisiens étaient protégés par des "hirondelles". Cette patrouille à bicyclettes sillonnait alors les rues de Paris sur des vélos de fonction, comme des hirondelles ils passaient et repassaient.

Jamais sans leur bicyclette !

« Les Hirondelles » foulent pour la première fois le sol parisien en 1901. Leurs collègues et les habitants les surnomment ainsi à cause de leur cape flottante qui rappelle l’oiseau.
Aussi, les vélos de ces policiers s’appellent très justement « Hirondelles » fabriqués pas la manufacture de St Étienne.

Avec trois brigades par arrondissement, la ville comptait 2819 policiers sur roues en 1950 ! Ces policiers spéciaux étaient chargés de faire régner l’ordre et le calme durant la nuit.
Ils enfourchaient donc leurs précieuses « Hirondelles » pour faire acte de présence et non pour poursuivre de dangereux malfrats…
En effet, ces agents de proximité étaient souvent les plus âgés car ils n’avaient qu’à pédaler tranquillement dans les rues de la capitale. Les Parisiens connaissaient leur brigade, les saluaient et parfois même trinquaient avec eux ainsi ces hommes de l'ordre connaissaient leur quartier et les populations !
Malheureusement ils disparaissent petit à petit dans les 80’s au profit des brigades motos.
« Les Hirondelles » sont rayées définitivement de la carte en 1984.
Aujourd’hui on peut encore trouver leurs vélos éponymes dans des brocantes ou continuer à saluer les patrouilles à vélo qui passent en bas de chez nous !

http://amicale-police-patrimoine.fr/Hirondelles.html

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Re : Pour ou contre la police de proximité ou « pol’ prox » ?
« Réponse #8 le: 07 juillet 2023, 18:02:05 »
Alors que la France est secouée en 2023 par des émeutes urbaines, le débat sur la police de proximité revient sur la table.

À la suite des violentes émeutes qui sont intervenues après la mort du jeune Nahel, Emmanuel Macron a réuni 220 maires à l'Élysée afin de trouver des solutions durables.
L'un d'entre eux, Hervé Guihard, maire de Saint-Brieuc a appelé de ses vœux le rétablissement de la police de proximité. Pour l'édile, "quand la police est réduite à l'intervention dans les quartiers, vous pouvez difficilement demander à un jeune d'avoir confiance en elle".
Mais à quoi sert cette police ?
Par qui et pourquoi a-t-elle été mise en place ?
Quels sont ses avantages et ses inconvénients ?
Alors que certaines voix, notamment à gauche, réclame son retour, La Dépêche s'est penché sur le débat.

C'était quoi la police de proximité ?

La police de proximité a été créée en 1998 par le gouvernement de Lionel Jospin pour renforcer les relations entre la population et la police. Opérée par la Direction centrale de la Sécurité Publique (DCSP) au sein de la police nationale, elle a été mise en place dans toute la France. Les agents se promenaient dans les quartiers en difficulté auxquels ils étaient affectés. Ils distribuaient des cartes de visite avec leur numéro pour que les habitants puissent les contacter. En privilégiant la prévention et en assurant la médiation par une présence quotidienne sur le terrain, le gouvernement de l'époque espérait réduire les délits et les besoins de répression.

Le père de la police de proximité, l'ancien commissaire de Toulouse Jean-Pierre Havrin a détaillé sur franceinfo la ,façon dont travaillaient ces fonctionnaires : "Il fallait que le policier s'approprie les lieux, connaisse tout le monde. On l'incitait à rencontrer les associations, les responsables du quartier. Il fallait que les gens se sentent protégés et apprivoisent les policiers. Ça a pris du temps, mais au bout d'un moment, ils se sont habitués, certains invitaient les policiers à prendre le thé. On organisait des matchs de rugby avec les jeunes. Aujourd'hui encore, certains que je croise me disent que cette police leur a permis de ne pas devenir des délinquants."

Pour Jean-Pierre Harvin, cette police était aussi utile pour récolter des renseignements dans la lutte contre le terrorisme. "Elle permet de recueillir un nombre très important de renseignements indétectables autrement. Il s'agit de repérer les petites dérives, les signaux faibles", assure-t-il dans Sud Ouest.
Pourquoi a-t-elle été supprimée ?

La police de proximité a été abandonnée en 2003 par le ministre de l'Intérieur d'alors, Nicolas Sarkozy, qui l'avait publiquement raillé lors d'une visite à Toulouse. Le rôle des forces de l'ordre devait être recentré selon lui : "Vous n'êtes pas des travailleurs sociaux. Organiser un match de rugby pour les jeunes du quartier, c'est bien, mais ce n'est pas la mission première de la police".

Autre argument avancé par le gouvernement au pouvoir en 2003, "la présence de la police la journée réduit le nombre d'effectif la nuit, la où la délinquance est la plus importante". Il dénonçait également des résultats peu convaincants et des statistiques mitigées sur la baisse de la délinquance. En bref, une perte de temps et donc d'argent.

Pour les adeptes de la police de proximité, "sa mise en place n'était pas assez longue pour juger de son efficacité".

Comment fonctionne-t-elle aujourd'hui ?

En 2017, Emmanuel Macron a décidé de créer une "Police de Sécurité du Quotidien" pour lutter contre le sentiment d'insécurité grandissant en France, notamment après les attentats de 2015. Mise en place depuis 2018, elle est quasiment habilitée aux mêmes missions que l'ancienne police de proximité, c’est-à-dire prévenir la délinquance grâce à une connaissance du terrain et tisser des liens durables avec la population.

Ce dispositif avait soulevé des questionnements. L'ancien député LR Geogres Fenech dénonçait auprès du Monde : "Je trouve que c'est un contresens de détourner les policiers de leur mission première qui est d'assurer la sécurité. En pleine menace terroriste et face à une augmentation forte de la délinquance et de la criminalité, les priorités opérationnelles des policiers doivent être orientées principalement vers l’investigation et le renseignement." Par ailleurs, toutes les villes de France n'ont pas profité du dispositif comprenant 1300 policiers, qui priorise une soixantaine de "quartiers de reconquête républicaine". À sa mise en place, comme l'explique Le Figaro, des agglomérations comme Saint-Deins (Seine-Saint-Denis) ou Angers n'en avaient pas profité.

Source https://www.ladepeche.fr/2023/07/07/debat-emeutes-pourquoi-la-police-de-proximite-a-t-elle-disparu-et-faut-il-la-retablir-11317572.php?M_BT=100111792180#xtor=EPR-1-[newsletter]-20230707-[classique]

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Re : Pour ou contre la police de proximité ou « pol’ prox » ?
« Réponse #9 le: 07 juillet 2023, 18:06:40 »
C'est quoi la police de proximité ?

LES CLES DE L'ELYSEE. Jusqu'à la fin de la campagne présidentielle, l'antisèche du Journal du Dimanche va définir les mots du débat politique. Parce qu'il n'y a jamais de questions bêtes, notre rubrique va revenir sur les notions utilisées par tous les candidats et les commentateurs sans que l'on prenne jamais le temps de les expliquer.

Quand on parle de police de proximité, ce n'est pas de police municipale dont on parle, mais d’une façon de concevoir l'action de la police. La police de proximité, c'est ce qu'on appelle une "doctrine d’emploi", de la police nationale, qui a été mise en place sous le gouvernement de Lionel Jospin, par son ministre de l'Intérieur, Jean-Pierre Chevènement, en 1998.

Elle s'inspire d'un modèle anglo-saxon le community policing. Avec la police de proximité, le gouvernement veut renouer le lien entre les forces de l'ordre et la population, et lutter contre le sentiment d’insécurité dans les quartiers. Elle suit trois piliers : prévention, proximité, partenariat, auquel on pourrait même ajouter participation.

Mise en place progressivement à partir de 1998, cette police a vocation à faire partie du maillage social du territoire, et favoriser la prévention à la répression. Mais en 2003, le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy la supprime. Lors d’un déplacement à Toulouse en 2003, il s'agace : "la police n'est pas là pour organiser des tournois sportifs, mais pour arrêter des délinquants, vous n’êtes pas des travailleurs sociaux". Certains ne renoncent pas à un retour : en 2012, les sénateurs à majorité communistes déposent une proposition de résolution demandant au gouvernement de la rétablir, puis une proposition de loi, en 2017.

En 2017, Emmanuel Macron annonce la création d'une "police de sécurité du quotidien", menée par Gérard Collomb. Le président jure qu’il ne veut pas "ressusciter la police de proximité de Jean-Pierre Chevènement", mais admet que "l'inspiration est la même". En 2018 débute l'expérimentation de cette "police plus ancrée dans les territoires dont elle a la charge", qui a vocation à s’étendre tout au long du quinquennat, jusqu’à être déployée dans 62 quartiers de "reconquête républicaine", en janvier 2021.

Source https://www.lejdd.fr/Politique/cest-quoi-la-police-de-proximite-4091282

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Re : Pour ou contre la police de proximité ou « pol’ prox » ?
« Réponse #10 le: 07 juillet 2023, 18:08:44 »
L’actualité récente a replacé les notions de contact et de proximité au cœur de la sécurité publique. Inadaptée pour les uns, pas assez développée faute de moyens pour les autres, la police de proximité pose implicitement, aujourd’hui, la question du partage des missions entre la police et la gendarmerie en zone urbaine et périurbaine. Or, forte de son maillage de proximité historique, la gendarmerie fait figure de pionnière en la matière.

Selon le politologue François Dieu, la police de proximité peut se définir comme « un mode de gestion de la sécurité mis en œuvre au plus près de la population, de manière à répondre par une action policière prioritairement préventive (inspirée du community policing anglo-saxon), à ses besoins soigneusement identifiés et pris en considération ». Apparue dans les discours officiels français à la fin des années 90, cette notion a été depuis accaparée par la police nationale. En effet, à partir de 1998, le gouvernement de Lionel Jospin avait fait de « la police de proximité » une doctrine d’emploi de la police avant que Nicolas Sarkozy ne la supprime globalement en 2003 au profit d’une police dite d’ « intervention ». Néanmoins, les missions de police de proximité continuent de se développer au sein de la majorité des polices municipales.

Dans le même temps, depuis la Loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (LOPSI) de 2002, la Gendarmerie départementale a été redéployée, entraînant consécutivement la fermeture de certaines Brigades territoriales (B.T.) qui, pour le sociologue Christian Mouhanna, constituaient, avant l’heure, le modèle de « police de proximité », un rôle qu’elles continuent de jouer peu ou prou en zone rurale. En effet, si elle ne peut se prévaloir officiellement vis-à-vis de la population et de ses personnels d’un domaine pour l’heure associé à l’idée de modernité policière, la proximité est pourtant l’une des composantes fondatrices de l’action policière de la gendarmerie depuis la sédentarisation de la maréchaussée opérée en 1720.

Cette proximité s’explique par son maillage du terrain grâce la densité du réseau des brigades territoriales, et la surveillance générale qu’elles assurent. Implantée sur la totalité du territoire national, la brigade est l’unité fonctionnelle de l’épithélium gendarmique. C’est le cadre cantonal qui a été privilégié dès les origines pour occuper ce dernier, avant même que les textes organiques ne l’imposent en 1850, car il sert de base à la justice de paix, à la garde nationale, aux consultations électorales et au recrutement des soldats.

En 1870, on dénombre quelque 3 600 brigades. Au lendemain de la Grande guerre, l’Institution amorce un changement de paradigme. Après avoir retrouvé une direction en 1920, elle met sur pied des pelotons mobiles spécialisés dans le maintien de l’ordre grâce à la loi du 22 juillet 1921. Cette nouvelle subdivision de l’Arme permet de compléter le dispositif de la gendarmerie départementale et d’accroître la présence gendarmique sur le terrain. Le mouvement de spécialisation se poursuit durant l’entre-deux-guerres et s’accélère encore après la Seconde Guerre mondiale.

La gendarmerie élargit le spectre de ses missions et de ses moyens. Elle occupe désormais des espaces plus vastes, incluant la haute montagne (création des pelotons de haute montagne en 1958), les domaines maritime, fluvial, aérien et sous-terrain (groupe de spéléologues créé en 1974), et renforce par là même son rattachement aux territoires et aux hommes. La brigade demeure pour autant la structure polyvalente par excellence de la gendarmerie dans laquelle s’exercent toutes les missions qui sont confiées à l’Institution. Sa proximité physique lui permet d’exercer une surveillance générale et continue des populations.

La gendarmerie départementale comporte actuellement 3 200 brigades territoriales, réparties sur 95 % du territoire. Depuis 2002 et la refonte de l’emploi des forces de sécurité intérieure, on distingue les brigades autonomes et les brigades regroupées au sein d’une communauté de brigades. On compte aujourd’hui 1 000 communautés de brigades alors qu’environ 730 B.T. sont restées autonomes. Parallèlement, la police et la gendarmerie poursuivent leurs redéploiements. La police nationale étend sa zone de responsabilité à des communes de la zone de gendarmerie situées dans le prolongement des grandes aires urbaines ou enclavées en zone de police.

En ce qui concerne la gendarmerie, la priorité reste les petites circonscriptions isolées pouvant difficilement être renforcées par la police nationale. La proximité de la gendarmerie avec la population nécessite des réadaptations ou des innovations. Des expérimentations ont à cet effet été menées, comme les brigades territoriales de contact, initiées en mars 2017 et déployées pour renforcer les relations avec les populations. Le territoire numérique est désormais également investi par la gendarmerie via les réseaux sociaux Twitter, Facebook et autre LinkedIn, pour informer et interagir avec les populations.

L’Institution a également développé depuis 2014 sur un projet de transformation digitale Neogend permettant à chaque gendarme de disposer d’un outil numérique susceptible de faciliter le contact, et travaille également sur un projet de brigade numérique afin de développer toujours plus de proximité avec le citoyen. De toute évidence, la capacité opérationnelle de la gendarmerie et la densité de son maillage territorial doivent absolument être préservées sous peine devoir s’étioler sa proximité originelle des populations dont elle a historiquement tiré sa force et sa légitimité.

Source https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/histoire/la-police-de-proximite