Dans son édition du lundi 6 avril 2015, le Parisien consacre sa Une et une double page à la cybercriminalité en expliquant qu'à l'ère du tout-connecté, la crainte de crimes pouvant aller
jusqu'au meurtre menés par des pirates informatiques est « bien réelle ».
Dans un encart, le colonel Philippe Mirabaud, « chef de mission cybercriminalité à la gendarmerie », reconnaît les risques générés par les objets connectés et détaille les actions pour contrer les cybercriminels. Il explique que face à la multiplicité des cibles potentielles, la priorité est mise sur les appareils qui seront le plus déployés, comme les véhicules connectés. Les fabricants sont ainsi invités à concevoir des objets moins vulnérables. Il souligne également l'importance d'une coopération internationale plus forte, notamment par le biais des entités européennes Europol, Eurojust et Interpol.
A l'ère du tout-connecté, la crainte de crimes pouvant aller jusqu'au meurtre menés par des pirates informatiques est bien réelle.
« Ceux qui savent comment ces technologies fonctionnent seront de mieux en mieux placés pour les exploiter à leur avantage, au détriment des gens ordinaires », avertit un expert américain. (MaxPPP/Keystone/Gaétan Bally.)
On appelle cela l'Internet des objets, une tendance majeure de l'évolution des technologies et un marché à la croissance exponentielle. Dans un futur proche, voitures, télévisions, réfrigérateurs, mais aussi compteurs électriques, alarmes et pacemakers connectés envahiront notre quotidien pour nous rendre la vie plus facile et plus confortable.
Selon l'institut d'analyse américain GfK, les Français achèteront deux milliards d'objets connectés d'ici à 2020. Soit une trentaine par personne...
Un cyberunivers qui fait craindre une vague de cybercrimes... Dans son rapport annuel publié à l'automne dernier, Europol tirait ainsi la sonnette d'alarme. Avec l'émergence des objets connectés, l'office de police européen disait s'attendre à de nouvelles formes de « chantages, de méthodes d'extorsions », « de vols de données, de dommages corporels voire de morts ».
Dans un livre de 440 pages au titre transparent, « Future Crimes », qui vient de paraître outre-Atlantique, un expert américain en sécurité détaille les menaces qui planent sur un monde entièrement connecté. « Bien que ses nombreux bénéfices semblent indéniables, l'Internet des objets pose aussi d'énormes risques. Car de même que l'électricité peut provoquer des chocs et tuer, des milliards d'objets connectés en réseau le peuvent aussi, insiste Marc Goodman, qui a notamment travaillé pour Interpol, l'ONU et le gouvernement américain. Ceux qui savent comment ces technologies fonctionnent seront de mieux en mieux placés pour les exploiter à leur avantage, au détriment des gens ordinaires. »
Alors que l'on s'inquiète actuellement de voir son adresse e-mail ou son ordinateur piraté, les cyberattaques devraient progressivement investir le monde physique. En théorie, rien n'arrêtera les criminels, sauf leur imagination. Prendre le contrôle d'un véhicule ou d'un appareil médical à distance ? Faire dérailler un train ? Infiltrer des installations sensibles ? La réalité a déjà dépassé la fiction. D'autant que désormais, avec un peu de temps et sans trop de moyens, on peut se former au piratage en ligne.
Les cybercriminels ont même leur Google : Shodan, un moteur de recherche qui permet de trouver des terminaux vulnérables. Selon le fabricant de matériel informatique Hewlett-Packard, 70% des objets connectés les plus utilisés comportent des failles...
Ces menaces à grande échelle inspirent Hollywood : dans « Hacker », un thriller actuellement en salles, Michael Mann imagine le piratage, coup sur coup, d'une centrale nucléaire chinoise et du marché de matières premières de Chicago. « A chaque nouvelle technologie, on crie au loup », tempère un expert. Mais beaucoup confirment que le niveau actuel de sécurité des objets connectés est largement insuffisant. Selon eux, une prise de conscience s'impose avant que le marché explose. Et que nos futurs compagnons du quotidien ne se transforment en armes.
Consommateurs, entreprises, concepteurs... Chacun, à son niveau, est en mesure d'agir pour éviter les dangers. A défaut de pouvoir intervenir sur les objets eux-mêmes, l'utilisateur...
Gaël Lombart : 06 Avril 2015,http://www.leparisien.fr/espace-premium/actu/ces-cybercrimes-qui-nous-menacent-06-04-2015-4668509.php