Auteur Sujet: Charlie Hebdo : comment parler du drame aux enfants ?  (Lu 2408 fois)

0 Membres et 1 Invité sur ce sujet

Hors ligne Jeano 11

  • Administrateur
  • *****
  • Messages: 7109
  • Sexe: Homme
  • Retraité
Charlie Hebdo : comment parler du drame aux enfants ?
« le: 08 janvier 2015, 19:04:44 »
Après l’attentat meurtrier perpétré mercredi dans les locaux de Charlie Hebdo à Paris, une journée de deuil national a été instaurée en France. Partout, l’émotion est forte. Dans les écoles comme ailleurs, une minute de silence a été observée ce jeudi. Mais comment expliquer le drame aux plus jeunes ? Comment rassurer les enfants sans leur cacher la vérité ? Voici plusieurs éléments de réponses.

Le site Europe 1 cite une maman qui s’est confiée sur son blog : « Je regardais distraitement mon fil Twitter quand la purée chauffait. Nous allions passer à table. Les enfants patientaient devant un dessin animé. Et puis j’ai vu l’annonce de la fusillade à Charlie Hebdo. Nous avons fini de déjeuner dans la bonne humeur (…). Je les ai regardés danser et chanter. Entre deux mondes. La naïveté de l’enfance qui colore la journée avec des paillettes et le noir de la barbarie. Et puis le questionnement. Que dois-je leur dire ? ». Très bonne question en effet.

Les enfants doivent dessiner les images qu’ils ont vues :
Pour la psychanalyste Claude Halmos, interviewée par 20minutes.fr, « le sujet ne doit pas être tabou ». Les parents ne doivent pas hésiter à aborder le sujet avec eux, à répondre à leurs questions : « Les parents doivent d’abord les interroger pour savoir ce qu’ils savent de la tragédie et pourquoi ils pensent que c’est arrivé. Car les plus petits peuvent fantasmer sur des événements qui n’ont rien à voir avec cette tragédie. S’ils ont vu des images des suspects, il faut leur faire dessiner ce qu’ils ont perçu ».

Mais tout dépend de leur âge bien sûr. Le pédopsychiatre Stéphane Clerget et la psychothérapeute Audrey Akhoun, questionnés par Europe 1, précisent que les enfants de moins de 5 ans n’ont pas la capacité de comprendre ce type de drame. Il est donc préférable de ne pas les exposer aux images des journaux télévisés et d’éviter de leur parler de l'attentat. A partir de 6 ans, les parents doivent au contraire questionner leurs enfants et mettre des mots sur le drame. « Des mots simples, sans rentrer dans les détails », insistent les deux psychiatres.

Aborder le thème de la liberté de penser :
Ce drame est l’occasion d’aborder le thème de la liberté de penser, un droit qu’il faut défendre. Ce doit être « un moment d’instruction civique », poursuit Claude Halmos. Il est important d’expliquer que les journalistes ont été tués parce que certaines personnes ne supportaient pas que l’on ne pense pas la même chose qu’elles.

Les rassurer par des images d’ordre :
Pour Audrey Akhoun, le plus important est de leur « expliquer qu’il y a la police, l’État et que tout est mis en œuvre pour que ces gens qui ont mal agi soient retrouvés et punis en conséquence ». Pour ne pas qu’ils s’imaginent le pire, il faut « les ramener à du concret », « leur montrer sur le terrain les policiers devant les magasins ou les lieux publics et leur dire, "ils sont là pour nous protéger et te protéger" ».

Éviter la télévision et la radio :
Si on doit parler du drame aux enfants, il faut en revanche éviter de les mettre devant les journaux télévisés ou devant internet. « L'image télévisuelle n'a pas de caractère informatif. Cela créé beaucoup d'émotions mais ce la n'informe pas » commente Stéphane Clerget. De même, n’écoutez pas avec eux la radio. Les enfants peuvent entendre et voir sans filtre.

Évoquer la barbarie :
Pour les enfants les plus grands et les adolescents, Claude Halmos conseille de parler de la barbarie, qui a toujours existé. On peut pour cela parler « de l’histoire, de la Shoah, du génocide rwandais ».

Ne pas cacher son émotion :
Pour des parents rencontrés en banlieue parisienne, ce matin, il faut d'abord préserver les enfants des images chocs montrées à la télévision. Pour d'autres, il vaut mieux ne rien dire.
http://www.francetvinfo.fr/faits-divers/attaque-au-siege-de-charlie-hebdo/video-inhumanite-injustice-comment-parler-du-drame-de-charlie-hebdo-aux-enfants_791645.html

L'émotion est la chose à privilégier, selon la psychanalyste Claude Halmos. "C'est l'émotion, parce que c'est un sentiment humain qui, mieux que tout, montre à ces enfants l'inhumanité de ce qui vient de se passer." Des élèves d'un collège, quant à eux, parlent d'injustice face à l'horreur de cette tuerie qui a touché des personnes qui défendaient la liberté.


Pour préserver ses enfants, certains parents ont tendance à vouloir cacher leur émotion. Claude Halmos explique au contraire qu’il ne faut pas hésiter à la montrer : « C’est parce qu’on va pleurer que l’enfant va comprendre que cette tragédie est inhumaine. Il faut lui montrer que la majorité des Français ne sont pas d’accord avec les terroristes et à quel point ils se mobilisent pour qu’une telle tragédie ne recommence pas ».

LaDepeche.fr - des dessins http://www.ladepeche.fr/diaporama/les-dessinateurs-rendent-hommage-a-charlie-hebdo/1714953-b6wdcaaimaamztt.html