ORTHOGRAPHE - Faut-il écrire «il conclut» ou «il conclue» ?
«sans-faute» ou «sans fautes» ? «tache ou «tâche» ?
Le Figaro revient sur ces erreurs qui constellent nos lettres et messages du quotidien.
Savoir se vendre est un art. Un don, sûrement, mais aussi et surtout un savoir-faire. Et qui dit «savoir y faire», dit «techniques pour y faire». À l'oral, certains vous diront par exemple que le plus important n'est pas ce que vous dites, mais comment vous le dites. Il faudra ainsi mettre le ton, regarder l'auditoire, sourire, etc. Et à l'écrit alors? Si la forme est importante -la pagination, les couleurs, les caractères d'imprimerie- le fond l'est bien davantage. Il serait dommage en effet de rendre une jolie copie truffée de coquilles...
La lettre de motivation est un exercice périlleux. À ce sujet, Le Figaro vous propose quelques astuces afin de pallier de possibles erreurs.
● Sans fautes, sans faute ou sans-faute?
Il y a des locutions que l'on ne remet jamais en question.
C'est le cas par exemple de : «sans détour», «sans commentaire», «sans doute», «sans retour», «sans-abri» ou encore «sans-emploi» qui sont invariables. Et il y a autrement des locutions auxquelles on doit faire attention.
Le nom qui suit la préposition «sans» doit se mettre au singulier quand il qualifie une chose abstraite ou une chose concrète, que l'on ne peut compter. Exemple: «C'est un homme sans morale», «Je prends mon café sans lait et sans sucre.» Inversement, il doit se mettre au pluriel quand il qualifie plusieurs éléments. Exemple: «Un arbre sans feuilles».
Qu'en est-il des «fautes»? Dans certains cas, le singulier et le pluriel sont admis, indique L'Office québécois de la langue française. Ainsi, concernant la formule «sans faute», si l'on entend «sans erreurs», alors on mettra un «s» au mot «faute». Exemple: «C'est une copie sans fautes (sans erreurs).» A contrario, si le sens de «sans faute» est «à coup sûr», on laissera le mot «faute» au singulier. Exemple: «Je te le fais sans faute aujourd'hui.»
Astuce : Si vous hésitez entre le singulier et le pluriel, tentez la locution «sans-faute» qui signifie «impeccable» et est invariable. Exemple: «Ma copie est toujours sans-faute.»
À noter que la formule «orthographe correcte» est un pléonasme. Du grec orthos, «droit», et graphe, «écrire», le mot «orthographe» désigne «la manière correcte d'écrire un mot». Préférez donc: «Je maîtrise parfaitement l'orthographe.»
● Possible ou possibles?
Tout est possible. Tout est réalisable. Sauf en matière d'orthographe! Si toutes les erreurs sont possibles, les règles du français, elles, sont limitées. À commencer par la construction du mot «possible». Il s'accorde avec un nom pluriel lorsqu'il est adjectif et qu'il prend le sens de «réalisable, imaginable». Exemple: «Explique-moi quelles sont les solutions possibles (imaginables)».
Le mot «possible» restera au singulier derrière les formules: «le(s) plus» et «le(s) moins». Ce, même s'il est employé avec un nom au pluriel. Exemple: «le plus d'efforts possible.»
● Des fois, parfois, quelquefois?
«Il m'est arrivé des fois de m'occuper de la comptabilité.» Bien que courante, la formule est incorrecte. Ainsi que l'explique l'Académie française dans sa rubrique Dire / Ne pas dire «on ne doit pas substituer la locution adverbiale ‘Des fois', aux adverbes de temps ‘Parfois' et Quelquefois'». Et d'ajouter: «On ne doit pas non plus employer la locution conjonctive ‘Des fois que' pour ‘Au cas où'.»
Pour être correct donc, on préférera dire «Il m'est arrivé parfois de m'occuper de la comptabilité», «j'ai quelquefois occupé le poste de rédacteur», etc. Cette nuance fera à coup sûr la différence.
● Conclue ou conclut, envoie ou envois ?
Leur écriture est un casse-tête. A fortiori, parce qu'il est devenu courant, voire banal, de les rencontrer sous leur forme incorrecte. Rappelons-nous toutefois deux règles très simples afin de mettre fin à nos tergiversations. Le verbe «conclure», à l'instar de «inclure» et «exclure», fait partie du 3e groupe. Il ne peut donc pas se conjuguer sur le modèle du verbe «aimer» et «finir». Pour être correct, on écrira «il conclut» au présent et non pas «il conclue». Cette dernière forme est réservée au subjonctif présent.
Concernant le verbe «envoyer», rappelons-nous qu'il s'agit d'un verbe du 1er groupe. Ses terminaisons sont donc celles du verbe «aimer». Pour être juste, on écrira au présent de l'indicatif: «j'envoie», «tu envoies», «il envoie». Idem pour le verbe «transférer». On notera: «Je transfère», «tu transfères», «il transfère».
Bonus: Pour savoir si le participe passé d'un verbe prend un «t» ou un «s» final, essayez de le mettre au féminin. On dit «une chose prise» donc le participe passé est «pris». De la même manière, on ne peut pas écrire «une chose choisite», donc le participe passé du verbe «choisir» se note «choisi».
● Censé ou sensé? tache ou tâche? voir ou voire?
Les homonymes ont la dent dure dans nos copies. Qu'à cela ne tienne! Il existe des règles très simples afin de ne plus tomber dans leurs pièges.
- L'adjectif «censé» est toujours suivi d'un infinitif. On écrit: «Nul n'est censé oublier la loi» et non «Nul n'est sensé oublier la loi». A contrario, l'adjectif «sensé» s'emploie pour parler d'une personne ou d'une chose. Il signifie: «Qui a du sens, du bon sens, qui est capable de juger sainement.» Exemple: «Cette femme est sensée.» Comprenez: «Cette femme a du bon sens.»
- L'accent circonflexe du mot tache pose parfois des problèmes à l'écrit. Rappelons-nous que la tache désigne une salissure et que la tâche caractérise un travail à réaliser.
- Le «fond» caractérise «un endroit situé le plus bas dans une chose creuse ou profonde». On dit par exemple: «Quel est le fond de ta pensée». Le «fonds» peut non seulement désigner un «sol en tant que moyen de production» mais aussi un «capital disponible, par opposition au revenu».
- Le mot «voir», écrit sans «e», désigne le verbe. Le mot «voire» signifie «vraiment, certes, assurément». On l'emploie pour insister sur ce que l'on vient d'énoncer. Exemple: «J'aime travailler en équipe, voire en duo.»
- La «partie» ou le «parti»? La nuance peut parfois s'avérer très mince. Rappelons toutefois que la «partie» désigne l'élément d'un tout, une certaine quantité. On peut donc toute à fait dire «je fais une partie de basket» comme «je fais partie de l'équipe de M.X». Le mot «parti» peut caractériser le «salaire d'un employé», une «personne à marier», «une opinion, une solution proposée» mais également un mouvement politique.
Source
https://www.lefigaro.fr/langue-francaise/expressions-francaises/2018/10/01/37003-20181001ARTFIG00023-cinq-fautes-de-francais-a-eviter-dans-vos-lettres-de-motivation.php