Auteur Sujet: Cas de "non réanimation"  (Lu 50274 fois)

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Hors ligne Mysterious

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Cas de "non réanimation"
« le: 19 décembre 2010, 00:03:22 »
Bonjour à tous,

Je crois savoir qu'il existe deux cas dans lesquels les personnels urgentistes non médecins sont dispensés de tentative de réanimation:

- Si il n'y a plus de liens entre la tête et le tronc
- Si le corps est en état de décomposition avancé

1°) Pourrait-on me confirmer ce qui écrit au-dessus et me citer le texte législatif y faisant référence (je sais, je suis exigeant ... Mais on entend tellement tout et n'importe quoi, j'aimerai savoir si c'est dans un texte législatif ou si c'est une règle de "logique") ?

2°) Les pompiers, par exemple, doivent ils commencer un massage cardiaque sur une personne en état de rigidité cadavérique ou est-ce que cet état "rentre" dans l'état de décomposition avancé ?

Merci pour vos réponses,
Mysterious

Hors ligne ISP973

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Re : Cas de "non réanimation"
« Réponse #1 le: 19 décembre 2010, 00:25:31 »
Effectivement pas de réanimation sur un cadavre en état de décomposition ou en rigidité cadavérique (cette notion devant être précisément définie selon moi), également pas de réa sur une tête seule...

Le texte de référence c'est le référentiel national du PSE1,

"6.3.9 La victime est décédée
Aucun geste de secours et aucune réanimation ne sera réalisé chez une victime qui présente :
 Une séparation de la tête et du tronc ;
 Une rigidité cadavérique ;
 Un état de putréfaction.
Dans tous les autres cas, le secouriste débutera les gestes de secours, dont la RCP, sauf ordre contraire donné par le responsable d’intervention ou un médecin présent sur les lieux."

Pour la petite histoire, (les anciens pourrons confirmer) avant il y avait une notion de distance entre la tête et le tronc pour ne pas réanimer...

Ensuite, qui a tenté une réa lors d'un ACR incarcéré ??
Qui tenterait une réa sur la mamie de 80 balais défenestrée, le crane enfoncé avec des pertes de matière ??
Qui sort la personne du lit en état de rigidité cadavérique après un décès nocturne consécutif à une longue maladie connue ??

Voilà des cas à chaque fois uniques, ou un bon bilan et une bonne osmose avec le régulateur dispensent de réanimation.
Le chef d'agrès ou l'ambulancier doit pouvoir expliquer autant à la famille qu'au réfèrent médical la situation et respecter la fin de vie.

Ensuite viens des cas plus délicat qui dépasse les compétence secouriste et où le samu persistera dans une réa comme lors d'une blessure par arme à feu sur un sujet jeune. La balle traverse le cortex et broie les os de chaque côté. Le secouriste y verra un acharnement médical, là ou le médecin voit une situation de probable récupération de pièces détachées ( heu pardon, d'organes....j'chui con dés fois  :-X

Dans tous les cas, la non réa est une décision collégiale avec le corps médical, elle n'est jamais simple et fait apparaitre les lacunes dans la formation des secouristes et équipiers secouristes face à la violence des situations rencontrées.

Hors ligne Jeano 11

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Re : Cas de "non réanimation"
« Réponse #2 le: 19 décembre 2010, 10:44:04 »
C'est Monsieur de La palisse qui a écrit ce paragraphe  ::)

Histoire comique de M. de la Palisse, vaillant capitaine mort à la bataille de Pavie en 1525, sous le règne de François 1er. Cette chanson fut composée à cette époque, et c'est un peu par hasard que l'effet comique est apparu.
Les soldats de l'époque chantèrent :

M. de la Palisse est mort,
Mort devant Pavie
Un quart d'heure avant sa mort
Il était encore en vie !

PS : plus sérieusement je vous joints ces 3 fiches sur les soins palliatifs :


Hors ligne Mysterious

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Re : Cas de "non réanimation"
« Réponse #3 le: 19 décembre 2010, 12:25:47 »
Bonjour,

Merci à vous pour vos réponses.

Mysterious

Hors ligne Jeano 11

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Re : Cas de "non réanimation"
« Réponse #4 le: 12 juin 2012, 13:39:50 »
Le cas des NTBR ! Pour not to be rescucited !  :'(

C'est une question difficile. Elle est souvent d'ailleurs souvent discutée lors de conférence d'éthique médicale.

Déjà, pensez-vous, que si un arrêt se passe chez une famille informée de la volonté de non réanimation de la victime, elle va faire une demande de secours ? Rarement  ::)

Mais si jamais :
en tant que secouriste, ISP973 vous a fourni le texte de loi, on ne se pose même pas la dite question....
ou encore... Ne devrait-on pas ne plus se la poser, puisque finalement, un texte de loi, ce n'est pas ou rarement un médecin qui le vote, donc en quoi un secouriste n'aurait pas le droit de s'interroger sur le fait de respecter la volonté, s'il la connait, d'une victime ?

Pour un médecin (SMURiste, urgentiste ou tous les autres), la question se pose presque chaque jour, car c'est majoritairement en service hospitalier que sont rencontrés ces personnes ne désirant plus vivre.

Quand l'avis de non réanimation a été clairement défini entre le patient et son médecin, que celui a été clairement marqué dans le dossier et, compte-tenu de l'évolution/lésions/déficits de la ou des pathologies, on respecte tant bien que mal la volonté du patient.

Mais ( sans parler d'euthanasie passive, ce qui est un autre débat ), plusieurs problèmes peuvent surgir :
- un avis à un temps donné peut-il avoir une valeur définitive ? Ne peut-on pas changer d'avis en suite ou entre temps ?
- est-ce facile pour un secouriste/médecin/proche d'accepter cette décision et de l'appliquer ?
- qui va finalement prendre la responsabilité de cet acte ?

Aussi étrange que cela soit, en France, nous sommes pas propriétaire de notre corps. C'est ainsi que le suicide n'est pas un droit ( donc théoriquement, faudrait une sanction pour les TS ) ou que la vente d'organes, d'ovules ou de sang est interdite.

En pratique, quand un arrêt survient chez une personne ayant déjà des pathologies ou un âge très avancé, si la notion de non réanimation est connue, on ne fera rien. Également on ne s'acharnera pas forcément chez une personne âgée polypathologique dont on sait qu'elle ne sortira jamais de réa.

Le cas du plan rouge n'entre pas trop dans ces considérations ici à mon avis, où la règle est de sauver en priorité ceux qui ont le plus de chance de s'en sortir. ::)