Mon vécu :
ce que j'aime:
_ la possibilité (le devoir ?) de se former.
_ le sentiment de faire un métier utile
_ les possibilité d'exercice qui sont très diverses, et la possibilité de passer de l'un à l'autre tout au long de sa carrière.
_ l'alliance d'un métier à la fois technique et intellectuel
_ l'épanouissement intellectuel dans ma profession
_ le contact humain, que se soit avec les patients ou les différents corps de métier qui évoluent à nos côtés (médecins et AS bien sûr, mais aussi diet, cusiniers, bio méd, ambulanciers, SP, technicien de labo, ASH, PARM, secrétaires, psychologues,...)
ce que je n'aime pas:
_la pression économique qui nous transforme en techniciens purs (il faut faire rentrer des actes, et non plus soigner des gens)
_ il n'y a plus de démarche qualité, il n'y a plus que des objectifs comptables
_ le décalage entre les exigences d'une hierarchie de plus en plus déconnecté du terrain et de l'aspect humain et la réalité de la situation. Il faut toujours plus et mieux avec moins de moyens.
_ la dangerosité croissante de l'exercice et la dégradation des conditions de travail. A force de diminuer les moyens le sous effectif devient chronique, et le travail en situation dépassé est aujourd'hui la règle.
_ l'autisme de la hierarchie quand on lui fait part de nos doutes, ou exigences de qualité dans le travail.
_ l'attitude bénie oui-oui des consoeures qui sont prêtes à tous les sacrifices "pour le bien du patient", au mépris même de la sécurité dudit patient.
Mais surtout ce qui fait mal c'est l'absence de reconnaissance:
_ pour le péquin moyen, l'infirmière c'est une gentille cruche qui fait des piqures.
_ pour la direction, c'est une variable d'ajustement
_ pour le gouvernement c'est une bonne poire qui se plie à toutes les mesures, y compris les plus vexatoires
_ pour beaucoup de médecins, c'est un automate qui doit réaliser leurs prescriptions
_ pour beaucoup d'acteurs du système de santé c'est une technicienne un peu idiote qui fait des piqures. Et chacun se verrait bien piocher dans son décret ce qu'il croit être si simple à faire (ben oui, si une infirmière peut le faire, n'importe qui doit pouvoir le faire)
_ la formation continue n'est absolument pas reconnue, on peut passer tous les DU qu'on veut ça ne changera rien à sa situation professionnelle, et plus on se spécialise moins on est payé.
Ainsi, après 5 ans et demi d'études, deux concours et deux DE,avec un métier de haute technicité avec un stress énorme, un métier où la pression est constante, un métier où j'ai littéralement les mains dans la merde (mais aussi le sang, le vomi, les glaires et autres joyeuses sécrétions humaines), un métier où je suis confronté quotidiennement à l'angoisse et la souffrance, j'émarge gentillement à 1670 euros par mois dans la fonction publique.
Mais globalement je m'y plais bien