A Avignon, les policiers sont peut être en possession des empreintes digitales du meurtrier de Romain, 14 ans, tué à coups de hachette samedi soir (17 juillet). Des empreintes ont en effet été retrouvées dans un cabanon: le cabanon où a été volée l'arme du crime. Or, vérification faite, ces empreintes n'appartiennent pas au propriétaire des lieux. Une canne à pêche a également été volée au septuagénaire de ce cabanon, or un témoin avait affirmé en début de semaine avoir aperçu un homme correspondant au protrait-robot diffusé du meurtrier présumé avec une canne à pêche.
Un espoir après une "pause" dans l'enquête en milieu de semaine où les enquêteurs semblaient peiner. Après la rapide découverte de la hachette qui a servi à porter les coups, après la diffusion d’un premier portrait-robot de l’assassin présumé grâce à Marion, 13 ans, petite amie de la victime, seule à avoir assisté à la scène, et la découverte de la moto de Romain avec laquelle s'est enfui le meurtier (Lire ci-dessous), les enquêteurs travaillent désormais sur un second portrait-robot. Un portrait affiné après descriptions de deux témoins de cet homme dont le profil se précise. Il s'agit d'un instable, d'un impulsif, qui sème les pièces à conviction sans précaution. Il a "un comportement irrationnel", explique le commissaire divisionnaire Francis Choukroun, en charge de l'enquête. L'homme serait de type nord-africain, mat de peau, âgé d'une vingtaine d'années, mesurant environ 1,75m à 1,77m, de corpulence normale et portant des cheveux courts. Une information judiciaire devrait être ouverte avant la fin de la semaine.
Les témoignages se multiplient. Ils seraient plusieurs, voire plusieurs dizaines dans toute la France, à avoir vu une personne correspondant à la description du meurtrier présumé. L'un d'eux affirme l'avoir vu avec une canne à pêche samedi peu avant les faits. Des militaires, parmi la centaine de policiers et de militaires mobilisés, ont donc arpenté mardi après-midi une partie des rives du fleuve pour trouver des indices, d'une canne à pêche, de vêtements, et de l'homme lui-même, car il n'est pas exclu que cet instable ne se soit pas éloigné.
Chaque information livrée par les témoignages est donc vérifiée. Car elles sont les seules à laisser espérer une avancée dans l'enquête, les expertises ne donnant rien pour l'instant: pas d'empreintes sur la hachette, ni sur la moto car les jeunes l'ont lavée avant de se rendre compte que c'était celle de Romain.
Un homme, placé en garde à vue mardi matin "pour vérifications", a été relâché dans la soirée. Les policiers étaient venus le chercher dans un établissement psychiatrique spécialisé de la région.
Une minute de silence a été organisée en hommage à Romain ce mercredi (21 juillet) au collège Joseph Vernet du jeune homme: quelque 200 élèves et professeurs y ont participé. Romain sera inhumé samedi dans la plus stricte intimité.
La moto et la hachette retrouvées
Une arme portant des traces de sang a été découverte non loin de la scène du crime, à quelques centaines de mètres. Elle a été envoyée au laboratoire central de la police pour vérifier qu'il s'agit bien de l'arme du crime et déceler, les enquêteurs l'espèrent, des traces d'ADN par de la sueur, du sang ou des poils. Le corps de Romain doit en outre être autopsié par des médecins de l'institut médico-légal de Montpellier.
Autre objet retrouvé et en cours d'analyse: la moto de Romain avec laquelle le meurtrier s'est enfui. Le deux-roues, un 50 cm3 blanc, et le casque de Romain abandonnés par l’agresseur dans un village du Vaucluse, ont été volés par deux jeunes habitants de Saint-Geniès-de-Comolas, une commune du Gard située à une quarantaine de kilomètres d'Avignon. Ils ont ensuite ramené l’engin chez eux et joué avec dans tout le village. Ce n’est que lundi soir que quelqu’un a reconnu la moto et alerté les enquêteurs. La Police judiciaire a alors récupéré l’engin et les spécialistes de la police scientifique sont à la recherche d’une possible trace d’ADN qui se trouverait sur l'engin. Ils ont procédé à des relevés d'empreintes. Mais selon plusieurs témoins, les jeunes qui ont retrouvé la moto ont aussi mis le casque. Quatre l’auraient fait. Quant à d’éventuelles traces sur le deux-roues, les adolescents l’ont lavé et commencé à enlever les autocollants. Il faut désormais attendre les résultats des analyses. Les deux jeunes qui ont retrouvé la moto ont été entendus comme témoins au SRPJ de Montpellier.
Deux coups mortels
Selon le récit de la petite amie de Romain, les faits se sont produits samedi (17 juillet) peu avant 17 heures sur l'île de la Barthelasse qui fait face au pont d'Avignon, à 50 mètres de la maison de l'oncle de la victime, près d'une digue. Alors qu’il discutait avec elle, le jeune homme aurait été apostrophé par un individu qui lui aurait demandé une cigarette. Romain aurait refusé. L'intéressé s'est alors éclipsé, avant de revenir une demi-heure plus tard armé d'une hachette. L'agresseur a frappé le jeune homme à deux reprises, derrière la tête et au cou.
L'adolescente a alors tenté de s'échapper mais elle a été rattrapée par l'agresseur, hachette à la main, qui l'a traînée par les cheveux jusqu'à la moto de la victime. L'homme lui a ordonné de démarrer l'engin avec lequel il a pris la fuite. Il s’agit d’un 50 CC de marque Derby Senda avec un réservoir noir portant les lettres FR en rouge.
Alertés par la jeune fille, les parents de la victime se sont précipités sur place avec son oncle et un cousin. L'un d'entre eux a tenté en vain de ranimer Romain. Les pompiers, arrivés peu après, ont constaté le décès.
Le vol ne serait pas forcément le mobile du crime, selon le procureur d'Avignon Raymond Morey, mais aucune hypothèse n'est écartée.
Source RTL.fr Diane Heurtaut et Loïc Farge avec Franck Moulin