Auteur Sujet: Risques Chimiques / Biologiques  (Lu 6016 fois)

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Risques Chimiques / Biologiques
« le: 24 juin 2005, 17:12:16 »
Qu'est-ce que le bioterrorisme ? Pour comprendre ce phénomène, voici un inventaire de ces fléaux potentiels, de leurs mécanismes de propagation et des modes de protection.

De nombreux agents chimiques ou biologiques peuvent être utilisés à des fins terroristes. Dans ce cas, l'efficacité d'un attentat ne se mesure pas seulement en nombre de morts car le traumatisme psychologique et les répercussions économiques peuvent contribuer à une psychose et une déstabilisation de la population.


Les armes chimiques et leur mode de propagation

Les agents chimiques sont répartis en trois catégories selon l'emploi auquel on les destine :

Les agents neutralisants : provoquent rapidement une incapacité qui ne se prolonge pas au-delà de l'exposition. Ils ne sont pas utilisés dans le cadre d'une menace terroriste.

Les agents incapacitants : provoquent temporairement une maladie ou une incapacité mentale ou physique dont la durée dépasse largement la période d'exposition. Ils peuvent être utilisés par des terroristes.

Les agents létaux : provoquent la mort lorsque l'homme y est exposé dans des opérations militaires ou terroristes.

Pour mieux connaître les armes chimiques, il convient de les classer suivant leur mode d'action :

Les gaz asphyxiants ou suffocants : liquides très volatiles qui, inhalés sous forme de gaz, s'attaquent à la muqueuse alvéolaire (le chlore et la phosgène). Ils sont peu utilisés.

Les vésicants : ce sont des liquides huileux qui provoquent des brûlures sur la peau. Le plus célèbre est l'ypérite (gaz moutarde).

L'ypérite : synthétisée en 1822, fut utilisée pour la première fois comme gaz toxique de guerre en juillet 1917 à Ypres en Belgique, ce qui lui donna son nom d'ypérite. Incolore, inodore à l'état liquide, il devient gazeux s'il est ajouté à des solvants. Il peut dégager une odeur d'ail ou de moutarde et entraîne des cloques sur la peau, les yeux et les poumons. Il peut être responsable de cécités ou de cancers.

Les hémotoxiques (toxiques de l'oxygénation) : toxiques du sang qui entrent à l'intérieur de l'organisme par les voies respiratoires et perturbent l'utilisation de l'oxygène dans les tissus (acide cyanhydrique, chlorure de cyanogène).

Les neurotoxiques organophosphorés (agents inervants)

C'est la dernière famille connue et la plus redoutable. Ces agents sont incolores, inodores, sans saveur, plus ou moins visqueux et volatils. Ils peuvent être absorbés par inhalation et par voie cutanée. Ils agissent sur le système nerveux et perturbent les fonctions vitales de l'organisme : obscurcissement de la vue, difficultés respiratoires, sueurs abondantes, vomissement, confusion mentale et enfin la mort. Une simple absorption par la peau pendant une à deux minutes peut entraîner la mort.

Le Tabun : découvert en 1937 par Gerhard Schader en Allemagne et a été produit industriellement pour la première fois en 1942. Le Tabun fut utilisé par l'Irak durant la guerre Iran-Irak. Lorsqu'il est pur, le tabun est un liquide incolore avec une odeur fruitée.

Le Sarin : a été découvert en Allemagne en 1939. Il fut utilisé lors de la deuxième guerre mondiale et lors de la guerre entre l'Irak et l'Iran. C'est un liquide incolore et non-persistant, qui ne dégage aucune odeur en se vaporisant. La vapeur est sans couleur. Il s'évapore 36 fois plus rapidement que le Tabun et peut être rendu plus persistant par l'ajout de certaines huiles ou produits pétroliers. Les symptômes sont : nausées, toux, diarrhées, difficultés respiratoires, vomissements, faiblesses musculaires, convulsions et mort par étouffement en dix minutes.

Le VX : est une version "améliorée" du Sarin. Les symptômes et le mode d'absorption sont les mêmes que pour le Sarin mais il peut se répandre dans l'air et dans l'eau et la dose mortelle est de 10 milligrammes contre 100 pour le Sarin.

Le Soman : découvert en 1944, il n'a jamais été utilisé au combat mais après la deuxième guerre mondiale, le Soman a été produit en grande quantité par l'Union soviétique. Le Soman est incolore quand il est pur, mais brun-jaune lorsqu'il est produit industriellement. Cette substance liquide a une odeur fruitée en se vaporisant, mais le produit industriel contient beaucoup d'impuretés, ce qui lui donne une forte odeur et une très grande viscosité. La vapeur est incolore. La dose mortelle lors de l'inhalation est d'environ la moitié de celle du Sarin. C'est d'ailleurs un agent bien plus persistant que le Sarin, de sorte qu'il peut rester plusieurs jours dans une zone particulière, selon les conditions atmosphériques.


Les principales armes biologiques et leurs modes de propagation

Il existe trois grandes catégories :

. les bactéries et les champignons microscopiques (peste, anthrax...),

. des virus (variole, fièvre jaune, Ebola...),

. des toxines bactériennes (toxine botulique, trichotécène...).

Quatre reviennent et sont les plus souvent mentionnnés:

. le virus de la variole,
. le bacille du charbon,
. l'agent de la peste,
. et les virus responsables des fièvres hémorragiques (Ebola).

La peste : elle se transmet par inhalation (peste pulmonaire) ou par l'intermédiaire de puces ayant piqué des rongeurs infectés (peste bubonique). La contamination pourrait être provoquée par la dispersion d'agents infectieux dans l'atmosphère ou par l'intermédiaire d'une contamination des animaux.

La variole : a été déclarée éradiquée par l'OMS en 1980. Depuis, la vaccination a été logiquement abandonnée et aujourd'hui moins de la moitié de la population mondiale est immunisée contre cette infection. Seuls deux laboratoires russe et américain sont censés détenir encore des souches de virus de la variole. Le virus se transmet par voie respiratoire, au contact des croûtes ou même par l'intermédiaire d'objets, sur lesquels il peut survivre quelque temps. Les premiers signes (ressemblant à la grippe) n'apparaissent qu'après une douzaine de jours et l'éruption de taches rouges et de pustules caractéristiques seulement trois jours plus tard, ce qui laisse un certain temps pour que l'infection se propage. La mortalité varie entre 20 et 50 % des cas.

Le charbon (anthrax) : le bacille de l'anthrax se transmet soit par voie cutanée, provoquant une infection de la peau (escarre noirâtre) qui est mortelle en l'absence de traitement antibiotique adapté, soit par voie respiratoire, entraînant rapidement une détresse respiratoire.
Dans le cas d'une attaque terroriste, la voie aérienne serait privilégiée.

Les virus responsables de fièvre hémorragique :ils se transmettent par les liquides ou excrétions corporelles (sang, selles, urines, sérosités...). La maladie se caractérise par des douleurs, de la fièvre, des saignements. La mort survient, dans des proportions très variables, par choc ou par détresse respiratoire.

Les Toxines :

- toxine botulinique : cette neurotoxine provoque le botulisme une affection qui se traduit par des paralysies musculaires est fréquemment mortelle. Le plus souvent, elle est d'origine alimentaire, les aliments à risque étant des produits conservés et contaminés. Utilisées comme arme biologique les toxines peuvent être dispersées par aérosol. Inhalées par voie respiratoire, elles passent ensuite dans la circulation sanguine. Elles peuvent également être dispersées dans le réseau d'eau potable. Il s'agit d'un violent poison et il n'existe pas de traitement actuellement disponible, ni vaccin, ni anti-sérum. Toute personne atteinte de botulisme doit être hospitalisée pour une surveillance cardiaque et respiratoire (dans un service de réanimation) afin de pouvoir traiter une éventuelle paralysie respiratoire.

- ricine : le ricin est une plante commune dont la graine contient une huile qui a été par le passé utilisée comme laxatif et aussi comme huile de moteur d'avion, et contient une protéine appelée ricine. Cette ricine est un produit très toxique, notamment lorsqu'elle est absorbée par inhalation.

La protection en France : le plan Biotox

Quel que soit l'agent utilisé dans le cadre d'une attaque, il ne devrait pas provoquer de grandes épidémies, mais des foyers de cas circonscrits car les infections concernées sont aisément reconnaissables.

En France, le plan Biotox, a été développé depuis le début des années 90 et réunit les services des Ministères de la Santé, de la Défense et de l'Intérieur.

Les missions du plan Biotox

. La prévention du terrorisme biologique

Les lieux de stockage des produits sensibles (certains vaccins ou antibiotiques) et la circulation et le stockage des agents infectieux sont soumis à un contrôle sévère. Les contrôles et les mesures de chloration de l'eau potable font l'objet d'une attention particulièrement soutenue. Pour éviter une possible diffusion de la toxine botulique par l'eau, une surchloration (passage de la quantité de chlore dans l'eau de 0,1 mg/l à 0,3 mg/l) de tout le réseau d'eau potable français a été décidée.

. La surveillance et l'alerte

L'Institut de Veille Sanitaire s'appuie sur deux outils pour la détection des cas suspects :

La déclaration obligatoire des maladies : Les médecins doivent également signaler maintenant tout phénomène inhabituel pouvant constituer un élément d'alerte.

Le réseau des laboratoires de microbiologie et de toxicologie assurent en permanence le traitement des prélèvements biologiques. Le fonctionnement de certains centres de référence est renforcé.

. La réaction en cas de crise

L'ensemble des services sanitaires d'urgence sont mobilisés en collaboration avec la sécurité civile, la police et l'armée.

Des hôpitaux de référence sont équipés d'unités de décontamination en cas de risque chimique. Les plans blancs hospitaliers (plan d'accueil des malades et des blessés nécessitant des soins urgents) sont mis à jour. Les moyens des services de réanimation sont augmentés. Enfin, les stocks de médicaments antibiotiques et vaccins sont vérifiés.

Les médecins seront informés sur la façon de prendre en charge des patients exposés à des agents biologiques ou chimiques. On leur rappellera les signes évoquant la peste, le charbon ou la variole, pour qu'ils pensent à l'éventualité de ces maladies bien qu'elles soient exceptionnelles dans nos pays.

La France est donc théoriquement prête à réagir. Si des terroristes employaient une arme biologique, il serait possible de circonscrire l'infection et d'empêcher l'épidémie de se répandre. Il faut donc envisager cette éventualité sans céder à la panique.

Que faire en cas de catastrophe

Si un nuage toxique est repéré et annoncé :

. Rejoignez un local clos avec un linge sur la bouche et le nez,
. Ne restez pas dans votre véhicule,
. Dans l'attente des consignes des autorités, confinez-vous, fermez portes et fenêtres, bouchez toute source d'aération (cheminée, ventilation),
. En cas d'irritation, lavez-vous les mains et le visage,
. Ne quittez jamais votre abri sans consignes des autorités,
. Soyez à l'écoute de toute informatin concernant le problème.

Source Travelsante