A l'occasion de la mort d'un nouveau-né (hypermédiatisé)
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/fermetures-de-maternite-5-liens-pour-comprendre_1177159.htmlQuelques réflexions sans langue de bois :
- des morts, il y en a aussi dans les grandes maternités, mais au moins psychologiquement on sait qu'on a tout fait pour ranimer.
- la mortalité avant 1 an est de 3.8 décès pour 1000 naissances et la France est passée du 7 è rang européen en 1999 au 20 è rang en 2009 !
- des morts maternelles même dans les grosses structures il y en a encore (j'en connais et des récentes, hélas) souvent par sous évaluation et mauvais réflexes devant une hémorragie secondaire (manque d'expérience de l'équipe de garde, les plus jeunes la nuit…?)
- un obstétricien doit avoir aussi une formation de chirurgie viscérale (pour faire face aux complications) ce qui est de moins en moins le cas : activités se limitant à l'accouchement et à la césarienne protocolisée, sinon obligation d'avoir dans l'établissement un chirurgien viscéral
- stade ultime de l'hémorragie, le recours à un radiologue interventionnel hyperspécialisé (embolisation: envoi de petite billes dans les petites artères pour les boucher). Même les maternités départementales ou régionales n'ont parfois pas ce spécialiste .
- un bon suivi permet de dépister les grossesses à risque d'où les maternités de niveau 1,2,3 mais même un accouchement normal peut mal se terminer: tout le monde à mettre au niveau 3 ?
- avoir médecin anesthésiste pour péridurale 24h/24 et réanimation
- à disposition la totale: réa adulte et prématuré, une bonne banque de sang bien fournie
Avec tous ces éléments inquiétants, que proposer, pas simple !
- tout le monde dans les grosses structures, mais impersonnelles, usines à gaz (il y a des maternités de 4000 accouchements)
- dans une même unité de lieu, la maternité médicale +réa… et à côté une structure paramédicalisée (tenue uniquement par des sages femmes) pas mal ?
- former les urgentistes pour faire des accouchements dans les camions (c'est en cours dixit Dr Pelloux, par obligation)
- rouvrir les petites maternités , mais pas de réa, 2 flacons de 0- au frigo, et pas d'anesthésiste (transfert de taches des péridurales aux infirmières anesthésistes, c'est pas la mentalité française, pour l'instant…), obstétriciens non chirurgiens, pas de candidats car numérus clausus, n'attire pas ( gardes lourdes, assurance énorme, procès…) ou mettre des obstétriciens à diplôme non européen, là c'est la loterie: la perle rare (qui en général restera au même endroit) ou l'incertain qui ira de petites structures en petites structures voir le faux diplôme (déjà vu dans ma carrière et encore ceux découverts) même le Dr Marty président du syndicat des gynéco-obst n'hésite pas à dire "on voit arriver des cohortes de gynécos étrangers …ils n'ont pas reçu la même formation qu'en France" (Le Parisien 21/10/2012)
- mettre les pro à tour de rôle dans ces petites structures, une équipe du CHU est détachée chaque jour, encore faut il des volontaires (sinon obligation) et de toute façon, il y a déjà pénurie dans les grandes structures.
En résumé dans 10 ans, on en reparlera encore.
A j'oubliais, une solution pour les riches : la césarienne systématique faite à heure fixe par le Professeur, oui mais il parait que ce n'est pas bon pour l'enfant et une embolie pulmonaire peut toujours survenir.
Et la dernière provocation : nos sociétés occidentales n'admettent pas la mort d'un nouveau né et encore moins de la mère et c'est tant mieux (d'ailleurs on cache la mort, plus de corbillard dans les rues…) alors que dans les siècles passés, on faisait beaucoup d'enfants pour que quelques uns survivent et la mort en suite de couches était une fatalité.
Faisons quelque chose (mais quoi ?) pour ne pas régresser.