Auteur Sujet: La cynotechnie en gendarmerie  (Lu 3637 fois)

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La cynotechnie en gendarmerie
« le: 08 août 2023, 15:14:58 »
L’arrivée du chien en gendarmerie ne date que de la seconde moitié du XXe siècle. Mais en quelques décennies, l'Institution a su acquérir un savoir-faire cynotechnique désormais reconnu au niveau international. La gendarmerie compte aujourd’hui quelque 534 chiens et 449 équipes cynophiles, répartis en métropole et outre-mer, aussi bien en gendarmerie départementale qu’au sein de la gendarmerie maritime, de l'armement, des transports aériens, de la garde républicaine, ou encore du GIGN. Le centre national d'instruction cynophile de la gendarmerie de Gramat les forme et les recycle à l’exercice de pas moins de seize technicités. Un dossier au poil !

La gendarmerie, une « force humaine »… et canine !

Dès 1921, une circulaire évoque l'emploi de chiens de sécurité dans la compagnie autonome de Corse, mais l'expérience est abandonnée au bout de quelques années.

Il faut attendre 1943 pour qu’une instruction du 30 juillet autorise l’arrivée de « chiens policiers » dans quatorze brigades frontalières du Nord et cinq autres du Sud, ainsi que de « chiens de montagne » dans six brigades des Hautes-Pyrénées. L'expérience s'avérant concluante, elle est étendue, dès 1944, à l'ensemble du territoire métropolitain. Mais les dotations en chiens restent faibles.
1945 : installation d’un chenil central à Gramat

L'installation, en 1945, à Gramat, par l'institution, d'un chenil central et l’instruction du 7 décembre 1950 posent les fondements de la cynotechnie en gendarmerie. En quelques années, les effectifs canins passent de 83 chiens en 1947, à 200 en 1950, puis à 299 en 1960.

Les succès initiaux n'empêchent pas des critiques qui nuisent à l'essor de la filière. Les effectifs canins tombent de 270 à 233 chiens entre 1970 et 1980. Néanmoins, l'amélioration du recrutement et de la formation, ainsi que la diversification des technicités, contribuent à inverser la tendance. Les effectifs canins remontent à 288 en 1983, à 347 en 1992, à 384 en 2001.
De la gendarmerie départementale aux unités spécialisées

Les premiers chiens servent dans la gendarmerie départementale, notamment au sein des brigades de recherches, mais on en trouve aussi dans la gendarmerie mobile dès 1951. Ils intègrent ensuite plusieurs types d'unités, comme les Pelotons de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG), créés en 1977, le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), dès 1978, la Gendarmerie des transports aériens (GTA), depuis 1988, ainsi que la gendarmerie maritime et la garde républicaine, depuis 2010.

2018 : 562 chiens pour 467 équipes cynophiles

À partir de 2002, une véritable force cynophile s’établit dans la gendarmerie, à travers une refonte complète du dispositif canin réparti sur trois niveaux : les PSIG, les Groupes d'investigation cynophile (GIC) et le Groupe national d'investigation cynophile de la gendarmerie (GNICG). Installé à Gramat, le GNICG propose des technicités rares, et peut être projeté en cas d’urgence. On trouve en outre un réseau de référents cynophiles régionaux et un référent national auprès du Directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN).

En 2018, la gendarmerie nationale possède 562 chiens pour 467 équipes cynophiles.
Un pôle de formation de référence cynotechnique à Gramat

Avec l'acquisition, en 1945, d'un ancien centre hippique militaire près de Gramat, la gendarmerie nationale se dote de son premier centre de formation spécialisé. L’établissement, situé à la sortie nord-est de Gramat, au lieu-dit « Le Ségala », s’étend sur une emprise de 14 hectares.

Durant les premières années d'après-guerre, dans un contexte de pénurie générale, les moyens sont limités, mais la détermination des premiers chefs du chenil central, notamment les capitaines Gervaise et Lacaze, permet de développer un véritable savoir-faire. Certaines pratiques initiales sont très tôt remises en cause, comme l'élevage, abandonné dès 1952.
Dès 1970, diversification des technicités au nombre de seize aujourd’hui

Toutefois, les cadres de Gramat parviennent à améliorer la formation des maîtres de chiens et surtout à diversifier les technicités de recherche des chiens avec : les victimes d'avalanche en 1970, les stupéfiants en 1973, les explosifs en 1988, les traces de sang en 1999, les armes et munitions en 2001, les produits accélérateurs d’incendies en 2004, les billets en 2007, les explosifs sur personnes en mouvement en 2016.

Au total, il existe aujourd’hui seize spécialités différentes. La circulaire du 1er juin 2017 précise que les équipes cynophiles peuvent être qualifiées dans une technicité unique ou multiple (ex. : stupéfiants/armes - munitions/billets).
Plus de 18 races différentes

En matière de chiens, les races employées ne se sont jamais limitées au berger allemand. Elles ont évolué dans le temps. Au total, la gendarmerie a utilisé 18 races différentes et des chiens croisés : le berger belge, l'English Springer Spaniel, le Saint-Hubert, le berger hollandais, le Stafford Bull-Terrier, le braque allemand, le Jack Russel Terrier, le bouvier des Flandres, le labrador retriever, le berger de Beauce, le Rottweiler, le Fox-Terrier Smooth, le boxer, le Terre-Neuve, le Dobermann, le Pitbull.
Un musée et un jardin du souvenir à Gramat

Au cours de son histoire, le chenil central a changé plusieurs fois de nom. Le 23 novembre 1960, il est baptisé « Godefroid-Gamin ». Il devient le Centre de formation des maîtres de chien de la gendarmerie (CFMCG) en 1972. En septembre 1984, il se voit attribuer le rang d’École de sous-officiers de la gendarmerie (ESOG). Il s'appelle le Centre national d'instruction cynophile de la gendarmerie (CNICG) depuis 1996. En dehors de Gramat, un chenil central de la gendarmerie a existé en Algérie, à Beni-Messous, des années 1950 à 1962.

Le CNICG conserve la mémoire de son passé à travers son musée, accessible au public lors des journées portes ouvertes, et son jardin du souvenir rassemblant les cendres d'une partie des chiens ayant servi dans la gendarmerie. Parmi eux figure Gamin, qui a fait preuve d'une fidélité à toute épreuve à l'égard de son maître, le gendarme Godefroid, tué en Algérie en 1958. C'est le seul chien, avec Allan, à avoir reçu la médaille de la gendarmerie.

Pour en savoir plus, lire Benoît Haberbusch (commandant) et Lionel Mathieu,
Les chiens dans la gendarmerie, leur histoire, leurs formations, leurs missions.



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Re : La cynotechnie en gendarmerie
« Réponse #1 le: 28 janvier 2024, 15:43:09 »
Les chiens de la gendarmerie, acteurs clés de la cynotechnie.

Depuis près de huit décennies, la gendarmerie nationale fait appel à une technicité particulière pour appuyer l’action des unités de terrain : les équipes cynophiles. Ces dernières sont devenues un appui indispensable aux missions opérationnelles. Répartis dans différentes unités de gendarmerie, en métropole et en outre-mer, plus de 600 chiens sont ainsi formés dans de nombreuses technicités, comme la recherche de personnes, la recherche de stupéfiants et de billets de banque, la détection d'explosifs, etc.

Toutes les équipes cynophiles de la gendarmerie sont formées au Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie (CNICG), à Gramat, dans le Lot. La détection et la sélection des chiens qui pourront intégrer la formation représentent un vrai défi. Tous les canaux sont mobilisés pour trouver, chaque année, près d’une centaine de chiens à former. La gendarmerie a notamment signé une convention avec la SPA, permettant à certains chiens abandonnés de rejoindre les rangs de la gendarmerie.

À l’exception des chiens Saint-Hubert, sélectionnés pour leurs facultés olfactives exceptionnelles, la race n’est pas un critère de sélection déterminant. Les chiens sont surtout sélectionnés pour leur appétence au jeu et leur abnégation.

Au sein de la gendarmerie, ces fidèles compagnons bénéficient d'une attention particulière pour assurer leur bien-être : « Les chiens sont considérés comme des sportifs de haut niveau, recevant des soins adaptés, une alimentation équilibrée et un suivi vétérinaire régulier », indique le capitaine Guillaume Godineau, référent national cynotechnie.

À l’issue de leur formation, les équipes cynophiles de la gendarmerie sont appelées à intervenir dans des contextes variés. Qu'il s'agisse de la recherche de personnes disparues (pistage), de la recherche de produits stupéfiants et de billets ou encore de la sécurisation d'événements d'envergure tels que la Coupe du Monde de Rugby ou les Jeux Olympiques, à travers notamment leur capacité de détection des produits explosifs, leur polyvalence en fait de solides alliés.

« Toi et moi pour eux »
La formation des binômes « maître-chien » est une étape cruciale. Le CNICG de Gramat dispense un programme intensif de quatorze semaines. Le stage commence par la cérémonie du mariage, qui consiste pour le maître à faire la connaissance du chien sélectionné pour lui en fonction de son caractère.

La devise du centre, « Toi et moi pour eux », illustre le caractère indissociable de l’équipe cynophile. Ce lien entre le maître et le chien favorise la réalisation des missions, y compris celles qui se déroulent dans un contexte dégradé.
Cette devise résume également l'engagement de l’Institution envers le bien-être animal. La durée opérationnelle d'un chien de la gendarmerie est en moyenne de 7 à 8 ans. À l’issue de cette période, une procédure de réforme est mise en œuvre. Le maître dispose alors d’un droit prioritaire pour conserver son binôme. Ainsi, en 2023, 80 % des maîtres ont choisi de garder leur compagnon à quatre pattes à la fin de sa carrière, témoignant de l'attachement unique entre le maître et son chien.

Au CNICG, un jardin du souvenir est dédié aux chiens qui ont servi dans la gendarmerie, permettant notamment de rendre hommage aux chiens héros.

Le centre national d’instruction cynophile de Gramat, une expertise reconnue
En 2025, le CNICG de Gramat fêtera ses 80 ans d'existence. Son expertise et sa passion pour les chiens en font un acteur incontournable dans le domaine de la cynotechnie, non seulement au regard de son rôle majeur au service de la formation des équipes cynophiles de la gendarmerie, mais aussi de son rayonnement à l’échelle nationale comme internationale.

Source : https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/sur-le-terrain/immersion/2024/les-chiens-de-la-gendarmerie-acteurs-cles-de-la-cynotechnie