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Gendarmerie Nationale / Re : Le crash aérien de la Germanwings
« Dernier message par Jeano 11 le 24 mars 2025, 12:39:35 »
Dix ans après : retour sur le crash aérien de la Germanwings

Il y a 10 ans, l’une des plus importantes catastrophes aériennes de notre époque se produisait dans les Alpes-de-Haute-Provence : le crash d’un A320 de la compagnie Germanwings, qui transportait 144 passagers et six membres d'équipage. Mobilisée durant des semaines, la gendarmerie avait été projetée en première ligne pour gérer la crise. Le général Christophe Brochier, aujourd’hui commandant de l'école de gendarmerie de Tulle, commandait alors le groupement de gendarmerie départementale des Alpes-de-Haute-Provence. Dans un retex, il revient sur la manœuvre opérationnelle d’ampleur menée par la gendarmerie, en association avec des composantes des ministères de l’Intérieur et des Armées.

Situation générale
Le 24 mars 2015, à 10 h 32, le vol 4U9525 de la compagnie aérienne allemande Germanwings, filiale de Lufthansa, effectuant la liaison entre Barcelone et Düsseldorf, entame une descente progressive inexpliquée. Contacté à plusieurs reprises par la tour de contrôle d’Aix-en-Provence, l’équipage ne répond pas aux appels. À 10 h 41, il disparaît des écrans radar au niveau du massif des Trois-Évêchés, situé dans les Alpes de Haute-Provence et culminant à 2 961 m d’altitude.

Situation particulière
À 10 h 47, conformément au plan SATER, le RCC [Rescue Coordination Center] de Lyon engage directement la section aérienne de gendarmerie de Digne-les-Bains : deux militaires du Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Jausiers et un médecin urgentiste embarquent à bord de l’hélicoptère EC145 « Choucas 04 ». Ils suivent le cap emprunté par l’Airbus A320 depuis la dernière balise survolée.

Au même moment, le colonel (aujourd'hui général commandant de l'école de gendarmerie de Tulle) Christophe Brochier, commandant le Groupement de gendarmerie départementale des Alpes-de-Haute-Provence (GGD04), en réunion programmée avec Patricia Willaert, à cette époque préfète des Alpes-de-Haute-Provence, avise le général de corps d’armée David Galtier, commandant alors la Région de gendarmerie Provence-Alpes-Côte d’Azur (RGPaca) (aujourd'hui en retraite), et Stéphane Kellenberger, procureur de la République de Digne les Bains de l'époque. Le secteur où a disparu l’aéronef se situant à la confluence de trois Compagnies de gendarmerie départementale (CGD) des Alpes-de-Haute-Provence, une coordination des recherches aériennes et terrestres est aussitôt déployée.

À 11 h 07, « Choucas 04 » localise le lieu du crash à 1 600 mètres d’altitude, dans le massif des Trois-Évêchés. L’immatriculation de l’avion étant visible, l’identification de l’appareil est certaine. Le site est d’une désolation absolue, des milliers de débris jonchent la montagne : il ne peut y avoir de survivants. Les missions de secours s’avérant inutiles, ce sont les opérations d’ordre public et de police judiciaire qui vont primer. Les militaires treuillés sur place trouvent très rapidement une première boîte noire (Cockpit Voice Recorder).

Cadre juridique
Initialement, aucun élément ne permet de déterminer la cause de la perte de l’appareil. Une des hypothèses est l’acte terroriste, sans que rien de concret n’y conduise. S’agissant en tout état de cause d’un accident collectif, il est de la compétence du procureur de la République de Marseille. La Section de recherches des transports aériens (SRTA) de Roissy-Charles-de-Gaulle, appuyée par la Section de recherches (S.R.) de Marseille et la brigade de recherches de la GTA Marignane, est saisie de l’enquête pour homicide involontaire.

Population
Aucun témoin n’a fait remonter d’information visuelle ou auditive au Centre d’opérations et de renseignement de la gendarmerie (Corg). La zone du crash est située en montagne, vers 1 600 m d’altitude, dans un cirque désertique et inhabité.

Médiatisation
S’agissant d’un vol international, avec 6 membres d’équipage et 144 passagers issus de tous les continents (17 pays), dont de nombreux lycéens allemands qui venaient d’effectuer un voyage scolaire en Espagne, l’émotion se propage dans le monde entier. La communication devra dès lors être considérée comme une ligne d’opération majeure.

Articulation des forces et répartition des missions
Le ministre de l’Intérieur désigne la gendarmerie comme force menante. Mandaté par le directeur général de la gendarmerie, le commandant de région commande l’ensemble des moyens mis à sa disposition. Le but est de conduire les investigations afin de comprendre les causes de l’accident, d’identifier les victimes et de permettre aux autorités ainsi qu’aux familles de se rendre sur place afin de se recueillir sereinement.

Phase 1 : mise en place d’un dispositif de gel des lieux
Objectif 1 : pour la préservation des indices judiciaires mais aussi par respect pour les victimes et leurs familles, une course contre la montre s’engage afin que des curieux ou des journalistes ne puissent accéder au site du sinistre. La catastrophe est localisée sur la commune de Prads (CGD de Digne-les-Bains). Cependant, le point d’accès le plus proche par voie routière est la commune du Vernet (CGD de Barcelonnette).

Un groupe « ordre public », placé sous le commandement de l’Officier adjoint commandement (OAC) du GGD04, assure le bouclage et le gel des lieux. Des arrêtés préfectoraux interdisant l’accès sur zone et à la Zone interdite temporaire (ZIT) de survol d’aéronef créée par la DGAC, facilitent l’action des forces de l’ordre. L’accès à proximité du site, surveillé par le groupe « circulation routière/gestion des flux », placé sous le commandement du commandant de l’Escadron départemental de sécurité routière 04 (EDSR), est réservé aux seules forces de sécurité.

Phase 2 : montée en puissance du dispositif
Alors que le commandant du GGD04 assure le commandement opérationnel de l’avant, son second gère l’arrivée et la convergence des renforts gendarmerie extérieurs au département. Différents postes de commandement sont armés ou renforcés : le Centre opérationnel départemental (COD), le Poste de commandement opérationnel (PCO) et le Corg.

D’autres groupes sont créés : « montagne », sous le commandement du commandant du PGHM de Jausiers, assurant les opérations de police judiciaire sur le théâtre sous appui de « Choucas04 » ; « enquête », regroupant des militaires du PGHM, de la Cellule identification criminelle (CIC) de Digne-les-Bains et le coordinateur des opérations de criminalistique du GGD04, sous l’autorité du commandant de la Brigade départementale de renseignements et d’investigations judiciaires 04 (BDRIJ) ; « renseignement », dont la remontée est assurée par l’Officier adjoint renseignement (OAR) du GGD04 ; « Sic », pour assurer la qualité des liaisons radio et la mise en place des P.C.

Objectif 2 : accueillir l’ensemble des renforts. Un groupe « logistique » permet de recueillir tous les moyens régionaux et nationaux mis à disposition : Centre de planification et de gestion de crise (CPGC) ; PGHM et Groupes montagne gendarmerie (GMG) des GGD 04, 05 et 06 ; Unité de coordination technique montagne (UCTM) ; SRTA ; Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) ; S.R. de Marseille, Techniciens en identification criminelle (Tic) de la RGPaca ; Escadrons de gendarmerie mobile (EGM) montagne des RGPaca et RG Rhône-Alpes ; un groupe « 3D » armé d’hélicoptères en provenance de l’ensemble de la région, sous l’autorité du commandant du groupement des Forces aériennes de la gendarmerie nationale (FAGN) Sud de Hyères, et coordonné par le chef d’état-major du Commandement des Fag et le Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA).

Des renforts extérieurs à l’Institution sont également présents : des CRS participent au relevage des corps, des militaires du 4e régiment de chasseurs contribuent au relevage des débris de l’appareil, des sapeurs-pompiers sont associés au déblaiement de la zone et à la recherche de la seconde boîte noire. Concernant la chaîne d’identification, outre des agents de la police nationale, des membres des forces de l’ordre étrangères, notamment des Espagnols et des Allemands, se rendent également sur place.

Objectif 3 : coordination des opérations de l’avant. Dans un premier temps, le PCO est installé dans la brigade de proximité de Seyne-les-Alpes. Territorialement compétente et proche d’une drop zone, elle garantit la préservation du secret des informations et bénéficie de tous les moyens de communication sécurisés (téléphonie, Internet et Intranet). Au regard du volume de personnes déployées, sous l’autorité du préfet de zone et du préfet de département, le PCO migre rapidement vers la maison des jeunes de la municipalité.

Une chapelle ardente au profit des familles y est également installée. L’appui des autorités consulaires et de la compagnie aérienne permet, lors de l’accueil des familles, d’effectuer un tri efficace et ainsi éviter toute intrusion de journalistes ou de curieux. Afin de préserver le secret de l’enquête, le P.C. judiciaire est, quant à lui, positionné à la maison technique du conseil général, à Seyne-les-Alpes (04).

Ce P.C., au sein duquel le CPGC prend un rôle central avec sa Structure accueil mobile déployable (SAMD) et une tente, comprend également un B110 du groupement tactique gendarmerie pour la coordination du groupe « ordre public » et un plateau criminalistique de crise. Celui-ci, constitué par l’IRCGN et renforcé par le Lab’Unic, bénéfice notamment de containers réfrigérés pour la conservation des corps. Le CPGC assure également, depuis ce P.C., la remontée du renseignement vers l’administration centrale.

Objectif 4 : assurer la sécurité des autorités et la sérénité des familles. Dès le premier jour, des visites officielles ont lieu : le ministre de l’Intérieur et la ministre de l’Écologie, accompagnée d’autorités allemandes et espagnoles. Le 25 mars, le président de la République française, la Chancelière allemande et le Premier ministre espagnol ainsi que plusieurs ministres viennent exprimer leur compassion à l’endroit des victimes et de leurs proches, mais aussi leur reconnaissance aux équipes engagées.

Des dispositifs de sécurité et de présentation sont donc montés dans l’urgence (ordres donnés à la voix et par SMS). Le 26 mars, le procureur de la République, le commandant de région et le directeur d’enquête vont à la rencontre des 250 membres de familles de victimes et de proches, arrivés à l’aéroport de Marseille, pour leur faire un point de situation après qu’un média américain a dévoilé que le suicide du copilote était à l’origine du crash.

L’escorte des familles jusqu’aux sites de Seyne-les-Alpes (chapelle ardente) et du Vernet (stèle) est assurée par la gendarmerie, afin de leur garantir sérénité et tranquillité. Des prélèvements ADN sont également réalisés sur les membres des familles en vue de faciliter l’identification des victimes.

Phase 3 : le relevage des corps
Objectif 5 : permettre la récupération des corps en toute sécurité et le plus rapidement possible. Durant la première semaine, l’accès sur le site n’est possible que par hélitreuillage, ce qui s’avère très contraignant. Dès le 1er avril, après autorisation préfectorale accordée le 29 mars, une piste permettant d’accéder au pied du site est ouverte par des entreprises locales. Dès lors, l’extraction des corps peut se faire de manière plus sécurisée et plus rapide.

Phase 4 : désengagement structuré et progressif
Objectif 6 : assurer une fluidité et une continuité dans les opérations, tout en libérant le site. Le 2 avril, après la découverte de la seconde boîte noire (Flight Data Recorder), les enquêteurs disposent de tous les éléments techniques nécessaires à la compréhension des événements. Les analyses du Cockpit Voice Recorder et du Flight Data Recorder ainsi que les investigations conduites permettront d’écarter définitivement l’hypothèse d’un acte terroriste.

Le 3 avril, les éléments biologiques et les effets personnels visibles ont tous été retirés de la zone. Dès le 4 avril, le site est mis à disposition de la Lufthansa, qui peut débuter les phases de relevage des débris de l’avion avant une phase de dépollution et de remise à l’état initial du site. La gendarmerie coopère avec la Lufthansa, qui confie le gardiennage du premier cercle à une entreprise de sécurité privée, pendant que le second cercle reste sous la responsabilité des gendarmes mobiles, qui seront ensuite relevés par des réservistes. Le désengagement final se déroule les 5 et 6 avril, rapidement mais en souplesse.

Le 7 avril au matin, les containers réfrigérés quittent la maison technique de Seyne-les-Alpes en direction d’une caserne de Marseille (fragments de corps) et du GGD04 (effets personnels des victimes et fragments de corps). Les dépouilles sont rendues aux familles à partir du 9 juin, une fois la commission d’identification des corps terminée. Une cérémonie d’hommage est organisée le 24 juillet, au cimetière du Vernet, avec inhumation des fragments humains non identifiés.

La manœuvre communication
Objectif : communiquer en transparence, sans porter atteinte au secret des investigations.

Avec plus de 400 journalistes sur place, venus du monde entier, la communication est une problématique complexe à gérer. Plusieurs journalistes sont interpellés par la gendarmerie dans la zone interdite délimitée par arrêté préfectoral. Dans le même temps, il convient d’expliquer en toute transparence aux médias les opérations en cours (hors secret de l’enquête judiciaire), de montrer l’importance des moyens engagés ainsi que le dévouement de l’ensemble des personnels militaires et civils engagés sur l’opération. Les images réalisées par le Sirpag et la Dicom alimentent les médias et permettent ainsi d’éviter la chasse au scoop.

La manœuvre logistique
Essentiel à la conduite des opérations, le volet logistique est pris en compte depuis l’échelon local jusqu’au niveau central :

- le chef du soutien du GGD04, renforcé par un officier et un sous-officier de la RGPaca, en coordination avec le CPGC, et en liaison avec la préfecture, se charge de collationner les diverses demandes, de rechercher des hébergements et de veiller à l’alimentation des forces, tout en organisant les circuits de facturation ;

- la cellule appui opérationnel, basée au siège de la région et placée sous la responsabilité du commandant en second de la RGPaca, coordonne la montée en puissance des moyens régionaux sur site. Elle prend en compte l’acheminement de certains matériels (kits de prélèvement ADN, containers frigorifiques, masques respiratoires, sacs mortuaires, etc.) et s’assure de la coordination des escortes des familles des victimes souhaitant se rendre sur les lieux de la catastrophe depuis l’aéroport de Marseille. Il convient d’éviter les arrivées spontanées de personnes sur le site, dont on ne pourrait garantir le lien avec les victimes (possible intrusion de journalistes ou de curieux) ;

- la DGGN prend directement en charge le financement de l’hébergement et de l’alimentation des personnels engagés ;sur le plan des moyens de communication, le réseau montagne 150 fonctionne parfaitement et permet l’interopérabilité avec les CRS. Grâce à la mise en place d’un relais supplémentaire, des images en provenance d’un hélicoptère gendarmerie peuvent être envoyées en direct à la Cellule interministérielle de crise (CIC) de Beauvau ;

- sur le plan psychologique, un dispositif de soutien regroupe quatre psychologues de la gendarmerie, trois de la police et deux assistantes sociales. Ils sont chargés de suivre, durant toute la crise et après le désengagement, les personnels déployés sur le site. Chaque intervenant est également visité à l’issue par un médecin. Le bilan santé réalisé est inscrit au registre des constatations.

Points clés des opérations
Dès les premières 24 heures, grâce à une montée en puissance conséquente, le dispositif gendarmerie, placé sous les ordres d’un seul chef, a été en mesure de : sécuriser l’ensemble du site ; diligenter l’enquête judiciaire ; procéder aux relevages des corps des victimes ; assurer la protection des visites officielles et des premières arrivées des familles des victimes ; assurer un grand volet de la communication.

Le modèle « intégré » de la gendarmerie permet de rassembler, de déployer et de commander l’ensemble des gendarmeries départementales, mobiles et spécialisées, afin de gérer un événement de grande ampleur et de longue durée. Au début de chaque nouvelle phase, une courte réunion, regroupant uniquement les partenaires concernés (pour des raisons de confidentialité et d’efficacité), permet de fluidifier la circulation de l’information, d’éviter des temps de latence et d’accélérer le processus.

Facteurs de réussite
Le premier facteur de réussite a incontestablement été le volontarisme et la cohésion dont ont fait preuve les militaires engagés dans cette opération. Leur humanité et leur compassion ont particulièrement marqué les familles de victimes et leurs accompagnateurs.

Le second facteur de réussite a été la confiance des autorités administratives et judiciaires vis-à-vis de la gendarmerie. Elles lui ont apporté à de nombreuses reprises un soutien marqué. Les actions de coordination qu’elles ont mises en œuvre entre les départements et entre les différents intervenants ont grandement contribué à la réussite de la manœuvre. Il faut aussi relever les bonnes relations entretenues avec les autorités consulaires et les partenaires privés.

Facteurs d’adversité
Le premier facteur d’adversité a été le terrain : reculé, difficilement accessible, avec une météorologie parfois capricieuse. De ce fait, la sécurité des personnels engagés sur le site était l’une des priorités : à terre, en limitant le nombre d’intervenants et en s’appuyant sur les spécialistes montagne, et dans les airs, en établissant une stricte discipline de vol.

La réception de tous les moyens déployés aurait vite pu devenir une grande contrainte si elle n’était pas maîtrisée, notamment par l’établissement de points de regroupement spécifiques par composante. La délimitation des phases de secours et d’enquête avait vocation à ne bénéficier sur zone que des moyens humains et matériels strictement nécessaires.

Bilan
Les investigations permettent de déterminer que l’avion s’est écrasé à la suite d’un acte volontaire du copilote, Andréas Lubitz. Les ADN des 150 passagers et membres d’équipage sont isolés dans un temps record. Les proches sont accueillis avec dignité. La sécurité des hautes autorités venues se recueillir est assurée.

Pour parvenir à ces résultats, environ 400 gendarmes ont été quotidiennement dédiés à cette opération, du 24 mars au 4 avril, avec un pic à 574 le 25 mars, lendemain de la catastrophe et jour de la visite des chefs d’État. Sur cette période, plus de 104 heures hélicoptère ont été dédiées à la mission, avec 340 treuillages, sans aucun accident.

L’opération s’est poursuivie au-delà du 4 avril, notamment pour sécuriser le site, identifier les victimes, informer les familles et restituer les corps. La restitution complète du site a finalement lieu le 30 octobre 2015, soit 7 mois après la tragédie.

Source  https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/histoire/dix-ans-apres-retour-sur-le-crash-aerien-de-la-germanwings

Par le général Christophe Brochier avec le capitaine Éric Costa
Publié le 24 mars 2025
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Gendarmerie Nationale / Le crash aérien de la Germanwings
« Dernier message par Jeano 11 le 24 mars 2025, 12:35:33 »
Mardi 24 mars 2015, à 10h41, un A320 de la compagnie aérienne Germanwings, transportant 144 passagers et 6 membres d’équipage, s’écrase sur la commune de Prads-Haute-Bléone. Le colonel Christophe Brochier, commandant à l’époque le groupement de gendarmerie départementale des Alpes-de-Haute-Provence, revient sur la manœuvre opérationnelle d’ampleur menée par la gendarmerie, en association avec des composantes des ministères de l’Intérieur et des Armées.

Situation générale
Le 24 mars 2015, à 10 h 32, le vol 4U9525 de la compagnie aérienne allemande Germanwings, filiale de Lufthansa, effectuant la liaison entre Barcelone et Düsseldorf, entame une descente progressive inexpliquée. Contacté à plusieurs reprises par la tour de contrôle d’Aix-en-Provence, l’équipage ne répond pas aux appels. À 10 h 41, il disparaît des écrans radar au niveau du massif des Trois-Évêchés, situé dans les Alpes de Haute-Provence et culminant à 2 961 m d’altitude.

Situation particulière
À 10 h 47, conformément au plan SATER, le RCC [Rescue Coordination Center] de Lyon engage directement la section aérienne de gendarmerie de Digne-les-Bains : deux militaires du Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Jausiers et un médecin urgentiste embarquent à bord de l’hélicoptère EC145 « Choucas 04 ». Ils suivent le cap emprunté par l’Airbus A320 depuis la dernière balise survolée.

Au même moment, le colonel Christophe Brochier, commandant le Groupement de gendarmerie départementale des Alpes-de-Haute-Provence (GGD04), qui était en réunion programmée avec Patricia Willaert, préfète des Alpes-de-Haute-Provence, avise le général de corps d’armée David Galtier, commandant la Région de gendarmerie Provence-Alpes-Côte d’Azur (RGPaca), et Stéphane Kellenberger, procureur de la République de Digne les Bains. Le secteur où a disparu l’aéronef se situant à la confluence de trois Compagnies de gendarmerie départementale (CGD) des Alpes-de-Haute-Provence, une coordination des recherches aériennes et terrestres est aussitôt déployée.

À 11 h 07, « Choucas 04 » localise le lieu du crash à 1 600 mètres d’altitude, dans le massif des Trois-Évêchés. L’immatriculation de l’avion étant visible, l’identification de l’appareil est certaine. Le site est d’une désolation absolue, des milliers de débris jonchent la montagne : il ne peut y avoir de survivants. Les missions de secours s’avérant inutiles, ce sont les opérations d’ordre public et de police judiciaire qui vont primer. Les militaires treuillés sur place trouvent très rapidement une première boîte noire (Cockpit Voice Recorder).

Cadre juridique
Initialement, aucun élément ne permet de déterminer la cause de la perte de l’appareil. Une des hypothèses est l’acte terroriste, sans que rien de concret n’y conduise. S’agissant en tout état de cause d’un accident collectif, il est de la compétence du procureur de la République de Marseille. La Section de recherches des transports aériens (SRTA) de Roissy-Charles-de-Gaulle, appuyée par la Section de recherches (S.R.) de Marseille et la brigade de recherches de la GTA Marignane, est saisie de l’enquête pour homicide involontaire.

Population
Aucun témoin n’a fait remonter d’information visuelle ou auditive au Centre d’opérations et de renseignement de la gendarmerie (Corg). La zone du crash est située en montagne, vers 1 600 m d’altitude, dans un cirque désertique et inhabité.

Médiatisation
S’agissant d’un vol international, avec 6 membres d’équipage et 144 passagers issus de tous les continents (17 pays), dont de nombreux lycéens allemands qui venaient d’effectuer un voyage scolaire en Espagne, l’émotion se propage dans le monde entier. La communication devra dès lors être considérée comme une ligne d’opération majeure.

Articulation des forces et répartition des missions
Le ministre de l’Intérieur désigne la gendarmerie comme force menante. Mandaté par le directeur général de la gendarmerie, le commandant de région commande l’ensemble des moyens mis à sa disposition. Le but est de conduire les investigations afin de comprendre les causes de l’accident, d’identifier les victimes et de permettre aux autorités ainsi qu’aux familles de se rendre sur place afin de se recueillir sereinement.

Phase 1 : Mise en place d’un dispositif de gel des lieux
Objectif 1 : pour la préservation des indices judiciaires mais aussi par respect pour les victimes et leurs familles, une course contre la montre s’engage afin que des curieux ou des journalistes ne puissent accéder au site du sinistre. La catastrophe est localisée sur la commune de Prads (CGD de Digne-les-Bains). Cependant, le point d’accès le plus proche par voie routière est la commune du Vernet (CGD de Barcelonnette).

Un groupe « ordre public », placé sous le commandement de l’Officier adjoint commandement (OAC) du GGD04, assure le bouclage et le gel des lieux. Des arrêtés préfectoraux interdisant l’accès sur zone et à la Zone interdite temporaire (Zit) de survol d’aéronef créée par la DGAC, facilitent l’action des forces de l’ordre. L’accès à proximité du site, surveillé par le groupe « circulation routière/gestion des flux », placé sous le commandement du commandant de l’Escadron départemental de sécurité routière 04 (EDSR), est réservé aux seules forces de sécurité.

Phase 2 : Montée en puissance du dispositif
Alors que le commandant du GGD04 assure le commandement opérationnel de l’avant, son second gère l’arrivée et la convergence des renforts gendarmerie extérieurs au département. Différents postes de commandement sont armés ou renforcés : le Centre opérationnel départemental (COD), le Poste de commandement opérationnel (PCO) et le Corg.

D’autres groupes sont créés : « montagne », sous le commandement du commandant du PGHM de Jausiers, assurant les opérations de police judiciaire sur le théâtre sous appui de « Choucas04 » ; « enquête », regroupant des militaires du PGHM, de la Cellule identification criminelle (CIC) de Digne-les-Bains et le coordinateur des opérations de criminalistique du GGD04, sous l’autorité du commandant de la Brigade départementale de renseignements et d’investigations judiciaires 04 (Bdrij) ; « renseignement », dont la remontée est assurée par l’Officier adjoint renseignement (OAR) du GGD04 ; « Sic », pour assurer la qualité des liaisons radio et la mise en place des P.C.

Objectif 2 : accueillir l’ensemble des renforts. Un groupe « logistique » permet de recueillir tous les moyens régionaux et nationaux mis à disposition : Centre de planification et de gestion de crise (CPGC) ; PGHM et Groupes montagne gendarmerie (GMG) des GGD 04, 05 et 06 ; Unité de coordination technique montagne (UCTM) ; SRTA ; Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) ; S.R. de Marseille, Techniciens en identification criminelle (Tic) de la RGPaca ; Escadrons de gendarmerie mobile (EGM) montagne des RGPaca et RG Rhône-Alpes ; un groupe « 3D » armé d’hélicoptères en provenance de l’ensemble de la région, sous l’autorité du commandant du groupement des Forces aériennes de gendarmerie (Fag) Sud de Hyères, et coordonné par le chef d’état-major du Commandement des Fag et le Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA).

Des renforts extérieurs à l’Institution sont également présents : des CRS participent au relevage des corps, des militaires du 4e régiment de chasseurs contribuent au relevage des débris de l’appareil, des sapeurs-pompiers sont associés au déblaiement de la zone et à la recherche de la seconde boîte noire. Concernant la chaîne d’identification, outre des agents de la police nationale, des membres des forces de l’ordre étrangères, notamment des Espagnols et des Allemands, se rendent également sur place.

Objectif 3 : coordination des opérations de l’avant. Dans un premier temps, le PCO est installé dans la brigade de proximité de Seyne-les-Alpes. Territorialement compétente et proche d’une drop zone, elle garantit la préservation du secret des informations et bénéficie de tous les moyens de communication sécurisés (téléphonie, Internet et Intranet). Au regard du volume de personnes déployées, sous l’autorité du préfet de zone et du préfet de département, le PCO migre rapidement vers la maison des jeunes de la municipalité.

Une chapelle ardente au profit des familles y est également installée. L’appui des autorités consulaires et de la compagnie aérienne permet, lors de l’accueil des familles, d’effectuer un tri efficace et ainsi éviter toute intrusion de journalistes ou de curieux. Afin de préserver le secret de l’enquête, le P.C. judiciaire est, quant à lui, positionné à la maison technique du conseil général, à Seyne-les-Alpes (04).

Ce P.C., au sein duquel le CPGC prend un rôle central avec sa Structure accueil mobile déployable (SAMD) et une tente, comprend également un B110 du groupement tactique gendarmerie pour la coordination du groupe « ordre public » et un plateau criminalistique de crise. Celui-ci, constitué par l’IRCGN et renforcé par le Lab’Unic, bénéfice notamment de containers réfrigérés pour la conservation des corps. Le CPGC assure également, depuis ce P.C., la remontée du renseignement vers l’administration centrale.

Objectif 4 : assurer la sécurité des autorités et la sérénité des familles. Dès le premier jour, des visites officielles ont lieu : le ministre de l’Intérieur et la ministre de l’Écologie, accompagnée d’autorités allemandes et espagnoles. Le 25 mars, le président de la République française, la Chancelière allemande et le Premier ministre espagnol ainsi que plusieurs ministres viennent exprimer leur compassion à l’endroit des victimes et de leurs proches, mais aussi leur reconnaissance aux équipes engagées.

Des dispositifs de sécurité et de présentation sont donc montés dans l’urgence (ordres donnés à la voix et par SMS). Le 26 mars, le procureur de la République, le commandant de région et le directeur d’enquête vont à la rencontre des 250 membres de familles de victimes et de proches, arrivés à l’aéroport de Marseille, pour leur faire un point de situation après qu’un média américain a dévoilé que le suicide du copilote était à l’origine du crash.

L’escorte des familles jusqu’aux sites de Seyne-les-Alpes (chapelle ardente) et du Vernet (stèle) est assurée par la gendarmerie, afin de leur garantir sérénité et tranquillité. Des prélèvements ADN sont également réalisés sur les membres des familles en vue de faciliter l’identification des victimes.

Phase 3 : Le relevage des corps
Objectif 5 : permettre la récupération des corps en toute sécurité et le plus rapidement possible. Durant la première semaine, l’accès sur le site n’est possible que par hélitreuillage, ce qui s’avère très contraignant. Dès le 1er avril, après autorisation préfectorale accordée le 29 mars, une piste permettant d’accéder au pied du site est ouverte par des entreprises locales. Dès lors, l’extraction des corps peut se faire de manière plus sécurisée et plus rapide.

Phase 4 : Désengagement structuré et progressif
Objectif 6 : assurer une fluidité et une continuité dans les opérations, tout en libérant le site. Le 2 avril, après la découverte de la seconde boîte noire (Flight Data Recorder), les enquêteurs disposent de tous les éléments techniques nécessaires à la compréhension des événements. Les analyses du Cockpit Voice Recorder et du Flight Data Recorder ainsi que les investigations conduites permettront d’écarter définitivement l’hypothèse d’un acte terroriste.

Le 3 avril, les éléments biologiques et les effets personnels visibles ont tous été retirés de la zone. Dès le 4 avril, le site est mis à disposition de la Lufthansa, qui peut débuter les phases de relevage des débris de l’avion avant une phase de dépollution et de remise à l’état initial du site. La gendarmerie coopère avec la Lufthansa, qui confie le gardiennage du premier cercle à une entreprise de sécurité privée, pendant que le second cercle reste sous la responsabilité des gendarmes mobiles, qui seront ensuite relevés par des réservistes. Le désengagement final se déroule les 5 et 6 avril, rapidement mais en souplesse.

Le 7 avril au matin, les containers réfrigérés quittent la maison technique de Seyne-les-Alpes en direction d’une caserne de Marseille (fragments de corps) et du GGD04 (effets personnels des victimes et fragments de corps). Les dépouilles sont rendues aux familles à partir du 9 juin, une fois la commission d’identification des corps terminée. Une cérémonie d’hommage est organisée le 24 juillet, au cimetière du Vernet, avec inhumation des fragments humains non identifiés.

La manœuvre communication
Objectif : communiquer en transparence, sans porter atteinte au secret des investigations.

Avec plus de 400 journalistes sur place, venus du monde entier, la communication est une problématique complexe à gérer. Plusieurs journalistes sont interpellés par la gendarmerie dans la zone interdite délimitée par arrêté préfectoral. Dans le même temps, il convient d’expliquer en toute transparence aux médias les opérations en cours (hors secret de l’enquête judiciaire), de montrer l’importance des moyens engagés ainsi que le dévouement de l’ensemble des personnels militaires et civils engagés sur l’opération. Les images réalisées par le Sirpag et la Dicom alimentent les médias et permettent ainsi d’éviter la chasse au scoop.

La manœuvre logistique
Essentiel à la conduite des opérations, le volet logistique est pris en compte depuis l’échelon local jusqu’au niveau central :

- le chef du soutien du GGD04, renforcé par un officier et un sous-officier de la RGPaca, en coordination avec le CPGC, et en liaison avec la préfecture, se charge de collationner les diverses demandes, de rechercher des hébergements et de veiller à l’alimentation des forces, tout en organisant les circuits de facturation ;

- la cellule appui opérationnel, basée au siège de la région et placée sous la responsabilité du commandant en second de la RGPaca, coordonne la montée en puissance des moyens régionaux sur site. Elle prend en compte l’acheminement de certains matériels (kits de prélèvement ADN, containers frigorifiques, masques respiratoires, sacs mortuaires, etc.) et s’assure de la coordination des escortes des familles des victimes souhaitant se rendre sur les lieux de la catastrophe depuis l’aéroport de Marseille. Il convient d’éviter les arrivées spontanées de personnes sur le site, dont on ne pourrait garantir le lien avec les victimes (possible intrusion de journalistes ou de curieux) ;

- la DGGN prend directement en charge le financement de l’hébergement et de l’alimentation des personnels engagés ;sur le plan des moyens de communication, le réseau montagne 150 fonctionne parfaitement et permet l’interopérabilité avec les CRS. Grâce à la mise en place d’un relais supplémentaire, des images en provenance d’un hélicoptère gendarmerie peuvent être envoyées en direct à la Cellule interministérielle de crise (CIC) de Beauvau ;

- sur le plan psychologique, un dispositif de soutien regroupe quatre psychologues de la gendarmerie, trois de la police et deux assistantes sociales. Ils sont chargés de suivre, durant toute la crise et après le désengagement, les personnels déployés sur le site. Chaque intervenant est également visité à l’issue par un médecin. Le bilan santé réalisé est inscrit au registre des constatations.

Points clés des opérations
Dès les premières 24 heures, grâce à une montée en puissance conséquente, le dispositif gendarmerie, placé sous les ordres d’un seul chef, a été en mesure de : sécuriser l’ensemble du site ; diligenter l’enquête judiciaire ; procéder aux relevages des corps des victimes ; assurer la protection des visites officielles et des premières arrivées des familles des victimes ; assurer un grand volet de la communication.

Le modèle « intégré » de la gendarmerie permet de rassembler, de déployer et de commander l’ensemble des gendarmeries départementales, mobiles et spécialisées, afin de gérer un événement de grande ampleur et de longue durée. Au début de chaque nouvelle phase, une courte réunion, regroupant uniquement les partenaires concernés (pour des raisons de confidentialité et d’efficacité), permet de fluidifier la circulation de l’information, d’éviter des temps de latence et d’accélérer le processus.

Facteurs de réussite
Le premier facteur de réussite a incontestablement été le volontarisme et la cohésion dont ont fait preuve les militaires engagés dans cette opération. Leur humanité et leur compassion ont particulièrement marqué les familles de victimes et leurs accompagnateurs.

Le second facteur de réussite a été la confiance des autorités administratives et judiciaires vis-à-vis de la gendarmerie. Elles lui ont apporté à de nombreuses reprises un soutien marqué. Les actions de coordination qu’elles ont mises en œuvre entre les départements et entre les différents intervenants ont grandement contribué à la réussite de la manœuvre. Il faut aussi relever les bonnes relations entretenues avec les autorités consulaires et les partenaires privés.

Facteurs d’adversité
Le premier facteur d’adversité a été le terrain : reculé, difficilement accessible, avec une météorologie parfois capricieuse. De ce fait, la sécurité des personnels engagés sur le site était l’une des priorités : à terre, en limitant le nombre d’intervenants et en s’appuyant sur les spécialistes montagne, et dans les airs, en établissant une stricte discipline de vol.

La réception de tous les moyens déployés aurait vite pu devenir une grande contrainte si elle n’était pas maîtrisée, notamment par l’établissement de points de regroupement spécifiques par composante. La délimitation des phases de secours et d’enquête avait vocation à ne bénéficier sur zone que des moyens humains et matériels strictement nécessaires.

Bilan
Les investigations permettent de déterminer que l’avion s’est écrasé à la suite d’un acte volontaire du copilote, Andréas Lubitz. Les ADN des 150 passagers et membres d’équipage sont isolés dans un temps record. Les proches sont accueillis avec dignité. La sécurité des hautes autorités venues se recueillir est assurée.

Pour parvenir à ces résultats, environ 400 gendarmes ont été quotidiennement dédiés à cette opération, du 24 mars au 4 avril, avec un pic à 574 le 25 mars, lendemain de la catastrophe et jour de la visite des chefs d’État. Sur cette période, plus de 104 heures hélicoptère ont été dédiées à la mission, avec 340 treuillages, sans aucun accident.

L’opération s’est poursuivie au-delà du 4 avril, notamment pour sécuriser le site, identifier les victimes, informer les familles et restituer les corps. La restitution complète du site a finalement lieu le 30 octobre 2015, soit 7 mois après la tragédie.

Source https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/terrain/retex/retex-le-crash-aerien-de-la-germanwings

Par le colonel Christophe Brochier avec le capitaine Éric Costa
Publié le 22 mars 2018
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13 mars 2025 - Journée nationale de l’audition : de l’importance de connaître le 114
La 28e édition de la Journée nationale de l’audition, qui se tient ce jeudi 13 mars, porte sur la prévention des risques auditifs. En France, ils sont 7 millions de sourds et malentendants qui, en cas d’urgence, ne peuvent pas contacter le 15, le 17, le 18 ou le 112. Connaître le 114 est un acte de prévention.

En France, 7 millions de personnes sont sourdes ou déficientes auditives. C’est-à-dire plus d’un Français sur dix, qui peuvent être victimes ou témoins d’une situation d’urgence. Mais pour eux, téléphoner directement aux services de secours (15, 17, 18 ou 112) est difficile voire impossible.
Pour répondre à ce manque d'accessibilité et éviter une perte de chance, les ministères de la Santé et de l’Intérieur ont lancé, en 2011, un numéro unique : le 114. Piloté par le CHU Grenoble-Alpes, ce service public d’urgence gratuit, disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, est réservé aux personnes sourdes, sourd-aveugles, malentendantes et aphasiques. Il leur permet de contacter les secours les plus proches grâce au dispositif de conversation totale (visio, texte, voix, images). Pour cela ils peuvent passer en priorité par l’application « Urgence 114 », par le site Internet www.urgence114.fr ou par SMS.
Ce mois de mars 2025 est l’occasion de rappeler aux personnes concernées et à leur entourage que connaître ce service d’urgence, qui peut leur sauver la vie, est un acte de prévention des risques.

Faire connaître le 114, un geste de prévention
Parmi les 7 millions de personnes déficientes auditives en France, 450 000 sont dans l’incapacité totale de téléphoner. Les autres peuvent avoir du mal à comprendre leur interlocuteur.
Tout le monde connaît les numéros classiques à composer en cas d’urgence. Il est vital, pour les personnes sourdes, sourdaveugles, malentendantes et aphasiques, de connaître le numéro d’urgence qui leur est dédié, le 114, avant d’en avoir besoin.
« Accident de la route, agression, malaise, incendie, douleur thoracique… Le 114 est le service d’urgence à connaître, et « Urgence 114 » l’application à avoir quand on a des difficultés à entendre ou à parler, même temporairement ! Mais le 114 concerne aussi l’entourage au sens large : aidants, famille et amis, médecins, pharmaciens, praticiens paramédicaux, écoles adaptées et associations, interprètes en langue des signes, mais aussi services publics de proximité… Tous peuvent le faire connaître aux principaux intéressés », explique Camille Page, Directrice déléguée de pôles au CHU Grenoble-Alpes.

L’application « Urgence 114 », pour une meilleure anticipation
Pour une meilleure efficacité du côté des usagers, le Dr Véronique Équy, cheffe de service du Centre national relais 114, précise que « pour être guidé encore plus vite, il est bien que les personnes concernées anticipent. Nous recommandons aux usagers du 114 de télécharger l’application sur leur mobile et de compléter leur profil sur l’application. Ainsi ils gagneront un temps précieux en cas d’urgence. L’application leur permettra, en cas d’urgence, d’avoir un contact en direct et en temps réel avec l’agent du 114 qui pourra communiquer avec eux de la manière la plus adaptée. L’agent du 114 pourra rapidement évaluer la situation grâce à la conversation totale et, ainsi, apporter la réponse la plus adaptée au besoin. »

Source https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/actualites/2025/13-mars-2025-journee-nationale-de-l-audition-de-l-importance-de-connaitre-le-114

Par la rédaction du site Gendinfo
Publié le 13 mars 2025
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Gendarmerie Nationale / Re : FIEP : l'association des gendarmes du monde
« Dernier message par Jeano 11 le 05 mars 2025, 09:35:22 »
La France prend la présidence de la FIEP, association internationale de forces de gendarmerie et de police à statut militaire

Ce mercredi 23 octobre 2024, à Rome, la France a officiellement pris la présidence de la FIEP, succédant ainsi à l’Italie, jusqu’en octobre 2025. Créée il y a trente ans, cette association internationale rassemble aujourd’hui vingt et une forces de gendarmerie et de police à statut militaire, dans un objectif de coopération entre ses membres, autour de nombreux enjeux de sécurité globale.

Le Conseil supérieur des directeurs et commandants généraux de la FIEP s’est déroulé ce 23 octobre 2024, à Rome. Cet événement vient clore l’année de la présidence de l’Italie à la tête de cette association internationale de forces de gendarmerie et de police à statut militaire. Il marque en outre la passation de la présidence à la France pour les douze prochains mois.

Lors de cet événement de premier plan, la France était représentée par le général d’armée Bruno Jockers, Inspecteur général des Armées – Gendarmerie (IGAG), accompagné par le général Stéphane Lacroix et Madame Alyson Michel, du Pôle des affaires européennes et internationales (PAEI) du cabinet du directeur général de la gendarmerie nationale, ainsi que le général Patrick Perrot, du Commandement du ministère de l’Intérieur dans le cyberespace (COMCYBER-MI), et le lieutenant-colonel Olivier Monceret, du Commandement de la gendarmerie pour les missions extérieures (CGMEx).

Plusieurs séquences ont ponctué la journée. Celle-ci a débuté par une présentation du bilan des travaux menés par l’Italie, par le lieutenant général Teo Luzi, commandant général de l’Arme des carabiniers.

Le corps des carabiniers moldaves, sous l’égide de son commandant général Dimitru Scurtu, a ensuite rejoint officiellement les rangs de l’Association en tant que membre à part entière, après avoir satisfait aux conditions d’intégration. Cette nouvelle affiliation illustre à la fois la vigueur et la pertinence de la FIEP, et participe à son rayonnement.

La prise de la présidence de la FIEP par la France, qui succède ainsi à l’Italie, a constitué l’un des temps forts de ce sommet. « Notre objectif sera de dynamiser plus encore nos actions et de veiller à ce que notre association reste un exemple de coopération internationale solide, où chaque membre apporte sa contribution unique à la sécurité globale », a déclaré lors du sommet le général d’armée, Bruno Jockers, après avoir félicité la présidence italienne pour la qualité du travail accompli sur la thématique de la protection de la biodiversité et des écosystèmes. « Nous mettrons tout en œuvre pour valoriser et diffuser les bonnes pratiques développées au sein de la FIEP, afin que l’Association continue de rayonner sur la scène internationale », a-t-il ajouté.

« Impact et enjeux de l’intelligence artificielle », un sujet décisif
En sa qualité de présidente de la FIEP, la France aura pour mission première, au cours des douze prochains mois, d’organiser et de structurer les discussions et les travaux autour de la thématique retenue : « Impact et enjeux de l’Intelligence artificielle (I.A.) pour les forces de type gendarmerie ».
« L’intelligence artificielle constitue un enjeu considérable de souveraineté pour les États, et une révolution dont ne peuvent être exclues les forces de sécurité intérieure », a ainsi observé le général d’armée Bruno Jockers, à l’occasion de l’une de ses prises de parole.

Omniprésente, l’I.A. infiltre aujourd’hui les secteurs de l’industrie, de la santé, des finances, de l’éducation ou encore la recherche, mais aussi ceux de la défense et de la sécurité intérieure.
« Bien plus qu’une technologie, l’I.A. représente une nouvelle manière d’agir, d’interagir, de travailler. Pour ceux qui la maîtrisent, elle constitue un énorme atout, permettant de faire la différence, tant sur le plan stratégique, tactique qu’opérationnel […] La sécurité, dont nous sommes garants, n’échappe pas à ce bouleversement. »

Au vu des enjeux et des perspectives qui se dessinent, ainsi que des questions multiples et légitimes que pose déjà l’émergence de l’intelligence artificielle, la France a placé ce thème au centre de sa présidence. L’objectif est d’évaluer l’impact de l’I.A. sur l’activité des forces de sécurité intérieure, notamment pour mieux appréhender l’évolution des menaces criminelles. Et le général d’armée Bruno Jockers d’ajouter que « ces travaux seront déterminants pour garantir une exploitation responsable et équilibrée de l’I.A. au service de l’intérêt général, pour le bien de nos concitoyens et la protection des droits fondamentaux. »

Les travaux s’échelonneront jusqu’en octobre 2025, date à laquelle se tiendra le Conseil supérieur des directeurs et commandants généraux de la FIEP à Paris.
Les rencontres entre les pays membres s’articuleront autour de quatre commissions spécialisées : ressources humaines, nouvelles technologies, affaires internationales, organisation des services. Organisée par un pays hôte sélectionné parmi les forces de l’Association, chaque commission abordera le thème de l’intelligence artificielle, en présence d’experts.
La première commission (ressources humaines) se tiendra ainsi au Chili, du 10 au 13 décembre 2024.

En tant que coordonnateur pour l’intelligence artificielle au sein de la gendarmerie nationale, le général Patrick Perrot sera chargé de la coordination des experts qui interviendront tout au long de l’année.
La présidence française de la FIEP sera incarnée par le Directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN), tandis que son secrétariat général sera assuré par le général William de Meyer et le lieutenant-colonel Olivier Monceret (CGMEx), sous le contrôle du Pôle des affaires européennes et internationales (PAEI) du cabinet du directeur général de la gendarmerie nationale.

« Nos concitoyens attendent que nous soyons au rendez-vous de leur sécurité : c’est ensemble que nous réussirons à relever les défis à venir. » C’est ainsi que le général d’armée Bruno Jockers a achevé son discours.

À l’issue du Sommet de Rome, les chefs de délégation ont été reçus en audience par le président de la République italienne, Sergio Mattarella.

Source https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/actualites/2024/la-france-prend-la-presidence-de-la-fiep-association-internationale-de-forces-de-gendarmerie-et-de-police-a-statut-militaire

Par Hélène THIN
Publié le 23 octobre 2024
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Gendarmerie Nationale / Re : FIEP : l'association des gendarmes du monde
« Dernier message par Jeano 11 le 05 mars 2025, 09:26:29 »
La République du Congo, pays candidat à l’intégration de la FIEP, a accueilli une mission exploratoire

Une délégation composée de représentants de la FIEP s’est rendue en République du Congo, du 10 au 13 février 2025, dans le cadre d’une mission exploratoire menée auprès de la gendarmerie nationale congolaise. Cette étape s’inscrit dans le processus d’adhésion qui s’applique aux forces candidates à l’intégration de la FIEP, association internationale réunissant à ce jour vingt et une forces de gendarmerie et de police à statut militaire, dans un objectif de coopération face à la menace criminelle.

Le 23 octobre 2024, lors du Sommet de Rome, le corps des carabiniers moldaves rejoignait officiellement les rangs de la FIEP, devenant ainsi le 21e membre de l’association. À son tour, la gendarmerie nationale congolaise a fait acte de candidature afin d’intégrer l’organisation, aujourd’hui considérée comme entité de premier plan dans la réflexion des forces de gendarmerie et de police à statut militaire.

C’est dans ce contexte qu’une délégation composée de quatre représentants de la FIEP (soit deux membres de la Gendarmerie nationale, un de l’Arme des carabiniers, ainsi qu’un de la Garde nationale tunisienne) s’est rendue en République du Congo. « Nous avons mené une mission exploratoire auprès de la force candidate, pour nous assurer que celle-ci réunit bien tous les critères requis, tant dans son organisation, que dans ses missions, son savoir-être ou son savoir-faire », précise le lieutenant-colonel Olivier Moncéret, membre du Commandement de la gendarmerie pour les missions extérieures (CGMEx), ayant participé à la mission.

Un modèle pertinent, qui ne cesse de s’étoffer depuis sa création
Arrivés le 10 février à Brazzaville, les membres de la délégation ont été reçus, dès le lendemain, par le Commandant de la gendarmerie (COMGEND) congolais, le général de brigade Gervais Akouangue. Ils ont alors assisté à une présentation de la gendarmerie nationale congolaise, réalisée par le directeur des opérations et de l’emploi. Le même jour, ils ont visité la compagnie de gendarmerie des transports aériens de Brazzaville, avant de rejoindre l’école de la gendarmerie nationale congolaise, où ils ont pu observer une démonstration dynamique mettant en scène le savoir-faire des gendarmes congolais dans la gestion d’une scène de crime. La mission de la délégation s’est poursuivie le 12 février dans la région de gendarmerie de Brazzaville. Les membres de la FIEP ont notamment visité la brigade territoriale de Poto-Poto, quartier de Brazzaville, et assisté à une nouvelle démonstration dynamique consacrée au maintien de l’ordre.

À l’issue de ce déplacement en République du Congo, un rapport exhaustif sera produit par les quatre membres ayant pris part à la mission. Il sera ensuite présenté à tous les membres de l’organisation lors de la prochaine commission de la FIEP, qui se tiendra aux Pays-Bas au mois d’avril. L’intégration de la gendarmerie nationale congolaise au sein de l’organisation devra alors être validée à l’unanimité.
L’admission de cette nouvelle force de gendarmerie ne sera entérinée qu’en octobre 2025 par le conseil supérieur de la FIEP, à l’occasion du Sommet de Paris, venant clore la présidence de la France.
Le nouveau pays membre se verra alors attribuer le statut d’observateur, pour une durée d’un an. Au terme de cette période, et sur décision du conseil supérieur, la force observatrice deviendra membre associé, intégrant ainsi officiellement le réseau FIEP.

Une seconde mission exploratoire devrait être conduite au printemps 2025 aux Émirats arabes unis, autre pays ayant fait acte de candidature.

« L’intérêt des forces de gendarmerie ou de police à statut militaire à l’égard de la FIEP démontre la pertinence de ce modèle qui, depuis sa création en 1994, n’a cessé de s’étoffer, souligne le lieutenant-colonel Moncéret. Quant à l’intégration de nouveaux membres au sein de l’organisation, elle permet d’affermir le partage de connaissances et d’enrichir les réflexions. C’est précisément ce pour quoi la FIEP a été créée. »

Source https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/actualites/2025/la-republique-du-congo-pays-candidat-a-l-integration-de-la-fiep-a-accueilli-une-mission-exploratoire

Par Hélène THIN
Publié le 04 mars 2025
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Gendarmerie Nationale / FIEP : l'association des gendarmes du monde
« Dernier message par Jeano 11 le 05 mars 2025, 09:24:58 »
Association de gendarmeries du monde, la FIEP a été fondée, il y a trente ans, autour de quatre grands pays, dont elle a hérité le nom (France, Italie, Espagne et Portugal). Aujourd’hui, devenue une entité de premier plan dans la réflexion des forces de police à statut militaire, elle compte vingt et un pays.

En 1994, confrontées à des phénomènes de délinquance et de criminalité communes et à un fort dualisme police – gendarmerie, les forces de sécurité intérieure à statut militaire de France, d’Italie et d’Espagne se réunissent et fondent la toute première association de gendarmeries européennes. Deux ans plus tard, la garde nationale républicaine du Portugal rejoint le mouvement. La FIEP, acronyme des quatre pays, est alors créée.

Au fil des ans, d’autres forces de gendarmerie, basées sur le même modèle que celui des pays fondateurs, vont rejoindre les rangs de l’association. De petite association de quatre gendarmeries européennes, la FIEP est devenue, en trente ans, un réseau fort et structuré, recherchant le renforcement de la coopération entre ses membres, pour répondre aux enjeux de sécurité de demain, notamment par l’échange de bonnes pratiques et de savoir-faire techniques et tactiques, assurant ainsi la pertinence du « modèle gendarmerie », présent dans 46 pays du monde.

Un cercle de réflexion structuré
En montant en compétences et en nombre, la FIEP s’est, au fil du temps, « professionnalisée » et structurée. À sa tête, un pays, désigné par les autres membres pour une durée d’un an, en assure la présidence. Les représentants de chaque pays membre, à hauteur d’un par État, réunis en commission, en assurent le fonctionnement structurel. Durant son année de présidence, qui débute en octobre, lors de la réunion du conseil supérieur de la FIEP, la force choisie va avoir une mission centrale : le choix du thème qui sera débattu en séance durant l’année à venir. La France, qui détient actuellement la présidence de l’association depuis le 23 octobre 2024, jusqu’en octobre 2025, a ainsi choisi pour thème « Impact et enjeux de l’Intelligence artificielle pour les forces de type gendarmerie ».

Pour échanger autour de cette thématique, les vingt-et-une forces de gendarmerie membres de la FIEP se retrouvent quatre fois par an à l’occasion de quatre grandes commissions, abordant chaque fois un volet bien précis en lien avec le thème central : ressources humaines, affaires internationales, organisation des services pour faire face, par exemple, aux menaces émergentes liées à ce type de conflit et, enfin, nouvelles technologies. Lors de chacune de ces commissions, organisées dans des villes hôtes de pays différents, chaque force est représentée par au moins deux gendarmes. Le premier est le point de contact national. Rattaché pour la France au CGMEx (Commandement de la Gendarmerie pour les Missions EXtérieures), cet officier est présent à chacune des quatre réunions. Avec les autres points de contact nationaux des autres forces membres, ils assurent le suivi des affaires courantes, étudient les dossiers de candidature, identifient au sein de la gendarmerie les militaires experts pouvant intervenir lors des commissions et préparent le conseil supérieur annuel.

Ces points de contact nationaux ont tissé, au fil du temps, un réseau privilégié, permettant l’appui, le conseil et la montée en puissance de toutes les gendarmeries. L’autre militaire convié à prendre part aux commissions de la FIEP est un gendarme expert. Attaché à un service de la gendarmerie, il va intervenir sur une thématique précise, en lien avec le sujet de la commission. Des interventions d’une grande richesse, qui permettent aux forces de gendarmerie présentes d’observer les savoir-faire, la structure et le fonctionnement de leurs homologues, afin de s’en inspirer. Lors des commissions, tous les experts des forces présentes réalisent une présentation qui peut être suivie ou non de débats. Ces interventions durent généralement plusieurs jours et sont, pour les vingt-et-une gendarmeries partenaires, une sorte de Think Thank, véritable source d’idéation et de transformation pour ces forces de police à statut militaire. À la suite de la France, dont le mandat s'achèvera dans douze mois, l'Argentine accédera pour un an à la présidence de la FIEP.

Des conditions d’intégration strictes
Pour intégrer la FIEP, le pays candidat doit remplir un critère majeur : être une force de police à statut militaire, exerçant des missions de police, sous l’autorité de la justice, et des opérations de maintien de l’ordre public, sous le contrôle d’une autorité civile. S’il répond à ce critère, il doit ensuite passer plusieurs étapes.

Tout d’abord, des représentants de la force requérante doivent venir présenter son statut et ses missions au cours d’une commission. Ensuite, une équipe, composée des représentants de plusieurs pays membres de la FIEP, effectue une mission d’évaluation au sein de la force candidate, avant d’émettre ou non un avis favorable.

À la suite de cette mission, si le conseil supérieur accepte l’admission de la force, le statut d’observateur lui est accordé, en général pour un an, afin de vérifier les similitudes structurelles et les affinités institutionnelles du candidat. À la fin de la période d’un an, et sur décision du conseil supérieur, si les deux parties le souhaitent, la force observatrice devient membre associé et intègre alors officiellement le réseau dense et extrêmement enrichissant de cette association de gendarmeries du monde qu’est la FIEP. Lors du dernier Conseil supérieur de la FIEP, à Rome, en octobre 2024, l’arme des carabiniers moldaves a ainsi rejoint les rangs de l'Association.

France, Italie, Espagne, Portugal : le noyau dur
En marge des échanges et des commissions entre ces vingt-et-un pays, quatre membres de la FIEP ont développé, au fil du temps, des liens renforcés et privilégiés, qui s’expliquent par une proximité historique et géographique (frontières communes), par un modèle de dualité police-gendarmerie identique, et par des phénomènes de délinquance et de criminalité étroitement liés. Ces quatre pays, sorte de noyau dur de la FIEP, sont les quatre forces fondatrices de cette association : la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal.

Appelées « initiative G4 », elles se retrouvent régulièrement pour échanger sur des problématiques liées à trois grands enjeux majeurs de notre époque : la cybercriminalité, la criminalité environnementale et la formation. « L’enjeu est de porter collectivement ces concepts de nouvelles frontières, avec l’idée d’anticiper les futures menaces et de consolider l’expertise de ces quatre forces, par exemple en matière de lutte contre la criminalité environnementale, pour laquelle les gendarmeries du G4 ont développé une expertise reconnue au niveau européen et international », explique le colonel adjoint au chef du Pôle des affaires européennes et internationales (PAEI) de la gendarmerie nationale, avant de poursuivre : « L’intérêt du G4 est de pouvoir traduire concrètement, et plus facilement, ces initiatives, à l’instar de la formation commune des quarante jeunes cadets de la gendarmerie, de l’arme des carabiniers, de la garde civile espagnole et de la garde républicaine portugaise, en juillet 2023, à  Florence. »

Pour cela, le renforcement de la coopération et de l’interopérabilité entre les unités est central et prend toute son acuité dans les bassins de vie transfrontaliers, comme c’est le cas dans les Pyrénées, entre les gendarmes français et les gardes civils espagnols. Sur ces points-là, le sujet de la formation est au centre des échanges. Déjà développé sur la formation des cadres, notamment via le CEPol (collège de formation des polices européennes), l’enjeu est de créer une culture européenne commune des forces de sécurité intérieure, au travers de la formation initiale des forces de police à statut militaire, afin d’être plus rapidement interopérables, mais aussi au travers de formations thématiques sur la lutte contre la cybercriminalité et la criminalité environnementale, pouvant être ouvertes, le cas échéant, aux forces de police à statut civil, afin que les forces de type gendarmerie puissent coopérer avec toutes les forces de sécurité intérieure.

Cette recherche d’interopérabilité et ces échanges de bonnes pratiques au niveau de l’« initiative G4 », mais aussi et surtout au niveau des vingt-et-un membres, sont les deux plus grandes forces de la FIEP. Elles offrent un regard et des connaissances d’une grande richesse, qui permettent de comprendre les phénomènes de criminalités transnationales, non plus sous le seul prisme régional, mais au travers d’une vision globale. Un changement de paradigme, nourri de l’expertise de ces vingt et une forces de gendarmerie, du fin fond du Brésil aux Pays-Bas, de Djibouti à l’Italie.

A noter

Les 21 membres qui composent la FIEP sont issus des pays suivants : la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Turquie, les Pays-Bas, le Maroc, la Roumanie, l’Argentine, le Chili, la Jordanie, le Qatar, la Tunisie, le Brésil, la Palestine, l’Ukraine, Djibouti, le Sénégal, le Koweït, San Marin, la Moldavie. Actuellement en processus d’admission, le Congo Brazzaville pourrait devenir le 22e membre.

Source https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/terrain/immersion/2024/fiep-l-association-des-gendarmes-du-monde

Par la lieutenante Floriane Hours
Publié le 24 octobre 2024
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Gendarmerie Nationale / Re : 1791… et la gendarmerie nationale fut !
« Dernier message par Jeano 11 le 23 février 2025, 11:42:26 »
Le 16 février 1791, la naissance de la gendarmerie

Le 16 février est une date importante pour les gendarmes. C’est en effet la loi du 16 février 1791 qui  donne naissance à la gendarmerie nationale, héritière de la maréchaussée. C’est donc à cette date anniversaire que, depuis 1993, ils commémorent leurs camarades « victimes du devoir ».
Depuis 2022, l’Institution rend également hommage ce jour-là à ses héros du quotidien toujours présents parmi nous et qui ont accompli un acte de bravoure. Retour sur cette date historique.

Les gendarmes connaissent la date du 16 février, mais que savent-ils de sa double signification ?
En 1993, le ministre de la Défense fait de ce jour la commémoration annuelle et solennelle des « gendarmes victimes du devoir » au cours de l’année précédente, et, plus largement, des morts de la gendarmerie.
Une cérémonie regroupe alors dans l’ensemble des départements toutes les formations de l’Arme pour honorer les hommes et les femmes dont le service s’est accompli au prix de leur vie, faisant passer le sens du devoir avant tout. Mais si les gendarmes se souviennent ainsi avec tristesse de leurs camarades disparus, savent-ils pourquoi ce jour d’hiver s’est imposé ?

La naissance de la gendarmerie
Si notre institution jouit d’une histoire séculaire remontant aux premiers prévôts des maréchaux, c’est à la Révolution française que la gendarmerie prend la forme que nous lui connaissons aujourd’hui.
La loi de 16 février 1791 constitue l’acte de naissance de la gendarmerie nationale en réorganisant la maréchaussée royale et en lui donnant un nouveau nom. Ce terme de « gendarmerie » n’est pas nouveau puisqu’il existe déjà sous l’Ancien Régime une « gendarmerie de France » dont les diverses unités d’élite de cavalerie sont attachées à la protection des membres de la famille du roi.
La loi du 16 février est relativement courte. Les missions de la nouvelle gendarmerie sont sensiblement les mêmes que celles de l’ancienne maréchaussée. La distinction fondamentale réside dans la séparation des pouvoirs dont la nouvelle force de l’ordre est l’expression. Contrairement à l’ancienne maréchaussée, la gendarmerie n’a plus le pouvoir de juger et de punir, y compris par la peine capitale, les suspects arrêtés. En cela, la gendarmerie est bien désormais nationale car elle n’est plus l’outil de répression d’une autorité royale toute puissante, mais bien l’organe de défense des nouvelles institutions d’une Nation dont elle est l’émanation. Elle est composée de gendarmes à pied et d’autres à cheval, rassemblant alors environ 7 500 hommes pour un territoire de 526 000 km2 (551 000 km2 aujourd'hui) et une population d’environ vingt-neuf millions d’habitants.

Plus qu’une date anniversaire institutionnelle : la naissance d’une identité
La date du 16 février 1791 n’est pas seulement une date anniversaire institutionnelle. C’est le jalon d’une création identitaire. On retrouve dans la loi de février des éléments constitutifs de l’identité du gendarme et des modalités selon lesquelles le soldat de la loi va ensuite s’inscrire dans le paysage français. L’article III de la loi précise par exemple que « la gendarmerie continuera de faire partie de l’armée ». L’ordonnance de 1820 confirme par la suite cette appartenance de la gendarmerie – entre-temps devenue « impériale », puis « royale » – à la société militaire. La seconde partie du titre VII, relative aux fonctions de la gendarmerie nationale, reprend pour partie les dispositions de l’ordonnance du 28 avril 1778. On voit donc que la rupture avec l’Ancien Régime n’est qu’apparente.
Si la justice prévôtale et les tribunaux d’exception sont supprimés en 1790, les missions de polices administrative et judiciaire sont confirmées. La loi de février 1791 rappelle les fonctions ordinaires de la gendarmerie et la nécessité d’effectuer des tournées dans tous les arrondissements, d’y recueillir des renseignements sur les crimes et les délits et de poursuivre les malfaiteurs. Ces missions reprennent les fondements posés par les édits de mars 1720, qui établissent des brigades au sein de compagnies plus étendues. La naissance de la gendarmerie prolonge donc des mutations enclenchées à l’époque de la maréchaussée, ce qui inscrit l’institution dans un héritage militaire qui dépasse la simple filiation. En distribuant le personnel de chaque compagnie en brigades et en lui faisant accomplir un service de tournées régulières, la réglementation induit une transformation fonctionnelle profonde par le remaniement des structures territoriales. La gendarmerie nationale s’inscrit dès lors pleinement dans le paysage rural français et entame son assimilation dans les dynamiques locales de chaque circonscription.

Une des missions de la gendarmerie consiste à maintenir l’ordre public, à dissiper « les révoltes et attroupements séditieux » et à « repousser par la force les violences et les voies de fait qui seraient employées contre eux ». Dans le domaine des fonctions extraordinaires, il est précisé que les soldats de la loi sont tenus de prêter la main-forte qui leur est demandée par la voie des réquisitions. Mais « main-forte » à qui ? Eh bien, aux commissaires de police qui sont créés, ou plutôt recréés, en septembre 1791, mais qui sont notoirement dépourvus de personnel, et cela encore pendant au moins un siècle, hormis à Paris. Dès 1791, la force publique française est donc duale : la force armée, dont les gendarmes détiennent la capacité, l’autorité civile, aux mains des commissaires de police ; les deux étant indissociables, concrétisant ainsi les réflexions de Jacques de Guibert ou Jean-Paul Rabaut Saint-Étienne de l’année précédente. Comme on le constate, les bases de la force publique française contemporaine sont posées ainsi que les caractéristiques d’une collaboration structurelle entre police et gendarmerie, l’une et l’autre ne pouvant se passer de leurs atouts complémentaires. L’adoption du premier Code pénal en septembre-octobre 1791 parachève cet an I de la force publique française contemporaine, ouvert par la création de la gendarmerie nationale le 16 février.

L’amorce d’un mode vie et d’un esprit de corps
Outre l’ancrage résolument militaire, les missions de sécurité et l’implantation dans le paysage français, la naissance de la gendarmerie en 1791 pose les bases d’un mode de vie qui va caractériser le gendarme et influencer son rapport à son métier ainsi que sa construction sociale. Parler du gendarme, c’est parler d’une institution ayant à cœur la notion d’esprit de corps. Ce sentiment d’appartenance et de loyauté que partagent les militaires de l’institution se construit autour d’un vécu commun. Concernant le gendarme, il est indissociable de l’encasernement et, donc, de la famille. Avant la Révolution, la maréchaussée se voit déjà dotée de casernes, ce qui pose la question de la présence des familles des militaires. Une ordonnance du 28 avril 1778 défend aux chefs de brigade et aux cavaliers de faire loger « ni coucher leurs femmes aux casernes, ni aucune autre femme ou fille, quand bien même elles les serviraient comme domestiques ». Cette décision prend fin avec la création de la gendarmerie nationale en 1791. L’exclusion des familles de gendarmes est officiellement abandonnée avec l’ordonnance du 29 octobre 1820. « Les femmes et les enfants des sous-officiers peuvent habiter les casernes », affirme l’article 274, avant de préciser qu’ils doivent y tenir une conduite régulière, « sous peine d’en être renvoyés d’après les ordres du colonel de la légion ». Cette porosité entre les univers professionnel et personnel du gendarme est un élément marquant de son quotidien, à tel point qu’on en trouve trace dans notre institution actuelle. Ainsi, depuis quelques années, les cérémonies du 16 février mettent une attention toute particulière sur les familles éprouvées des gendarmes blessés ou tués en service.

Source https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/histoire/le-16-fevrier-1791-la-naissance-de-la-gendarmerie
Par le commandant Laurent Lopez et le Service des archives et de la mémoire
Publié le 16 février 2025
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Police Nationale / Re : Adjoint De Sécurité (ADS) et Cadet de la République.
« Dernier message par Jeano 11 le 24 janvier 2025, 18:05:20 »
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Type d'emploi : Temps plein, CDD
Rémunération : En province, au 1er janvier 2024, 1 488€nets/mois

 
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Gendarmerie Nationale / Re : To be or not to be a GAV ?
« Dernier message par Jeano 11 le 22 janvier 2025, 18:17:14 »
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Atteintes à l’environnement : la Gendarmerie maritime de Marseille met fin à un trafic de palourdes.

Le 18 novembre 2024, 25 personnes ont été interpellées ou convoquées par la Gendarmerie maritime de Marseille pour le vol de 24 tonnes de palourdes.

C’est depuis le mois de février 2024 que le trafic est identifié, avec plusieurs transactions représentant environ 100 kg de palourdes pêchées tous les deux jours dans l’étang de Berre.
Une vingtaine de pêcheurs différents sont impliqués. Ils revendaient illégalement le produit de leur pêche à une société de l’Hérault qui ne possédait aucun agrément sanitaire, laquelle fournissait ensuite des restaurateurs ou des consommateurs sans mentionner leur origine. Au total, ce sont plus de 24 tonnes de palourdes qui ont été soustraites de manière frauduleuse de la ressource halieutique de l’étang de Berre.
Après une enquête de plusieurs mois et de nombreuses surveillances, l’opération judiciaire, placée sous la direction du commandant en second de la Compagnie de gendarmerie départementale (CGD) de Marseille est déclenchée le 18 novembre 2024.
Vingt-cinq personnes ont été interpellées ou convoquées par la Gendarmerie maritime (GMAR) de Marseille, renforcée par les CGD de Marseille et de Toulon, et par la Brigade de recherches (B.R.) de Marseille.
Outre ces unités, la GMAR a également collaboré avec les services de l’URSSAF (Union de Recouvrement des cotisations de Sécurité Sociale et d’Allocations Familiales), de la DGFIP (Direction Générale des Finances Publiques), les services vétérinaires de la DDPP (Direction Départementale de la Protection des Populations) des Bouches-du-Rhône et de l’Hérault, ainsi qu’avec les groupements de gendarmerie départementale des Bouches-du-Rhône et de l’Hérault.

Une atteinte à l’environnement et un préjudice économique
Outre l’atteinte manifeste et caractérisée à l’environnement, le préjudice économique et financier dans cette affaire s’élèverait à 108 800 euros.
À l’issue des gardes à vue et des diverses auditions, le parquet d’Aix-en-Provence a poursuivi les huit principaux protagonistes devant le tribunal correctionnel, dont la société en tant que personne morale. Dix autres mis en cause ont été convoqués en audience de reconnaissance préalable de culpabilité, cinq aux fins de composition pénale et deux derniers pour des ordonnances pénales. Deux véhicules ainsi que 159 000 euros ont été saisis.

Source https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/enquetes/2024/atteintes-a-l-environnement-la-gendarmerie-maritime-de-marseille-met-fin-a-un-trafic-de-palourdes
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