Aprés une première mouture des Unités Territoriale de Quartier (UTeQ) les Brigades Spéciale de Terrain (BST)
Le défi de l'Uteq dans les banlieues difficiles
Par Leila Slimani , publié le mercredi 16 avril 2008,
Des Unités territoriales de quartier, qui reprennent le modèle de la police de proximité supprimée par Nicolas Sarkozy en 2002, viennent d'être déployées pour rétablir le "lien de confiance" avec la population. Malgré des premiers heurts entre jeunes et policiers, Alain Bauer, président de l'Observatoire national de la délinquance, les juge "absolument nécessaires".
Le 14 avril 2008, les cinquante policiers des premières Unités territoriales de quartier (Uteq) ont été déployées dans les banlieues difficiles de la Courneuve, de Saint Denis et de Clichy-Montfermeil. Au delà de la lutte contre la délinquance, ces unités sont surtout chargées de rétablir le "lien de confiance" avec une population qui se défie des forces de l'ordre. Le Premier ministre François Fillon avait estimé en janvier que cette nouvelle force de police, composée des "policiers les plus aguerris", allait mener un "combat de société" dans ces banlieues face à "la culture de la violence et de la haine" et au "mépris des règles communes".
Une nouvelle police de proximité?
Lors de leur formation, les policiers des Uteq ont reçu les conseils d'un psychologue sur la façon d'interroger les jeunes délinquants, ainsi qu'un enseignement sur les pratiques culturelles et religieuses de la quarantaine de nationalités qui cohabitent dans ces banlieues. Les policiers de ces unités sont tous des volontaires et ont donc des degrés d'expérience extrêmement divers. Pour Alain Bauer, criminologue et président de l'Observatoire national de la délinquance, que LEXPRESS.fr a contacté, cette formation est certes une "cote mal taillée" mais elle est "absolument nécessaire" pour reconquérir des territoires qui n'étaient jusque là qu'encerclés par les forces de l'ordre.
En 2002, le président Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, avait supprimé "la police de proximité", une décision qui a entraîné, selon ses détracteurs, une dégradation des relations entre les forces de l'ordre et les jeunes. La décision de réimplanter les Unités territoriales de quartier peut donc apparaître comme un constat d'échec pour le président de la République qui a maintes fois répété pendant la campagne présidentielle que les policiers n'étaient pas des assistantes sociales.
Pour Alain Bauer, toutefois, la police de proximité telle qu'elle avait été mise en place par la gauche était inopérante. "Si elle répondait bien à un besoin, la police de proximité avait quand même trois défauts principaux : la confusion sur sa mission, la précipitation de son installation et un manque d'effectif. Elle est morte de sa belle mort avant que Sarkozy ne la supprime. Sarkozy n'est pas l'assassin de la police de proximité, il en a plutôt été le médecin légiste."
Fin 2006, Sarkozy avait déjà relancé une police de vigilance. Mais celle-ci avait souffert d'avoir trop de missions différentes et de travailler sur des territoires incohérents. Pour Alain Bauer , "les Uteq répondent à ces problèmes en s'attaquant à la spécialisation des missions et à la territorialisation. La police a un rôle bien spécifique et distinct de celui des assistantes sociales. Pour autant, elle travaille évidemment avec les opérateurs sportifs et sociaux."
Alain Bauer considère que les Unités territoriales de quartier et la police de proximité sont certes "très proches" du point de vue du modèle, mais il les estime différentes dans leur application. "C'est même assez courageux de la part de Nicolas Sarkozy après la communication qu'il avait pu faire autour de le police de proximité", juge-t-il.
"On touche à l'endroit qui fait mal"
La mise en place de l'Uteq n'est pas sans susciter quelques remous. Lundi 14 avril, jour de leur lancement, des policiers des Unités territoriales de quartier ont été caillassés à Saint-Denis , a indiqué mardi le chef de la Sécurité publique de Seine-Saint-Denis qui y voit "le signe" d'une action "qui gêne". Selon David Skuli, directeur de la Sécurité publique de Seine-Saint-Denis, peu avant 18h30, "une trentaine d'individus ont jeté des bouteilles et pierres" sur une patrouille de huit gardiens de la paix de l'Uteq Saint-Denis qui marchait à pied dans la cité du Franc-Moisin. "Il n'y a pas eu de blessés parmi les policiers", a-t-il précisé à l'AFP, confirmant une information publiée dans Le Parisien (édition Seine-Saint-Denis).
L'incident a entraîné un repli des fonctionnaires vers leurs véhicules, où se trouvait leur matériel de protection, et a donné lieu ensuite à une "opération de sécurisation" avec le renfort d'autres policiers, a précisé David Skuli. Deux voitures de particulier ont eu les vitres brisées. "Cette réaction était attendue. On en verra d'autres, nous sommes prêts à assumer partout l'autorité de l'Etat", a ajouté David Skuli.
-http://www.lexpress.fr/actualite/societe/le-defi-de-l-uteq-dans-les-banlieues-difficiles_472044.html
Publié le 18/08/2010 à 13:23 / Hortefeux se défend de vouloir supprimer la police de quartier
PARIS (Reuters) - Brice Hortefeux s'est défendu mercredi de vouloir supprimer les Unités territoriales de quartier (UTeQ), dispositif symbolisant un retour à une police de proximité, et a évoqué une simple évolution de ces unités.
En déplacement mardi dans le Var, le ministre de l'Intérieur avait annoncé la mise en place d'UTeQ d'une nouvelle génération mais aussi leur changement d'appellation en Brigades spéciales de terrain (BST).
La gauche y a vu la fin de l'expérience menée en 2008 par l'un de ses prédécesseurs, Michèle Alliot-Marie, pour rétablir une amorce de police de proximité, bien que le mot demeure tabou depuis que Nicolas Sarkozy l'a progressivement démantelée.
Dans un communiqué, Brice Hortefeux affirme qu'il s'agit d'une simple évolution de ces unités, qui interviendront sur des zones plus larges que les quartiers.
"Il ne s'agit donc pas d'une suppression, d'ailleurs jamais évoquée, mais d'une évolution notamment dans leur champ de compétence géographique, les UTeQ nouvelle génération n'étant désormais plus rattachées à un quartier mais à une zone de délinquance", écrit-il.
Le ministre précise que deux unités de la nouvelle génération seront implantées à Perpignan et à Toulon.
Brice Hortefeux gomme cependant toute référence aux quartiers, notion caractérisant la police de proximité.
Expérimentées en Seine-Saint-Denis, près de Paris, les UTeQ ont été étendues depuis deux ans à une trentaine de quartiers, à la grande satisfaction d'élus de gauche, qui réclament le retour à une police de proximité, mais également de droite.
L'ex-Premier ministre Alain Juppé, qui a pris ses distances avec la politique sécuritaire du gouvernement, prônait la semaine dernière le développement d'un "maillage territorial", qu'on "appelle cela police de proximité ou autrement."
"Quand le gouvernement a annoncé la mise en place des UTeQ, ces unités territoriales de quartier qui doivent justement assurer une présence policière quotidienne dans les zones sensibles, tous les maires ont applaudi des deux mains, moi le premier", expliquait-il.
Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, avait sonné en 2003 le glas de la police de proximité créée par la gauche lors d'un déplacement à Toulouse, où il avait fustigé les concepteurs de ce type de travail policier, alliant prévention et répression.
"Vous n'êtes pas des travailleurs sociaux", avait-il lancé à un îlotier qui lui présentait un tournoi de football organisé avec les jeunes du quartier. "Les citoyens attendent d'abord de vous que vous arrêtiez les délinquants."
Gérard Bon, édité par Yves Clarisse
-http://www.lepoint.fr/hortefeux-se-defend-de-vouloir-supprimer-la-police-de-quartier-18-08-2010-1226206_19.php
C'est dur de copier le passé tout en faisant semblant de ne pas le copier
mais faire et défaire ...