Choquée par le comportement d'un automobiliste auteur d'un dépassement dangereux le soir entre Sainte-Christie et Preignan, une Auscitaine lui adresse une lettre ouverte... pédagogique espère Liliane.
Il y a des courriers des lecteurs qui attirent plus l'attention que d'autres.
C'est le cas de celui de Liliane F. 59 ans. La vie de cette Auscitaine et celle de son mari Gilles, 62 ans, qui était au volant ce soir-là, auraient pu basculer samedi sur la Nationale 21, entre Fleurance et Auch. Au moment où un conducteur, trop pressé sans doute, a doublé deux véhicules dont le leur, sur ligne continue.
Le réflexe et le sang-froid des conducteurs concernés ont évité l'accident.
Mais, ne trouvant pas le sommeil de retour chez elle, Liliane a voulu «poser ça par écrit». «On se demande, quand on voit le comportement de certains conducteurs, ce qu'il faudrait faire pour faire réagir les gens.»
«Pas de deuxième chance»
«Lettre ouverte à Mme ou M. le(la) chauffard(e) qui vous trouviez samedi 16 avril à 22h50, entre le croisement de Sainte-Christie et le village de Preignan, avec un "A" à l'arrière de votre véhicule blanc, comme on dit "Un permis pas encore sec". Vous qui avez dépassé deux voitures, sur une ligne continue, en sommet de côte. Qu'avez-vous pensé lorsqu'en face a surgi un véhicule ?
Nous pouvons vous remercier d'avoir gardé la maîtrise de votre véhicule mais ne pavoisez pas pour votre dextérité.
Vous auriez pu donner un coup de volant ou freiner.
Vous avez la vie sauve car les autres chauffeurs, celui du véhicule en face et mon mari se sont serrés au maximum pour vous laisser la place de passer entre eux, au risque de finir au fossé.
Ne râlez plus jamais sur les cheveux blancs et leurs erreurs humaines !
Des grands-parents sont impliqués dans des accidents à cause de personnes comme vous. Je vous rappelle que les routes de notre pays ne sont pas prévues pour passer à trois, sur deux voies, fussent-elles nationales, départementales ou a fortiori communales et vicinales.
De grâce, ne jouez pas à la roulette russe avec la vie des autres même si vous estimez que vous être responsable de vos actes mais pas de leur conséquences, comme celui qui lance une pierre mais se moque des dégâts quelle peut causer.
Nous étions deux dans notre voiture, combien dans celle d'en face et combien dans la vôtre et dans les voitures suivantes ?
Combien de morts cela aurait-il fait si les conducteurs n'avaient pas bien réagi à votre inconscience ?
Un grand merci à eux !
Je pense que vos parents, grands-parents, famille et amis n'auraient pas voulu vous pleurer le reste de leur vie mais surement que cela vous indiffère ??
Je vous rappelle qu'avec un "A" derrière votre voiture, vous avez un permis probatoire. Vous devez rouler à moins de 80 km/h (1). Nous roulions entre 85 et 90 km/h, de nuit, en étant vigilants. Pas vous !
Combien au compteur : 110, 120 km/h ?
Avez-vous oublié tout ce que vous avez appris il y a peu ?
Vous avez vraiment passé votre permis ou l'avez vous acheté à un dealer ??
Et certains voudraient que La Poste fasse passer le permis quand vous êtes resté imperméable à ce que vous avez appris de moniteurs formés à la conduite.
Avec ce que nous venons de vivre, je n'ai pu trouver le sommeil. Il est 2 heures du matin, j'écris cette lettre alors que vous faites peut-être la fête. N'abusez ni d'alcool ni de drogue. La prochaine fois, si vous voulez mourir, c'est votre droit, mais faites-le sans eux, sans nous qui pour ce soir vous ont laissé la vie sauve. Vous n'aurez pas de deuxième chance.
(1) NDLR : Pendant les trois premières années qui suivent l'obtention du permis probatoire, le nouveau conducteur ne doit pas dépasser 110 km/h sur autoroute, 100 km/h sur route à chaussées séparées et 80 km/h sur route. Cette durée est ramenée à deux ans pour ceux qui ont pratiqué l'apprentissage anticipé de la conduite.
Avis d'expert Capitaine Thierry Souplet, Commandant l'escadron départemental de sécurité routière (EDSR).
Le patron de l'escadron motorisé de gendarmerie a pris connaissance de la lettre ouverte de Liliane. «Voici un ressenti de beaucoup d'usagers de la route, qui chaque jour sont au cœur d'un tourbillon d'inconscience sur nos routes», réagit le capitaine Souplet. Les dépassements au sommet de côtes avec franchissement de ligne continue font partie des infractions souvent constatées par les gendarmes... moins quand même que les excès de vitesse.
«Certains demandent que l'on abaisse la limitation à 80 km/h sur les routes départementales, hors agglomération. Moi je dis faisons d'abord respecter le 90 km/h actuel. Déjà, en roulant à la vitesse autorisée, on peut avoir de graves blessures en cas de choc contre un obstacle fixe. L'énergie cinétique, ça passe au-dessus de beaucoup d'usagers et pourtant, il faut avoir conscience qu'en cas de choc frontal entre deux véhicules roulant à 90 km/h, les deux vitesse se cumulent et ça correspond à un choc à 180 km/h contre un mur.»
Une réalité toujours utile à rappeler... surtout si elle peut sauver des vies ou éviter de graves handicaps à vie.
En savoir plus sur
http://www.ladepeche.fr/article/2016/04/20/2328750-elle-ecrit-au-chauffard-croise-sur-la-rn-21-21.html#irH08VusT2UIEcJQ.99