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Division des affaires non élucidées (DiANE)

Une structure dédiée aux affaires non résolues dénommée Division des Affaires Non Élucidées (DiANE) a été créée au PJGN. Elle rassemble les compétences criminalistiques de l'institut de recherche criminelle (IRCGN) et les capacités d'investigation et d'analyse du service central de renseignement criminel (SCRC).

En s’appuyant sur les pratiques européennes et anglo-saxonnes existantes, la gendarmerie a dessiné les contours d’une définition non exhaustive.

https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/unpj/l-unpj/service-central-de-renseignement-criminel-de-la-gendarmerie-nationale/division-des-affaires-non-elucidees-diane
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Gendarmerie Nationale / Crimes : psychocriminologie et morphoanalyse des traces de sang
« Dernier message par Jeano 11 le 06 octobre 2025, 11:56:35 »
Peggy Allimann, analyste comportementale, et Céline Nicloux, expert en morpho-analyse des traces de sang durant 23 ans, toutes deux militaires de la Gendarmerie nationale, lèvent le voile sur leurs métiers respectifs dans un ouvrage écrit à quatre mains. Loin des clichés des séries télévisées, elles racontent la réalité des enquêtes criminelles, le volet humain qui se cache derrière chaque dossier et la quête de vérité qui guide leur travail.

Depuis une vingtaine d’années, plusieurs séries à succès comme Dexter, Les Experts, Profiler ou encore Esprits criminels ont mis en lumière ces experts capables de décrypter une scène de crime en se concentrant sur des faits matériels, comme les traces de sang, ou sur la personnalité de l’auteur lui-même. Mais si, à l’écran, les affaires se résolvent en moins d’une heure, à grand renfort de technologie, la réalité est bien plus complexe. « Ce que l’on voit dans les séries est souvent loin de notre réalité professionnelle », insistent à l’unisson le chef d’escadron Peggy Allimann, analyste comportementale et adjointe au chef du Département des sciences du comportement (DSC) de la Division des affaires non élucidées (DIANE), et l’adjudant-chef Céline Nicloux, longtemps morpho-analyste de traces de sang à l’IRCGN (Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale), aujourd’hui en charge de la criminalistique à la DIANE au sein du Département investigations et appuis aux enquêtes complexes (DIAEC). Une réalité qu’elles ont choisi de montrer dans leur livre : Crimes – Psychocriminologie et morphoanalyse des traces de sang. Au-delà de leurs spécialités, elles y donnent aussi la parole à des enquêteurs, des experts et des magistrats, pour offrir une vision globale du travail judiciaire.

Deux disciplines complémentaires
Les deux expertes parlent de leur métier avec passion. Tournée vers l’humain, l’analyse comportementale consiste à « repérer toutes les traces comportementales, du début jusqu’à la fin d’un scénario criminel, afin de déterminer les motivations et un profil d’auteur inconnu », explique le chef d’escadron Peggy Allimann.

De son côté, la morpho-analyse vise à établir le déroulé des faits à partir de la lecture des traces et des projections de sang. « Cette discipline cherche à expliquer les événements sanglants à l'aide d'éléments objectifs et scientifiques (biologie, mécanique des fluides notamment) », précise l’adjudant-chef Céline Nicloux. L’étude de la scène de crime peut ainsi permettre de reconstituer la les positions et déplacements des victimes et agresseurs, la chronologie des faits sanglants, le nombre de coups, et même le type d’arme utilisée. Lors des auditions, ces analyses permettent ainsi de confirmer ou d’infirmer les témoignages.

Sciences criminelles et sciences humaines se complètent donc étroitement : « Plus on a d’éléments observables, comme les traces de sang ou d’autres preuves relevées grâce à la criminalistique, plus cela aide à reconstituer l’ensemble du scénario criminel, à proposer des pistes aux enquêteurs et/ou réduire le champ des suspects », souligne le CEN Allimann, tout en rappelant que si l’analyse comportementale « n’est pas une science exacte, elle doit reposer sur une méthodologie rigoureuse ».

« Montrer le réalisme de nos métiers »
La rédaction de ce livre est née d’une opportunité. « En janvier 2022, j’ai reçu un mail de la maison d’édition Hachette me proposant d’écrire un livre sur la psychologie des crimes. J’ai trouvé plus intéressant de proposer un projet commun à Céline, qui nous permettrait de présenter nos deux disciplines, mais pas seulement. Nous voulions aussi donner la parole à tous les professionnels de l’écosystème judiciaire pour montrer le réalisme de nos métiers », raconte Peggy Allimann.

Après quelques hésitations, Céline Nicloux accepte de se lancer : « J’ai hésité ne sachant pas si j’étais en capacité d’écrire autre chose que des rapports d’expertises et des publications scientifiques. Au départ, la maison d’édition nous a laissé le champ libre. Nous avons écrit des dizaines de pages sans savoir si tout serait retenu… Mais au fil des interviews et de la rédaction, l’architecture du livre s’est construite. »

En parallèle d’un quotidien exigeant, les deux militaires ont mené un véritable travail d’enquête journalistique. Des dizaines d’heures d’entretiens se sont transformées en centaines de pages, mêlant récits personnels et explications techniques. « Cela nous a frustrées, car après tout ce temps passé avec ces personnes qui finissaient par se livrer, nous ne pouvions conserver qu’une infime partie de leurs témoignages », regrette Céline Nicloux.

Entre passion et charge émotionnelle
« Nos métiers suscitent beaucoup de fantasmes, mais on ne connaît peut-être pas assez l’envers du décor, évoque le CEN Peggy Allimann. Ce sont des métiers passion. Une passion qui nourrit notre curiosité et nous pousse à aller toujours plus loin, mais qui peut s’avérer dévorante. Il est difficile de poser des limites, et cela peut avoir des conséquences sur la santé comme sur l’équilibre de vie. Les professionnels du judiciaire sont rarement chez eux, peu présents auprès de leur famille, souvent décrochés du quotidien. »

À cela s’ajoute une lourde charge émotionnelle. « On va d’horreur en horreur, on en voit de plus en plus. Forcément, nous n’y sommes pas insensibles et cela se traduit différemment chez chacun d’entre nous », note l’officier.

« Pour essayer de se préserver de cette noirceur, on se crée une carapace, renchérit l’ADC Céline Nicloux. Mais il faut trouver le juste équilibre pour qu’elle ne nous sépare pas des choses agréables et des belles émotions. On doit rester connectés à la réalité des gens qui nous entourent, tout en se protégeant de notre quotidien professionnel qui sort de la normalité. Dans le livre, on parle souvent d’ombre et de lumière : c’est une dualité permanente. On a la lumière dans les yeux pour le travail à accomplir, mais on est face à l’ombre en permanence, et il ne faut pas la laisser nous atteindre. »

« Souvent on nous demande comment on fait pour voir autant d’horreurs, surtout d’un point de vue comportemental, reprend Peggy Allimann. En fait, on se rend compte qu’il y a une part d’humanité énorme dans chaque dossier, aussi bien du côté des auteurs que des victimes ou des professionnels. Chaque fois on se dit qu’on est au summum de l’horreur, et chaque fois apparaissent des gestes, des intentions, des parcours… qui humanisent les protagonistes. Heureusement qu’il y a cette part-là. Mais malgré ça et malgré nos carapaces, à un moment donné, cela peut nous atteindre. »

Les assises : un moment éprouvant
Le livre revient aussi sur un passage incontournable et souvent émotionnellement éprouvant : la comparution devant une cour d’assises, où enquêteurs et experts doivent rendre compte de leur travail face aux magistrats, aux avocats, aux jurés… et aux familles. Les experts doivent alors conjuguer rigueur scientifique et clarté pédagogique. « Devant les assises, il faut savoir traduire un langage scientifique ou technique en termes simples, compréhensibles par tous », explique Céline Nicloux.

Un exercice plus délicat encore pour l’analyse comportementale, discipline perçue comme moins « solide » que l’ADN ou la balistique. Toute la difficulté réside dans la restitution d’éléments invisibles comme les motivations, les logiques internes ou les traces psychologiques laissées par l’auteur. « Il ne s’agit pas de juger, mais d’expliquer le passage à l’acte et de donner des clés de compréhension », souligne Peggy Allimann.

De cette démarche est né un ouvrage mêlant confidences, récits de terrain et explications techniques. Peggy Allimann et Céline Nicloux y partagent la réalité de leur métier : des projections sur des scènes de crime en pleine nuit à la fatigue des enquêtes, en passant par l’accumulation d’atrocités et leur impact sur la vie privée. En croisant leurs regards, elles signent un livre à la fois scientifique et profondément humain, qui lève le voile sur l’envers des enquêtes et sur la passion de celles et ceux qui, dans l’ombre, œuvrent à la recherche de la vérité. Un ouvrage qui, elles l’espèrent, saura également susciter des vocations et donner envie à des jeunes, notamment des femmes, de rejoindre ces métiers passion.

Par le commandant Céline Morin
Publié le 07 septembre 2025
Source https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/culture/crimes-psychocriminologie-et-morphoanalyse-des-traces-de-sang
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EternalBlue, l’équipe de Capture The Flag de la Gendarmerie nationale, monte en puissance  :)

Le saviez-vous ? La Gendarmerie nationale possède une équipe de Capture The Flag. Ces cyber-gendarmes prennent part à des concours de hacking éthique, où ils font souvent preuve d’une redoutable efficacité.

Dans le domaine de la sécurité informatique, Capture The Flag (CTF) - « capture le drapeau » dans la langue de Molière - est un jeu consistant à exploiter des vulnérabilités affectant des logiciels, de manière à s’introduire dans des ordinateurs pour récupérer des drapeaux, preuves de l'intrusion.

Lors de ces concours de hacking éthique, les participants s'affrontent pour résoudre des challenges cyber dans différentes catégories : Web, forensic, OSINT (Open Source INTelligence), reverse, cryptographie, stéganographie, etc. Chaque challenge résolu donne des points, le total permettant de désigner l'équipe gagnante.

La Gendarmerie nationale s'est intéressée très rapidement à cette discipline et, en 2023, le général de corps d’armée Marc Boget, alors à la tête du Commandement de la gendarmerie dans le cyberespace (ComCyberGend), autorise la création de la première équipe CTF de la Gendarmerie nationale au sein de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), composée de gendarmes d’active (N’Tech et antenne du Centre de lutte contre les criminalités numériques) et de réservistes cyber.

Baptisée EternalBlue, l’équipe a déjà remporté plusieurs trophées et réalisé de nombreux podiums, tant sur la scène nationale qu’internationale, se forgeant une solide réputation dans le milieu de la cybersécurité.

Ces experts font ensuite profiter la gendarmerie de leurs analyses, veillent les dernières techniques d'attaque et rédigent des rapports techniques au profit des unités spécialisées de l'Unité nationale cyber (UNC).

La participation à ces compétitions est également un excellent vecteur de recrutement de nouveaux talents en cybersécurité qui ne connaîtraient pas le métier de cyber-gendarme et souhaiteraient faire carrière ou devenir Officiers sous contrat (OSC) au sein de l'institution.

Source  https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/culture/eternalblue-l-equipe-de-capture-the-flag-de-la-gendarmerie-nationale-monte-en-puissance
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Comment intégrer le GSGN ?

Les membres du groupe de spéléologues de la Gendarmerie nationale (GSGN) sont sélectionnés selon deux voies d’accès : soit en étant déjà spécialiste montagne et affecté dans un Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM), notamment ceux de l’Isère (38) ou des Pyrénées-Atlantiques (64), soit en appartenant à une unité périphérique, avec un intérêt manifeste pour le milieu souterrain.

Une première phase de détection est organisée via un appel à volontaire, suivie de tests de sélection internes menés au sein des deux PGHM. Cette procédure permet d’identifier des personnels motivés, parfois sans aucune expérience préalable, mais disposant d’un fort potentiel. Les candidats retenus suivent ensuite un cycle d’entraînement progressif, à raison d’une séance mensuelle, organisé au niveau de leur groupement respectif, afin de limiter les déplacements et garantir une formation continue. L’objectif, sur une année, est d’amener ces gendarmes jusqu’à l’obtention du Certificat d’Équipier Enquêteur en Milieu Souterrain (CEEMS), qui ratifie le premier niveau de compétence en spéléologie.

Le CEEMS valide en effet l’autonomie en progression souterraine, notamment sur corde et agrès, en intégrant les spécificités du milieu, qu’il soit naturel ou anthropique. Il permet aux gendarmes d’intervenir en sécurité lors d’opérations de secours, mais aussi de participer à des missions judiciaires en environnement souterrain. Ce volet est particulièrement pertinent pour les personnels issus des unités d’enquête, de la police technique (TIC) ou encore pour les Coordinateurs des opérations de criminalistique (COCRIM), qui apportent une compétence judiciaire dans un environnement physique qu’ils auront appris à maîtriser.

Certains vont ensuite poursuivre dans cette spécialité et prétendre au diplôme d’initiateur de spéléologie, délivré par la Fédération française de spéléologie. Ce niveau permet d’encadrer des sorties en milieu civil (notamment en club) et de devenir un appui précieux pour les responsables du GSGN, en assurant une partie des équipements ou en contribuant à la sécurité de la progression. D’autres, plus investis encore, pourront accéder au Diplôme d’État de spéléologie, une formation civile dispensée par le CREPS de Vallon-Pont-d’Arc, qui autorise l’encadrement professionnel de la discipline.
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Enquêtes en milieu souterrain avec le « groupe spéléo » de la gendarmerie.
Au sein de la Gendarmerie, une trentaine de militaires sont formés pour conduire des missions judiciaires, de secours et de police administrative en milieu souterrain, qu’il s’agisse de cavités naturelles ou artificielles. Ils forment le Groupe de spéléologues de la Gendarmerie nationale (GSGN), une unité de circonstance (non permanente) implantée sur deux sites, en Isère et dans les Pyrénées-Atlantiques, qui a compétence sur l’ensemble du territoire. Chaque année, alternant les massifs, les deux groupes se réunissent pour une semaine de stage intensif en commun.

Ce sont des enquêteurs des profondeurs. Ils bravent la verticalité, l’obscurité et les lieux confinés et exigus, afin de garantir la continuité de l’action de la gendarmerie en tout temps et en tout lieu. Ces professionnels composent le Groupe de spéléologues de la Gendarmerie nationale (GSGN). Formé de deux entités de circonstance - l’une implantée en Isère, l’autre dans les Pyrénées-Atlantiques -, le GSGN s’appuie sur un noyau dur de spécialistes issus des Pelotons de gendarmerie de haute montagne (PGHM) du Versoud et d’Oloron-Sainte-Marie. Autour d’eux gravitent des militaires volontaires, dûment formés, issus d’unités périphériques variées : brigades, Pelotons de surveillance et d’intervention de gendarmerie (PSIG), pelotons motorisés, unités de recherches, voire réserve opérationnelle.

Doté d’une compétence nationale, le GSGN se voit confier des missions variées (recherches judiciaires, appuis techniques, protection de l’environnement), et ce, aussi bien dans des cavités naturelles que dans des milieux anthropiques (d’origine humaine, comme les buses, les puits, les mines…). Les militaires peuvent également intervenir, en qualité de secouristes sur des opérations de secours. Ils sont alors placés sous la direction du Préfet du département dans le cadre du plan ORSEC, et sous l’autorité du Conseiller technique du Secours Spéléo Français attaché à la Fédération Française de Spéléologie, pour la partie souterraine. Lors de ces opérations de secours, les gendarmes du GSGN peuvent être amenés à effectuer, si nécessaire, des constatations (recherche de responsabilité, professionnel en cause, mineur impliqué...).

En ce qui concerne les secours, les interventions spéléo restent peu nombreuses. En revanche, le GSGN est régulièrement sollicité aux quatre coins de la France pour apporter son appui aux unités locales ou spécialisées. En témoignent des engagements aussi divers que la sécurisation de sites sensibles lors d’événements internationaux, comme le G7 à Chantilly, l'appui à des opérations de plongée souterraine, ou encore la fermeture de cavités polluées ou dangereuses sur réquisition administrative ou judiciaire.

La compétence judiciaire de ces gendarmes combinée à leur technicité spéléologique rend l’appui du GSGN particulièrement précieux pour les sections de recherches et les magistrats dans le cadre de certaines enquêtes judiciaires nécessitant la recherche de corps ou d’armes dans des puits ou des grottes ou encore la réalisation de constatations en milieu clos.

Une préparation minutieuse et une logistique importante à chaque mission.

En milieu souterrain, la technicité est telle que la réussite d’une mission de secours ou d’investigation repose pour moitié sur sa préparation. Contrairement aux opérations en montagne où l’équipement peut rester générique, l’intervention spéléo exige une planification technique rigoureuse, guidée par l’étude préalable des fiches topographiques. Ces documents détaillent chaque obstacle rencontré dans la cavité, comme les puits, les mains courantes, les ressauts, les gouffres, les rivières… Ils permettent ainsi de déterminer les longueurs de corde, le type d’amarrages et le matériel collectif à emporter. Car chaque obstacle souterrain nécessite une corde propre, posée avec précision, puis démontée avec méthode. En spéléologie, a contrario de la montagne, la corde n’est pas seulement un outil d’assurance, c’est aussi le seul moyen de progresser. Dans l’obscurité des cavités, chaque corde posée est une ligne de vie. « Toutes les cordes installées sont fixes afin de permettre le retour : le premier équipier installe l’équipement, le dernier le déséquipe. Chaque obstacle nécessite donc sa propre corde, ce qui rend la progression dépendante du profil de la cavité. Certaines impliquent d’abord une longue montée avant de redescendre, d’autres l’inverse, avec parfois des remontées sur des cordes déjà en place. Les environnements sont extrêmement variés : rivières souterraines, cavités sèches, siphons, méandres étroits, puits verticaux, galeries tubulaires, grandes salles, ou passages très exigus nécessitant de ramper... », décrit le major Laurent.

Dans les profondeurs, il n’y a en outre aucune communication possible avec l’extérieur. L’autonomie est donc vitale, imposant une logistique lourde, gérée collectivement. Tout est mutualisé entre les gendarmes participant à la mission : le matériel, la nourriture ainsi que les éléments de sécurité et de premiers secours. Une fois plongés dans cet environnement exigeant, confiné et parfois hostile, la progression se fait toujours en équipe. La cohésion du groupe est donc primordiale.

Formation exigeante et entraînement constant
La maîtrise technique des gendarmes spéléologues repose sur un entraînement constant. En plus des exercices mensuels organisés par les deux groupes, un stage intensif d’une semaine rassemble chaque année les personnels des PGHM d’Oloron et du Versoud ainsi que des militaires volontaires venus d’unités périphériques. Chaque édition cherche à allier progression technique, apprentissage théorique et enrichissement collectif, tout en variant les lieux pour découvrir de nouveaux massifs, avec leurs contraintes climatiques et géologiques spécifiques, susceptibles d’accueillir des interventions futures.

Pour les membres du noyau dur du GSGN, ce rendez-vous constitue un temps de maintien en condition opérationnelle. Les stagiaires les plus expérimentés poursuivent leur perfectionnement, notamment dans l’équipement des cavités et la pose de cordes, tandis que les nouveaux venus renforcent leurs compétences de déplacement souterrain, en développant aisance, autonomie et sécurité. Pour certains c’est aussi l’occasion de valider leur CEEMS.

Le stage repose sur une pédagogie progressive : lecture de fiches topographiques, préparation collective du matériel, logique d’équipement obstacle par obstacle. Chaque sortie est pensée comme une mise en situation réaliste, guidée par une planification fine : quelle corde, quel amarrage, pour quel passage ? Les stagiaires apprennent ainsi à construire leur progression souterraine en intégrant les contraintes logistiques du travail en équipe.

Encadrés par les responsables du groupe, qui fixent des objectifs individualisés, les participants sont répartis en petits groupes pour explorer différentes cavités. La semaine est rythmée par des journées terrain. Les manœuvres de secours sont travaillées selon les standards du Spéléo Secours Français (SSF) afin de garantir l’interopérabilité avec les équipes civiles, les pompiers et les spéléologues. L’objectif est donc de développer une culture opérationnelle commune, fondée sur la rigueur, l’esprit d’équipe et la capacité à anticiper les besoins matériels avant l’entrée sous terre.

Ce rendez-vous constitue aussi un temps fort de cohésion entre les deux groupes spéléo, avec un retour d’expérience structuré sur les missions menées, les techniques utilisées, les problématiques rencontrées (matériel, formation, recrutement) et les perspectives à venir. Des conférences viennent enfin enrichir la semaine, en abordant des thématiques spécifiques telles que la topographie, les gaz, les explosifs ou encore la communication souterraine.

Retour d’expérience

« Avant ce stage, j’avais déjà fait de la spéléo deux fois, la première fois il y a 25 ans, puis une autre il y a douze ans, avec des collègues aguerris. Je savais donc vaguement en arrivant ce qu’était un descendeur spéléo, mais ça s’arrêtait à peu près là. Ce n’était donc pas vraiment une découverte du milieu. Dès ma première sortie, j’ai été frappé par cette sensation d’entrer dans les entrailles de la Terre. Ça nous ramène à notre condition d’homme de passage, plus encore que la montagne. C’est peut-être mon côté un peu poète…, racontait l’adjudant Éric, militaire du PGHM du Versoud, avant son premier stage, au printemps 2024. J’ai d’abord été affecté à Chamonix, où la spéléo était peu pratiquée, puis au Versoud, où il y avait un groupe très dynamique. J’ai passé le D.E. de guide, puis l’instructorat de secourisme, ce qui m’a amené à me spécialiser dans le secours en montagne. Jusqu’à récemment, la spéléo, c’était surtout sur la base du volontariat dans les PGHM. Avec la nouvelle circulaire de novembre 2023 et le manque de ressources, il faut désormais mieux répartir les missions. Lors de ce stage, contrairement à mes deux premières expériences, j’ai eu le temps d’appréhender le matériel, de m’équiper moi-même, de comprendre ce qu’on faisait et pourquoi. C’était beaucoup plus pédagogique. Même le départ, le matin, avait une autre dynamique. Et je me suis aussi rendu compte qu’en agissant intelligemment, on peut aller sous terre sans forcément se blesser. » Et de souligner : « Il y a souvent de la méconnaissance entre montagnards et spéléos, alors qu’on partage beaucoup. Les secours en spéléo restent rares - parfois aucun sur plusieurs années - mais les demandes judiciaires, comme des reconnaissances en puits, se multiplient. On a besoin de gens compétents pour ça. »

Au creux des entrailles de la terre, et autres cavités d’origine humaine, le GSGN poursuit ses explorations, apportant à la gendarmerie une capacité d’intervention rare, précieuse et aux usages transverses. De nombreuses techniques spéléo sont en effet réinvesties dans le secours en montagne. Les méthodes de progression sur corde, telles que la remontée ou la descente sur corde fixe, ainsi que l’installation de mains courantes, de tyroliennes ou de systèmes de mouflage, sont par exemple transposées du monde souterrain aux reliefs montagneux.

Publié le 09 août 2025
https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/terrain/immersion/2025/enquetes-en-milieu-souterrain-avec-le-groupe-speleo-de-la-gendarmerie
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Gendarmerie Nationale / Re : Les chiens dans la gendarmerie, une histoire méconnue
« Dernier message par Jeano 11 le 10 août 2025, 17:24:49 »
Chiens de recherche de supports numériques : une nouvelle technicité pour la chaîne cynophile de la Gendarmerie nationale.
Depuis deux ans, des maîtres de chien de la Gendarmerie nationale explorent une nouvelle spécialité, déjà mise en œuvre dans d’autres pays : des chiens formés à la détection de supports numériques. Un atout précieux pour les enquêteurs de l’Institution.

Blanchiment d’argent, trafic de stupéfiants, pédopornographie, enquêtes criminelles… Autant d’enquêtes qui pourront être résolues grâce à la saisie de supports numériques.
C’est au début de l’année 2023 que la « chaîne cyno » de la gendarmerie se lance dans une technicité un peu particulière, alors utilisée aux États-Unis et dans certains pays d’Europe, comme la Suisse ou les Pays-Bas : la recherche de supports numériques par les chiens des forces de l’ordre.

Il existe bien sûr des moyens technologiques pour détecter ces objets, mais ils nécessitent que ces derniers émettent des ondes, là où le chien parvient à les localiser qu’ils soient « froids » et cachés.
Le major Arnaud, alors affecté au Groupe d’investigation cynophile (GIC) de Valdahon [NDLR : il a aujourd’hui rejoint celui de Dijon en tant que chef], proche de la frontière helvétique, est en relation régulière avec des membres de la police suisse. L’un d’entre eux travaille depuis quelques années avec un chien formé dans cette spécialité.

Alors que l'idée de se former à cette technicité germe, les gendarmes entament des premiers contacts avec les forces de police de plusieurs pays pour échanger sur la discipline, effectuer des recherches sur le procédé, recueillir des éléments, connaître les méthodes de travail, etc. C'est avec les Suisses, qui détiennent quatre chiens formés, que ces échanges sont les plus évidents. Mais c’est aussi là que la méthode semble la plus intéressante pour les gendarmes, qui commencent à développer ce qui s’inscrit comme une véritable spécificité de la gendarmerie française.

Premiers tests et odeur de référence
La première étape consiste en une phase d’observation du travail d’une équipe cynophile de la police zurichoise, venue à Besançon pour l’occasion. Pour s’assurer de la fiabilité de l’exercice, ce sont les gendarmes français qui dissimulent la matière : c’est une réussite pour le chien suisse !
Étape suivante : exercer le chien sur cette nouvelle matière, comme pour chaque spécialité. Il faut donc déterminer une odeur de référence. Après une étude des méthodes existantes, c’est le tantale, comme chez les Hollandais et les Belges, qui est retenu. « Nous nous sommes donc procuré le métal et nous nous sommes retrouvés au Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie (CNICG) de Gramat, explique l’adjudant-chef (ADC) David, instructeur au CNICG. La formation se passe de la même manière que pour les autres chiens de recherche : nous le faisons travailler sur son objet de recherche, en réduisant de plus en plus sa taille, pour affiner ses capacités d’olfaction et de détection. Une fois que le chien a compris qu’il doit se concentrer sur sa recherche pour trouver la matière, on lui fait mémoriser celle-ci. »

La différence réside dans un travail de détection beaucoup plus pointu et dans la mémorisation de la matière, qui est froide et ne se diffuse pas à distance. Une fois la détection réalisée, il faut apprendre au chien à marquer, sachant que ce sera ici du marquage passif : le chien devra s'asseoir ou se coucher devant l’objet détecté.

Vient ensuite le travail de désignation par le maître. « Nous indiquons au chien tous les points qui nous semblent judicieux et qui pourraient servir de cache, ajoute l’ADC David. Mais il nous faut être beaucoup plus précis, puisqu’il n’y a pas de diffusion d’odeur à distance. Nous devons donc proposer au chien quasiment chaque centimètre carré de l’espace concerné, de manière très minutieuse. » C’est pourquoi pour cette spécialité, il faut des chiens particulièrement endurants et pugnaces, mais aussi posés, ainsi que des maîtres de chien expérimentés.

Le travail sur l’odeur est un travail de mémorisation flash : le maître de chien donne la référence à l’animal et le récompense immédiatement, associant ainsi l’odeur au plaisir de la récompense. Cet exercice dure 4 à 5 jours.

De la théorie à la pratique
Afin de proposer une offre fiable et utile à la gendarmerie, les deux maîtres de chien débutent une phase d’entraînement avec leur animal au début de l’été 2023, comparant les solutions entre un chien « neuf » et un autre qui détient déjà une technicité. En revanche, ils ne souhaitent pas travailler sur un animal formé à la recherche de stupéfiants, car ce travail étant plus facile pour lui, il risquerait de passer à côté des supports informatiques.

Pour le major Arnaud, dont le chien, un berger hollandais, est déjà formé à la recherche d’armes, de munitions et de billets de banque, il va simplement s’agir d’ajouter une nouvelle odeur à son panel, puisqu’il connaît déjà la méthode de travail. Petit à petit, le maître l’entraîne : « Le chien se renforce, nous obtenons nos premiers résultats à l’entraînement, que ce soit sur des téléphones, des clés USB, etc. », explique le gradé.

Reste alors la question de l’application de ce type d’essai en situation opérationnelle. « Comme je travaille sur le terrain avec Ozark pour les recherches d’armes, etc., je peux déjà en voir les fruits, avec des trouvailles dans des endroits parfois improbables ! »

De son côté, l’adjudant-chef David forme à Gramat un jeune malinois, nommé Snatch, pour qui c’est le premier apprentissage. Une manière de spécialiser encore plus finement l’animal.
Fait intéressant, les gendarmes constatent que leurs limiers mémorisent aussi d’autres éléments, comme le lithium des téléphones ou d’autres composants, ce qui augmente d’autant leurs capacités et le champ possible des découvertes.

Au vu des résultats positifs, l’expérimentation est officiellement entreprise au mois de février 2024, et, le 2 juillet suivant, le chien de Valdahon découvre deux clés USB. Puis, le 6 novembre de la même année, alors qu’il est requis pour une perquisition pour recherche de supports numériques, il réalise une découverte à laquelle son maître ne s’attendait pas. Il marque au niveau d’un coffre-fort, à l’intérieur duquel se trouve une clé ledger, utilisée dans la gestion de la cryptomonnaie. Son maître comprend alors que son chien est aussi capable de les détecter !

D’autres découvertes sont réalisées, parfois par opportunité lorsque l’équipe est appelée pour son autre spécialité. L’expérimentation initiale s’avère concluante.

Les premières missions opérationnelles : un succès avéré
Avant de basculer sur l’opérationnel pur, les maîtres de chien français suivent un stage d’une semaine au CNICG en janvier 2025. Ils y invitent le policier suisse afin de tester le niveau des chiens et d’assurer la validation de leur formation, tout en venant chercher des connaissances supplémentaires. « Il s'est alors agi d'aller sur le terrain pour s'assurer que cela fonctionnait et savoir s'il y avait une demande de la part des unités, ajoute le major Arnaud. Le chef d’escadron Damien, commandant le département formation opérations du CNICG, a transmis un message aux officiers adjoints à la police judiciaire (OAPJ) des groupements de gendarmerie départementale, les incitant à faire appel à nous en cas de besoin dans le cadre d'une affaire. Très vite, nous avons reçu nos premières missions, couronnées par nos premières découvertes officielles. » Tablettes, cartes SIM, clés USB… ils sont au rendez-vous !

Aujourd’hui, l’expérimentation sur le terrain étant terminée et des magistrats ayant été présents sur certaines missions, la doctrine d’emploi est en cours d’élaboration au niveau de la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN).

Un cadre d’emploi à élargir et une formation en construction
Dans une époque marquée par l'utilisation massive du numérique, de très nombreuses affaires peuvent trouver une résolution ou un intérêt en exploitant les téléphones ou autres supports. Cependant, certains dossiers peuvent être plus particulièrement concernés.

Les principaux cadres d’enquête sont à ce jour le blanchiment d’argent, les enquêtes liées à la pédopornographie ainsi que les affaires de terrorisme. « Cela nous donne un domaine d’action assez important, souligne l’ADC David. À une époque marquée par l'essor exponentiel du cyber et du numérique, ce cadre pourrait à terme s'avérer beaucoup plus large, d’autant qu’il suscite un réel intérêt de la part des enquêteurs. »

Afin de permettre à l’ensemble des militaires de la gendarmerie de disposer d’un tel atout avec un à deux chiens formés par région, le CNICG élabore un stage qui pourrait être dispensé dès le second semestre 2025. D’une durée de quatorze semaines, à l’instar des autres cycles dispensés à Gramat, il devrait concerner dans un premier temps quatre équipes cynophiles, puis le contingent se complétera au fur et à mesure.

Parallèlement, les contacts se poursuivent avec la Suisse ainsi qu'avec d'autres pays utilisant cette technicité, comme les Pays-Bas, la Belgique, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

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Gendarmerie Nationale / Re : Les chiens dans la gendarmerie, une histoire méconnue
« Dernier message par Jeano 11 le 10 août 2025, 17:06:11 »
Des équipes cynophiles " piste froide " nouvellement formées.

La piste froide est la capacité pour un chien de suivre la trace d’un individu plusieurs jours après son passage, malgré la météo, le relief ou les perturbations olfactives. Une technicité rare, mise en œuvre sur des disparitions inquiétantes ou des recherches judiciaires sensibles.

Depuis quelques mois, quatre nouvelles équipes cynophiles spécialisées en piste froide sont opérationnelles au sein de la Gendarmerie nationale. Certaines ont déjà permis de retrouver des personnes disparues grâce à leur flair hors du commun.

En 2023, des chiens – trois Saint-Hubert et un black and tan coonhound – ont été sélectionnés et pris en charge dès le plus jeune âge. Ils ont suivi une formation progressive, débutée au Centre national d'instruction cynophile de la gendarmerie (CNICG) de Gramat, avec de nombreux modules jusqu’en 2024. Ils ont ensuite été confrontés au terrain via des stages spécifiques réalisés à Caen, Biscarrosse, Thonon-les-Bains, Melun et Besançon. Ils ont enfin réalisé un stage final en altitude à Pra-Loup, dans la vallée de l’Ubaye (Alpes-de-Haute-Provence).

Les 4 équipes sont désormais affectées à :
Melun (77) – avec "Urus"
Digne-les-Bains (04) – avec "Unai"
Ambérieu-en-Bugey (01) – avec "Ubby"
Gramat au sein du CNICG (46) – avec "Uno"
Ces binômes viennent renforcer un dispositif national. Leur efficacité est déjà démontrée, avec des résultats positifs sur le terrain.

Le black and tan coonhound : un nouveau chien fait son entrée en gendarmerie
La validation opérationnelle d’une nouvelle équipe cynophile dans la technicité « piste froide », le 8 janvier 2025, par le Centre national d'instruction cynophile de la gendarmerie (CNICG), marque l’entrée officielle d’une nouvelle race de chien au sein de l’Institution : le black and tan coonhound. Dérivée du Saint-Hubert, cette race constitue une ressource alternative, employable à l’appui des opérations de recherche de personnes disparues depuis plusieurs jours.

Au cœur du Parc naturel régional des Causses du Quercy, la commune de Gramat (Lot) héberge le Centre national d'instruction cynophile de la gendarmerie (CNICG). Ici sont formées toutes les équipes cynophiles de la Gendarmerie nationale. Dans les allées de ce vaste domaine qui s’étend sur 14 hectares, un chien se démarque de ses congénères. Uno, premier black and tan coonhound à avoir rejoint la gendarmerie, fait en effet figure d’exception. Prénommé ainsi en référence à l’élevage du nord de l’Italie (Frioul) dont il est issu, ainsi qu’au caractère novateur du projet, le jeune canidé arbore un magnifique pelage noir et feu, signe caractéristique de la race. Arrivé en France en juillet 2023, à l’âge de quinze semaines, Uno fait équipe avec Christopher A., dresseur-instructeur au CNICG, et instigateur de ce projet expérimental. Le 8 janvier dernier, le binôme a obtenu la validation opérationnelle dans la technicité « piste froide », fruit d’un travail obstiné et d’un engagement total.

Sur les traces du Saint-Hubert…
Créée en 2005, la technicité « piste froide » relevait jusqu’alors de la compétence exclusive du Saint-Hubert. Doté de facultés olfactives exceptionnelles, ce « chien de sang » constitue un auxiliaire hors pair, employé à l’appui des recherches de personnes disparues depuis plusieurs jours. « Contrairement aux bergers belges malinois, qui constituent la quasi-totalité du cheptel de la gendarmerie, le Saint-Hubert est aussi performant en milieu urbain que rural. Il est ainsi capable d’isoler la signature olfactive de la piste recherchée, quels que soient le terrain et l’environnement sur lesquels il est engagé, observe le chef d'escadron (CEN) Damien Courton, chef du département formation – opérations au sein du CNICG. Efficace jusqu’à cinq jours après la disparition, voire davantage, le Saint-Hubert délivre une puissance impressionnante lorsqu’il travaille. »

La Gendarmerie nationale compte actuellement une quinzaine d’équipes cynophiles formées d’un Saint-Hubert. « C’est une ressource rare et précieuse, nécessitant la mise en œuvre d’une formation très spécifique », poursuit le CEN Courton.
La race est en effet peu développée en France. « Cette rareté implique une acquisition précoce des chiens. C’est pourquoi nous recrutons exclusivement des chiots. Or, il est impossible à cet âge de savoir si l’animal sera par la suite doté des qualités requises pour exercer en gendarmerie, aussi bien du point de vue olfactif que de sa santé », souligne le CEN Courton. À cette difficulté s’ajoute une contrainte supplémentaire. Le Saint-Hubert est un chien de meute, et doit en tant que tel vivre au sein de la cellule familiale de son maître, condition essentielle à son équilibre.

Chaque Saint-Hubert qui intègre le CNICG suit une formation de dix-sept semaines, échelonnées sur deux ans. Celle-ci débute par un stage de trois semaines, intitulé « déclenchement olfactif ». C’est une étape cruciale, lors de laquelle sont présentées au chien un maximum d’odeurs, afin de le préparer aux multiples situations opérationnelles auxquelles il sera confronté au cours de sa carrière.

Si le Saint-Hubert présente des aptitudes remarquables, s’exprimant également sur les terrains les plus complexes, il est néanmoins sujet à divers problèmes de santé. « Sa grande taille l’expose au syndrome de dilatation-torsion de l'estomac. Il présente aussi une prédisposition aux maladies articulaires (dysplasie de la hanche et du coude en particulier), explique le CEN Courton. Ces dernières années, plusieurs Saint-Hubert ont ainsi été réformés précocement, en raison de pathologies. » Enfin, son espérance de vie est inférieure à celle du berger belge malinois. Au regard de ces fragilités et des difficultés de recrutement des Saint-Hubert, les équipes du CNICG se sont engagées dans une démarche de diversification canine. Objectif : atteindre l’effectif cible de formation à la technicité « piste froide ».

« C’est ainsi que nous nous sommes tournés vers le black and tan coonhound, un chien capable de performances similaires. Bien que présentant un morphotype visuellement proche de celui du Saint-Hubert, son cousin, ce chien se différencie par une robe plus sombre et un poids inférieur d’une vingtaine de kilos. Soit une trentaine de kilos en moyenne pour le black and tan coonhound, contre une cinquantaine pour le Saint-Hubert », rapporte le CEN Courton.

Bien que prometteuse, cette nouvelle race n’a pas vocation à se substituer au Saint-Hubert, qui conservera la primauté. Le black and tan coonhound constitue ainsi une ressource supplémentaire, destinée à pallier les difficultés de recrutement de son cousin. Ce projet totalement inédit est alors confié à Christopher A. Ce dernier se lance dans l’aventure, prêt à relever le défi.

Pari gagné
Ancien maître de chien au sein de la Marine nationale, Christopher A. rejoint le CNICG en 2019 en tant que personnel civil. « D’abord positionné sur les technicités piste-défense et recherche d’explosifs, j’ai ensuite eu l’envie et la chance d’élargir mon spectre de compétences », confie-t-il. Recherche de produits accélérateurs d’incendie, puis recherche de Stupéfiants, armes, munitions et billets de banque (SAMBI), l’instructeur-dresseur ajoute plusieurs cordes à son arc.

C’est sous son impulsion que le CNICG acquiert Uno, un jeune chiot black and tan coonhound. Issu d’un élevage italien sélectionné par Christopher, l’animal est âgé de quinze semaines lorsqu’il arrive en France, à l’été 2023. C’est alors que débute son apprentissage, suivant le même programme que celui des Saint-Hubert, sous la conduite de Christopher, qui devient officiellement son maître. Au regard de la doctrine de la Gendarmerie nationale, un chien ne peut avoir qu’un seul maître. Christopher et Uno sont désormais indissociables, alors que débute l’éducation du chiot. « Un important travail a été entrepris dès le départ afin qu’Uno apprenne à se familiariser avec l’homme », précise Christopher. Outre l’instinct de chasse, l’amour de l’homme est l’une des qualités que doit posséder un chien de piste.

Traditionnellement développé pour chasser le raton laveur, le black and tan coonhound est originaire des États-Unis. Son flair très puissant fait de lui un excellent chien de piste, au même titre que le Saint-Hubert. Encore peu connu en France, le black and tan coonhound est doté d’un tempérament sociable et équilibré. Mais c’est aussi un chien très têtu. « Le black and tan coonhound a besoin d’être cadré. L’autorité est un paramètre essentiel de la formation, souligne Christopher. L’apprentissage passe également par la régularité, la répétition et le conditionnement. L’animal doit ainsi associer le harnais et la longe au travail de recherche. Mais c’est aussi, et avant tout, un travail d’équipe. »

Autre acteur essentiel, le suppléant maître de chien tient le rôle fondamental du traceur. Il réalise ainsi la piste et représente la cible que le chien doit débusquer. C’est lui, enfin, qui récompense l’animal une fois la mission accomplie.

La piste est une technicité difficile et exigeante. Les missions opérationnelles peuvent conduire l’équipe sur tous types de terrain (plaine, montagne, littoral…). L’animal est donc entraîné en ce sens tout au long de la formation, afin de développer des facultés d’adaptation qui lui permettront d’être projeté sur n’importe quel site. « Il y a eu des hauts et des bas, reconnaît Christopher. L’acquisition s’est faite par paliers. La cynotechnie implique humilité et remise en question permanente. Rien n’est jamais acquis ! »

À force de travail, de rigueur et de persévérance, le binôme a obtenu ,le 8 janvier dernier, sa validation opérationnelle, et ce, dès le premier coup ! Une grande satisfaction pour l’ensemble de l’équipe. « Ce challenge représente une belle opportunité. Le développement de nouvelles races nous permet d’enrichir et d’améliorer nos connaissances, estime Christopher. J’ai ici pour objectif d’adapter la formation aux besoins et au rythme du black and tan coonhound, car le processus d’apprentissage est différent de celui du Saint-Hubert. »

Si Uno a démontré d’excellentes aptitudes au pistage et exprimé des facultés de réflexion supérieures à celles du Saint-Hubert, l’expérimentation se poursuit. « D’autres black and tan coonhound devraient prochainement rejoindre la gendarmerie, indique le CEN Courton. Nous pourrons alors établir des comparaisons entre les différents sujets et ainsi tirer des conclusions. »

Du point de vue sanitaire, une robustesse supérieure à celle du Saint-Hubert est espérée, grâce à des proportions nettement inférieures. « Moins de problèmes de santé, c’est aussi une meilleure capacité de vie opérationnelle. Mais ça, nous le saurons dans les prochaines années ! » Uno, qui pèse aujourd’hui trente kilos, a quasiment atteint son poids maximal. « Il va s’étoffer au niveau du poitrail, mais ne grandira plus. Il devrait ainsi prendre encore trois ou quatre kilos au maximum », précise son maître.

À l’occasion du 80e anniversaire du Centre national d'instruction cynophile de la gendarmerie, célébré le 5 juin 2025, à Gramat, Uno réalisera une démonstration en présence de nombreux invités. Moment symbolique d’une belle aventure, ayant ouvert des perspectives aussi passionnantes que prometteuses.

Un second chiot de la même portée qu’Uno a été offert par l’éleveur à la Gendarmerie nationale, en signe de reconnaissance. Nommé Udine, en référence à la ville où est implanté l’élevage, l’animal a été attribué au Groupe d'investigation cynophile (GIC) de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, en Loire-Atlantique (44). Il officie aux côtés de son maître, l’adjudant-chef Guillaume, dans la technicité « piste chaude » (recherche de personnes disparues depuis moins de 48 heures). Le binôme a été validé le 25 mars 2025.
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Service militaire, budget, souveraineté : l’Europe redéfinit sa défense.

La guerre en Ukraine et le spectre d’un conflit élargi à l’Est ont replacé la sécurité au cœur des priorités de l’Union européenne.

Alors que les États-Unis semblent moins fiables depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, l’Europe se prépare à assurer seule sa propre défense.

Réarmement et budgets militaires assouplis
En mars 2025, la Commission européenne a lancé ReArm Europe (ou Readiness 2030), un plan ambitieux pouvant mobiliser jusqu’à 800 milliards d’euros d’ici 2030 .

Il prévoit :
une dérogation au Pacte de stabilité, permettant jusqu’à 150% du PIB en dépenses de défense sans sanction (soit 650 milliards d’euros sur quatre ans) ;
un mécanisme de prêts communs appelé SAFE (150 milliards) ;
le redéploiement de fonds structurels ;
un rôle renforcé pour la Banque européenne d’investissements ;
l’implication de capitaux privés via l’Union des investissements.
Début mai, seize États membres – dont l’Allemagne, la Finlande ou la Pologne – ont demandé à bénéficier de cette clause budgétaire, jugeant les dépenses actuelles (326 milliards en 2024, +31% depuis 2021) encore insuffisantes.

D’autres pays, comme la France, se montrent plus réservés, invoquant les contraintes budgétaires.

Service militaire : le débat relancé
Sur le terrain du personnel, la question du retour du service militaire obligatoire divise.

Dix pays de l’UE, surtout en Europe de l’Est, l’ont déjà maintenu ou réintroduit depuis 2015.
Suède et Danemark ont même rendu le service obligatoire pour les femmes. À l’inverse, 17 pays l’ont aboli depuis les années 1960, dont la France (1997), l’Espagne (2001) ou l’Italie (2005).

En France, le Service national universel (SNU), lancé en 2019, reste volontaire et principalement civique. Sa militarisation partielle prévue pour 2026 a été suspendue par le gouvernement Barnier, au profit d’un renforcement des réserves, qui devraient doubler d’ici 2030. De plus en plus de pays – comme l’Allemagne, la Belgique, la Pologne ou le Royaume-Unie – évoquent désormais ouvertement une réintroduction du service militaire, y compris pour les femmes.

Une Europe en mutation
Rien n’est encore tranché, mais une chose est sûre : l’Europe redéfinit son rapport à la sécurité.

La combinaison de nouveaux financements militaires, d’une mobilisation citoyenne accrue et d’un débat assumé sur le retour du service militaire marque une rupture. Plus qu’un symbole, remettre les citoyens en uniforme pourrait incarner une Europe prête à affronter seule les menaces du siècle.

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Voici les 10 pays d’Europe où le service militaire est obligatoire.

L'Allemagne reconsidérerait un service militaire obligatoire. Souffrant d'un manque de volontaires au sein de son armée, le pays pourrait l'imposer dès le 1er janvier 2026, selon le ministère de la Défense allemand. Le retour du service militaire a déjà été opéré dans certains autres pays européens. Voici lesquels.

Vers un retour du service militaire en Allemagne ? Cette option, évoquée par le ministre de la Défense allemand, Boris Pistorius, montre que la guerre en Ukraine n'est pas sans conséquence sur les puissances européennes. Certaines d'entre elles ont même réintroduit ce devoir civique.

Les pays ayant rétabli le service militaire obligatoire
De l’autre côté de la frontière russe, la Lituanie a, depuis 2015, rétabli le service militaire obligatoire de 9 mois pour les hommes âgés de 19 à 26 ans. Tandis que la Lettonie a rétabli, en 2024, un service de 12 mois pour les hommes de 18 à 27 ans, et une attribution par tirage au sort.

L’Estonie exige un service de 8 à 11 mois pour les hommes de 18 à 27 ans, alors qu’en Finlande, les hommes de 18 à 30 ans servent entre six mois et un an. En Suède, le service militaire a été réinstauré en 2017, pour une durée de 9 à 15 mois. Mais avec une sélection basée sur la motivation et la qualification.

L’Autriche a conservé un service militaire de six mois, confirmé par un référendum en 2013. Au Danemark, un service de quatre mois avec tirage au sort est actuellement mis en place, mais il est envisagé d'allonger cette durée à 11 mois, en y incluant les femmes. 

En Europe du Sud, la Grèce impose un service militaire de 9 à 12 mois. À Chypre, le service militaire est fixé à 14 mois. En Croatie, le service militaire est obligatoire depuis le 1er janvier 2025, pour une durée de deux mois, pour les jeunes hommes âgés de 18 à 27 ans.

Le service militaire suspendu en France
La France fait partie, aux côtés de 16 autres nations de l’Union européenne, des pays n’appliquant pas ou plus de service militaire obligatoire. Ce dernier a été officiellement suspendu en 1997 en France. Avant son abrogation, il durait 10 mois. Il a été remplacé en 2002 par la Journée défense et citoyenneté (JDC).

En 2017, Emmanuel Macron avait promis le retour d’un service national obligatoire pour les hommes et les femmes. En 2019, le service militaire universel (SNU) a été lancé pour les jeunes de 15 à 17 ans. Ce programme, étendu sur quatre semaines, s’oriente vers le service civique, tout en maintenant, quelques aspects militaires. Ce dernier devait être généralisé à partir de la rentrée 2026, mais le gouvernement Barnier y avait finalement renoncé.
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Armées : Emmanuel Macron veut "mobiliser" davantage de jeunes volontaires "en renfort"

Lors de ses vœux annuels aux forces armées françaises, à Cesson-Sévigné, lundi 20 janvier, Emmanuel Macron a dit souhaiter des propositions d'ici mai pour "mobiliser" davantage et "mieux détecter" des jeunes volontaires qui seraient favorables à venir renforcer les rangs de l'armée française, relate BFMTV.

Se dirige-t-on vers la fin du service national universel (SNU) ? Comme le rapporte BFMTV, Emmanuel Macron a annoncé, lundi 20 janvier lors de ses traditionnels vœux aux armées, à Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine), un projet aux contours pour "mobiliser" davantage de jeunes volontaires "en renfort des armées", en cas de besoin. Le chef de l'État a insisté sur "l'accumulation des menaces" qui oblige la France à s'adapter, évoquant notamment une "accélération des périls" depuis la guerre en Ukraine.

Dans ce contexte, Emmanuel Macron souhaite "proposer à notre jeunesse un engagement fort" pour lui "donner le choix de servir". "Aujourd'hui, nous nous contentons d'un recensement, d'une journée défense et citoyenneté", "c'est trop peu", a jugé le président de la République devant les forces armées. Sans "rétablir le service national obligatoire", il dit avoir demandé au gouvernement et à l'état-major des armées des propositions d'ici à mai pour "permettre à une jeunesse volontaire d'apprendre avec les armées et d'en renforcer les rangs". "Nous devrons mieux détecter les volontaires", "les former et être capable de les mobiliser le jour venu", "en renfort des armées en métropole ou ailleurs", a martelé le chef de l'État.

Une rénovation à venir de la Journée de défense et de citoyenneté

Pour constituer cette réserve de volontaires, Emmanuel Macron affirme que "la Journée de défense et de citoyenneté sera rénovée et redeviendra demain un moment de temps retrouvé avec les armées". Parmi les 800 000 jeunes qui y passent chaque année, "certains se signaleront et diront qu'ils répondront présents si la Nation les appelle". La France vise 210 000 militaires d'active et 80 000 réservistes à l'horizon 2030. Plus largement, le chef de l'État et des armées a lancé une nouvelle Revue stratégique. D'ici mai également, le secrétariat général de la Défense et de la sécurité nationale devra lui faire des propositions.
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